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Origine : http://w3.teaser.fr/~pgrolleron/Foute/index.html
Le foutebôl est une déviance ludico-sociétale
vraisemblablement très ancienne, remontant aux origines de
l'humanité. C'est Adam et Eve qui disputèrent la première
partie recensée (cf. Génèse) avec une pomme.
Les choses se gâtèrent rapidement: Eve perdant à
la mi-temps, bouffa la pomme pour interrompre le jeu, et, faisant
diversion, se jeta avec concupiscence aux pieds d'Adam qui la forniqua,
faute de pouvoir continuer à jouer. Le Bon Dieu, qui s'était
déplacé pour assister à la rencontre, se fâcha
tout rouge et les vira en beuglant "Remboursez!", tandis
qu'Adam achevait de vider les siennes. Ce que nos cours de catéchisme
nous avaient toujours caché.
Le foutebôl tomba alors en désuétude, favorisant
a contrario les activités reproductrices d'Adam et d'Eve,
puis de leur descendance et de la descendance de leur descendance
et ainsi de suite jusqu'à ce qu'un petit chiare névropathe
et malpoli de la énième génération décidât
de faire autre chose que de copuler.
C'était un petit gars malingre, affreux, affreux, affreux,
sans intelligence, au caractère teigneux et vindicatif. Il
manifestait toute la hargne de sa complexion en frappant du pied
tout ce qui traînait à terre. Ses petits camarades
ne l'aimaient guère car ils redoutaient d'être la cible
de ses tirs pédestres; ainsi l'avaient-ils surnommé
"fou du bol" (bol désignant la boîte crânienne
et par extension ce qu'elle contenait). Pierres qui roulent n'amassent
pas mousse, c'est bien connu, et les petits camarades les retournaient
à leur envoyeur de la même manière. Ca faisait
des chiées bagarres auxquelles tout ce petit monde finissait
par prendre un malin plaisir. Tant et si bien que, comme dans toute
bonne castagne qui se respecte, des règles furent établies
pour être transgressées et relancer le jeu. Il suffisait
d'y penser.
Les Anglais, qui veulent toujours se distinguer - s'il en était
autrement, ils deviendraient solubles dans l'eau comme une cuillérée
de Lipton lyophilisé - ont repris le nom "fou du bol"
en le transformant par le vocable "football" (prononcez
"foutebôl", comme si vous aviez une patate brûlante
dans la bouche), ce qui signifie, mot à mot, "pied-balle".
On entrevoit ainsi l'un des effets pathogènes majeurs du
foutebôl: la confusion, multimorphe et polyforme. L'anglicisme
"football" en est un exemple, tant il est vrai que pied-balle
ne veut rien dire. Vous trouverez dans votre dictionnaire les mots
balance, baldaquin, balloches, ballot, ballotin, balustrade, piédalu,
pied-à-terre, pied-de-biche, pied-de-nez, piedestal, piédouche,
piété, pietà, piétaille, piéton,
piézo-électrique, etc, mais non pied-balle. Deux déductions
s'imposent: primo, l'anglicisme "football" n'est pas français;
deuxio, ce vocable est un sémantique salmigondis, ou un gargouillis
de verbiage (au choix, suivant votre humeur du moment) qui ressemble
à de la mangeaille qui hésiterait entre pudding et
porridge.
La confusion, commencée dans le rapport du signifiant au
signifié, continue dans l'idée que se font les protagonistes
d'une partie de pied-balle: quand une équipe perd, elle considère
qu'elle a gagné parce que sa défaite n'est pas aussi
lourde que ce qu'elle avait prévu; quand une équipe
gagne, elle estime qu'elle a perdu puisque sa victoire n'est pas
assez éclatante à son goût; quand la partie
est nulle (dans tous les sens du mot, en général),
soit les équipes pensent avoir gagné parce qu'elles
n'ont pas perdu, soit l'inverse. N'essayez pas de comprendre, encore
moins d'expliquer que ce sport subtil remplit une fonction esthétique
particulière dans le continuum onirico-spéculatif,
vous gâcheriez votre vitalité et votre effervescence
intellectuelles dans un grand bruit de floc-floc.
