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Origine : http://www.journaldumauss.net/spip.php?article97
Voilà un ouvrage en passe de devenir un manifeste de la
décroissance, sans doute en raison de la plume et de l’habileté
de S. Latouche, même si, nous le verrons, il n’est pas
sans laisser quelques zones d’ombre.
Après avoir précisé dans une introduction
le statut de la notion de décroissance, S. Latouche évoque
les raisons de la nécessité du choix d’une société
de décroissance - « la décroissance, pourquoi
? » - puis il identifie les « étapes »
à franchir qui nous y mèneront – « la
décroissance, comment ? » -, avant de clore son ouvrage
par une réflexion sur la pédagogie des catastrophes.
Reprenons brièvement chacun de ces points.
La décroissance, un slogan
Qu’est-ce que la décroissance ? A vrai dire, on n’en
trouve pas de définition précise, car « la décroissance
n’est pas un concept […] mais un slogan politique »
[p. 16], « une bannière derrière laquelle se
regroupent ceux qui ont procédé à une critique
radicale du développement et qui veulent dessiner les contours
d’un projet alternatif pour une politique de l’après-développement
» [p. 17].
La décroissance, pourquoi ?
« Pourquoi la décroissance ? Parce que la société
de croissance – « définie comme une société
dominée par une économie de croissance et qui tend
à s’y laisser absorber » [p. 38] - n’est
pas tenable, pour la simple raison, évoquée à
plusieurs reprises dans l’ouvrage, qu ‘« une croissance
infinie dans un monde fini » [p. 23, p. 140, 4e de couv.]
n’est pas possible.
Le lecteur est d’abord plongé dans « l’enfer
de la croissance ». On nous dit ainsi que « si nous
n’agissons pas très vite et très fort, c’est
la mort par asphyxie qui nous attend bientôt » [p. 45].
Avant de mourir asphyxiés, les quelques années qui
nous restent à vivre dans la « société
de croissance » ont de quoi effrayer : explosion des inégalités
– à l’échelle de la planète, «
le 1% le plus riche gagne autant que les 40% les plus pauvres »
-, bien être illusoire pour les perdants – on nous rappelle
ainsi que nous autres Français sommes les champions du monde
de la consommation d’anti-dépresseur – mais aussi
pour les supposés gagnants - « croissance du stress,
de l’insomnie, des troubles psychosomatiques, de maladies
de toutes sortes (cancers, crises cardiaques, allergies diverses,
obésité, cirrhoses du foie, diabète…)
» [p. 63]. C’est clair, face à ce constat, on
n’a qu’une seule envie : sortir de cet enfer !
Mais encore faut-il ne pas emprunter de fausses routes ! nous avertit
juste après S. Latouche : on ne pourra pas s’en sortir
en s’appuyant les « indicateurs alternatifs »
au PIB – IDH, GPI, ISS, PID, IBED etc. – qui «
reflètent plutôt les valeurs dominantes du capitalisme
contemporains » [p. 82], alors qu’il s’agirait
de s’en émanciper, au premier rang desquelles, sans
doute, l’idée que le bonheur est mesurable quantitativement
[p. 85]. Tous les maux issus de la croissance sur lesquels il a
pointé précédemment sont des « disvaleurs
», nous dit S. Latouche en s’inspirant d’Ivan
Illich, des « perte[s] […] qui ne [sauraient] s’estimer
en termes économiques » [p. 73]. S’appuyer sur
ces indicateurs pour corriger les méfaits de la croissance
revient à « penser la sortie de l’économie
en des termes économiques » [p. 90], ou encore, à
se tirer une balle dans le pied, déjà bien gangrené
! Non, ce qu’il faut, c’est « commencer par changer
les valeurs et d’en tirer les conséquences pour les
concepts » [p. 91].
Mais avec quelle(s) valeur(s) faut-il rompre, et pour quelle(s)
autre(s) ? Ce qui ne va pas, au fond, c’est l’hubris,
la démesure, l’absence de limite à l’accumulation
des richesses et du pouvoir, dont il est question très tôt
: « L’hubris, la démesure du maître et
possesseur de la nature, a pris la place de l’antique sagesse
qui consistait à s’insérer dans un environnement
exploité de façon raisonnée » [p. 44].
