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origine :
http://www.presseocean.fr/actu/actu_detail_--On-se-sent-tellement-inutile-ici-_9182-788700_actu.Htm
dimanche 04 janvier 2009
Elle a fait de la Palestine son métier : Sandrine Mansour
Mérien est historienne à Nantes. Le sort de la bande
de Gaza lui est particulièrement cher : une partie de sa
famille y réside. Elle témoigne.
Depuis deux jours, Sandrine Mansour Mérien n'a pas de nouvelles
de sa cousine de Gaza. « La dernière fois que je l'ai
eue au téléphone, elle craignait l'invasion au sol,
s'inquiète-t-elle. Depuis, impossible de les contacter, même
les portables ne passent plus. » La Palestine, Sandrine en
a fait sa spécialité. Elle est historienne. «
Ma manière à moi de combattre ! » explique-t-elle.
Elle travaille au Centre de recherches en histoire internationale
et atlantique à Nantes et aux Archives diplomatiques du monde
arabe. Une façon sans doute de prendre sa revanche sur l'histoire
: Sandrine ne possède pas de passeport palestinien mais jordanien
et français. Elle fait partie des descendants de cette génération
de réfugiés, déchus de leur nationalité
et dont le droit au retour en Palestine est contrôlé
par Israël. En 1948, son père a 11 ans lorsqu'il est
chassé de Jaffa, sa ville natale, par les Israéliens.
Sandrine naît au Koweït où sa famille a émigré
pour chercher du travail. Parmi les nombreux pays qu'elle fréquentera,
la France devient celui de ses études. C'est aussi celui
de sa mère, « originaire du Havre ». Comble de
l'histoire, « elle aussi a connu les bombardements... pendant
la Seconde Guerre mondiale ! »
« M'shatatin ! »: en arabe, « dispersés
»
« Les Palestiniens sont la plus grosse communauté
au monde, rappelle Sandrine. Nous formons un peuple de dispersés...
mais où que l'on soit, nous restons unis par notre identité.
» L'historienne n'a pas vu sa famille de Gaza depuis huit
ans. « Le territoire de Gaza forme une véritable prison
à ciel ouvert, même le consul de France ne peut pas
s'y rendre ! » Sandrine déplore la déconstruction
du tissu social au sein de la bande de Gaza. « Les Gazaouis
font leurs courses puis s'enferment. Avant, il existait des tunnels
que les Gazaouis avaient créés pour communiquer entre
eux mais ils ont tous été détruits par Israël.
»
L'historienne affirme que les bombardements israéliens dans
la bande de Gaza « étaient déjà incessants
depuis quelques années. » Et les roquettes du Hamas
? « La violence est condamnable mais le Hamas est le seul
à faire parler de Gaza. Il a été élu
démocratiquement et en toute transparence. Et puis le Hamas
ne contrôle pas les faits et gestes de toute la population
! »
L'optimisme dans l'épreuve
La situation sanitaire de Gaza est « catastrophique ».
Médicaments, farine, essence... Le blocus israélien
rend difficile l'acheminement des matières premières.
« Les voitures roulent à l'huile de friture recyclée.
» L'eau et l'électricité sont également
difficiles à obtenir. Il y a pourtant quelques touches d'espoir
dans le discours de Sandrine. « Nous vivons dans une des grandes
puissances de ce monde et on se sent tellement inutile, confie-t-elle,
mais lorsque je lui téléphone, c'est ma famille de
Gaza qui me remonte le moral. Certes, ils n'ont plus grand chose
mais il leur reste au moins la détermination ! »
Yann Foreix
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