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Revenu minimum d’activité
Le RMA, encore un cadeau au patronat


Ce tract a été réalisé à Marseille et repris dans la région parisienne par le Syndicat des travailleurs de la communication, de la culture et du spectacle de la région parisienne
Confédération nationale du travail
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Le RMA, encore un cadeau au patronat

1 / Le PIB (produit intérieur brut, estimation des richesses produites par année dans un pays) en France était de 750 Milliards d'euros en 1960, 1500 milliards en 2000 et il sera de 3000 milliards en 2040. Il augmente d'environ 2% par an, doublant ainsi tous les 40 ans.

2 / Pendant ce temps, la part des salaires dans la richesse produite (c'est à dire ce que l'État et le patronat laissent aux travailleurs et travailleuses après qu'ils-elles aient produit les richesses) est passée de 70% du milieu des années 1980 à 60% de nos jours. La part de la plus-value dans le PIB a donc augmenté d'autant, alimentant la bulle financière des années 1990, dont l'éclatement conduit à des licenciements massifs.

3 / Hier le salaire était fait de 85% de salaire direct et de 15% de cotisations sociales, aujourd'hui nous sommes à 60/40 : le patronat enrage, 40% du salaire nous paie à ne rien faire (chômage, retraite maladie) et non à la mise en valeur du capital. Les cotisations sociales (salariales et « patronales ») sont une part de notre salaire, un salaire socialisé. « Cotisations patronales trop lourdes » et « allègement des charges sociales » signifient baisse de notre salaire. En 1945, le rapport des cotisations salariales aux cotisations « patronales » était de 1 à 4. il est aujourd'hui de 1 à 1,6 (ces 20 dernières années, le taux de cotisation « patronale » à augmenté de 1,8%, celui des salarié-e-s de 8,2%).

4 / A partir des années 70, le capital (Etat et patronat) crée le chômage de masse (par des licenciements, moins de créations d'emplois, une réorganisation du travail, une augmentation de la productivité mais un refus de diminution du temps de travail). La première conséquence directe du chômage de masse est évidemment une baisse du montant total des charges sociales alimentant nos systèmes de solidarité sociale. Plus tard, la loi des 35 heures est non seulement l'occasion d'un développement énorme du travail précaire, mais aussi, et en conséquence, d'une baisse massive du salaire sous sa forme de cotisations « patronales ». La première loi a entériné la loi Giraud-Balladur de 1993, qui avait mis en place les exonérations de cotisations jusqu'à 1,3 Smic ; la seconde loi aggrave le dispositif en étendant les exonérations jusqu'à 1,8 Smic, soit 70% des travailleurs et travailleuses.

5 / Ce chômage et la précarisation des emplois (plus de flexibilité, exonération des charges sociales) poussent le gouvernement socialiste à créer le revenu minimum d’insertion (RMI) en 1988. A l'époque, géré par la Caisse d’allocations familiales (CAF), elle-même chapeautée par le Conseil général (département) et l'État (préfet ou autre). C'est l'amorce du développement de l'arsenal de la charité publique, qui va permettre et accompagner le démantèlement du système de solidarité des travailleurs et des travailleuses. Le RMI est financé par les impôts d'État et les taxes, donc par les salaires net des travailleurs et travailleuses. Il est, de ce fait, déconnecté de la solidarité sociale et du principe des cotisations sociales, et dépend donc de la solidarité nationale (du même principe que celui de la charité). Ceci permet dans un premier temps de déresponsabiliser le patronat et l'État employeur au niveau économique, il n'a plus la charge de ceux et celles qui, à cause de leur gestion économique et de la structure même du système capitaliste, se trouvent sans emploi et sans ressource. Le RMI permet aussi d'acheter la paix sociale (la misère créant la révolte, le minimum vital permet de maintenir la population à la lisière, prête à l'emploi) mais il devient aussi un outil de contrôle social, à la fois purement répressif, mais aussi plus insidieux et psychologique par la culpabilisation et la stigmatisation des RMIstes (et des chômeurs et chômeuses) comme parasites de la société. Cette stigmatisation est maintenant intégrée, et c'est pourquoi le passage au RMA ne fera pas de problème, concrétisant enfin la mise au travail de tous ces « fainéant-e-s de RMIstes ».

6 / Les réformes du RMI/RMA, ce sont deux choses :

1 - décentralisation de la gestion du RMI de l'État aux collectivités locales, le Conseil général (CG) : toutes les responsabilités sont maintenant aux mains du CG et de son président. Les associations et la CAF, dépendantes du CG, vont devenir des outils de délation pour permettre de radier les « inactifs » et les « inactives » de l'allocation RMI. De même, les formations proposées seront en fonction de la demande du CG.

2 - le RMA est, pour le moment, un contrat de travail de minimum 20H hebdomadaires, en CDD de 9 mois renouvelable 2 fois, payé un demi SMIC (545 euros net). Il est seulement « proposé » aux RMIStes, mais les outils de délations et la menace de suspension du RMI font qu'il sera, évidemment, imposé. Dans le cadre du RMA, l'ancien RMI (411 euros pour un-e célibataire, dont 50 euros de forfait logement obligatoire, financé par les contribuables) sera versé directement au patron ou à la patronne qui devient tuteur ou tutrice du travailleur ou de la travailleuse (et jouera donc son rôle dans la surveillance/délation), le reste (180 euros) étant à sa charge (ce qui reviendra donc au patronat à moins de 3 euros brut/heure, le SMIC horaire étant de 6.83 euros/h brut). Ce qui était donc le RMI, provenant des impôts payés par les travailleurs et travailleuses, passera directement à la case salaire, diminuant alors de façon énorme le coût du travail pour le patronat, une aubaine pour les profits. Une personne SMICarde (1200 euros) coûtera a peu prés aussi cher que 6 RMAstes (6 x 180 = moins de 1200 euros). Et comme 6 RMAstes représentent la somme de travail abattue par 3 personnes SMICardes, le patronat aura quasiment 3 temps plein pour le prix d'un. Va-t-il continuer à embaucher des SMICard-e-s ? (sans parler des CDI !). Il faut donc s'attendre à l'éclatement du salaire minimum (le rêve, en cours de réalisation, du MEDEF, OCDE et Cie) et ainsi à une forte baisse des salaires (donc une forte baisse des cotisations sociales) forcément suivie par une augmentation de la plus-value dans la part du PIB ( sans compter la constante hausse de la productivité).

La baisse du montant total des cotisations (liée donc à la diminution des salaires, au chômage, aux exonérations de charges « patronales ») a posé, pose et posera un problème de financement des caisses de solidarité. Bien que la vocation de ces caisses n'ait jamais été de faire des bénéfices, c'est l'argument du déficit (souvent faux, comme dans le cas des caisses chômage des travailleurs et travailleuses du spectacle) qui est toujours utilisé pour justifier les réformes des systèmes de solidarité sociale. Et pousser vers l'utilisation d'assurance privées, qui sont, elles, financées par le salaire direct des travailleurs et travailleuses (solidarité nationale). C'est donc une véritable casse du principe de solidarité sociale basé sur les cotisations. Un stock de main d'œuvre pas chère (les RMIstes futur-e-s RMAstes) est ainsi entretenu et financé par les travailleurs et travailleuses (par l'impôts et les taxes). Les salarié-e-s payent donc leur propre concurrence sur le marché du travail, et sont ainsi partie prenante de la casse de leur statuts et, à terme, de la baisse de leurs salaires.

ETAT ET PATRONAT CONTINUENT DE NOUS ATTAQUER !
ORGANISONS-NOUS !