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origine http://lesamisdepablo.free.fr/dev4.htm
Présenté comme la solution aux problèmes du
Sud, le développement n'est souvent qu'un autre visage de
l'occidentalisation du monde. Qu'il soit « durable »,
« soutenable » ou « endogène », il
s'inscrit toujours, de manière plus ou moins violente, dans
la logique destructrice de l'accumulation capitaliste. Il signifie
inégalités, destruction de l'environnement et des
cultures. Pourtant, des solutions peuvent être imaginées,
qui prennent en compte la diversité du monde et s'appuient
sur les expériences, menées ici ou là, d'économie
non marchande.
Le « développement » est semblable à
une étoile morte dont on perçoit encore la
lumière, même si elle s'est éteinte depuis longtemps,
et pour toujours. (1)
Gilbert Rist.
Voici un peu plus de trente ans est née une espérance.
Une espérance aussi grande pour les peuples du tiers-monde
que le socialisme l'avait été pour les prolétariats
des pays occidentaux. Une espérance peut-être plus
suspecte dans ses origines et dans ses fondements, puisque les Blancs
l'avaient apportée avec eux avant de quitter les pays qu'ils
avaient pourtant durement colonisés. Mais enfin, les responsables,
les dirigeants et les élites des pays nouvellement indépendants
présentaient à leur peuple le développement
comme la solution de tous leurs problèmes.
Les jeunes Etats ont tenté l'aventure. Avec maladresse,
peut-être, mais ils l'ont tentée, et souvent avec une
violence et une énergie désespérées.
Le projet « développementiste » était
même la seule légitimité avouée des élites
au pouvoir. Certes, on peut épiloguer à l'infini pour
savoir si les conditions objectives de réussite de l'aventure
moderniste étaient ou n'étaient pas remplies. Sans
ouvrir cet énorme dossier, tout un chacun reconnaîtra
qu'elles n'étaient guère favorables ni à un
développement planifié, ni à un développement
libéral.
Le pouvoir des nouveaux Etats indépendants était
pris dans d'insolubles contradictions. Ils ne pouvaient ni dédaigner
le développement ni le construire. Ils ne pouvaient, en conséquence,
ni refuser d'introduire ni réussir à acclimater tout
ce qui participe de la modernisation : l'éducation, la médecine,
la justice, l'administration, la technique. Les « freins »,
les « obstacles » et les « blocages » de
toute nature, chers aux experts économistes, rendaient peu
crédible la réussite d'un projet qui implique d'accéder
à la compétitivité internationale à
l'époque de l'« hypermondialisation ». Théoriquement
reproductible, le développement n'est pas universalisable.
D'abord pour des raisons écologiques : la finitude de la
planète rendrait la généralisation du mode
de vie américain impossible et explosif.
Le concept de développement est piégé dans
un dilemme : soit il désigne tout et son contraire, en particulier
l'ensemble des expériences historiques de dynamique culturelle
de l'histoire de l'humanité, de la Chine des Han à
l'empire de l'Inca ; et alors il n'a aucune signification utile
pour promouvoir une politique, et il vaut mieux s'en débarrasser.
Soit il a un contenu propre et définit alors nécessairement
ce qu'il possède de commun avec l'expérience occidentale
du « décollage » de l'économie telle qu'elle
s'est mise en place depuis la révolution industrielle en
Angleterre dans les années l750-1800. Dans ce cas, quel que
soit l'adjectif qu'on lui accole, son contenu implicite ou explicite
réside dans la croissance économique, l'accumulation
du capital avec tous les effets positifs et négatifs que
l'on connaît.
Or, ce noyau dur, que tous les développements ont en commun
avec cette expérience-là, est lié à
des « valeurs » qui sont le progrès, l'universalisme,
la maîtrise de la nature, la rationalité quantifiante.
Ces valeurs, et tout particulièrement le progrès,
ne correspondent pas du tout à des aspirations universelles
profondes. Elles sont liées à l'histoire de l'Occident
et recueillent peu d'écho dans les autres sociétés
(2). Les sociétés animistes, par exemple, ne partagent
pas la croyance dans la maîtrise de la nature. L'idée
de développement est totalement dépourvue de sens
et les pratiques qui l'accompagnent sont rigoureusement impossibles
à penser et à mettre en oeuvre parce qu'impensables
et interdites (3). Ces valeurs occidentales sont précisément
celles qu'il faut remettre en question pour trouver une solution
aux problèmes du monde contemporain et éviter les
catastrophes vers lesquelles l'économie mondiale nous entraîne.