L’hubris - cette « démesure propre à l’homme
occidental » [p. 61] - prend la forme d’une «
croissance illimitée du PIB » [p. 97], d’une
recherche de la croissance économique pour elle-même.
Ce qu’il faut, ce n’est donc pas la récession,
une croissance négative, un retour à l’âge
de pierre, mais simplement « retrouver le sens de la limite
» [p. 101]. Mais là aussi, il ne faut pas faire fausse
route.
On s’égarerait à faire le choix de la «
simplicité volontaire » telle qu’elle peut être
prônée aux Etats-Unis et au Canada, qui encourage à
travailler, produire, dépenser et consommer moins «
en réaction à l’ultraconsumérisme »
[p. 101]. Cette voie présente en fait trois défauts.
D’abord, elle risque fort de ne pas être efficace, faute
de pouvoir être généralisée. «
Cet appel à la simplicité volontaire, à la
frugalité, à l’économie économe,
est fort sympathique, mais il a toute les chances de rester un vœu
pieux, sachant qu’il faudrait que ce comportement se généralise
à toute la société pour être efficace
» [p. 104]. En fait, la voie de la simplicité volontaire
est d’autant moins efficace qu’« elle se heurte
à la toxidépendance de la drogue consumériste
» [p. 105]. Par ailleurs, elle peut glisser dans « un
intégrisme ascétique à résonance mystique
qui n’est pas absent dans les rangs des “décroissants”
» [p. 105]. Enfin, elle peut tomber dans le piège de
« l’effet rebond », qui désigne le report
possible de la consommation sur d’autres produits [p. 105],
compte tenu des économies réalisées. A la simplicité
volontaire, S. Latouche préfère l’autoproduction
[p. 108], mais il reconnaît lui-même que cela ne permet
pas d’échapper à l’effet rebond, toujours
possible [p. 109]. D’où son insistance sur «
le changement d’imaginaire » que requiert la décroissance.
S’il veut bien reconnaître qu’il ne se décide
pas, il souligne qu’il « résulte de multiples
changements de mentalités qui sont en partie préparés
par la propagande et par l’exemple » [p. 110]. Bref,
S. Latouche retient « deux voies individuelles pour décroître
: la première, consommer moins, c’est la sobriété
; la seconde, autoproduire et échanger selon la logique du
don » [p. 111] qui a sa préférence, même
si plus loin il écrit que « c’est une nouvelle
culture qu’il nous faut inventer, dont l’un des piliers
sera la sobriété » [p. 214]. C’est qu’en
fait le choix éthique de la sobriété est nécessaire,
mais il n’est pas suffisant : « Pour retrouver le sens
de la mesure, écrit-il, il importe d’articuler cette
éthique de la décroissance volontaire avec [un] projet
politique d’ensemble » [p. 111], qu’il précise
dans sa deuxième partie, La décroissance comment ?
Puis, vient un véritable réquisitoire contre une
vraie fausse voie : le développement durable, soutenable
etc., qu’ils soit défendu par les « réalistes
», promoteurs d’un capitalisme éco-compatible
encore appelé « éco-capitalisme » ; par
« les humanistes » (altermondialistes) qui ambitionnent
de concilier bien être et développement (Passet, Cassen,
Plihon sont cités) ; ou encore par les partisans d’une
« croissance verte » (Brown, Lipietz). Le développement
durable : un « oxymore », rien de plus pour S. Latouche,
aucun développement imaginé reposer sur la croissance
ne pouvant être durable. Le problème, c’est qu’«
en accolant un, deux, trois ou quatre épithètes au
concept de développement, on ne remet pas vraiment pour autant
en question l’accumulation capitaliste » écrit
S. Latouche [p. 125]. Parmi les tenants du développement
épinglés par S. Latouche, on notera A. Caillé,
qu’il renvoie à sa propre critique de l’hubris,
incomptatible avec la position « développementiste
» qu’il lui fait tenir. Outre qu’il est un concept
« plastique » [p. 132], « fourre-tout »,
le développement est en outre un concept « génétiquement
» occidentalo-centré, il contient l’ hubris,
du seul fait qu’il implique une absence de limite. Il n’est
jamais dit développement de quoi, pour qui et pour quoi,
mais jamais non plus jusqu’où. Un développement
infini dans un monde fini n’a pas plus de sens qu’une
croissance infinie » [p. 133].
