origine http://www.mensongepsy.com/doc/LettreHAS.pdf
Il est temps de nous faire entendre à nouveau avec force.
Nous allons remettre très prochainement à Monsieur
SARKOZY (début juillet) la pétition mise à
jour et nous en profiterons pour solliciter un rendrez-vous. Nous
vous invitons d’ailleurs à mettre à profit ces
quelques jours pour la promouvoir largement autour de vous. Plus
elle aura de signatures (près de 2000 à ce jour),
meilleur sera son impact, bien entendu. (A l’adresse suivante:
http:// www.moratoirepsy.com)
Collectif des Médecins et des Citoyens contre les
traitements dégradants de la psychiatrie.
C/O : Docteur LABREZE
le 12/06/2007
Monsieur le Professeur DEGOS
Président de la HAS
2 Avenue du Stade de France
93210 Saint Denis
Copie à François ROMANEIX. Directeur de la HAS.
Copie à monsieur le Ministre de la Santé
Monsieur le Président,
Au regard des fonctions assumées par la Haute Autorité
de Santé, notamment celle relative à l’évaluation
du service attendu ou rendu des produits, actes et prestations de
santé, je souhaiterais attirer votre attention sur un problème
de santé publique qui m’apparaît de la plus haute
importance et qui représente aujourd’hui une véritable
tragédie sanitaire.
Plus d’une dizaine de milliers d’enfants français
se voient prescrire du Méthyphénidate (Ritaline, Concerta),
un dérivé amphétaminique administré
pour traiter leur supposé « Trouble déficitaire
de l’attention avec hyperactivité (ou TDHA) ».
Selon les données disponibles, plus de 6 millions d’enfants
américains, 400 000 britanniques, 1 million de canadiens,
25 000 finlandais, etc, consomment ce type de drogues. A en croire
les études sur le sujet, près de 5% des écoliers
français souffriraient de ce trouble. Qui peut dire combien
de dizaines de milliers d’enfants français consommeront
ces produits dans un, deux, trois ou quatre ans ?
Je souhaite tout d’abord attirer votre attention sur la controverse
majeure qui anime aujourd’hui la communauté médicale
internationale concernant la réalité de ce trouble.
Le fait est que l’extrême subjectivité des critères
diagnostiques du TDHA conduit à une variation majeure du
taux de prévalence de ce trouble selon les études.
Ainsi peut-on lire dans le rapport de l’INSERM (Dépistage
et prévention des troubles mentaux chez l’enfant et
l’adolescent. 2002) que la prévalence du TDAH, varie,
selon les études, de 0,4 à 16% ! Comment ne pas être
profondément choqué par un tel manque de rigueur,
surtout lorsqu’on considère que sur la base d’un
diagnostic aussi critiquable, des enfants vont se voir prescrire
une drogue stupéfiante, hautement délétère
et potentiellement létale ?
Il apparaît en fait très clairement dans ce dossier
que la démarche des psychiatres a été strictement
du même ordre que celle que le professeur ZARIFIAN avait clairement
exposée dans le rapport qu’il avait remis en 1995 à
Monsieur DOUSTE-BLAZY, ministre de la santé, pour expliquer
les raisons qui faisaient de notre pays le leader mondial de la
consommation de psychotropes. Concrètement, il s’est
agi pour les psychiatres à l’origine de la définition
de ce trouble de prendre des comportements somme toute strictement
normaux de la part d’enfants, de réduire le champ du
normal par un artifice grossier (le qualificatif « souvent
» est ainsi utilisé pour 17 des 18 critères
diagnostiques. Le qualificatif « facilement », tout
autant dénué d’objectivité étant
utilisé pour le 18ème), de faire de cette collection
de supposés comportements anormaux un trouble en soi, de
coller une étiquette diagnostique sur l’ensemble et,
bien entendu, de prescrire les drogues psychotropes censées
atténuer ces « symptômes », étant
entendu de l’avis même des prescripteurs que le Methylphénidate
ne traite pas ce trouble.
Au delà de cet aspect profondément choquant de ce
dossier, pour lequel la HAS nous semble devoir jouer un rôle
majeur en formulant un avis souverain en sa qualité d’organisme
d’expertise scientifique publique et indépendant, je
voudrais attirer votre attention sur les conditions dans lesquelles
interviennent trop souvent les prescriptions de Méthylphénidate
dans le cadre de la prise en charge de ce supposé trouble.
