Lors des grèves de décembre 1995, Jacques Lesage de La
Haye, chargé de cours à luniversité Paris
VIII, attend avec ses étudiants Gérard Guasch, qui doit
intervenir dans son cours. Gérard Guasch est médecin psychosomaticien,
analyste reichien, et fondateur de linstitut Wilhelm Reich. Pour
Jacques Lesage de La Haye, militant anarchiste, pas question d'être
un briseur de grève, et pas question non plus de ne pas recevoir
Gérard Guasch, qui, habitant à Mexico, était de
passage en France.
Aussi, la décision est collectivement prise dorganiser
lintervention au Centre médico-psychologique de Stains.
Mais un embouteillage sans précédent dû aux grèves
empêche Gérard Guasch, venant de province, d'être
présent au rendez-vous. Face à la grande déception
des étudiants, Jacques Lesage de la Haye propose alors : "
Faisons du positif avec le négatif. Gérard Guasch nest
pas là. Mais nous, nous sommes tous ici, ensemble. Que voulez-vous
que nous fassions ? " Un des participants répond alors
: " Et si nous parlions danalyse reichienne ? "
Après une introduction aux différents concepts de lanalyse
reichiennne, le débat est lancé.
Quelques mois plus tard, celui-ci nous revient sous la forme dune
brochure éditée à lAtelier de création
libertaire sous le titre Une psychopolitique du corps : lanalyse
reichienne. De quoi sagit-il ?
Fidèle aux idées et aux engagements de Wilhelm Reich,
lanalyse reichienne considère lindividu dans sa globalité.
Alors que la psychanalyse isole trop fréquemment le psychisme
du corps, ne permettant quune rationalisation des affects, lanalyse
reichienne, en plus dun travail à partir de la parole,
effectue un véritable travail sur le corps-énergie
Elle permet ainsi une plongée au cour de nous-même, dans
ce que nous avons de plus authentique, mais aussi de plus irrationnel
: nos émotions. La manière pour y parvenir est douce et
respectueuse des défenses du sujet. La règle : ne jamais
forcer.
Cette globalisation va aussi jusqu'à considérer la dimension
sociale et économique du sujet. Ce qui veut dire que la condition
sociale et financière dune personne nest jamais une
barrière à la thérapie. Rappelons-nous que Wilhelm
Reich na jamais fait l'économie des causes politiques de
la névrose.
En résumé, lanalyse reichienne nous invite à
restaurer la douceur de notre pulsion de vie, pour une extension, de
soi dans le monde, de la psychologie vers le politique, en passant par
le corps. Elle nous fait constater que la logique qui résulte
de la mobilisation et de lexpression de nos émotions les
plus profondément enfouies contredit souvent la logique établie
par lordre moral et la loi du marché.
Ne plus être en proie à langoisse du lendemain,
sortir de la culpabilité et de la soumission à lautorité,
en un mot sortir de lesclavage social pour sautonomiser
et sautodéterminer, tels sont, parmi dautres, les
effets de lanalyse reichienne. Elle incarne résolument
une démarche libertaire, ne nous en privons pas.
Une psychopolitique du corps. Lanalyse reichienne. 30 F . éditions.
A.C.L. En vente à la librairie du Monde libertaire.
Pascal - groupe Berneri (Paris)
Le lien d'origine : http://www.federation-anarchiste.org/ml/numeros/1105/article_11.html
Et sur le site des éditions ACL http://ateliber.lautre.net/article.php3?id_article=164
Une psychopolitique du corps
Canal Psy - janvier-février 97
L'analyse reichienne
Parfois portées par d'éphémères effets
de mode qui les travestissent, la pensée et la pratique de Wilhelm
Reich et de ses successeurs sont en réalité souvent méconnues
ou lieu de toutes les projections et fantasmes. Jacques Lesage de La
Haye, membre de l'École reichienne de Paris et de l'Institut
Wilhelm Reich, fondés par Gérard Guash, expose dans cette
brochure, de façon claire et synthétique, les points principaux
des théories reichiennes et des pratiques qui en découlent.
II met en évidence la filiation avec Freud (l'analyse reichienne
est une psychanalyse) et expose les trois points essentiels de divergence
avec la psychanalyse « orthodoxe » :
- l'importance reconnue au corps dans lequel s'enracinent les émotions,
notamment infantiles, et où s'inscrivent les évènements,
heureux ou douloureux ;
- le refus de la théorie de la pulsion de mort, en tant que
force originelle, telle que l'expose Freud ;
- l'importance des données politiques et sociales dont ne peut
être isolée toute existence individuelle.
II s'ensuit une pratique originale qui associe étroitement travail
corporel et verbalisation, toujours dans le plus grand respect de la
dynamique propre au patient et de ses défenses. Jacques Lesage
de La Haye situe clairement l'analyse reichienne, dans toute sa spécificité
analytique, parmi les différents courants qui se réclament
de la bioénergie. Suit un débat avec les participants
dont les témoignages permettent de percevoir qu'il ne s'agit
pas là d'interventions sur le patient, mais bien d'un travail
analytique respectueux de celui-ci, qui permet l'expression, la compréhension
et l'acceptation des émotions enfouies.
Le lien d'origine : http://ateliber.lautre.net/article.php3?id_article=198