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Origine : le site des Recherches-Innovations de l'Académie
de Lille, hébergé par l'IUFM Nord-Pas-de-Calais. Ce
texte estmaintenant sur cette page
http://www2.ac-lille.fr/pasi/bibliographie/recherche-action.PDF
La Recherche-Action
Mode et méthode
spécifique de la recherche en sciences humaines ;sa pertinence
dans le domaine de la formation et de l'éducation.
Note d'éclaircissement.
Décembre 2000
Jean-François BERTHON
IUFM Nord-Pas-de Calais / Direction de la Recherche et du
Développement.
p. 1 Les questions qui me sont régulièrement adressées
concernant la Recherche-Action me paraissent témoigner d'un
empilement de malentendus, voire de méconnaissances. La Recherche-Action
est souvent confondue avec la "production d'outils" (pourvu
qu'il y ait "action"), avec la simple mise en place d'un
dispositif d'action pédagogique, l'implantation d'une réforme
ou d'une innovation. Parfois, si la dimension "action",
voire même "action de formation" lui est concédé,
c'est la dimension "recherche" qui lui est déniée,
généralement au nom d'une représentation des
science qui doit plus au sciences de la nature, souvent dites "dures"
qu'aux sciences humaines et à leurs spécificités
généralement méconnues.
Une confusion "institutionnelle" avec la "recherche
développement".
Le terme de « Recherche-Action » est souvent employé
de façon excessive et floue. Il ne suffit pas que des acteurs
se réunissent pour produire ensemble des outils, pour réfléchir
à la production et à la mise en place de ces outils
et conduisent donc ensemble une "action", pour qu'on puisse
parler de "recherche-action". Pour qu'il y ait "Recherche-Action",
il faut qu'il y ait à la fois désir de "transformer
la réalité" et mise en place d'un dispositif
permettant de "produire des connaissances concernant ces transformations".
Au titre de la transformation de la réalité, il y
a bien évidemment les outils, les techniques, les démarches
mises en oeuvre, mais il y a tout autant - et c'est une spécificité
des Recherches-Actions - transformation des représentations
des acteurs concernant cette réalité, à laquelle
ils ne sont pas extérieurs, mais dont ils font partie. C’est
en ce sens qu’on peut dire que les acteurs d’une Recherche-Action
sont « en recherche ». On peut en rester là,
sur le mode de la formation dans le cadre d’une action réfléchie.
Mais pour qu’il y aie « recherche », il faut aller
plus loin, passer au niveau « métacognitif »
en vue de tirer des leçons générales dans un
mode le plus formalisé possible de cette démarche
particulière qui associe «action » et «
mise en position de recherche ».
Comme il est difficile de tirer des leçons générales
d’un cas particulier, c’est plutôt de la mise
en relations d’un nombre important de « recherches-actions
» que l’on peut tirer des leçons générales.
Dans ces conditions, on voit bien que, si la dimension "recherche-développement"
est bien présente dans les groupes d'échange de pratiques
et de production d'outils, il n'y a pas "Recherche-Action"
dans la mesure où il n'y a pas la prise de risque qui correspond
à la dimension "recherche". En effet, pour qu'il
y ait véritablement "recherche", il faut que la
porte soit ouverte à des résultats tout autres que
les résultats attendus par l'accompagnement de réformes
institutionnelles - quelles que soient les qualités et les
intérêts de ces réformes. Il n'y a recherche
que s'il y a production de connaissances, et que ces connaissances
ne soient en rien anticipées par le dispositif. Si cette
dimension "recherche" n'est pas ouverte, il peut y avoir,
au mieux "formation", au pire "manipulation",
mais pas "Recherche-Action", au sens "scientifique"
du terme.
La Recherche-Action : de la "Recherche" ?
Un deuxième malentendu tient au caractère de "recherche"
des démarches de "Recherche action".
"Est-ce bien de LA Recherche ?" est une question souvent
posée, qu'il faut généralement comprendre comme
une forme de politesse du jugement moins nuancé: "Ce
n'est pas de LA Recherche", entendons de LA Recherche "scientifique".
Sciences formelles et sciences de la nature.
C'est d'abord sur ce point qu'il faut trancher, mais c'est en même
temps poser le problème de la "scientificité"
des sciences humaines. Il est clair que pour tout un courant de
pensée, les sciences humaines - et cela concerne aussi bien
l'histoire, la psychologie, la sociologie, l'ethnologie, que les
"sciences de l'éducation" - n'appartiennent pas
au domaine scientifique.
En effet, si "la science est constituée par l'ensemble
des connaissances et des études de valeur universelle, caractérisées
par un objet et une méthode déterminée et fondée
sur des relations objectives vérifiables" 2, seules
apparaissent scientifiques, aux yeux des membres de ce courant,
les sciences "exactes", ou "logico-formelles"
c'est à dire les mathématiques et la logique, et les
sciences "expérimentales" de la nature : physique,
biologie…3 Encore la conception même de science et les
critères de scientificité font-ils l'objet de débats.