Ces conditions constituent, selon notre association, une violation
des dispositions de l’article L.1111-2 du code de la Santé
publique qui stipule que :
« Toute personne a le droit d’être informée
sur son état de santé. Cette information porte sur
les différentes investigations, traitements ou actions de
prévention qui sont proposés, leur utilité,
leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques
fréquents ou graves normalement prévisibles qu’ils
comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les
conséquences prévisibles en cas de refus... »
Par cet article, le législateur a clairement établi
sa volonté de faire en sorte que chaque citoyen dispose de
toutes les informations lui permettant de se déterminer en
toute connaissance de cause en ce qui concerne les traitements susceptibles
de lui être administrés ou d’être administrés
à l’un de ses proches.
Ces obligations ont d’ailleurs été reprises
dans le code de déontologie médicale qui, en son article
35 stipule : « Le médecin doit à la personne
qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille,
une information loyale, claire et appropriée sur son état,
les investigations et les soins qu’il lui propose ».
Or, chaque fois qu’il m’a été donné
de m’entretenir avec des parents dont les enfants avaient
été mis sous Ritaline, il est apparu que les informations
communiquées aux parents au sujet de ce médicament
étaient soit très partielles, soit de toute évidence
contraires aux données actuelles de la science. Des constatations
similaires ont été faites par un certain nombre de
confrères et consoeurs avec lesquels j’ai été
amené à m’entretenir sur ce sujet. En effet,
les parents des enfants mis sous Ritaline se voient très
souvent, sinon de façon quasi systématique, communiquer
que cette substance est une drogue sans danger, dont il est facile
de se sevrer et dont les effets secondaires gênants se limitent
à des troubles de l’appétit ou du sommeil, en
règle générale rapidement résolutifs.
Ces informations minimisent de façon évidente et
inadmissible les effets secondaires graves imputables à la
Ritaline tels que : Troubles psychotiques, épisodes hallucinatoires,
agressivité, suicides et plus récemment encore la
survenue de troubles cardiaques, de morts subites et de troubles
de la croissance. (Cf. Recommandations de la FDA et obligation faite
par cette instance aux industries pharmaceutiques d’apposer
sur les boites de Méthylphénidate, une Black Label,
mettant en garde contre ces risques).
Il me semble nécessaire de rappeler ici que la Ritaline
est une drogue du tableau II (Convention des Nations Unies sur les
substances psychotropes. 1971) au même titre que la cocaïne,
la metamphétamine, les opiacés ou les barbituriques
les plus puissants. Son pouvoir addictogène est indiscutablement
établi dans la littérature scientifique.
Par ailleurs, entre 1990 et 2000, le programme de surveillance
de la FDA a officiellement recensé 186 décès
directement imputables à la Ritaline. (Cf. intervention du
docteur BAUGHMAN, neuropédiatre devant l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe en 2000).
Dans ce contexte, il apparaît que l’information délivrée
aux parents de ces jeunes patients n’est, trop souvent, pas
conforme aux données actuelles de la science et constitue
à ce titre une information déloyale pouvant être
qualifiée de manquement à l’éthique et
de faute, en droit général.
Par ailleurs, la stratégie thérapeutique visant à
prescrire une drogue hautement délétère, potentiellement
létale, alors que des solutions saines et remarquablement
efficaces existent telles que la correction des carences magnésiennes
ou martiales, l’éviction des phosphates alimentaires
(dont la quantité a triplé en trente ans), ou bien
encore la détection et la correction des allergies alimentaires
(travaux du docteur PELSSER du centre sur le THADA de Middelburg,
me semblent contrevenir aux dispositions de l’article L.1110-5
qui stipule que :
« Toute personne a, compte tenu de son état de santé
et de l’urgence des interventions que celui-ci requiert, le
droit de recevoir les soins les plus appropriés et de bénéficier
des thérapeutiques dont l’efficacité est reconnue
et qui garantissent la meilleure sécurité sanitaire
au regard des connaissances médicales avérées.
Les actes de prévention, d’investigation ou de soins
ne doivent pas, en l’état des connaissances médicales,
lui faire courir de risques disproportionnés par rapport
au bénéfice escompté ».
