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Origine => Site du Reseau Sans Titre Fiches techniques
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- Il est Orwell Moins le quart.
- Nan, il est Orwell passé.
La prise de décision par consensus
Il y a de nombreuses façons, pour un groupe, de prendre des
décisions, et aucune d'elles n'est parfaite. La plupart d'entre
nous ont été élevéEs dans une culture
qui considère que la démocratie occidentale est la
meilleure, et que le vote est le seul pouvoir qui peut servir aux
gens. Il apparaît pourtant une grande désillusion quant
aux potentiels de ce système pour une collégialité
dans la prise de décision, et encore plus, à une plus
grande échelle, pour changer quoi que ce soit dans le système.
La démocratie devient le système qui permet soit d’élire
un gouvernement, soit un exécutif, des représentantEs
qui prennent toutes les décisions, et déçoit
trop souvent.
Habituellement, lors d'un vote démocratique, à n'importe
quelle échelle, une minorité importante est mécontente
du résultat. Et même si cette minorité accepte
la décision prise, elle résistera activement ou essayera
d'atténuer les conséquences de cette décision
jusqu'à la prochaine opportunité de vote. Le compromis
est une autre méthode pour prendre une décision, habituellement
par la négociation. Deux parties, ou plus, annoncent leur
position respective et la changent petit à petit, par des
concessions mesurées. La négociation peut conduire
à une insatisfaction des deux parties, car personne n'est
totalement satisfait. A côté de ça, le consensus
est un moyen de prendre une décision bien plus alternatif,
et qui fait appel à la créativité de chacunE.
C'est un processus dans lequel aucune décision ne peut être
prise tant que touTEs les participantEs ne l'acceptent. Ca peut
être long à mettre en place, car le consensus est le
produit patient de toutes les meilleures idées et volontés
dans un groupe, dans un esprit de cohésion et d'équilibre.
Les minorités sont entendues au cours du processus, et pas
seulement à la fin : la décision est élaborée
collectivement.
Il y a de nombreuses façons pour trouver un consensus, mais
nous vous proposons cette procédure simplifiée, pour
comprendre les mécanismes:
1. Le problème, ou la décision à prendre, est
défini et nommé. Cette étape préliminaire
aide à séparer la problématique à traiter
des enjeux personnels.
2. Faire fuser toutes les solutions possibles (brainstorming) pour
résoudre le problème ou répondre à la
question. Les écrire toutes, même les plus folles.
3. Se réserver un moment dans le processus pour les questions
diverses et la clarification de la situation.
4. Discuter et débattre des propositions écrites,
les modifier, les regrouper, et en faire une liste, la plus courte
possible. Lesquelles sont les préférées du
groupe ?
5. Bien expliquer toutes les propositions, et leurs différences
pour que tout le monde comprenne bien (on peut utiliser là
l'ancienne méthode qui consiste à donner un temps
égal à quelqu'un qui est pour et quelqu'un qui est
contre la proposition pour s'exprimer).
6. Discuter les " pour " et les " contres "
de chaque proposition. Faire en sorte que chacun puisse s'exprimer
(tour de table, petits groupes,...).
7. S'il y a une opposition majeure, recommencer au point 6. Des
fois, il faut recommencer au point 4.
8. S'il n'y a pas d'opposition majeure, faire état de la
décision et voir s'il peut y avoir un accord.
9. Reconnaître les objections mineures et incorporer des petits
amendements.
10. Discuter de la proposition, et vérifier le consensus.
Le droit de veto
Le droit de veto, détenu par chacunE sur une proposition
du reste du groupe, est la pierre angulaire de la méthode
du consensus. La " permission " de chaque membre du groupe
est indispensable pour prendre une décision, c'est pourquoi
écouter et répondre à touTEs les participantEs
et prendre en compte tous les avis devient la préoccupation
du groupe dans son ensemble.
Ce qui fait que le résultat n'est pas seulement un groupe
plus égalitaire, mais aussi un groupe plus " satisfait
", dans lequel chaque membre a une chance de se sentir importantE
au sein du groupe. Les responsabilités sont mieux partagées,
les membres sont plus réceptifs aux autres, et l'envie de
faire des choses ensemble est partagée. Le veto sur une proposition
qui a demandé de longues discussions et une synthèse
ardue est un acte sérieux. Il peut être fait en ayant
bien pesé le pour et le contre, comme un ultime recours,
sur des bases éthiques, ou à cause des conséquences
qu'un décision peut avoir. Il ne peut en aucun cas être
fait à cause de préférences personnelles ou
d'impulsions égocentriques.
Quand la prise de décision a fait son chemin, prenant en
compte des opinions diverses, se modifiant, et que quelqu'unE est
toujours en désaccord avec la solution trouvée, il
y a d'autres formes que le veto à envisager, qui ne contrent
pas le processus. Par exemple, ne pas soutenir une décision
: " Je ne ressens pas le besoin de ça, mais je peux
quand même participer ". Ou encore rester réservéE
: " Je pense que ça peut être une erreur, mais
je peux l'assumer ". Ou ne pas s'impliquer : " Je ne participerais
pas, mais je n'empêcherais pas les autres de le faire ".
Et pour finir, se retirer du groupe, au moins pour un temps.
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