Le développement a été une grande entreprise
paternaliste (« les pays riches assurent l'essor des pays
les moins avancés ») qui a occupé approximativement
la période des « trente glorieuses » (1945-1975).
Conjugué transitivement, le concept a fait partie de l'ingénierie
sociale des experts internationaux. C'était toujours les
autres qu'il fallait développer. Tout cela a fait faillite.
En témoigne le fait que l'aide fixée à 1 %
du produit intérieur brut (PIB) des pays de l'Organisation
de coopération et de développement économiques
(OCDE), lors de la première décennie du développement
des Nations unies en l960, réajustée à la baisse
à 0,70 % en l992 à Rio et en l995 à Copenhague,
n'atteint pas les 0,25 % en 2000 ! (4) En témoigne aussi
le fait que la plupart des instituts d'études ou des centres
de recherches spécialisés ont fermé leurs portes
ou sont moribonds.
La crise de la théorie économique du développement,
annoncée dans les années 1980, est en phase terminale
: on assiste à une vraie liquidation ! Le développement
ne fait plus recette dans les enceintes internationales «
sérieuses » : Fonds monétaire internationale
(FMI), Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce (OMC),
etc. Au dernier forum de Davos, la « chose » n'a même
pas été évoquée. Il n'est plus revendiqué
au Sud que par certaines de ses victimes et leurs bons samaritains
: les organisations non gouvernementales (ONG) qui en vivent (5).
Et encore ! La nouvelle génération des « ONG
sans frontières » a axé le charity business
plus sur l'humanitaire et l'intervention d'urgence que sur l'essor
économique.
Toutefois, le développement a moins été victime
de sa faillite, pourtant incontestable au Sud, que de son succès
au Nord. Ce « retrait » conceptuel correspond au déplacement
engendré par la « mondialisation » et par ce
qui se joue derrière cet autre slogan mystificateur. Le développement
des économies nationales devait déboucher presque
automatiquement sur la transnationalisation des économies
et sur la globalisation des marchés.
Dans une économie mondialisée, il n'existe pas de
place pour une théorie spécifique destinée
au Sud. Toutes les régions du monde désormais sont
« en développement » (6). A un monde unique correspond
une pensée unique. L'enjeu de ce changement n'est autre que
la disparition de ce qui donnait une certaine consistance au mythe
développementiste, à savoir le trickle down effect
c'est-à-dire le phénomène de retombées
favorables à tous.
Colonisation des imaginaires
La répartition de la croissance écono mique au Nord
(avec le compromis keynéso-fordiste), et même celles
de ses miettes au Sud, assurait une certaine cohésion nationale.
Les trois D (déréglementation, décloisonnement,
désintermédiation) ont fait voler le cadre étatique
des régulations, permettant ainsi au jeu des inégalités
de s'étendre sans limites. La polarisation de la richesse
entre les régions et entre les individus atteint des sommets
inusités. Selon le dernier rapport du Programme des Nations
unies pour le développement (PNUD), si la richesse de la
planète a été multipliée par six depuis
l950, le revenu moyen des habitants de 100 des 174 pays recensés
est en pleine régression, de même que l'espérance
de vie. Les trois personnes les plus riches du monde ont une fortune
supérieure au PIB total des 48 pays les plus pauvres ! Le
patrimoine des 15 individus les plus fortunés dépasse
le PIB de toute l'Afrique subsaharienne. Enfin, les avoirs des 84
personnes les plus riches surpasse le PIB de la Chine avec son 1,2
milliard d'habitants !
Dans ces conditions, il n'est plus question de développement,
seulement d'ajustement structurel. Pour le volet social, on fait
largement appel à ce que Bernard Hours appelle joliment un
« samu mondial » dont les ONG humanitaires, les urgenciers
sont l'outil capital (7). Toutefois, si les « formes »
changent considérablement (et pas seulement elles), tout
un imaginaire reste bien en place. Si le développement n'a
été que la poursuite de la colonisation par d'autres
moyens, la nouvelle mondialisation, à son tour, n'est que
la poursuite du développement par d'autres moyens. L'Etat
s'efface derrière le marché. Les Etats-nations du
Nord qui s'étaient déjà fait plus discrets
avec le passage de témoin de la colonisation à l'indépendance
quittent le devant de la scène au profit de la dictature
des marchés (qu'ils ont orga nisée...) avec leur instrument
de gestion, le FMI, qui impose les plans d'ajustement structurels.
On retrouve toujours l'occidentalisation du monde avec la colonisation
de l'imaginaire par le progrès, la science et la technique.
