Origine http://lmsi.net/article.php3?id_article=495
Les polémiques qui ont traversé la scène politique
et médiatique cette dernière année à
propos de l 'affaire dite du « foulard islamique » à
l'école sont significatives et révélatrices
de la grille explicative dominante pour rendre compte de la diversité
culturelle des sociétés contemporaines. Elles constituent
en cela un excellent analyseur : du rapport de la société
française à la différence, des freins que celui-ci
pose au développement d'une sociologie des relations inter-ethniques,
des enjeux portés par les différents paradigmes en
oeuvre pour expliquer les réalités sociales liées
à l'immigration ou qui en sont issues, du réductionnisme
du culturalisme [1] en oeuvre dans l'ensemble des champs de recherche
et de pratique concernant les populations issues de l'immigration
(analyse et lutte contre les discriminations, pratiques interculturelles,
théorisation de la laïcité et de ses crises,
etc.). Ces polémiques confirment la sur-idéologisation
des questions liées à l'immigration du fait du contexte
politique qui caractérise la société française
depuis plusieurs décennies.
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Le fait migratoire et ses conséquences sont progressivement
devenus, au cours des trois dernières décennies, un
objet central du débat politique (surtout en période
électorale ou préélectorale, c'est à
dire en quasi-permanence) et un thème non moins récurrent
des discours médiatiques. L'instrumentalisation politique
et la sur-idéologisation par le Front National [2] des questions
liées à l'immigration est pour beaucoup dans le développement
de cette centralité politique et idéologique. Les
travaux sociologiques et historiques sur l'immigration et les questions
qui lui sont liées se sont pour leurs parts développés
depuis la décennie 80. L'évolution de la recherche
a donc été simultanée à ce contexte
sur-idéologisé. Il n'est dés lors pas étonnant
de constater une difficulté importante à l'émergence
et au développement d'une véritable sociologie des
processus migratoires et encore plus d'une sociologie des relations
interethniques en France. Les débats contemporains autour
du « foulard » en France soulignent la permanence de
la sur-idéologisation qui, de ce fait, devient en elle même
un véritable objet de recherche.
Notre objectif dans ce texte n'est pas de produire un état
des lieux exhaustif des travaux sur l'immigration, sur les relations
interethniques et sur les discriminations. En premier lieu parce
que ce genre de synthèse a déjà été
produit de manière satisfaisante, même si l'évolution
rapide des travaux de recherche nécessite une actualisation
régulière [3]. En second lieu parce que la recherche
dans ce domaine souffre, selon nous, d'une non-clarification des
paradigmes, elle-même en lien avec le contexte ci-dessus évoqué.
L'urgence théorique se trouve en conséquence, pour
nous, dans la compréhension des blocages au développement
du savoir sur ces thèmes, dans l'éclaircissement des
paradigmes et dans la mise en évidence des raisons et des
enjeux de la domination de tel ou tel paradigme.
Sur quel héritage s'appuyer ?
Jusqu'à la décennie 80, l'immigration est quasi-absente
des recherches sociologiques et historiques. Elle semble être
un domaine réservé à l'économie et à
la démographie. Le monopole de la science économique
n'était que le reflet d'une perception de l'immigré
réduite à son statut de travailleur en transit. Abdelmalek
Sayad [4] a dans ce domaine fait ouvre de pionnier, en mettant en
exergue la myopie [5] généralisée consistant
à occulter que « toute migration à vocation
au peuplement » . Le monopole démographique pour sa
part maintenait le caractère « transitoire »
de l'immigration, celle-ci étant amenée à se
« fondre » dans le « peuple français »,
postulé homogène [6] la force du fait de l'efficacité
du « creuset français » ou du « modèle
français d'intégration » .
Cette prédominance des approches économiques et démographiques
est à la fois reflet de la place de l'immigration dans notre
société et productrice de celle-ci. Elle détermine
également les choix des paradigmes dans les autres sciences
sociales. Considérée comme « transitoire »
soit du fait du retour au pays, soit du fait de son assimilation,
l'immigration ne pouvait être approchée qu'à
partir du paradigme de « l'adaptation culturelle ».