Cette première partie s’achève avec un plaidoyer
pour une décroissance démographique qui devra se faire
« en douceur » [p. 144]. En fait la terre serait déjà
surpeuplée « si tout le monde devait consommer comme
un Américain » [p. 144].
La décroissance comment ?
Après avoir plongé son lecteur dans « l’enfer
de la croissance », jusqu’à l’étang
de feu qu’est l’hubris, où l’on retrouve
les faux prophètes de la simplicité volontaire, mais
surtout du développement durable, S. Latouche lui propose
le salut par et dans la décroissance [1]. Tout est dit au
tout début de cette deuxième partie : la décroissance
est la solution, car ce n’est rien d’autre que la lutte
contre l’illimitation. D’ailleurs, il faudrait plutôt
parler d’a-croissance, nous dit-il, i.e. d’« abandon
du culte irrationnel et quasi-religieux de la croissance pour la
croissance » [p. 152]. « Si réaction il y a,
écrit-il explicitement, c’est face à la démesure,
à l’hubris » [p. 153]. Mais qu’y a–t-il
au bout du chemin de l’a-croissance, de la lutte contre l’illimitation
qui soit tant désirable ? : le bien-être, le bonheur.
La société de décroissance permet de «
renverser le “ciseau” entre la production du bien-être
et le PIB » [p. 152]. « Le bonheur de l’homme,
écrit-il plus loin, n’est pas de vivre beaucoup, mais
de vivre bien » [p. 180]. Par la suite, S. Latouche s’emploie
à nous mettre sur le chemin du bonheur promis par la société
de décroissance. Un chemin qui prend la forme d’un
« programme radical » pour une « décroissance
sereine, conviviale et soutenable » [p. 153], et qui se décline
en 8 « R » (voire plus) : réévaluer, reconceptualiser,
restructurer, redistribuer, relocaliser, réduire, réutiliser,
recycler. Le « RE » s’enchaînent ainsi au
fil des chapitres.
Réévaluer, reconceptualiser. Il faut « réévaluer
», c’est à dire mettre en avant d’autres
valeurs qui sont, comprend-on, autant de déclinaisons de
la lutte contre l’illimitation. Ainsi, « l’altruisme
devrait prendre le pas sur l’égoïsme, la coopération
sur la compétition effrénée, le plaisir du
loisir et l’ethos du ludisme sur l’obsession du travail,
l’importance de la vie sociale sur la consommation illimitée,
le local sur le global, l’autonomie sur l’hétéronomie,
le goût de la belle ouvrage sur l’efficience productiviste,
le raisonnable sur le rationnel, le relationnel sur le matériel,
etc. » [p. 157]. S. Latouche mobilise Castoriadis pour qui
« il faut que l’idée que la seule finalité
dans la vie est de produire et de consommer davantage – idée
à la fois absurde et dégradante – soit abandonnée
; il faut que l’imaginaire capitaliste d’une pseudo-maîtrise
pseudo-rationnelle, d’une expansion illimitée, soit
abandonné » [Castoriadis, in Latouche, p. 159]. La
mise en avant d’autres valeurs doit conduire à définir
autrement certaines notions comme la richesse ou la pauvreté,
bref, à reconceptualiser. Mais la tâche n’est
pas simple, souligne S. Latouche car nos esprits ont été
colonisés par un imaginaire économiciste, via notre
éducation, la « manipulation médiatique »
dont nous sommes l’objet et notre mode de vie concret quotidien
[p. 160]. « Comment en sortir ? », comment décoloniser
nos esprits ? Par un travail de « déligitimation des
valeurs dominantes et de la manipulation » à l’instar
de celle entreprise par G. Berthoud dans son ouvrage Une philosophie
de la consommation [2005], qui pose selon S. Latouche « les
bases d’une philosophie de la décroissance »
[p. 177] en nous encourageant à une « consommation
vraie » [p. 169], i.e. rien d’autre au fond, si nous
avons bien compris, à renouer avec le don. Il faut ensuite
faire oeuvre de « contre-information », de « contre-manipulation
» et « d’iconoclastie », et enfin, «
éduquer à la décroissance » [p. 179].