Déjà, les domaines des sciences formelles et celui
des sciences expérimentales ne sont pas les mêmes.
Dans le premier le critère de validité tient essentiellement
à la cohérence formelle Dans le second, il tient au
rapport entre la loi et l'expérience4 ; mais sur ce point
qui s'appuie sur le principe d'induction la question a été
posée de savoir si le critère de scientificité
reposait sur le principe de "vérifiabilité"5,
ce qui est contesté par Karl Popper, ou sur le principe qu'il
propose de "falsifiabilité" ?6 Cette position elle-même
est discutée : "Si l'on réussit à falsifier
les théories au moyen d'un argument adapté, on ne
parviendra jamais à établir leur vérité
ni même une quelconque probabilité de vérité.
Accepter une théorie se fait toujours avec un certain degré
d'incertitude."7 Comme l'a montré Gaston Bachelard,
les propositions de la science ne sont vraies que dans la mesure
où elles sont sans cesse soumises à la rectification.
Pour Bachelard, la science est arrachement sans cesse renouvelé.
Elle n'est d'ailleurs pas dans les systèmes d'explication,
dont l'emploi tourne facilement au dogmatisme, elle est dans la
méthode employée, et cette méthode repose avant
tout sur le principe et le sens de la question : "en résumé,
l'homme animé par l'esprit scientifique désire sans
doute savoir, mais c'est aussitôt pour mieux interroger."
Certains scientifiques et épistémologues vont même
plus loin, ainsi Paul Feyrabend pour qui il est même vain
"d'espérer réduire la science à quelques
règles méthodologiques simple, étant donné
la complexité de son histoire"9 Cela ne signifie pas
qu'il soit impossible et encore moins illégitime de parler
de "science", mais sans doute qu'il est au moins prudent,
y compris dans le champ des sciences de la nature, de ne pas penser
de façon simpliste le rapport entre les démarches
de recherche "scientifiques" et celles qui ne le sont
pas.
Sciences humaines : spécificités.
Dire de la Recherche-Action qu'elle constitue ou non une vraie
activité de recherche pose un double problème, celui
de sa position comme une des démarches des sciences humaines
et celui de sa méthodologie.
Sa position comme une des démarches des sciences humaines
se comprend de façon plus générale dans le
cadre de la question : les sciences humaines sont elles scientifiques
? Cette question rejaillit sur la question des méthodes :
faut-il, pour qu'une recherche en sciences humaine soit considérée
comme "scientifique", qu'elle applique les mêmes
méthodes que les sciences de la nature ?
Répondre de façon affirmative à cette question
serait ne pas tenir compte de la spécificité de l'objet
de science que constitue la réalité humaine.
Or, cet objet présente un certain nombre de caractéristiques
qui le différencient radicalement des objets de la nature.
- il est doué de mémoire et de conscience, ce qui
invalide toute démarche "expérimentale"
à son égard; en effet, dans la mesure où le
"sujet" qui fait l'objet de l'expérience garde
en mémoire cette expérience, une seconde expérience
semblable ne se présente plus dans les mêmes conditions
de "naïveté", les conditions ne sont plus
le s mêmes. L'expérience n'est pas strictement "répétable",
et donc ses résultats ne sont pas généralisables,
universalisables10.
- il existe essentiellement d'abord en tant que producteur et "consommateur"
de "sens", de significations. Le "sens" non
plus ne peut faire l'objet d'expériences comme en physique
ou en biologie ; au contraire, la question du sens, de l'intentionnalité
n'a pas sa place dans les sciences de la nature11 ;
- il existe essentiellement ensuite en tant que producteur et "consommateur"
de "valeurs".
Les "valeurs" non plus ne peuvent faire l'objet d'expériences
comme en physique ou en biologie ;
- son activité se développe largement sous forme de
"pratiques" dont la connaissance, sous forme de "maîtrise"
ne peut se réduire à une quelconque théorie
;
- on ne peut établir une distinction radicale entre l'humain
"objet" de science et l'humain "chercheur".
Qu'on le veuille ou non l'humain "chercheur" est impliqué
en même temps comme humain, et donc comme "objet"
de sa recherche.
Il n'y a donc pas lieu de distinguer d'un côté les
humains "objet" de recherche et les "chercheurs"
de l'autre. Les chercheurs sont impliqués dans la recherche
Dans les sciences humaines, l'"objet" et le "sujet"
sont confondus.
- toute prise de connaissance dans le domaine humain est transformante
pour l'objet de la recherche.
Les conséquences à en tirer sons claires : les méthodes
"scientifiques" des sciences de la nature, qui fondent
les critères de scientificité dans les représentations
sociales dominantes ne peuvent s'appliquer au domaine des "sciences
humaines".