L'économicisation et la technicisation sont poussées
à leur point ultime. La critique théorique et philosophique
radicale menée courageusement par un petit nombre d'intellectuels
marginaux (Cornélius Castoriadis, Ivan Illich, François
Partant, Gilbert Rist, en particulier) a contribué au glissement
rhétorique mais n'a pas débouché sur une remise
en cause des valeurs et des pratiques de la modernité.
Si la rhétorique pure du développement et la pratique
qui lui est liée de l'« expertocratie » volontariste
ne fait plus recette, le complexe des croyances eschatologiques
en une prospérité matérielle possible pour
tous, qu'on peut définir comme le « développemen
tisme », reste intact.
La survie du développement à sa mort est surtout
manifeste travers les critiques dont il a été l'objet.
Pour tenter d'en conjurer magiquement les effets négatifs,
on est entré en effet dans l'ère des développements
« à particule » (8). On a vu des développements
« auto centrés », « endogènes »,
« participa tifs », « communautaires »,
« intégrés », « authentiques »,
« autonomes et populaires », « équitables
» sans parler du développement local, du micro-développement,
de l'endo-développement et même de l'ethno-développement
! Les humanistes canalisent ainsi les aspirations des victimes.
Le développement durable est la plus belle réussite
dans cet art du rajeunissement des vieilles lunes. Il constitue
un bricolage conceptuel, visant à changer les mots à
défaut de changer les choses, une monstruosité verbale
par son antinomie mystificatrice. Le « durable » est
alors ce qui permet au concept de survivre.
Dans toutes ces tentatives pour définir un « autre
» développement ou un développement «
alternatif », il s'agit de guérir un « mal »
qui atteindrait le déve loppement de façon accidentelle
et non congénitale. Quiconque ose s'attaquer au développementisme
se voit rétorquer qu'il se trompe de cible. Il ne s'en serait
pris qu'à certaines formes dévoyées, au «
mal-développement ». Mais ce monstre repoussoir créé
pour l'occasion n'est qu'une chimère aberrante. Dans l'imaginaire
de la modernité, en effet, le mal ne peut pas atteindre le
développement pour la bonne raison qu'il est l'incarnation
même du Bien. Le « bon » développement,
même s'il ne s'est jamais réalisé nulle part,
est un pléonasme parce que par définition développement
signifie « bonne » croissance, parce que la croissance,
elle aussi, est un bien et qu'aucune force du mal ne peut prévaloir
contre elle. C'est l'excès même des preuves de son
caractère bénéfique qui révèle
le mieux l'escroquerie du concept, flanqué ou non d'une particule.
Il est clair que c'est le « développement réellement
existant » - de la même manière qu'on parlait
du « socialisme réel » -, celui qui domine la
planète depuis deux siècles, qui engendre les problèmes
sociaux et environne mentaux actuels : exclusion, surpopulation,
pauvreté, pollutions diverses, etc. Le développementisme
exprime la logique économique dans toute sa rigueur. Il n'existe
pas de place, dans ce paradigme, pour le respect de la nature exigé
par les écologistes ni pour le respect de l'être humain
réclamé par les humanistes.
Le développement réellement existant apparaît
alors dans sa vérité, et le développement «
alternatif » comme une mystification. En accolant un adjectif,
il ne s'agit pas vraiment de remettre en question l'accumulation
capitaliste, tout au plus songe-t-on à adjoindre un volet
social ou une composante écologique à la croissance
économique comme on a pu naguère lui ajouter une dimension
culturelle. En se focalisant sur les conséquences sociales,
comme la pauvreté, les niveaux de vie, les besoins essentiels,
ou sur les nuisances apportées à l'environnement,
on évite les approches holistes ou globales d'une analyse
de la dynamique planétaire d'une mégamachine techno-économique
qui fonctionne à la concurrence généralisée
sans merci et désormais sans visage.
Dès lors, le débat sur le mot déve loppement
prend toute son ampleur. Au nom du développement «
alternatif », on propose, parfois, d'authentiques projets
antiproductivistes, anticapitalistes très divers qui visent
à éliminer les plaies du « sous-dévelop
pement » et les excès du « mal-déve loppement
» ou plus simplement les conséquences désastreuses
de la mondialisation. Ces projets d'une société conviviale
n'ont pas plus à voir avec le développement que l'«
âge d'abondance des sociétés primitives »
ou que les réussites humaines et esthétiques remarquables
de certaines sociétés pré-industrielles qui
ignoraient tout du développement (9).
L'autre nom de la guerre économique
En France même, nous avons vécu cette expérience
en vraie grandeur d'un développement « alternatif ».