L'approche culturaliste, dans ses différentes versions, contribuera
ainsi à occulter la nécessité d'une prise en
compte (politique, théorique et pédagogique) d'une
hétérogénéité ethnique et culturelle
grandissante et durable de la société française,
produisant, ce faisant, un obstacle supplémentaire et de
taille au développement d'une « sociologie des relations
interethniques », des facteurs de domination qui marquent
ces relations et des discriminations qu'ils produisent-reproduisent,
des comportements sociaux que ces dernières font émerger
comme le « foulard » par exemple.
Les raisons du silence scientifique
L'absence d'intérêt des sciences sociales sur l'immigration
en général, et sur les relations interethniques en
particulier, est le résultat d'une série de causes
s'entretenant l'une l'autre et faisant système. Ce caractère
systémique est, selon nous, un indicateur du caractère
de « révélateur social » de l'immigration
dans la société française [7]. Sans être
exhaustif, il n'est pas inutile de rappeler quelques unes de ces
raisons dans la mesure où elles contribuent, encore aujourd'hui,
à freiner la dynamique de recherche ou à l'orienter
en direction de certains paradigmes dominants :
Des causes historiques liées à la construction
nationale française.
Les travaux de Suzanne Citron [8] sur l'enseignement de l'histoire
ont mis en évidence la tendance à la destruction des
altérités internes dans le processus de construction
nationale français. La confusion entre unité politique
de la nation et unicité culturelle [9] a été,
selon elle, prédominante au sein des élites de la
Révolution française et surtout de la Troisième
république [10]. Nous avons tenté de montré
dans d'autres travaux [11] les conséquences de cette construction
nationale spécifique : méfiance exacerbée vis-à-vis
de toute expression des minorités culturelles internes, considérées
comme des menaces à l'unité nationale ; formalisation
d'un « modèle français d'intégration
» centré sur la hantise de l'assimilation ; prédominance
du culturalisme comme grille de lecture dominante des « obstacles
à l'intégration » ; sur-idéologisation
des questions de l'immigration ; tabou social, politique et théorique
à l'endroit des relations interethniques ; etc. Les travaux
de socio-histoire de Gérard Noiriel [12] soulignent pour
leur part le lien étroit entre la construction de l'Etat-nation
en France et le développement politiquement et institutionnellement
construit du clivage entre les français et les étrangers.
La dialectique exclusion / inclusion, dominant / dominé,
tend à être politiquement déplacée, dans
un souci de gestion des rapports entre classes sociales, en direction
du clivage français / étranger.
Des causes historiques liées à l'histoire
coloniale.
Le rapport à l'immigration s'est également construit
à partir de l'irrigation de l'ensemble de la société
française (y compris le domaine de la recherche bien entendu)
par le projet colonial. Les travaux de Claude Liauzu [13], en mettant
en évidence, les liens entre la « pensée des
Lumières » et le rapport aux autres civilisations,
soulignent les bases d'un très large consensus, dépassant
les clivages politiques habituels, sur le projet colonial. La problématique
du retard historique s'installe « aturellement » comme
mode d'approche de l'autre et de ses différences. Elle débouche
sur des conclusions en terme « d'ouvre civilisatrice »
et sur une réflexion culturaliste (une fois dépassé
le moment du racisme biologique) à l'endroit des fameux «
obstacles culturels à l'intégration » qui ont
fait couler beaucoup d'encre et inspiré des décennies
de politiques publiques. L'ouvre non résumable d'Abdelmalek
Sayad ouvre de nombreuses pistes de recherches fécondes sur
toutes les conséquences de la prise en compte du fait colonial
dans l'entreprise d'analyse des questions liées à
l'immigration [14].
Des obstacles épistémologiques.
