Origine : Reseau Sans Titre
http://www.under.ch/SansTitre/SansTitre/Bulletins/Bulletin7/Actions.htmRéseau
Actions…
Quelques remarques de base sur la préparation d'actions
directes contre le système capitaliste pour faire suite au
petit texte 'qu'est-ce que l'action directe non-violente ?'
Ce texte ne prétend pas apprendre grand chose aux person-nes
qui ont l'habitude de faire ce type d'actions, plutôt rappeler
quelques bases. Gardez en tête qu'il faut savoir être
quelquefois audacieux/se, spontané/e et tout ce que vous
voulez, et que l'on soumet ici plus une série de conseils
sim-ples qu'une liste de conditions indispensables à respecter
pour qu'une action réussisse. Juste une série de choses
pour se donner des chances que cela marche le mieux possible en
minimisant les risques pour celles/ceux qui y participent. Ce texte
est une petite intro avant d'enchaîner dans les prochains
numéros sur des fiches pratiques prenant à chaque
fois un type d'action précis avec des exemples concrets.
(si vous avez des idées, envoyez-les)
Quelles formes d'actions sont concernées ? : en particulier
toutes les actions qui frôlent ou franchissent très
franchement les limites de la légalité dans notre
société : que ce soit des occupations, sabotages,
blocages, détournements publicitaires, bombages, subversion
d'un meeting, fête de rue, des interventions théâtrales….et
tout ce que vous voudrez bien imaginer de plus fun et efficace qu'un
défilé ou une distribution de tracts. Et même
si l'action prévue paraît tranquille, déjà
vue , déjà faite et sans pro-blème, n'hésitez
pas à relire ce petit texte avant… on sait jamais.
Préparer, scénariser et discuter :
La base, c'est qu'une action se prépare , que cela demande
du temps (mais vraiment ce que l'on appelle du temps) et une implication
collective avant, après et pendant pour qu'elle ait quelque
chance de réussir et que l'on ait envie d'en refaire.
Le repérage précis des lieux est extrêmement
impor-tant, ainsi que de ne pas se faire repérer au repérage.
Soyez imaginatif, déguisez-vous, trouvez de bonnes excuses,
ayez du culot et vous pourrez vous introduire incognito dans les
lieux pour obtenir des renseignements utiles.
L'iste non exhaustive d'informations utiles : la distance par rapport
aux commissariats et flics les plus proches - la localisation d'entrées,
de sorties de secours, d'ascenseurs, d'escaliers - la présence
de caméras de surveillance - les heures d'ouverture et de
fermeture des locaux, ce qui s'y passe - le nombre de personnes
qui y travaillent, où elles se trouvent - Si c'est un local
public, les heures de plus grande affluence - etc.
Ne jamais cibler un lieu (par exemple un consulat) sans avoir été
voir un peu à l'intérieur.
Dans l'action en elle-même, chaque personne doit avoir des
rôles assignés et savoir quoi faire (même pour
les trucs qui peuvent sembler les plus idiots ou les plus susceptibles
d'être fait spontanément comme porter la banderole,
distribuer des tracts, rassurer l'employé). Certes, cela
nuit à la spontanéité, mais permet d'éviter
des situations catastrophiques... Il semble que le plus souvent,
c'est en prenant d'abord l'habitude de s'organiser de manière
très précise sur les rôles à tenir que
la confiance vient et qu'il est ensuite possible de spontanément
prendre des choses en main dans les moments d'actions imprévus.
Cette préparation des rôles doit aussi permettre d'éviter
la spécialisation (p.ex toujours les mêmes personnes
qui parleraient dans le mégaphone, à la presse ou
aux flics parce qu'elles et les autres en ont pris l'habitude).
IL est aussi important de connaître au mieux une bonne partie
des personnes avec qui l'on mène l'action ou qui ont des
rôles clés à y jouer afin d'être sûr
de leurs façon d'agir de leurs réactions.