C'est la modernisation de l'agriculture entre l945 et l980, telle
qu'elle a été programmée par des technocrates
humanistes et mise en oeuvre par des ONG chrétiennes, jumelles
de celles qui sévissent dans le tiers-monde (10). On a assisté
à la mécanisation, la concentration, l'industrialisation
des campagnes, à l'endettement massif des paysans, à
l'emploi systématique de pesticides et d'engrais chimiques,
à la généralisation de la « malbouffe
»...
Qu'on le veuille ou non, le développement ne saurait être
différent de ce qu'il a été et est : l'occidentalisation
du monde. Les mots s'enracinent dans une histoire ; ils sont liés
à des représentations qui échappent, le plus
souvent, à la conscience des locuteurs, mais qui ont prise
sur nos émotions. Il y a des mots doux, des mots qui donnent
du baume au coeur et des mots qui blessent. Il y a des mots qui
mettent un peuple en émoi et bouleversent le monde. Et puis,
il y a des mots poison, des mots qui s'infiltrent dans le sang comme
une drogue, pervertissent le désir et obscurcissent le jugement.
Développement est un de ces mots toxiques. On peut, certes,
proclamer que désormais un « bon développement,
c'est d'abord valoriser ce que faisaient les parents, avoir des
racines (11) », c'est définir un mot par son contraire.
Le développement a été, est, et sera d'abord
un déracinement. Partout il a entraîné un accroissement
de l'hétéronomie au détriment de l'autonomie
des sociétés.
Faudra-t-il attendre encore quarante ans pour qu'on comprenne que
le développement c'est le développement réellement
existant ? Il n'y en a pas d'autre. Et le développement réellement
existant, c'est la guerre économique (avec ses vainqueurs
bien sûr, mais plus encore ses vaincus), le pillage sans retenue
de la nature, l'occidentalisation du monde et l'uniformisation planétaire,
c'est enfin la destruction de toutes les cultures différentes.
C'est pourquoi le « développement durable »,
cette contradiction dans les termes, est à la fois terrifiant
et désespérant ! Au moins avec le développement
non durable et insoutenable, on pouvait conserver l'espoir que ce
processus mortifère aurait une fin, victime de ses contradictions,
de ses échecs, de son caractère insupportable et du
fait de l'épuisement des ressources naturelles...
On pouvait ainsi réfléchir et travailler à
un après-développement, bricoler une post-modernité
acceptable. En particulier réintroduire le social, le politique
dans le rapport d'échange économique, retrouver l'objectif
du bien commun et de la bonne vie dans le commerce social. Le développement
durable, lui, nous enlève toute perspective de sortie, il
nous promet le développement pour l'éternité
!
L'alternative ne peut prendre la forme d'un modèle unique.
L'après-développement est nécessairement pluriel.
Il s'agit de la recherche de modes d'épanouissement collectif
dans lesquels ne serait pas privilégié un bien-être
matériel destructeur de l'environnement et du lien social.
L'objectif de la bonne vie se décline de multiples façons
selon les contextes.
En d'autres termes, il s'agit de reconstruire de nouvelles cultures.
Cet objectif peut s'appeler l'umran (épanouissement) comme
chez Ibn Kaldûn, swadeshi-sarvodaya (amélioration des
conditions sociales de tous) comme chez Gandhi, ou bamtaare (être
bien ensemble) comme chez les Toucouleurs... L'important est de
signifier la rupture avec l'entreprise de destruction qui se perpétue
sous le nom de développement ou de mondialisation. Pour les
exclus, pour les naufragés du développement, il ne
peut s'agir que d'une sorte de synthèse entre la tradition
perdue et la modernité inaccessible. Ces créations
originales dont on peut trouver ici ou là des commencements
de réalisation ouvrent l'espoir d'un après-développement.
Serge Latouche
1 - Gilbert Rist, "Le développement. Histoire d'une
croyance occidentale". Presses de Sciences Po, Paris 1996.
p. 377.
2 - Pour une analyse des autres raisons plus théoriques, voir
notre ouvrage Faut-il refuser le développement ? PUF, Paris,
l985.
3 - Sur ce sujet voir tout particulièrement Gilbert Rist, "Le
développement. Histoire d'une croyance occidentale". Presses
de Sciences Po, Paris 1996.
4 - "Le mot développement, écrit Bertrand Cabedoche
en conclusion de son livre, les chrétiens et le Tiers-Monde
(Karthala, 1990, p.255), a pu perdre de son attrait au contact de
trop d'expériences décevantes. Il reste le seul vocable
que partagent tous les humains pour dessiner leur espoir" .
