Origine : http://www.ufal29.infini.fr/article.php?id_article=690
« Le pari de la décroissance » de Serge Latouche
Editions Fayard décembre 2006 285 pages 19 Euros
Décroissance ou barbarie !
Naïf que je suis ou que j’étais ! Je pensais
qu’en défendant le développement durable, je
me situais résolument dans le camp de tous ceux qui voulaient
construire une autre société, bâtie sur une
nouvelle logique, non productiviste et anti libérale.
La lecture de cette oeuvre m’a fait comprendre que l’ambiguité
ne pouvait que nuire au combat progressiste.
Effectivement, à la réflexion et après avoir
lu attentivement l’argumentaire de l’auteur, le développement
durable n’est qu’un oxymore « figure rhétorique
constituant à juxtaposer deux mots contradictoires »
comme le précise l’auteur qui, à chaque fois
définit les termes qu’il emploie :
« Croire qu’on parviendra sans effort, sans douleur,
et en gagnant de l’argent de surcroît, à établir
une compatibilité entre le système industriel productiviste
et les équilibres naturels, en se fiant seulement aux innovations
technologiques ou en recourant à de simples correctifs au
niveau des investissements, est un mythe. »
S’il existe une urgence aujourd’hui, une priorité,
c’est bien celle qui consiste à mener un débat
approfondi sur la situation et l’avenir de notre planète...La
description faite et les projections réalisées par
Serge Latouche sont malheusement exactes et imparables...On ne peut
plus continuer à produire encore plus et n’importe
quoi : les ressources naturelles seront pour la plupart d’entre
elles bientôt épuisées et « la concurrence
et le marché, qui nous fournissent notre dîner aux
meilleures conditions, ont des effets désastreux sur la biosphère
» et sur l’avenir de l’humanité.
Cette première partie de cette oeuvre nous livre un diagnostic
implacable de la situation.
Il s’agit là d’une préoccupation majeure
qui mérite, non des réponses à la petite semaine
ou quelques ajustements écologiques mais une autre logique
..
Le lecteur attentif, inquiet mais intéressé et passionné,
n’attend plus que la deuxième partie qui suit cette
déconstruction afin que des perspectives nouvelles soient
proposées.
« ...la décroissance n’est pas la décroissance
négative, expression antinomique et absurde »..Il s’agit
donc là d’une autre logique que celle qui est en cours
actuellement, « le projet de décroissance est un projet
politique, constituant dans la construction, au Nord comme au Sud,
de sociétés conviviales, autonomes et économes
» et pour clarifier un peu plus, l’auteur précise
plus loin : « Au niveau théorique, le mot d’
« a-croissance » serait plus approprié, indiquant
un abandon du culte irrationnel et quasi religieux de la croissance
pour la croissance ».
Il s’agit de produire autrement, d’éviter la
gabegie, de récupérer-trier -traiter les déchets
et de limiter drastiquement les circulations polluantes...
La démonstration est brillante et la démarche de
rupture proposée pourrait effectivement changer le cours
actuellement de l’évolution artificielle et catastrophique
construite par les civilisations productivistes....
Ne travailler que deux heures pas jour ! ? Une utopie ? peut être...
et encore ?
Relocaliser les activités ? Ne serait-ce pas une solution
alternative à ce croisement incessant absurde et polluant
de camions !
Pénaliser fortement les dépenses de publicité
!
Voici là quelques propositions parmi d’autres, émises
par l’auteur mais surtout expliquées...
Oui ! Il faut changer la donne dans les pays industriels et aussi
dans les pays du Sud où il faut arrêter d’y reproduire
mécaniquement un système qui a montré plus
que ces limites !
Le noeud du problème comme l’affirme encore Serge
Latouche se situe au niveau du pouvoir et si je le suis très
bien quant à son argumentaire en faveur d’une démarche
de rupture, je ne pense pas comme lui que « la lutte de classes
est terminée »...Par contre, n’est-il pas indispensable
que ceux qui veulent mettre à bas le libéralisme fassent
« le pari de la décroissance » c’est à
dire le vivre ensemble et autrement ? !
dimanche 7 janvier 2007.
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