Restructurer, redistribuer. Une fois que nous aurons mis en avant
d’autres valeurs, que nous serons par suite en mesure d’appréhender
le monde autrement que sous les lunettes de l’économie,
alors nous pourrons restructurer nos « rapports sociaux de
production » pour construire une société décroissante
qui procèderait d’un tout autre esprit que celui du
capitalisme : « Notre conception de la société
de la décroissance n’est ni un impossible retour en
arrière, ni un accommodement avec le capitalisme, mais un
« dépassement » (si possible en bon ordre) de
la modernité. Non pas tant parce qu’elle en dénonce
les contradictions et les limites écologiques et sociales,
mais avant tout parce qu’elle en remet en cause l’“esprit”
» [p. 186], i.e. « la démesure et la domination
sans limite » [p. 187]. De sorte que, même si on y trouverait
encore des marchés, du profit - qui pourrait être conservés
comme « incitateurs » [p. 187] - de la monnaie, du capital
et même des capitalistes, il ne s’agirait plus de capitalisme
: « Une société de décroissance ne peut
pas se concevoir sans sortir du capitalisme » [p. 187]. En
fait, une société de décroissance est une société
où l’économie est réenchâssée
dans le social et/ou le politique comprend-on : « Sortir du
développement, de l’économie et de la croissance
n’implique donc pas de renoncer à toutes les institutions
sociales que l’économie a annexées, comme la
monnaie et les marchés, mais de les réenchâsser
dans une autre logique » que celle de la démesure de
l’accumulation des richesses et du pouvoir, comprend-on [p.
189]. Quelle est cette « autre logique » ? L’esprit
du don, apparemment : « [Les marchés] incorporent toujours
quelque chose de l’esprit du don qu’une société
de décroissance se devrait de retrouver » [p. 190].
Avec la restructuration de l’économie, son réenchâssement
dans le don, la redistribution a déjà commencé,
et peut se poursuivre. Redistribution de la terre. De quoi s’agit-il
? : « de soustraire toujours plus de terre à l’agriculture
productiviste, à la spéculation foncière, à
l’emprise polluante de l’asphalte et du ciment, à
la désertification, et d’en offrir davantage à
l’agriculture paysanne, biologique, respectueuse des écosystèmes.
Cela contribuera en outre à résoudre le problème
du chômage en stoppant l’exode rural (en particulier
au Sud), voire en inversant la tendance dans certains cas (en particulier
au Nord) » [p. 192-193]. Redistribuer le travail, i.e. l’orienter
vers des « emplois verts ». Redistribuer les revenus
entre les générations : il s’agira notamment
d’instituer un revenu minimum de citoyenneté et un
revenu maximum autorisé, pour lesquels plaide le MAUSS depuis
un certain nombre d’années [pp. 194-196].
Relocaliser. Si « la réévaluation constitue
logiquement la première action et la base du processus, […]
la relocalisation représente à la fois le moyen stratégique
le plus important et l’un des principaux objectifs de ce dernier
» [p. 197]. « Relocaliser, c’est bien sûr
produire localement pour l’essentiel les produits servant
à la satisfaction des besoins de la population à partir
d’entreprises locales financées par l’épargne
collectée localement. Mais cela va bien au-delà »,
précise S. Latouche. Relocaliser, c’est grosso modo
redécouvrir le goût des autres, de l’échange
de proximité et de l’autoproduction. Cela peut même
passer par l’usage de monnaies locales. Relocaliser s’entend
aussi au niveau politique : cela signifie alors s’occuper
des affaires publiques à l’échelle de son quartier,
organisé en « petite république » [p.
207]. Bref, société de décroissance et revitalisation
de la démocratie locale vont de pair.
Réduire, réutiliser, recycler. « La réduction
[…] est l’essence même de la décroissance
» [p. 214] car elle pose la question de la limitation de nos
besoins et de leur réorientation. Il faut réduire
sa consommation « pour travailler moins et consacrer plus
de temps aux exigences spirituelles, aux relations humaines, familiales,
sociales, érotiques, culturelles, religieuses - voire à
regarder les nuages, “les merveilleux nuages”, comme
l’ “étranger” de Baudelaire » [p.