5 - La socio-économie du développement aurait dû,
dès lors, se substituer à la science économique
normale ; toutefois, en dépit de quelques frémissements
dans ce sens, c'est l'inverse qui s'est produit.
6 - Bernard Hours, "L'idéologie humanitaire ou le spectacle
de l'altérité perdue", L'harmattan,1998.
7 - On comprend que certaines élites du Sud (et leurs griots
du Nord), victimes de la baisse de l'aide et veufs de leur discours
de légitimation revendiquent avec nostalgie un "retour"
au développement.
8 - La mouvance anti-développentiste est présente au
sein des O.N.G., des mouvements écologistes et de l'intelligentsia
à peu près partout dans le monde mais de façon
très minoritaire avec quelques points forts, en Inde, au Mexique,
au Quebec, en Belgique et en Suisse. Il existe deux réseaux
qui en regroupent les principaux représentants : l'INCAD (International
Network for Cultural Alternatives to Development) basé à
Montréal, Centre interculturel de Montréal, 49l7 rue
St-Urbain, Montréal, Québec, Canada, H2T2Wl et le Réseau
Sud/Nord cultures et développement, l72 rue Joseph II Bruxelles,
Belgique. Le premier publie la revue Interculture (2 éditions,
en français et en Anglais), Le second publie le bulletin Quid
pro quo en français, anglais et espagnol. Le principal ouvrage
de réference est "The development dictionary", edited
by Wolfgang Sachs, Zed books, Londres, l992. Cet ouvrage traduit dans
de nombreuses langues, sauf le français, regroupe des contributions
des principaux représentants de ce courant.
9 - Marc Poncelet, Une utopie post-tiersmondiste, la dimension culturelle
du développement, L'Harmattan, Paris, 1994. p. 76. Ce travail
de redéfinition du développement porte toujours plus
ou moins sur la culture, la nature et la justice sociale. "La
dimension culturelle, comme le note Marc Poncelet, semble confèrer
une dimension humaine à une problèmatique trop sèchement
environnementaliste. Elle procure un supplément d'âme,
un entregent social, une profondeur philosphique aux indicateurs humains"
p. 21.
10 - Il illustre parfaitement le procédé dénoncé
par Viviane Forrester dans "L'horreur économique"
: "l'imagination des instances au pouvoir est sans limite lorsqu'il
s'agit de distraire la galerie avec des bricolages débiles,
sans effets, sinon nefastes, sur rien". Forrester Viviane, L'horreur
économique, Fayard, l996.p. 90.
11 - Notons avec Gilbert Rist (op.cit. p. 329) que le vrai développement
défini dans le rapport de la commission Sud comme "un
processus qui permet aux êtres humains de développer
leur personnalité, de prendre confiance en eux-mêmes
et de mener une existence digne et épanouie" ne s'est
jamais produit nulle part.
12 - -Marshall Salhins : Age de pierre, âge d'abondance, Gallimard,
1972 .
13 - Dans plusieurs sociétés africaines, le mot même
de développement n'a aucun équivalent dans la langue
locale parce que l'imaginaire qui institue la chose fait largement
défaut.
14 - "Des paysans ont osé. Histoire des mutations de l'agriculture
dans une France en modernisation. La révolution silencieuse
des années cinquante". Fondation pour le progrès
de l'homme, octobre l993.
15 - Avec ce qu'elle a de meilleure parfois, mais surtout ce qu'elle
a de pire. Les techniques de représession s'exportent mieux
que la démocratie procédurale, le désir exacerbé
de gadget et la pollution que le niveau de vie. Sur tous ces points,
voir notre livre L'occidentalisation du monde, La découverte,
Paris l989.
16 - -Alidou Sawadogo cité par Pierre Pradervand . Une Afrique
en marche, Plon, 1989,p.109.
17 - "Ce que les Français appellent développement,
est-ce que c'est ce que veulent les villageois ? interroge Thierno
Ba responsable d'une ONG sénégalaise sur le fleuve.
Non. Ce qu'ils veulent c'est ce que le pulaar appelle bamtaare. Qu'est-ce
que cela signifie ? C'est la recherche par une communauté fortement
enracinée dans sa solidarité, d'un bien-être social
harmonieux où chacun des membres, du plus riche au plus pauvre,
peut trouver une place et sa réalisation personnelle",
Cimade, Quand l'Afrique posera ses conditions, Dossier pour un débat
n· 67, septembre 96, Fondation pour le progrès de l'homme.
p. 43.
18 - Voir notre livre "L'autre Afrique. Entre don et marché"
Albin Michel, Paris 1998.
Texte paru dans LE MONDE DIPLOMATIQUE de MAI 2001
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