Il semblerait que pour que les personnes soient motivées
pour participer et se sentent réellement impliquées
dans le déroulement de l'action, la meilleure solution est
que le plus de personnes participent à sa préparation
(fabrication du matériel, rédaction des communiqués,
repérages…) en essayant autant que possible de faire
tourner les rôles. Un autre mode de préparation possible
est qu'un petit groupe de personnes ait bossé précisément
sur un plan d'action, et le propose à ces ami-e-s pour le
réaliser ensuite collectivement. Cela part du constat simple
que si des moments de réflexions collectives sont parfois
très efficaces pour trouver des idées originales,
il peut être très difficile à 20 personnes de
faire des scénarios d'action détaillés avec
les rôles à jouer, le timing, etc.
Il s'agit de se fixer le plus précisément possible
tout les scénarios et objectifs avant l'action, plutôt
que d'agir l'état d'esprit 'on y va et on verra bien ce qui
se passera'. Même s'il est envisageable, quand le contexte
le permet, d'être capable de se concerter et de prendre des
décisions collectives durant une action, c'est souvent extrêmement
difficile et donne des réflexions prises à la va vite
et qui ne sont pas toujours les meilleures. Avant une action, il
faut se donner des objectifs précis, se donner des temps
pour chaque étape de l'action, fixer le moment et la façon
pour quitter les lieux et tout faire pour s'y tenir. Mettre en scène
une action au préalable, vérifier par la pratique
les temps nécessaires à chaque étape de l'action
est une bonne chose.
IL peut aussi être utile de prévoir une action de
rechange au cas ou l'objectif principal foire afin de pouvoir rebondir
et de ne pas rester complètement désemparé.
IL faut toujours se réserver une réunion juste avant
l'action ou la veille au soir, en plus des autres réunions
de préparation pour une mise au point générale
avec tout-e-s les participant-e-s et un inventaire du matériel.
C'est un moment nécessaire en particulier pour celles/ceux
qui n'ont pu participer aux réunions de préparation
et vont donc se joindre au dernier moment. Cette réunion
doit permettre de les mettre en confiance à tout niveau,
de leur faire connaître leur rôle et éventuellement
de faire connaissance avec les personnes ayant préparé
l'action.
Communication pendant les actions :
En présence des flics, il est bon de prévoir des
systèmes préétablis et simples de code de communication
(du genre " les carottes sont cuites " et tout ce qui
s'en suit, vous voyez ce que je veux dire) sur les décisions
importantes à prendre.
Sur des actions ou les gens sont dispersés à différents
endroits et ne peuvent communiquer directement, il est très
utile de prévoir un système de communication par portable,
que ce soit en mettant en place un 'central' ( numéro où
tout le monde appelle, et qui transmet les informations aux personnes
concer-nées), ou alors un réseau ou tout le monde
envoie des messages à tout le monde.
Attention pour toutes les actions chaudes, les portables peuvent
aussi permettre de localiser les gens qui les utilisent ou au besoin
être brouillés sur un certain périmètre
par la police.
Il est très utile de s'accorder à l'avance sur le
mode décisionnel à employer durant l'action: Peut-être,
plutôt que dire que toute décision doit-etre prise
collectivement, est-il préférable de déléguer
sa confiance à un groupe plus res-treint, surtout en cas
d'imprévus où il faut réagir rapide-ment…
La sécurité :
Il est nécessaire de se fixer un nombre de personnes minimum
pour l'action et de ne pas hésiter à renoncer à
l'action si le nombre en question n'est pas réuni. Ce nombre
peut jouer par rapport au rapport de force vis à vis des
personnes en face, de la police, de l'impact sur les médias
ou la population, mais aussi vis à vis d'inculpations, sur
certaines occupations un peu chaudes par exemple. La police a tendance
à prendre quelques personnes qu'elle isole pour en faire
des exemples ; Il est important que soit tout le monde, soit personne
soit susceptible de se faire inculper mais pas quelques uns. Le
but est d'avoir un impact, pas de jouer les martyres et de se faire
arrêter isolément pour la cause parce que l'on tient
à faire son action jusqu'au bout, même si il y a 100
flics et 12 manifestant-es.