Ceux-ci sont liés à la domination d'une approche
particulière du marxisme et du structuralisme dans les sciences
sociales des décennies 60-70. L'approche économiciste
du marxisme a contribué à ne considérer l'immigration
que comme fait économique, et les immigrés que comme
simples forces de travail. Comme le souligne Jocelyne Streiff-Fenart
[15], cette approche disqualifie l'ethnicité en ne la présentant
que comme un déguisement des conflits de classes. Alors qu'aux
Etats-Unis et dans l'ensemble du mode anglo-saxon, les recherches
tentaient d'approfondir les liens complexes entre « classes
et races » pour, en particulier, saisir les discriminations
particulières touchant la partie issue de l'immigration du
monde ouvrier, les recherches françaises ont ignoré
pour une large part cette réflexion. Il n'est d'ailleurs
pas inintéressant de s'interroger sur le lien entre cette
tendance économiciste et la lecture que nous donne Liauzu
de la pensée des Lumières et de ses conséquences.
Une grande partie de la gauche française s'est en effet construite
à partir de cet héritage des Lumières, non
analysé de manière critique. De la même façon,
le structuralisme a contribué à l'occultation des
relations interethniques dans les sciences sociales. Comme le souligne
Jocelyne Streiff-Fenard, le structuralisme est peu compatible avec
l'aspect inévitablement dynamique de l'objet inter-ethnique.
Des obstacles institutionnels et politiques.
Les raisons évoquées plus haut se traduisent dans
le monde de la recherche par une détermination forte du champ
de la recherche, conduisant à rendre illégitime certains
paradigmes et à en rendre d'autres dominants. En premier
lieu, cet héritage conduit à une centration sur les
catégories juridiques d'étranger et de national, occultant
ainsi l'ensemble de la question des discriminations touchant les
Français issus de l'immigration [16]. La polémique
soulevée par le travail de Michèle Tribalat indique
le caractère encore prégnant de cet héritage.
Quelle que soit l'opinion sur les thèses de Tribalat [17],
son travail a pu servir à souligner l'ampleur des discriminations
vécues, que ne peuvent pas prendre en compte les statistiques
construites à partir de la nationalité.
En second lieu, comme le souligne Abdelmalek Sayad, cet héritage
conduit à une marginalisation des recherches sur l'immigration
et les relations inter-ethniques : domaines de recherches peu valorisants
pour la « carrière » de sociologue, faible nombre
de laboratoires, sousreprésentations dans les appels d'offres
de recherche (ou alors cantonnement dans l'orientation culturaliste),
etc. Comme le souligne Sayad [18], nous restons en présence
d'un « objet mineur » . De même Lorenzo [19] a
raison, selon nous, d'insister sur le constat que « l'on ne
fait pas carrière avec l'immigration » . Enfin Marco
Martiniello [20] constate à juste titre que l'essentiel des
recherches sur l'immigration et les relations interethniques restent
le fait de chercheurs issus de l'immigration.
Ces quelques grilles d'analyses des obstacles au développement
de la recherche sur l'immigration et les relations interethniques
sont à la fois non-exhaustives et suffisantes pour comprendre
les lenteurs et les orientations dominantes sur ces objets.
Les avancées pionnières et leurs négations
Nous ne partons pourtant pas de rien. Plus exactement, nous assistons
depuis la décennie 80 à une négation des acquis
de la recherche des décennies 60 et 70. Paradoxalement, ce
recul de l'intérêt pour l'objet est contemporain d'une
visibilité sociale plus grande de la diversité culturelle
de la société française. La Marche pour l'Égalité
de 1983 et le mouvement associatif qu'elle suscite visibilisent
les enfants de l'immigration pour la plupart de nationalité
française.
Cet événement social souligne la caducité
du critère juridique de nationalité pour saisir le
réel social dans sa complexité et sa diversité.
Les revendications et mots d'ordres de cette marche dénoncent
à la fois l'inégalité sociale et le refus d'une
prise en compte de la pluralité de la société
française. Les débats qui parcourent cette marche
et qui lui succèdent posent la question de l'organisation
des minorités qui se considèrent comme opprimées.
