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COMMUNIQUE La Cimade 29 juin 2005
Rapport annuel 2004 sur les centres et les locaux de rétention
administrative :
De la rétention administrative .. . vers les camps ?
En juin 2005, la Cimade est en mesure de dire que le triplement
de la durée de la rétention, ajouté à
la politique d'objectifs chiffrés en matière d'éloignement
des étrangers prônée par les ministres de l'intérieur
successifs, le tout mis en ouvre dans des centres de rétention
dont la taille augmente sans cesse, ont des effets dévastateurs
:
- opérations et arrestations massives dans certains quartiers
;
- interpellations au domicile, convocations pièges dans les
préfectures, arrestations des enfants mineurs dans les écoles
pour les emmener rejoindre leurs parents en rétention,
- placements en rétention à répétition
de personnes que l'on sait non reconductibles ;
- surcharge de travail et donc examen superficiel des situations
individuelles dans les services préfectoraux ;
- occupation maximale des lieux de rétention ;
- surcharge et travail à la chaîne, déshumanisé,
des intervenants en rétention - fonctionnaires de police
comme intervenants médicaux et sociaux - ;
- incapacité ou refus des administrations de réexaminer
les situations présentant des erreurs manifestes ou des doutes
sérieux quant à la pertinence de la mesure d'éloignement
;
- examens et décisions précipités, sans le
sérieux et l'attention indispensable à une bonne justice,
des situations présentées aux juridictions, dans le
cadre des ordonnances de prolongation de la rétention comme
dans celui des recours administratifs formés comme les arrêtés
de reconduite à la frontière.
Les évolutions induites par le décret du 30 mai sont
dangereuses : ce que vivent aujourd'hui des milliers d'hommes, de
femmes et d'enfants en rétention représente une souffrance,
une blessure, et plus encore, une humiliation. Inutilement.
Les annonces récentes du ministre de l'Intérieur,
fixant aux préfets de nouveaux objectifs chiffrés
- + 50 % - de reconduites à la frontière vont, si
elles sont confirmées, créer une situation dans laquelle
la "rétention administrative", telle qu'on la connaît
depuis 1984, disparaîtra au profit de la mise en place de
véritables camps.
Pour éviter cette dérive, la Cimade a sollicité
dès le 6 juin un rendez-vous au ministre de l'Intérieur.
La Cimade formule les demandes suivantes :
Que la taille maximale des centres de rétention soit revue
nettement à la baisse, conformément aux recommandations
de la mission conjointe IGA-IGAS : 140 places, c'est trop. Au-delà
d'un certain seuil, les centres de rétention changent de
nature : disparition inévitable du caractère individuel
des relations humaines, tensions accrues, violences, . C'est déjà
la réalité actuelle, notamment au Mesnil-Amelot, à
Lyon, à Paris, à Coquelles.
Que le ministre de l'intérieur mette un terme à la
« politique du chiffre » en matière d'éloignement
des étrangers du territoire : on ne « gère »
pas l'expulsion de personnes comme une usine gère sa production.
Que les dispositions du décret du 30 mai 2005 prévoyant
qu'un étranger non-francophone placé en rétention
et demandant l'asile doit rémunérer lui-même
un interprète soient abrogées et qu'une solution respectueuse
du droit constitutionnel à demander l'asile soit instaurée.
Que le placement en rétention de familles avec des enfants
mineurs soit abandonné.
Que les normes relatives aux conditions matérielles de la
rétention édictées en 2001 soient immédiatement
impératives et que les centres et locaux de rétention
qui n'y répondent pas soient fermés sans délai.
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Liste de discussion nationale contre la delation
Antidelation@sousabri.org
http://www.sousabri.org/mailman/listinfo/antidelation
Reseau RESISTONS ENSEMBLE
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