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Origine : http://www.alsace.france3.fr/info/6434980-fr.php
Plus de cinq millions d'êtres humains sont prostitués
dans le monde, dont deux millions d'enfants.
Tous les pays sont touchés. Mais le phénomène
de la prostitution a pris en Europe, au cours de ces dernières
années, un tour particulièrement alarmant.
Les principales raisons en sont connues : le déclenchement
et l'extension de conflits armés, la précarité
économique, l'installation de nouvelles organisations mafieuses,
la mobilité croissante des personnes et des populations.
La prostitution en chiffres
Du fait de son opacité, la prostitution est un monde difficile
à cerner. Combien de personnes sont concernées en
France ? Quelles sont les sommes d’argent qui y circulent
?… Tout au plus, peut-on avancer quelques estimations. On
compterait en France près de 15 000 personnes prostituées.
Bien que les chiffres du commerce du sexe soient difficiles à
avancer, plusieurs données permettent de mieux appréhender
l’ampleur de ce phénomène.
Un rapport du Sénat a permis de dresser un panorama de la
prostitution en France. Bien que datant de 2000, ces chiffres sont
actuellement les seules données officiellement disponibles.
Pour l’année 1999, environ 5 000 personnes prostituées
ont été contrôlées, dont 600 à
700 hommes (principalement des travestis). L’Office central
pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH)
évalue la prostitution de rue au double de ces contrôles,
soit 10 000 à 12 000 personnes. A ces chiffres, il convient
d’ajouter quelques 3 000 professionnelles qui exercent dans
les bars à hôtesses ou les salons de massage.
Les flux d'argent drainés en France par la prostitution
représentent, selon l'Office Central pour la Répression
de la Traite des Êtres Humains (OCRTEH), en l'an 2000, 10
milliards de francs par an. Ils sont estimés à 60
milliards en Europe et 400 milliards dans le monde, soit l'équivalent
de la moitié des flux d'argent liés à la drogue.
Sur tous les continents, la traite d'êtres humains s'amplifie.
Ce terrible trafic est lié aux mêmes réseaux
que ceux de la drogue et du blanchiment d'argent.
Joël TURLIN
Publié le 30/11 à 14:41
Du pittoresque à la réalité sordide
Faut-il l'interdire ou la réglementer ? Condamner les clients
?
Un acteur majeur dont on sait bien peu de choses : le
client.
Demandée par le Mouvement du Nid, une étude coordonnée
par le sociologue Saïd Bouamama va à l’encontre
de nombreux préjugés.
- Les clients des prostitués ne sont pas des gens à
part.
- La majorité des clients (47,6 %) ont entre 30-50 ans.
- Toutes les situations sont présentes : célibataires,
divorcés, en couple ou mariés ( 69,8 % vivrent ou
ont vécu en couple, plus de la moitié sont des pères
55,5 %).
- L’auteur note également une surreprésentation
des cadres, employés et chefs d’entreprise, soulignant
que l’aspect financier reste pour certaines catégories
sociales un facteur limitant
Qu'est-ce qui pousse un homme vers une prostituée ?
Saïd Bouamama évoque plusieurs facteurs : manque d’estime
de soi, persistance du tabou sexuel, image dégradée
de la sexualité, peur de la femme, altération de l’image
de la femme par la pornographie, virilité centrée
sur la performance et l’injonction de jouissance, crainte
de l’engagement affectif et de ses conséquences.....
Prévention ou répression
En conclusion, Saïd Bouamama évoque quelques axes de
prévention : renforcer l’éducation sexuelle
au-delà de la seule sphère familiale, initier une
campagne nationale de prévention du clientélisme,
ouvrir un débat public sur le sujet et construire une écoute
des clients. Enfin, il insiste sur la nécessité d’interroger
les effets de la pornographie sur les modèles de relations
qu’elle véhicule. Selon l’auteur, "Prostitution
comme pornographie sont donc deux activités marchandes véhiculant
un modèle de sexualité centré sur deux réductionnismes
: la réduction de l’acte sexuel à sa simple
dimension physique, la réduction du plaisir à sa seule
partie masculine". Or plus de la moitié des clients
(55 %) ont découvert le corps de la femme à travers
des films ou des revues pornographiques…La loi de sécurité
intérieure, votée le 18 mars 2003 dite loi Sarkozy
La loi du 18 mars 2003 relative à la sécurité
intérieure, inscrit dans le Code pénal, une nouvelle
infraction prévue à l’article L. 225-10-1 :
« Le fait, par tout moyen, y compris par une attitude même
passive, de procéder au racolage d’autrui en vue de
l’inciter à des relations sexuelles en échange
d’une rémunération ou d’une promesse de
rémunération est puni de 2 mois d’emprisonnement
et de 3 750 euros d’amende ». Le délit de racolage
est ainsi élargi et intègre désormais le racolage
passif et aggrave cette infraction en la transformant en délit.
Auparavant, le racolage actif était poursuivi au titre des
contraventions de 5ème classe (article R. 625-8 du Code pénal).
Néanmoins, cette nouvelle disposition pénale n’a
pas abrogé la contravention prévue par cet article.
Vous pouvez donc toujours être poursuivi(e) à ce titre,
même si de nombreuses jurisprudences permettent d’échapper
à cette pénalisation.
Le Nid
S'engager pour un monde sans prostitution.
Refuser la prostitution comme on refuse la misère, la torture,
la drogue, l'exploitation sexuelle, l'apartheid, l'exclusion, l'esclavage.
Pour le Nid, il ne s'agit pas d'interdire la prostitution, ni de
prôner davantage de répression (sinon une répression
réelle du proxénétisme comme l'exige la loi).
L'objectif de la disparition de la prostitution ne se réalisera
pas par des mesures coercitives mais par une politique sociale globale,
une transformation des structures et un changement des mentalités.
De par son expérience de terrain, ce Mouvement sait que la
prostitution n'est pas un exutoire inoffensif. C'est un lieu de
violences quotidiennes qui crée chez les personnes concernées
des blessures durables : non seulement des problèmes de santé,
mais bien au-delà, de véritables traumatismes.
(source : Mouvement le Nid - Doctissimo - L'esclavage de la Prostitution)
Reportage : R. Sanchez Pascual - E. Gambette - M. Weinsanto
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