Le mot tabou de « minorité ethnique » est utilisé
sans complexe pendant cette période par les jeunes marcheurs
dans le même temps où ils revendiquent d'être
français et citoyens à part entière. Le mot
intouchable d' « intégration » est remis en cause
par ces jeunes acteurs qui lui reprochent de les mettre sans cesse
en « illégitimité de présence »
par un doute permanent sur leur « intégration »
. La fin de la décennie 80 se termine avec un retour en force
de la logique intégrationniste qui referme le couvercle des
avancées théoriques des décennies 60 et 70
et des mouvements sociaux des jeunes français issus de l'immigration
de la décennie 80.
C'est à la faveur de « l'affaire du foulard »
que s'opère le retour des thématiques intégrationnistes,
présentant de nouveau comme un danger pour la nation toute
expression d'une particularité ou d'une spécificité.
La période est ainsi révélatrice de la dépendance
des recherches sur la question avec le champ politique. C'est généralement
en réponse aux besoins concrets des politiques publiques
que se construisent ces recherches. Leurs résultats sont
dés lors en grande partie déterminés par la
manière dont les politiques publiques posent les problématiques
de recherche et / ou les orientent au travers des cahiers des charges.
La domination du paradigme intégrationniste dans le monde
politique suscitera ainsi des recherches à dominante intégrationniste.
Nous étions bien en présence de ce que Sayad a justement
nommé une « problématique imposée »
[21].
Pourtant, il convient de rappeler que A. Michel [22] présente
en 1962 la France comme un des pays (à côté
de l'Angleterre et des Etats-Unis) dans lesquels la « sociologie
des relations raciales » devrait connaître un développement
important. Roger Bastide [23], pour sa part, fait le point sur les
acquis de la recherche française en la matière. Il
met en évidence des dimensions qui seront largement occultées
au cours de la décennie 80, et qui commencent tout juste
à être redécouvertes aujourd'hui. Son bilan
des recherches sur les relations ethniques est publié dans
une revue au titre évocateur : Ethnie. Il y souligne les
aspects suivants :
- L'importance de la prise en compte du fait colonial comme déterminant
des relations inter-ethniques ;
- La nécessité de penser ce fait colonial comme fait
de domination reproduit, entre autres, par les préjugés
et les discriminations ;
- L'affirmation d'une posture anti-culturaliste. Les modalités
des relations interethniques ne sont pas issues des « distances
culturelles » ou des « valeurs culturelles » mais
sont des résultats sociaux liés aux processus de dominations
;
- La définition de l'objet « relation ethnique »
comme étant l'étude de la production sociale des différences
ethniques, et non comme étude de la relation entre «
ethnies » ou « cultures » .
Ces acquis sont encore d'une grande modernité au regard des
productions actuelles sur l'immigration et de la domination des
paradigmes culturalistes et intégrationnistes dans les mondes
médiatique et politique. Au même moment où il
s'avérait nettement que l'immigration postcoloniale était,
comme l'avait souligné Sayad, une immigration de peuplement,
les recherches françaises refusaient majoritairement l'objet
interethnique [24].
Saïd Bouamama est chargé de recherche à l'Institut
Formation Action Recherche de Lille Ce texte a été
rédigé en février 2005
Notes:
[1] La forme dominante de ce culturalisme prend la figure du «
bon sens » et de l'évidence. Les comportements des
jeunes filles issues de l'immigration portant le « foulard
» ont ainsi été présentés de manière
dominante comme signe de l'archaïsme lié à une
culture et/ou à une religion s'opposant à une modernité
liée à une autre culture. Nous serions donc en présence
d'un problème d'adaptation, certaines cultures portant des
traditions s'adaptant difficilement à la modernité..
Ce qu'oublie ce paradigme dominant c'est justement la « modernité
» du « foulard » c'est-à- dire le fait
que la pratique de le porter soit une réponse aux problèmes
actuels vécus par ces jeunes filles beaucoup plus qu'à
un héritage d'un passé culturel. Ce qu'il oculte également
c'est que la société française produit de la
différence en permanence du fait de son caractèer
inégalitaire et des discriminations en riason de l'origine
qui le caractérise.
