"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
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Lisez Willheim REICH


Sur la base de sa riche expérience clinique, Reich conclut, dans La Fonction de l'orgasme (1942), que " la santé psychique dépend de la puissance orgastique, c'est-à-dire de la capacité de se donner lors de l'acmé de l'excitation sexuelle ". La jouissance sexuelle est décrite en termes strictement physiologiques et physiques : tension mécanique X charge bioélectrique X décharge bioélectrique X relaxation mécanique. Mais " notre civilisation moralisante et antisexuelle " empêche la régulation naturelle de l'énergie vitale ; au lieu du bonheur, c'est l'angoisse. L'inhibition de l'énergie orgastique produit des effets de " stase " et la formation de résistances psychosomatiques groupées sous le nom de " cuirasse caractérielle ", qui représente l'expression actuelle et structurée des vicissitudes libidinales du sujet. L'Analyse caractérielle est le développement, désormais classique, de toutes les implications de cette thèse ; une typologie analyse les caractères compulsif, hystérique, masochiste, génital, tandis que des études de cas détaillées illustrent les innovations techniques qui visent principalement à éliminer les résistances et à libérer l'énergie sexuelle bloquée ou déplacée.

Marxisme et psychanalyse : " La Révolution sexuelle "


Contre Freud et une certaine orthodoxie psychanalytique, qui recourent à l'hypothèse de la pulsion de mort, Reich soutient que la misère sexuelle est liée fondamentalement à l'aliénation économique et sociale. Nourrie d'une réflexion systématique sur les écrits de Marx et d'Engels et d'une analyse de situations historiques précises, La Révolution sexuelle (1936) dénonce la famille comme " fabrique d'idéologies autoritaires et de structures mentales conservatrices".

Le bonheur sexuel suppose la destruction de l'ordre social patriarcal ; mais la lutte contre le système capitaliste de l'État bourgeois, menée selon une stratégie marxiste-léniniste, exige aussi que l'homme secoue ses conditionnements inconscients, brise les " ancrages " affectifs-idéologiques inscrits en lui par une éducation répressive.
La Psychologie de masse du fascisme décrit les ressorts et facettes de cette " peste émotionnelle " qui constitue le terrain d'élection de tous les autoritarismes. Synthèse de la psychologie freudienne et de la sociologie et de la politique marxistes, le " freudo-marxisme " de Reich, fondé sur la sexualité définie comme force révolutionnaire, exige l'inscription de la révolution sexuelle dans toute pratique révolutionnaire. Adversaire des bureaucraties, libérales ou staliniennes, Reich défend, sous le nom de " démocratie du travail ", une sorte de communisme libertaire où l'accent est mis sur le rejet de toute hiérarchie, la réduction drastique du pouvoir de l'État, l'autogestion au sein de cellules de production autonomes.

Perspectives de l'orgonomie

Omniprésente dans l'univers sous des formes spécifiques recouvrant une identité structurale et fonctionnelle, l'énergie d'orgone est le pivot de la vaste construction à la fois thérapeutique (orgonthérapie), politique, scientifique et philosophique (L'Ether, Dieu et le diable ) appelée orgonomie, dont l'anthologie intitulée Selected Writings : an Introduction to Orgonomy (New York, 1960) offre un exposé cohérent. S'il n'est que trop facile d'en souligner le caractère interprétatif, voire, selon certains, délirant ou paranoïaque, il nous semble autrement plus fécond de concevoir l'orgonomie reichienne comme un programme moderne de recherches pluri- et interdisciplinaires visant à surmonter les cloisonnements réducteurs des disciplines scientifiques ; une perspective fortement unificatrice rassemble et met en connection des phénomènes aussi divers que les mouvements du protoplasme, l'évolution des cellules cancéreuses, les modes d'action du système neuro-végétatif, le développement du fascisme, les radiations atomiques, les dérives galactiques, etc.

Mais l'effort le plus précieux, et souvent méconnu, de Reich réside peut-être dans son questionnement incessant des motivations, mécanismes et finalités du savoir, dans un esprit très proche des tentatives critiques d'un Bergson ou d'un Nietzsche ; il réintroduit dans le processus cognitif les données sensorielles, formes, couleurs, impressions, et les intuitions existentielles, vécu, manières d'être et de sentir, expressions ; renversant l'image glorieuse que l'homme se donne de lui-même comme homo sapiens , être pensant, il voit dans l'avènement de la conscience, le retour de l'homme sur soi, un phénomène traumatique, un saisissement originel, où s'enracine le processus de rigidité caractérielle.

À défaut de développer les nombreuses objections que ne manque pas de soulever une entreprise aussi vaste et qui a fait l'objet de plus d'accusations que de critiques, on peut regrouper ces dernières sous une même arête directrice : Reich a tendance à faire fi des relais nécessaires, à négliger tout un patient travail de mise en relations et d'articulations intermédiaires ; il ne voit pas que la pulsion de mort peut être un puissant outil d'élaboration théorique, comme en témoigne toute la deuxième topique freudienne ou l'œuvre de Mélanie Klein ; sa vision politique ne tient guère compte de la complexité et de l'évolution des rapports de force entre classes sociales et organisations politiques; surtout, sa construction orgonomique, centrée sur le concept d'orgone, mal dégagé d'intuitions vitalistes, semble reposer sur des fondations précaires, et seul l'avenir, en permettant une investigation approfondie et objective des travaux de Reich, pourra restituer à son entreprise ses justes dimensions.
Le lien d'origine http://home.nordnet.fr/~elemarchand/commentl.htm