"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google
Le pari de la décroissance de Serge Latouche
Décroissance ou barbarie !
Note de lecture et commentaires

Origine : http://www.ufal29.infini.fr/article.php?id_article=690


« Le pari de la décroissance » de Serge Latouche
Editions Fayard décembre 2006 285 pages 19 Euros

Décroissance ou barbarie !

Naïf que je suis ou que j’étais ! Je pensais qu’en défendant le développement durable, je me situais résolument dans le camp de tous ceux qui voulaient construire une autre société, bâtie sur une nouvelle logique, non productiviste et anti libérale.

La lecture de cette oeuvre m’a fait comprendre que l’ambiguité ne pouvait que nuire au combat progressiste.

Effectivement, à la réflexion et après avoir lu attentivement l’argumentaire de l’auteur, le développement durable n’est qu’un oxymore « figure rhétorique constituant à juxtaposer deux mots contradictoires » comme le précise l’auteur qui, à chaque fois définit les termes qu’il emploie :

« Croire qu’on parviendra sans effort, sans douleur, et en gagnant de l’argent de surcroît, à établir une compatibilité entre le système industriel productiviste et les équilibres naturels, en se fiant seulement aux innovations technologiques ou en recourant à de simples correctifs au niveau des investissements, est un mythe. »

S’il existe une urgence aujourd’hui, une priorité, c’est bien celle qui consiste à mener un débat approfondi sur la situation et l’avenir de notre planète...La description faite et les projections réalisées par Serge Latouche sont malheusement exactes et imparables...On ne peut plus continuer à produire encore plus et n’importe quoi : les ressources naturelles seront pour la plupart d’entre elles bientôt épuisées et « la concurrence et le marché, qui nous fournissent notre dîner aux meilleures conditions, ont des effets désastreux sur la biosphère » et sur l’avenir de l’humanité.

Cette première partie de cette oeuvre nous livre un diagnostic implacable de la situation.

Il s’agit là d’une préoccupation majeure qui mérite, non des réponses à la petite semaine ou quelques ajustements écologiques mais une autre logique ..

Le lecteur attentif, inquiet mais intéressé et passionné, n’attend plus que la deuxième partie qui suit cette déconstruction afin que des perspectives nouvelles soient proposées.

« ...la décroissance n’est pas la décroissance négative, expression antinomique et absurde »..Il s’agit donc là d’une autre logique que celle qui est en cours actuellement, « le projet de décroissance est un projet politique, constituant dans la construction, au Nord comme au Sud, de sociétés conviviales, autonomes et économes » et pour clarifier un peu plus, l’auteur précise plus loin : « Au niveau théorique, le mot d’ « a-croissance » serait plus approprié, indiquant un abandon du culte irrationnel et quasi religieux de la croissance pour la croissance ».

Il s’agit de produire autrement, d’éviter la gabegie, de récupérer-trier -traiter les déchets et de limiter drastiquement les circulations polluantes...

La démonstration est brillante et la démarche de rupture proposée pourrait effectivement changer le cours actuellement de l’évolution artificielle et catastrophique construite par les civilisations productivistes....

Ne travailler que deux heures pas jour ! ? Une utopie ? peut être... et encore ?

Relocaliser les activités ? Ne serait-ce pas une solution alternative à ce croisement incessant absurde et polluant de camions !

Pénaliser fortement les dépenses de publicité !

Voici là quelques propositions parmi d’autres, émises par l’auteur mais surtout expliquées...

Oui ! Il faut changer la donne dans les pays industriels et aussi dans les pays du Sud où il faut arrêter d’y reproduire mécaniquement un système qui a montré plus que ces limites !

Le noeud du problème comme l’affirme encore Serge Latouche se situe au niveau du pouvoir et si je le suis très bien quant à son argumentaire en faveur d’une démarche de rupture, je ne pense pas comme lui que « la lutte de classes est terminée »...Par contre, n’est-il pas indispensable que ceux qui veulent mettre à bas le libéralisme fassent « le pari de la décroissance » c’est à dire le vivre ensemble et autrement ? !

dimanche 7 janvier 2007.