[2] On ne soulignera jamais assez le lien entre la montée
du Front National et le retour du culturalisme comme grille explicative
des problèmes sociaux. C'est par une bataille du vocabulaire
et des explications que cette formation politique prend en otage
la scène politique et médiatique depuis près
de deux décennies. En imposant la « culture »
et « l'identité », comme attribution causale
unique des différents problèmes sociaux, cette formation
impose une logique de pensée qui débouche inéluctablement
sur des réponses « identitaires » tant du côté
du groupe majoritaire que du côté des groupes minoritaires.
[3] Contentons-nous de citer deux productions de ce type : Celle
de Mirjana Morokvasic à propos de l'ensemble des pays européens
(Morokvasic M., « Migrations in Europe : trends in research
and sociological approaches : perspective from the country of origin
and destination (1960-1980), Current sociology, 32,2 and 3, 1984
celle de François Dubet à propos de la France (Dubet
F., « Trois processus migratoires », Revue française
des affaires sociales, 3, 1989)
[4] La double absence, Seuil, Paris, 1999
[5] La myopie est en premier lieu le fait des décideurs
économiques et politiques dont la seule préoccupation
était le besoin en force de travail « sans odeur et
sans saveur » percevant ainsi des êtres humains concrets
comme une simple variable d'ajustement structurel. Elle se traduit
dans les pratiques (conception des foyers d'hébergement pour
le seul sommeil, les autres dimensions de l'habitation étant
occultées), dans le vocabulaire (pendant des décennies
des travailleurs mariés et ayant des enfants seront appelés
« célibataires »), dans les orientations politiques
(chaque récession économique a été accompagnée
d'une incitation au retour). Elle est également le fait des
migrants eux-mêmes intériorisant une contrainte en
choix pour mieux supporter les emplois pénibles et dévalorisés
qui étaient les leurs et la perception rapide d'une place
de dominé dans l'économie française. Le «
mythe du retour » est certes le résultat du besoin
de réassurance et de donner du sens à la déchirure
migratoire, sa durée et sa permanence sont cependant issues
d'une autre source : rende vivable l'invivable, supportable l'insupportable,
non destructeur une existence déstructrice. La myopie a été
telle que la naissance d'une génération issue de l'immigration
n'a pas été perçue par la société
française.
[6] Le mythe de l'homogénéité est un résultat
historique rendant toute différence suspecte et porteuse
de danger. La différence peut être acceptée
comme transitoire en attendant sa disparition par le « creuset
français » mais elle ne peut pas être connotée
positivement. Au mieux elle est un mal transitoire inévitable,
au pire elle est un symbole que certains ne seront jamais totalement
français. On comprend dès lors la force de la logique
culturaliste : elle s'appuie sur des éléments de l'inconscient
collectif issus de l'histoire de la construction nationale française
et de son passé colonial. Ce mythe constitue en conséquence
un des verrous de notre société du fait de son caractère
multiculturel inévitable depuis les immigrations post-coloniales.
S'il y a problème d'adaptation, il concerne ici nos élites
politqiues et notre inconscient collectif qui n'arrive pas à
prendre en compte une diversité nouvelle inévitable.
[7] Bouamama S., Dix ans de marche des beurs. Chronique d'un mouvement
avorté, Desclée de Brouwer, 1994
[8] Citron S., Enseigner l'histoire aujourd'hui, la mémoire
perdue et retrouvée, Paris, Editions ouvrières, 1984
[9] Cette confusion explique encore aujourd'hui pourquoi quelques
« foulards » peuvent être perçus sincèrement
comme dangeur pour la « nation », la « République
», la « laïcité » et autres concepts
lourds.
[10] La référence à la troisième république
a ainsi été convoquée de manière significative
tout au long de la polémique sur le « foulard ».