il faut soigneusement peser les risques d'inculpation qui vont
avec chaque action, si possible se renseigner au près d'un
avocat sur ces chefs d'inculpation spéci-fique et les peines
encourues. Et, pour éviter le commis-d'office, il est bien
que chaque personne soit munie d'un numéro d'avocat motivé
à contacter. De même il faut prévoir un briefing
voire un topo sur papier des notions légales de base sur
l'arrestation, la garde à vue etc. et ne pas hésiter
à rabâcher ce que l'on croit connu de tous et qui ne
l'est pas ou que l'on a trop tendance à oublier.
Une bonne chose si on a le temps est de prévoir aussi des
jeux de rôle préalables entre participants à
l'action, avec des participants qui à tour de rôle
interprèteront les méchants flics ou les gentil-les
militant-es.
-discrétion : il est primordial (par prin-cipe et même
si tout n'est pas sur écoute) de ne pas utiliser de téléphones
qui puissent être connus des flics, pas de portables en réunion
(ou alors enlever les batteries) pour la préparation des
actions ou alors pour des infos anodines ou très codées.
-Quand certaines personnes sont peu connues des services de police
et peuvent intervenir le reste du temps de manière plus clandestine,
la question doit toujours se poser de savoir si il est valable de
risquer de les griller sur une action revendiquée publiquement
à visage découvert.
Réunion de bilan après l'action :
cela ne se fait malheureusement pas tou-jours, mais dans l'idée
c'est bien d'en faire une à chaud pour échanger sur
ce que chacun en a pensé. Puis un autre bilan plus tard pour
se fixer sur les succès et les erreurs, en prendre note et
être mieux préparé pour la prochaine fois.
Documenter ses actions :
il est important pour ne pas faire une action dans le vide et d'être
à même de documenter ses actions et de les porter soi-même
à la connaissance du public, surtout si les grands médias
ne sont pas présents.
Par contre les personnes munies d'appareils photos ou éventuellement
de caméras devront avoir participé à la prépara-tion
de l'action, savoir exactement ce qu'elle font là et ce qu'elle
peuvent filmer ou prendre en photo pour ne pas risquer de met-tre
en danger ou d'incriminer les participant-es. En règle géné-rale,
on ne devrait prendre aucune photo qui puisse servir ensuite de
preuve à la police pour inculper quelqu'un ou leur donne
des indices sur l'organisation de l'action.
Le mieux est d'utiliser des jetables pour leur discetion et leur
peu de valeur marchande… De plus il est possible, comme sur
tout appareil photos d'ouvrir la pellicule et de la montrer au jour
au besoin.
En dehors de l'aspect purement documentaire, un appareil photo
ou une ca-méra peuvent permettre de garder des preuves d'abus
policiers et chaque fois que cela est possible. Il peut même
être très bien de prendre des policiers en photo pour
leur rendre la pareillle et pouvoir les identifier après
coup, surtout quand l'action part en grabuge.
Cela dit, cameras et photos ont une influence aléatoire
sur le comportement de nos amis les poulicier-e-s, qui peuvent devenir
soit extrêmement nerveux-ses et agressif-ves, soit beaucoup
plus calmes…Surtout si ils sont tenus par des gens à
l'air respectable et doublés par exemple de (fausses) cartes
de presse.
-pour la documentation il est bien d'avoir préparé
par avance les bases d'un communiqué/compte-rendu à
envoyer immédiatement ou presque après l'action, et
d'avoir une liste prête de relais importants à qui
l'envoyer. Un des outils militants participatifs qui se développe
à ce niveau là en France et dans le monde, c'est bien
sur Indymedia (c'est aussi très bien de pouvoir traduire
les communiqués dans quelques langues afin d'informer à
l'étranger de ce qui se passe) .