La prolifération lapinesque des compétitions et leurs
organisations ubuesco-kafkaïennes constituent l'un des effets
les plus visibles de cette confusion. On recense des équipes
bambines, juniors, espoirs, seniors, gérontes, amateurs,
semi-amateurs, semi-professionnelles, professionnelles, de ligue,
départementales, interdépartementales, régionales,
inter-régionales, nationales, d'honneur, de troisième,
de deuxième, de première divisions. Un bocson redoutable
en comparaison duquel le code général des impôts
ressemble à une leçon de guitare sommaire. Pour les
compétitions (les "compètes", en un seul
mot, disent les initiés; voir ci-dessous), cela relève
du délire maniaco-dépressif aigu: pour toutes les
catégories d'équipes décrites plus haut, on
prévoit des matchs amicaux (ce qui peut laisser penser qu'il
existe également des matchs inamicaux, voire franchement
hostiles), des coupes, des championnats, des championnats de championnats,
des coupes de coupes, des championnats de coupes et des coupes de
championnats, de saison, d'année, pluriannuels, continentaux,
intercontinentaux, mondiaux, et peut-être bientôt interplanétaires
et galactiques. Trouvez le nombre de combinaisons possibles et vous
obtiendrez la distance de la Terre à l'Alpha du Centaure
(et gagnerez du même coup un an d'abonnement gratoche à
l'Udépé). Une inflation vertigineuse qui relègue
les assignats au rang d'aimable partie de Monopoly.
Tant et si bien qu'à la fin, tout le monde peut gagner,
mais personne ne peut gagner: si tout le monde est gagnant, personne
n'est gagnant, donc tout le monde est perdant, et si tout le monde
est perdant, en vérité personne n'a perdu, puisque
la défaite suppose nécessairement la victoire et inversement,
et ainsi de suite jusqu'à toujours.
Nous avons également observé que le jargon du jeu
de pied-balle révélait des refoulements - aussi notoires
que caractérisés - des activités qui font la
joie et le bonheur de tout être humain normalement constitué.
Ainsi des expressions telles que "c'est la séance des
tirs au but" peuvent être contrepétées
en "c'est la séance des bites au rut", ou bien
"le ballon d'or" en "le beau dard long", ou
encore "le coup atteint son but" en "le bout atteint
son cul". Et quand on regarde l'émission "Télé-Foot",
c'est forcément une émission "toute fêlée".
Comme on le voit, le jeu de pied-balle crée et entretient
des aberrations langagières et sociales qui se nourrissent
mutuellement les unes des autres en donnant corps à un système
hyperstructuré et bouffi de lui-même, dont la finalité
ultime est, tels un trou noir ou un siphon de lavabo, d'engloutir
les individus qui s'en approchent. Dans la deuxième partie,
nous causerons des margoulins et des jobards du jeu de pied-balle,
et autres arsouilles, gouapes, frapadingues, benêts et couillons
en tous genres.
Une étude très sérieuse en deux parties
deuxième partie
Je vais vous jarviller de foute, derechef. Le foute fait sa tata,
se croit du dernier bateau; le foute, on vous l'impose à
toutes les sauces, on vous l'enfourne ad libitum dans les quinquets
et les cliquettes, consentant ou non; on en ingurgite à tire-larigot,
on vous le fout dans le caberlot à vous en faire péter
les drageoires. Aujourd'hui, donc, débagoulante sur les margoulins,
enfonceurs, gauffeux, jobards, béjaunes, pantes et autres
abrutis de tout acabit qui s'agitent autour du foute: président,
entraineur, pisse-copie, joueur et supporteur. Etant dit que l'organisation
du foute en équipe, club, ligue, fédération,
etc, pantoufle, est aussi embroussaillée qu'un guide ferroviaire,
on aura une idée vaguement approchante de la quantité
de gugusses concernés.
Revue de détail.