Je voudrais rappeler ici que la conférence de consensus du
NIH (National Institute of Health) concluait en 1998 que «
Chez les sujets médicamentés, les psycho stimulants
semblent améliorer la concentration et l’effort tout
en minimisant l’impulsivité et augmentant la docilité
pour une courte période d’environ 7 à 18 semaines,
pour ensuite perdre toute efficacité ». Par ailleurs,
alors que les prescripteurs de Methylphénidate avancent souvent,
pour vaincre les réticences des parents, l’argument
relatif au risque d’échec scolaire en l’absence
de traitement, la conférence de consensus du NIH ajoutait
quant à elle : « Ce qui est préoccupant, ce
sont les constats réguliers selon lesquels malgré
l’amélioration temporaire des symptômes centraux,
il y a peu d’amélioration dans les résultats
scolaires ou les relations sociales ».
Pour le Professeur BREGGIN, psychiatre, psychopharmacologue, expert
près les tribunaux américains, « Il est important
de comprendre que le diagnostic d’hyperactivité a été
inventé pour justifier la prescription de drogues psychotropes
aux enfants. […] De plus, alors que certains comportements
sont inhibés pour une durée de quelques semaines,
il n’existe aucune preuve tangible de l’amélioration
du comportement scolaire, social ou psychologique. Au contraire,
les preuves existent démontrant une altération des
fonctions cognitives, un retrait social et l’existence d’un
état dépressif ».
Le document ci-joint (Cf. Intervention du Pr BREGGIN devant le
congrès des Etats-Unis. 2000) expose de façon exhaustive
les effets délétères considérables du
Methylphénidate ainsi que les effets comportementaux considérés
de façon erronée comme bénéfiques.
L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe
s’est pour sa part montrée extrêmement attentive
à ce problème. Dans un texte intitulé Contrôler
le diagnostic et le traitement des enfants hyperactifs en Europe
(Doc. 9456, 7 mai 2002), elle déclarait : « L’Assemblée
parlementaire est donc invitée à recommander entre
autres, au Comité des Ministres de charger le Comité
européen de la santé d’étudier la question
en consultation avec les organes appropriés, de recenser
les meilleures pratiques en matière de diagnostic et de traitement
de ces enfants dans le respect total de leurs droits et de leurs
intérêts, et d’élaborer une recommandation
à l’intention des états membres visant à
réglementer de manière plus stricte le diagnostic
et le traitement sur la base du principe de précaution et
des normes éthiques correspondant aux valeurs du Conseil
de l’Europe.
Plus récemment, en octobre 2005, le Comité des droits
de l’enfant des Nations Unies s’est penché sur
l’abus des diagnostics d’hyperactivité chez les
enfants et l’administration à leur intention de drogues
puissantes destinées à traiter le TDAH. Dans ses conclusions
finales signées par l’Australie, la Finlande et le
Danemark, on peut lire : « Le Comité est également
préoccupé par les informations indiquant que le trouble
déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité
(TDA/H) est mal diagnostiqué et qu’en conséquence
on prescrit trop souvent pour le traiter des psychostimulants dont
les effets délétères sont pourtant de mieux
en mieux connus. […] Le Comité recommande que de nouvelles
recherches soient menées sur le diagnostic et le traitement
du déficit d’attention avec ou sans hyperactivité,
y compris les effets nocifs que les psychostimulants peuvent avoir
sur le bien-être physique et psychologique des enfants et
que, face à ce trouble du comportement, on opte dans toute
la mesure du possible pour d’autres formes de prise en charge
et de traitement ». (CRC/C/15/add.272. 20 octobre 2005)
Pour ces raisons, j’ai l’honneur de vous demander ce
que vous entendez faire pour que cette situation intolérable
indigne de notre pays et de notre médecine cesse. Il en va
de la santé de milliers d’enfants et de la vie même
d’un grand nombre d’entre eux.
Persuadé que l’extrême nécessité
d’agir ne saurait vous échapper et vous remerciant
dès à présent pour la diligence avec laquelle
vous voudrez bien prendre toutes les mesures appropriées,
je vous prie d’agréer, Monsieur le Président,
l’expression de mes très respectueuses salutations.
Docteur Jean Philippe LABREZE
PJ : Intervention du Professeur BREGGIN devant le Congrès
des Etats-Unis.
(Document consultable sur le site :www.moratoirepsy.com
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