-pour ce qui est des journalistes, il ne faut bien sûr pas
leur faire confiance pour garder le secret d'une action et ne pas
tout révéler à la police avant même que
l'action ait lieu. Par contre, il est toujours possible de leur
donner rendez-vous en les appâtant d'une manière ou
d'une autre sans préciser exactement ce qu'il va se passer,
ou de les appâter et de les faire venir vite une fois que
l'action a démarré.
-prévoir quelqu'un pour envoyer les faxs et faire des appels
renouvelés à la presse dès le début
de l'action si vous voulez vraiment qu'ils pointent le bout de leur
nez et qui puissent assurer aussi une permanence téléphonique
en dehors de l'action
Quelques trucs généraux sur le déroulement
des actions :
-A chaque fois que c'est possible et même si c'est très
sérieux ou que cela peut-être dangereux, une action
doit le plus possible rester quelque chose de fun et d'excitant
(c'est une des raisons pour lesquelles les plans à l'arrache
'pour la cause' sont à éviter).
Militer de cette manière est un choix que l'on a fait parce
que c'est autrement plus entousiasmant que de ne rien faire, de
blahblahter, de passer sa journée à écrire
de la paperasserie politique ou d'aller de réunion en réunion.
Dans les cas d'actions faites pour durer longtemps, prévoir
un rapport avec les passants. Notamment pour tout ce qui est occupation,
blocage etc., il est bien de les animer, que ce soit par des chansons,
de la musiques, des histoires, des jeux, du thé/café
et de la distribu-tion de bouffe à la fois pour ceux qui
le font et pour les 'specta-teurs'. Donner un coté festif,
faire un peu de mise en scène peut avoir différents
intérêts : attirer l'attention et la sympathie des
passants et personnes présentes, déstabiliser les
flics et les per-sonnes à qui l'on se confronte et même
par ce biais servir de tampon et de repoussoir vis à vis
des vélléités répressives de la police.
Rester des heures sur un toit, enchaîné ou enfermé
dans un bureau n'est pas toujours ce qui se fait de plus marrant
en soi, donc autant être prêt à s'amuser. Mettre
en scène son action avec humour peut en plus être un
bon moyen de parler de sujets sérieux ou d'attaquer efficacement
ses adversaires.
Eviter les démonstrations de faiblesse et donc toujours
garder en tête que dans un contexte de rapport de force aussi
fragile soit-il, une action ratée à dix personnes
qui s'ennuient et dépriment entou-rée de 50 flics
peut être un détonateur pour remettre en confiance
nos adversaires quand à la possibilité de se débarrasser
de nous, plutôt qu'un moyen efficace de faire passer un message.
Si l'on pense que l'on est seulement à même de faire
un petit truc, il faut le présenter comme tel et ne surtout
pas faire croire aux médias, à la population, aux
institutions qu'il s'agit là d'une démonstration de
force.
IL faut être sur que l'action puisse avoir un impact que
pour informer ou perturber. IL ne faut surtout pas agir pour agir
ou juste faire du spectaculaire.
De même les modes d'action doivent être considérées
soigneusement en fonc-tion des façon de réagir de
la police locale. Ce qui s'applique bien dans une certaine ville
et passe assez facilement sera peut-être durement réprimé
ailleurs.
Surtout j'espère que tous ces conseils fastidieux, ne feront
reculer personne devant l'envie d'agir. Il faut y aller expéri-menter,
pouvoir dire par son expérience qu'une partie de ces conseils
sont peut-être de la merde et que c'est bien moins compliqué
ou bien plus. Malgré les 'il faut' du texte et le ton professoral
et agaçant parce que c'est plus facile à écrire
vite comme cela, on détient surtout pas la vérité
et il s'agissait juste de partager un peu d'expériences.
Just do it.
Les Pokemons activistes.
Origine : Reseau Sans Titre
http://www.under.ch/SansTitre/SansTitre/Bulletins/Bulletin7/Actions.htmRéseau
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