- Le Président - d'équipe, de club,
de ligue ou de fédération: généralement
faiseur et venu des affaires, il s'impose à la présidence
par son artiche et son dégoisis, et en profite pour faire
la promotion de l'entreprise dont il est pédégé
(conserverie de lentilles ou usine de charcuterie) en fournissant
les maillots et les culottes aux joueurs, ou en inondant le stade
de panneaux publicitaires. Il mène ses hommes en usant méthodiquement
de la violence et de l'embabouinage. Possède souvent un gros
bide, quelques maîtresses aussi ribaudes que tortillettes,
et aime rouler en Mercedes avec turlurin.
- L'Entraineur - de l'équipe, du club,
de la ligue ou de la fédération: c'est l'homme de
peine du Président et le contremaître des joueurs;
aisément reconnaissable, il se fait rabrouer par le Président
et passe son temps à s'éclanter sur les joueurs. Trajectoire
sociale: ancien joueur touché par l'apostolat du sport et
de la pédagogie besogneuse. Sa mission idéale: transformer
des jeunes glandeurs boutonneux et zonards de banlieue en bons petits
gars sains et positifs dans leur tête (variante moderne du
juteux des bat' d'af'). Mode de vie ascétique, aime sa bourgeoise,
met des Damart et roule en R21 turbo diesel.
- Le Pisse-Copie - de tévé, de la
presse écrite nationale, régionale, locale: Monsieur
Prud'homme du sport, moitié Bouvard, moitié Pécuchet,
il énonce un maximum de sottises empaoutantes dans un minimum
de temps et s'imagine posséder une intelligence sur laquelle
son quotient intellectuel ne lui fournit aucune indication; commet
beaucoup de fautes de français (de syntaxe, de grammaire,
d'orthographe, barbarismes et solécismes en tous genres);
s'évertue à obtenir de l'entregent et des passe-droits
en faisant valoir sa carte de presse; se complaît dans les
regardelles. Voyage en avion ou en train, pieute à l'hôtel
(dont le confort est proportionnel au standinge du journal ou de
la chaîne tévé qui l'emploie) pendant que sa
femme se fait reluire ailleurs. Il se croit mariol et moutardier
du pape, c'est un nicodème et un boniface.
- Le Joueur - personnage pacant et musculeux,
son statut social de beauf est des plus protéimorphes. Il
peut être joueur "amateur" ou "professionnel":
le joueur amateur est un quidam qui a un turbin de chauffeur-livreur
ou de maçon-coffreur, et qui occupe ses dimanches à
faire le buziot sur un terrain de foute; le joueur professionnel
est un gonze qui serait chômeur s'il n'était pas payé
à faire le bahia sur un terrain de foute à longueur
de journanches. Et le toutim, tandis que madame fait le persil ou
lisette. Le joueur professionnel roule en BMW série 5 avec
chaîne Pioneer, vitres teintées, phares à iode.
Le joueur amateur conduit une Peugeot 305 GTD ou une Opel Ascona
break, avec grille de séparation à l'arrière
pour caser son malinois Rex (au pied, assis, debout, couché,
attaque).
- Le Supporteur - hypermégiga beauf vesse-du-bec
et pue-la-sueur se recrute exclusivement chez les tocards, sans
distinction d'âge. Le supporteur ne supporte pas grand'chose
et passe son temps à chercher de nouvelles insultes dont
les plus originales et innovatrices sont: "Enculé!",
"J'te pisse au cul!", "Va te faire niquer" (parfois,
nostalgique, il beugle "aux chiottes l'arbitre", mais
c'est rare). Volontiers castagneur, surtout en bande, aime les ratonnades
et les cannettes de Kronenbourg tiède. Après avoir
explosé sa poupée gonflab' à force de ramponneaux,
il se tire sur l'élastique. Il n'a pas de bagnole (ou s'il
en a une, c'est qu'il l'a chouravée), resquille dans le train
et saute les tourniquets du tromé. Bref, un glandulaire émotif.
Tout ce petit monde vibrionne, beugle, arnaque, truande, va-de-la-gueule,
s'énerve, barouffe. Sic transit gloria mundi...
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