"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
La prise de décision par consensus

Origine => Site du Reseau Sans Titre Fiches techniques
http://www.under.ch/SansTitre/Textes/Textes.Frame.htm

- Il est Orwell Moins le quart.
- Nan, il est Orwell passé.


La prise de décision par consensus

Il y a de nombreuses façons, pour un groupe, de prendre des décisions, et aucune d'elles n'est parfaite. La plupart d'entre nous ont été élevéEs dans une culture qui considère que la démocratie occidentale est la meilleure, et que le vote est le seul pouvoir qui peut servir aux gens. Il apparaît pourtant une grande désillusion quant aux potentiels de ce système pour une collégialité dans la prise de décision, et encore plus, à une plus grande échelle, pour changer quoi que ce soit dans le système. La démocratie devient le système qui permet soit d’élire un gouvernement, soit un exécutif, des représentantEs qui prennent toutes les décisions, et déçoit trop souvent.

Habituellement, lors d'un vote démocratique, à n'importe quelle échelle, une minorité importante est mécontente du résultat. Et même si cette minorité accepte la décision prise, elle résistera activement ou essayera d'atténuer les conséquences de cette décision jusqu'à la prochaine opportunité de vote. Le compromis est une autre méthode pour prendre une décision, habituellement par la négociation. Deux parties, ou plus, annoncent leur position respective et la changent petit à petit, par des concessions mesurées. La négociation peut conduire à une insatisfaction des deux parties, car personne n'est totalement satisfait. A côté de ça, le consensus est un moyen de prendre une décision bien plus alternatif, et qui fait appel à la créativité de chacunE. C'est un processus dans lequel aucune décision ne peut être prise tant que touTEs les participantEs ne l'acceptent. Ca peut être long à mettre en place, car le consensus est le produit patient de toutes les meilleures idées et volontés dans un groupe, dans un esprit de cohésion et d'équilibre. Les minorités sont entendues au cours du processus, et pas seulement à la fin : la décision est élaborée collectivement.

Il y a de nombreuses façons pour trouver un consensus, mais nous vous proposons cette procédure simplifiée, pour comprendre les mécanismes:

1. Le problème, ou la décision à prendre, est défini et nommé. Cette étape préliminaire aide à séparer la problématique à traiter des enjeux personnels.

2. Faire fuser toutes les solutions possibles (brainstorming) pour résoudre le problème ou répondre à la question. Les écrire toutes, même les plus folles.

3. Se réserver un moment dans le processus pour les questions diverses et la clarification de la situation.

4. Discuter et débattre des propositions écrites, les modifier, les regrouper, et en faire une liste, la plus courte possible. Lesquelles sont les préférées du groupe ?

5. Bien expliquer toutes les propositions, et leurs différences pour que tout le monde comprenne bien (on peut utiliser là l'ancienne méthode qui consiste à donner un temps égal à quelqu'un qui est pour et quelqu'un qui est contre la proposition pour s'exprimer).

6. Discuter les " pour " et les " contres " de chaque proposition. Faire en sorte que chacun puisse s'exprimer (tour de table, petits groupes,...).

7. S'il y a une opposition majeure, recommencer au point 6. Des fois, il faut recommencer au point 4.

8. S'il n'y a pas d'opposition majeure, faire état de la décision et voir s'il peut y avoir un accord.

9. Reconnaître les objections mineures et incorporer des petits amendements.

10. Discuter de la proposition, et vérifier le consensus.

Le droit de veto

Le droit de veto, détenu par chacunE sur une proposition du reste du groupe, est la pierre angulaire de la méthode du consensus. La " permission " de chaque membre du groupe est indispensable pour prendre une décision, c'est pourquoi écouter et répondre à touTEs les participantEs et prendre en compte tous les avis devient la préoccupation du groupe dans son ensemble.

Ce qui fait que le résultat n'est pas seulement un groupe plus égalitaire, mais aussi un groupe plus " satisfait ", dans lequel chaque membre a une chance de se sentir importantE au sein du groupe. Les responsabilités sont mieux partagées, les membres sont plus réceptifs aux autres, et l'envie de faire des choses ensemble est partagée. Le veto sur une proposition qui a demandé de longues discussions et une synthèse ardue est un acte sérieux. Il peut être fait en ayant bien pesé le pour et le contre, comme un ultime recours, sur des bases éthiques, ou à cause des conséquences qu'un décision peut avoir. Il ne peut en aucun cas être fait à cause de préférences personnelles ou d'impulsions égocentriques.

Quand la prise de décision a fait son chemin, prenant en compte des opinions diverses, se modifiant, et que quelqu'unE est toujours en désaccord avec la solution trouvée, il y a d'autres formes que le veto à envisager, qui ne contrent pas le processus. Par exemple, ne pas soutenir une décision : " Je ne ressens pas le besoin de ça, mais je peux quand même participer ". Ou encore rester réservéE : " Je pense que ça peut être une erreur, mais je peux l'assumer ". Ou ne pas s'impliquer : " Je ne participerais pas, mais je n'empêcherais pas les autres de le faire ". Et pour finir, se retirer du groupe, au moins pour un temps.