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Origine : http://www.decroissance.info/La-decroissance-un-enjeu-electoral
Le thème de la décroissance opère une percée
remarquable. Il fait débat au sein des Verts, des altermondialistes,
mais aussi d’un public bien plus vaste. Il s’est invité
dans la campagne électorale italienne. Il est aussi au coeur
des vives contestations locales contre de « grands projets
». L’apparition de cet ovni a mis en ébullition
les médias - peu informés et déformant souvent
les rares analyses disponibles. Au départ, la décroissance
est une bannière derrière laquelle se regroupent ceux
qui font une critique radicale du développement, afini d’envisager
un projet alternatif pour « l’après-développement
» : la construction, au Nord comme au Sud, de sociétés
conviviales, autnomes et économes.
Cette proposition vise à rendre toute sa dignité
au politique. Elle est nécessaire pour rouvrir l’espace
de l’inventivité et de l’imaginaire bloqué
par le totalitarisme économiciste, développementiste
et progressiste : tous les régimes modernes ont été
productivistes. Républiques, dictature ; gouvernements de
droite ou de gauche ; libéraux, socialistes, populistes,
sociaux-démocrates, centristes, radicaux, communistes, etc.,
tous ont posé comme objectif inquestionnable la croissance
économique. Qui aujourd’hui n’est rentable qu’à
condition d’en faire porter le poids sur la nature, les générations
futures, la santé des consommateurs et les conditions de
travail. C’est pourquoi une rupture est nécessaire.
Tout le monde ou presque en convient, mais nul n’ose sauter
le pas. Ce n’est pas à portée d’une simple
élection, d’une nouvelle majorité. Ce qui est
requis est beaucoup plus radical qu’un changement des structures
du droit et des rapports de production : une révolution culturelle,
ni plus ni moins. L’alternative au productivisme se pose à
tous les niveaux : individuel, local, régional, national,
européen, mondial. Il faut trouver les leviers pour agir
de façon concertée et complémentaire. Faut-il
pour autant figer dès maintenant le mouvement en un «
parti de la décroissance » ? Nous ne le pensons pas.
L’institutionnaliser prématurément nous expose
au risque de la politique politicienne, alors que les conditions
ne sont pas mûres pour espérer une mise en oeuvre de
notre programme. Il est des plus douteux que la problématique
Etat-nation en soit le cadre prioritaire. L’« agir local
» constitue même une voie de solution des impasses globales.
Peser dans le débat, participer à l’évolution
des mentalités, telles sont à ce jour notre mission
et notre ambition. Ainsi comprise, la politique ne serait plus une
technique pour détenir le pouvoir, mais redeviendrait l’autogestion
de la société par ses membres. Dire que la décroissance
sera au centre du débat électoral de 2007 serait présomptueux,
mais il est sûr qu’elle n’en sera pas absente.
le samedi 17 juin 2006
par Serge Latouche
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