L’image qui émerge dans cette enquête sur les clients de la prostitution ne révèle pas un être étrange et exceptionnel mais bien un « citoyen ordinaire ». Et si tous les hommes ne sont pas clients de la prostitution, beaucoup pourraient le devenir.

Les clients de la prostitution restent une catégorie sur laquelle pèse un lourd silence.

De nombreuses recherches ont été consacrées aux personnes prostituées. De même, les proxénètes sont l’objet de nombreux discours sociaux, politiques et médiatiques.

Les préoccupations sociales et politiques sont ainsi entièrement centrées sur l’offre de prostitution et éludent le champ de la demande de prostitution.

Il en découle une quasi absence des pratiques de prévention et/ou d’accompagnement à l’endroit d’un des acteurs clés du processus prostitutionnel, le client.

L’enquête du mouvement du Nid, réalisée par Monsieur Saïd BOUAMAMA, Sociologue, Directeur de recherche (IFAR – 59) porte sur un échantillon de 95 clients (pour plus de 500 contacts) sur l’ensemble du territoire national.

Elle tente de saisir de manière qualitative, au travers du discours des clients de la prostitution, les processus du « devenir-client ». Elle propose une première typologie des clients ou des causes du devenir-client.

Elle souligne, comme principale conclusion, que derrière le client se dévoile l’état des relations entre les hommes et les femmes et de la transformation des rôles de chacun dans notre société.

Enquête d’opinion publique « Les clients en question »

Projet phare de la campagne de prévention et de sensibilisation du clientélisme prostitutionnel lancée en 2002 par le Mouvement du Nid, l'enquête d'opinion publique « Les clients en question » a pour objectif principal d'étudier l'ampleur et les caractéristiques des préjugés véhiculés sur l'homme client de la prostitution.

150 000 questionnaires ont été distribués dans toute la France et plus de 13 000 ont été retournés par voie postale ou via le site www.prostitutions.info dédié à l'information sur le phénomène prostitutionnel.

6 000 questionnaires ont été analysés.

Un premier constat établit que malgré la grande diversité des répondants, les réponses des femmes et des hommes sont relativement proches.

Cependant, l’opinion des personnes, hommes et femmes, qui se sont déclarés « client » (288) permet de contrebalancer la tendance d’une vision masculine fantasmée de la prostitution.

Près de 15 % des hommes non-clients pourraient envisager de le devenir.

Enfin, la population marque un important besoin de prévention, dès le plus jeune âge, face à un véritable phénomène de société.