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Origine : http://www.amisdelaterre.org/Le-pari-de-la-decroissance-de.html
La librairie Ombres Blanches à Toulouse a organisé
une rencontre-débat autour de Serge Latouche pour “Le
Pari de la décroissance” (Fayard). Débat animé
par Jean-Paul Besset. En collaboration avec Alternative Midi-Pyrénées.
Serge Latouche, est diplômé en sciences politiques,
philosophie et sciences économiques. Parmi ses principaux
ouvrages publiés : Justice sans limites (Fayard, 2003), Décoloniser
l’imaginaire (Parangon, 2003), Survivre au développement
(Mille et une nuits, 2004), L’Invention de l’économie
(Albin Michel, 2005), La Mégamachine.
"Le terme « décroissance » sonne comme
un défi ou une provocation, même si nous savons bien
qu’une croissance infinie est incompatible avec une planète
finie. L’objet du présent ouvrage est de montrer que
si un changement radical est une nécessité absolue,
le choix volontaire d’une société de décroissance
est un pari qui vaut la peine d’être tenté pour
éviter un recul brutal et dramatique. Le mot d’ordre
de décroissance a ainsi surtout pour objet de marquer fortement
l’abandon de l’objectif de la croissance pour la croissance,
objectif dont les conséquences sont désastreuses pour
l’environnement. En toute rigueur, il conviendrait de parler
d’« a-croissance », comme on parle d’a-théisme,
plus que de dé-croissance. C’est d’ailleurs très
précisément de l’abandon d’une foi ou
d’une religion qu’il s’agit : celle de l’économie,
de la croissance, du progrès et du développement."
"Pour Serge Latouche la notion essentielle est celle d’empreinte
écologique. Si l’on exprime cette empreinte en surface
terrestre, c’est-à-dire en "espace bioproductif
nécessaire" pour soutenir notre mode de vie, la planète
se montre rapidement trop petite pour assurer l’accès
de tous à la quantité de biens jugés indispensables
à notre bien-être. Aussi, Serge Latouche insiste-t-il
sur le fait que la plupart du temps les coûts réels
de production sont ignorés. Ils le sont d’autant plus
que le vocabulaire même pour exprimer l’activité
économique ne tient jamais suffisamment compte de la réalité
de ces processus. D’où l’intérêt
de travailler, comme le fait Patrick Viveret notamment, sur de nouveaux
indicateurs de richesses. Pour ne prendre qu’un seul exemple,
Serge Latouche signale qu’une laitue consommée en Californie
contient 5000 kilomètres de transport et, de façon
générale, que les aliments que nous consommons en
contiennent en moyenne 2 400 !
On pourrait croire que ces questions sont largement débattues
aujourd’hui par les sciences économiques. Des notions
comme le développement durable, la croissance durable ou
soutenable, le développement autocentré ou encore
le commerce équitable, sont apparues comme le résultat
d’une meilleure prise en compte des effets négatifs
(ce que les économistes appellent les externalités)
de la croissance économique. Elles marquent, indubitablement,
une nette amélioration dans la compréhension de nos
modes de vie. Mais, pour Serge Latouche, et c’est là
l’originalité de son propos, tous ces "développements
à particule" relèvent de l’imposture :
"L’imposture du développement durable comme tentative
pour conjurer le spectre de la décroissance provient avant
tout qu’on retrouve, sous "les habits neufs du développement",
la croissance dans toute sa nudité."
Le débat est donc clairement posé. Pour l’auteur,
il ne s’agit absolument pas de s’accrocher au mythe
ou à l’idéologie du progrès ou encore
de faire confiance à la croissance pour régler les
problèmes que, par ailleurs, elle pose. La rupture doit être
plus nette. Il s’agit de faire le pari de la décroissance.
Et l’auteur précise : "L’idée de
décroissance a une double filiation. Elle s’est formée
d’une part dans la prise de conscience de la crise écologique
et d’autre part dans le fil de la critique de la technique
et du développement." Ce pari nécessite de sortir
véritablement de l’économie. Et ce pour une
raison simple : l’économie ignore l’entropie.
Serge Latouche s’appuie sur cette loi de thermodynamique pour
expliquer que notre conception de la production et notre consommation
énergétique sont absolument incompatibles avec la
constitution même de notre planète.
Dans cette perspective, on perçoit souvent le développement
des services et de l’économie de la connaissance comme
un facteur positif. Mais l’auteur démontre que les
produits sur lesquels cette économie se développe
ne sont pas moins coûteux en énergie que bon nombre
de produits industriels. "Si les logiciels incorporent surtout
de la matière grise, la seule fabrication d’un ordinateur
consomme par exemple 1,8 tonne de matériaux, dont 240 kilos
d’énergie fossile, et une puce de 2 grammes a besoin
de 1,7 kilo d’énergie ainsi que d’une énorme
quantité d’eau."
Rappelant que la définition de la richesse est, avant tout,
conventionnelle et plaidant pour "l’ivresse joyeuse de
l’austérité partagée", Serge Latouche
s’attache à présenter la décroissance
comme un simple renoncement au consumérisme et non au bien-être."
Guy Dreux ( Mis en ligne le 17/11/2006 ) Contre le mythe du développement
durable : article de Guy Dreux, professeur certifié de Sciences
Economiques et Sociales en région parisienne (92). Il est
titulaire d’un DEA de sciences politiques sur le retour de
l’URSS d’André Gide. Paru sur http://www.parutions.com/index.php
?pid=1&rid=6&srid=63&ida=7639
"Le pari de la décroissance " de Serge Latouche
, l’imposture du développement durable .
Nos campagnes > Modes de production et de consommation durables
> Décroissance et résistances
19 novembre 2006,
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