C'est la figure de Jules Ferry qu'invoque Raffarin pour en appeler
à un large consensus pour une loi d'interdiction. C'est également
la « blouse grise » de cette époque qui est invoquée
pour justifier de la nécessité d'une interdiction,
cetains allant même jusqu'à souhaiter le « retour
de l'uniforme ». D'autres orateurs ont également tenu
des propos sur « l'islam » ressemblant au discours sur
« l'ouvre civilisatrice de la colonisation » dont le
summum se situe au cours de la troisième république.
On ne peut pas ne pas rappeler à ce propos les discours de
Jules Ferry sur le devoir de civilisation. Enfin au cours du débat
sur le « foulard » un projet de loi a été
déposé visant à al reconnaissance de l'ouvre
de la France en Algérie. Ce retour à ce moment fondateur
de l'inconscient collectif français est significatif de l'allergie
à l'altérité dominante problématique
dans un monde voué de plus en pus à la coexistence
de la pluralité
[11] Bouamama S., Vers une nouvelle citoyenneté. Crise de
la pensée laïque, Boite de pandore, 1991
[12] Noiriel G., Le creuset français. Histoire de l'immigration.
XIXè-XXè siècle, Paris, Seuil, 1988
[13] Liauzu C., Race et civilisation-anthologie critique, Paris,
Syros, 1992
[14] Les théorisations en terme de « distance culturelle
» censése expliquer la différence entre une
intégration « facile » (celle des immigrations
européennes) et une autre difficile (les immigrations extra-européennes)
ne prennent une dimension d'évidence que parce qu'est éludée
une autre différence : la colonisation des pays d'où
sont issues ces dernières. La colonisation est, en effet,
un rapport social nécessitant l'intériorisation d'une
place sociale assignée pour les colonisés
[15] Streiff-Fenart J., « Les recherches interethniques en
France : le renouveau », Migrants-Formation, n° 109, juin
1997
[16] Les français issus de l'immigration (il serait plus
juste de dire issus de la colonisation compte tenu de ce que nous
avons souligné plus haut) continuent d'être perçus
comme « étrangers ». Un ministre de la république
a ainsi pu déclarer à propos des jeunes filles portant
le « foulard » qu'elles pouvaient rentrer chez elle.
Il oubliait simplement qu'elles étaient françaises.
Cette production permanente d'une « étrangeté
est vécue comme un rappel permanent d'une illégitimité
de présence chez soi. Elle tend également à
faire percevoir ces « jeunes » comme « ennemi
de l'intérieur »
[17] Tribalat M., Faire France, Paris, La Découverte, 1995.
Note du Collectif Les mots sont importants ; les thèses et
les méthodes de Michèle Tribalat sont à nos
yeux hautement contestables. Cf. les critiques développées
par Hervé Le Bras dans Le démon des origines, Editions
de l'Aube, 1998
[18] Sayad A., « Tendances et courants des publications en
sciences sociales sur l'immigration en France depuis 1960 »,
Current Sociology, 32, 3, 1984
[19] Lorenzo P., Approche qualitative des recherches sur l'immigration
en France, Paris, Centre de recherches et d'études d'anthropologie
et d'urbanisme, 1989
[20] Martiniello Marco, « Problèmes et difficultés
de la constitution d'un lieu de savoir : la sociologie des processus
migratoires et des relations interethniques », Cahiers de
sociologie et d'économie régionales, n° 21-22,
Bruxelles, 1994
[21] Sayad A., « Tendance et courants des publications en
sciences sociales sur l'immigration en France depuis 1960 »,
Current Sociology, vol 32, n° 3, 1984
[22] Michel A., « Tendance nouvelle de la sociologie des
relations raciales », Revue française de sociologie,
1962
[23] Bastide R., « Les études et les recherches interethniques
en France de 1945 à 1968 », Revue ethnie, n° 1,
Mouton, 1971
[24] La question nouvelle qui se pose à la recherche n'est
plus celle de « l'ntégration » de nouveaux migrants
mais celle des conditions et des modalités de la pluriculturalité
de la vie sociale
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