Origine : http://www.grouchos.org/bellegarde.htm
Ce texte est également présent sur le site
http://barbarie.org/article.php3?id_article=1096
" Patrick Bellegarde a soutenu une thèse de troisième
cycle aux côtés de feu René Lourau à
l’université Paris VIII en 1981 dans le champ des Sciences
de l’Éducation. Le titre en était « les
résistances au sport ». Le texte ici réédité
porte le même titre et constitue un résumé de
sa problématique. L’auteur est maître de conférence
en sociologie et directeur d’un IUT appartenant à l’université
de Perpignan.
L’intérêt de cette lecture, outre qu’il
en était fait référence dans une précédente
réédition, est surtout de porter à la connaissance
du public un texte rare. Il a été publié (la
première fois ?) en 1986 par la revue Quel Corps ? Or ce
numéro a très vite été épuisé.
L’intérêt se situe portant au-délà.
Alors qu’il serait trop facile de réduire la résistance
au sport à un simple mouvement d’humeur « anti-sport
», ce texte démontre qu’une résistance
consciente et soucieuse de connaître son objet, est aussi
possible. En effet, le dit mouvement d’humeur est un pas nécessaire
pour qui veut dissiper le brouillard idéologique du capital.
Dans la période où nous vivons, ce pas ne peut qu’être
pris pour celui de « la racaille » puisque la plupart
des partis politiques français sont unanimes pour faire du
sport un nouveau ciment social. Bien sûr, il n’est pas
suffisant puisque l’autre moment à lier indéfectiblement
au précédant est celui du concept : porter le sport
au concept (pour paraphraser Hegel) pourrait être la devise
qui résume tout l’intérêt de ce texte.
Ces deux moments cumulés en appellent un autre qui les renforce
en retour : celui de l’intervention. Ce moment reste bien
une gageure vis-à-vis de laquelle peu osent s’engager.
La démarche de Patrick Bellegarde consiste à utiliser
les ressources de « l’analyse institutionnelle
» ; une méthode à ne pas confondre avec son
homonyme dans le domaine du droit : celle-ci a (avait ?) clairement
un contenu politique. Selon cette méthode, le sport est d’emblé
considéré comme une institution : il a donc une histoire,
il est soumis aux contradictions, il est une œuvre humaine.
Le sport, comme toute institution a une réalité sociale
spécifique (autonomisation), il a des liens non seulement
aves d’autres institution (l’Etat, l’Armée,
l’Ecole, l’Entreprise, l’Eglise), mais fait partie
des rapports sociaux. Comme le dit Patrick Bellegarde, « l’a
priori humaniste » fait du sport une idée : ce postulat
empêche d’appréhender les contradictions sociales
qui le traversent.
L’angle d’attaque, original, consiste ici à
saisir les résistances au sport comme un révélateur
de ce qui constitue en creux cette institution. Pour le lecteur
non averti de ce courant des sciences humaines, il pourra se référer
de manière non exhaustive au livre suivant :
René Lourau, La clé des champs. Une introduction
à l’analyse institutionnelle, Anthropos, Paris, 1997.
Ou encore se reporter ici ou là .
La restitution de textes anciens peut contribuer au travail de
prise de conscience face à l’idéologie sportive.
Elle contribue dans une proportion déterminante à
l’intervention. Bien sûr, l’intoxication sportive
est réelle : elle implique une opposition réelle qui
ne peut totalement s’identifier à une prise de conscience.
Le moment singulier de l’intervention exige une rupture qualitative
par rapport aux deux autres moments que sont « l’anti-sport
» et celui du concept : travailler à ce qu’elle
puisse exister en s’efforçant de rendre actuel des
pratiques critiques passées dans le champ du sport : voilà
de beaux travaux pratiques en perspective !... "
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