215]. Il faut retrouver « la règle de Gandhi : vivre
plus simplement pour que les autres puissent tout simplement vivre
» [p. 218]. Que réduire d’abord ? : les transports
et la consommation d’énergie ; réduire les déchets
et les gaspillages, notamment dans l’agriculture ; réduire
la durée de travail… à deux heures par jour,
en vue d’accroître le temps non contraint. Il faut encore
réutiliser, recycler (réhabiliter, réinventer
etc.), « modifier notre attitude à l’égard
des choses […] en traitant bien les objets pour les faire
durer dans le temps » [p. 236]. Il faut « apprendre
à réparer, à acquérir des produits d’occasion,
sans en éprouver un sentiment de dévalorisation de
soi, parce que ce comportement ne sera plus le résultat de
la nécessité mais d’un choix de sobriété
valorisante, d’un nouvel art de consommer » [p. 219].
Sans compter que c’est là un « formidable gisement
de métiers à inventer ou à réinventer
» [p. 237].
Mais la décroissance est « un projet de construction
de sociétés conviviales autonomes et économes,
au Nord comme au Sud » [p. 242]. « Une “société
hors-croissance” au Sud ! C’est le condamner à
la misère ! » objectera-t-on. Au contraire répond
S. Latouche. « Oser la décroissance au Sud, c’est
tenter d’enclencher un mouvement en spirale pour se placer
sur l’orbite du cercle vertueux des 8 ‘R’ »
[p. 27]. C’est même pour S. Latouche le seul moyen de
rompre avec l’ethnocentrisme, car « l’objectif
de la vie bonne se décline de multiples façons selon
les contextes […]. S’il faut absolument lui donner un
nom, cet objectif peut s’appeler umran (épanouissement)
comme chez Ibn Khaldoun, swadeshi-sarvodaya (amélioration
des conditions sociales de tous) comme chez Ghandi, bamtaare (être
bien ensemble) comme chez les Toucouleurs, ou fidnaa / gabbina (rayonnement
d’une personne bien nourrie et libérée de tut
souci) comme chez les Borana d’Ethiopie. » [p. 251]…
ou encore bonheur, comme on l’a déjà souligné
[p. 180].
Avant de conclure, S. Latouche pose la question du régime
politique qu’appelle une société de décroissance.
A l’écofascisme des uns, il oppose une éco-démocratie.
La décroissance ? : « il ne s’agit de rien de
moins que de refonder la démocratie » [p. 270], en
aménageant la démocratie représentative –
droits de révocation des élus, organisation d’états
généraux, le référundum d’initiative
populaire, le recours à la participation directe dans certains
cas (les budgets participatifs de Porto Alegre, par exemple »
[p. 273] – et en revitalisant la démocratie locale
seule capable d’entrer en dissidence, à la manière
du mouvement zapatiste et du sous-commandant Marcos [p. 276].
La décroissance, une nécessité
Enfin, après avoir plongé son lecteur dans «
l’enfer de la croissance », l’avoir mis en garde
des faux prophètes du développement, lui avoir proposé
d’être sauvé (littéralement d’abord,
i.e. sauvé d’une mort prochaine) par et dans la décroissance,
S. Latouche termine de le convaincre en lui précisant qu’en
fait la décroissance est la seule voie possible pour son
salut car elle s’impose à lui nécessairement,
comme certaines catastrophes le lui rappellent périodiquement
: « L’inquiétante canicule de l’été
2003 a fait beaucoup plus que tous nos arguments pour convaincre
de la nécessité de s’orienter vers une société
de décroissance » [p. 280], écrit-il. Il ne
reste donc plus à son lecteur qu’à abandonner
« la religion de l’économie » [p. 284],
et qu’à se convertir, nécessairement, à
la décroisssance, pour entrer « au paradis de la décroisssance
conviviale « [p. 157].
En rubrique « Débats », l’article «
Décroissance et anti-utilitarisme » propose une discussion
des thèses de S. Latouche
Sylvain Dzimira
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