Dans ces conditions, deux grandes attitudes sont possibles : ou
bien exclure les sciences humaines du domaine scientifique, ou bien
revendiquer pour elles un statut vraiment scientifique, mais à
la condition d'admettre qu'il n'y a pas qu'un seul modèle
de science, et donc un seul type de critères de scientificité
qui serait celui des sciences de la nature.
La première position est celle d'Aristote qui faisait une
distinction entre trois domaines relevant de la rationalité
: le domaine scientifique, dont l'objet existe "de toute nécessité"
("la science est le concept de l'universel et du nécessaire";
"la science s'accompagne de démonstration et il n'y
a pas de démonstration de ce dont les principes ne sont pas
nécessaires") ; le domaine de l'art, "disposition
accompagnée de raison et tournée vers la création"
, qui relève de "la catégorie des possibles,
et dont le principe réside dans la personne qui l'exécute
et non dans l'oeuvre exécutée" ; et le domaine
de l'"action", tant générale que particulière,
où la raison s'applique à discerner "ce qui est
bien et mal pour l'homme". Ce qui relève de domaine
"ne saurait être une science parce que ce qui est de
l'ordre de l'action, est susceptible de changement, non plus qu'un
art." Dans ces conditions, les "sciences humaines"
n'appartiennent pas aux sciences, ce qui ne les empêche pas
de relever du domaine de la rationalité, qui a ses règles
et ses lois propres, englobant les domaines des sciences de la nature
et des sciences humaines.
L'autre position est celle prise à la fin du XIXème
siècle par Wilhem Dilthey lorsque dans son Introduction aux
sciences de l'esprit13 il s'est efforcé de montrer qu'il
existait une spécificité des sciences humaines au
côté des sciences de la nature. Il s'agissait pour
lui de rompre avec la réduction positiviste des sciences
de l'esprit aux sciences de la nature, sans renoncer pour autant
à l'objectivité, c'est à dire sans jamais céder
au relativisme des interprétations : "les sciences de
l'esprit ne forment pas un tout dont la construction logique serait
analogue à la structure de la connaissance de la nature ;
leur ensemble s'est développé autrement (…)"14
Se distinguant de la "science explicative", les "sciences
de l'esprit" visent à rendre "compréhensible"
le monde humain, qui est avant tout un monde du "sens"
et un monde des "valeurs". La place manque ici pour développer
sur ce point la position ultérieure de Max Weber15 pour qui
"la tâche de la sociologie est d'expliquer par la compréhension
le sens de l'agir tel qu'il est pour l'auteur même de l'action"16
Il ne s'agit toutefois pas pour Dilthey de fonder une impossible
métaphysique. Il s'agit bien toujours de "science",
mais d'une science qui relève d'un autre paradigme, d'un
autre "modèle" que celui des sciences "explicatives"
de la nature.
Qu'on se situe dans le domaine de la science, dans le cadre d'un
modèle spécifique, ou qu'on se situe simplement dans
le domaine de la rationalité, les sciences humaines possèdent
une caractéristique essentielle, centrale : dans ce domaine,
toute prise de connaissance est transformante pour le sujet connaissant.
Autrement dit l'objet de connaissance, qui est en même temps
le sujet connaissant, est transformé par l'acquisition de
connaissances. La prise en compte de cette transformation doit donc
être au centre des démarches et méthodes dans
le domaine des sciences humaines.
Si l'on tient compte des caractères spécifiques des
sciences humaines énoncés plus haut, toute démarche
de recherche "scientifique" dans ce domaine doit obligatoirement
intégrer les facteurs de transformation induits par cette
recherche même sur le "sujet-objet" impliqué.
La question qui se pose alors est de savoir comment intégrer
la prise de conscience de cette transformation dans la démarche
de recherche ? La Recherche-Action : pertinence de la démarche
dans le cadre des sciences humaines.
Les démarches de "Recherche-Action" ont pour caractéristique
essentielle de mettre la transformation induite par la démarche
de recherche au coeur de leurs principes méthodologiques.
Elles ont aussi pour caractéristique de ne pas construire
une barrière étanche entre d'un côté
les "chercheurs" et de l'autre les "objets"
de la recherche. Les Recherches-Actions posent le principe de l'implication
des chercheurs dans la recherche17.
Cela n'exclut pas des procédures d'extraction de la connaissance
qui visent à éviter la fusion, et donc la confusion
des rôles, mais il s'agit bien là de rôles, qui
peuvent être tenus à différents moments par
les mêmes personnes "Il s'agit de recherches dans lesquelles
il y a une action délibérée de transformation
de la réalité ; recherches ayant un double objectif
: transformer la réalité et produire des connaissances
concernant ces transformations." Ces transformations concernent
bien évidemment l'environnement du groupe de recherche, par
exemple les méthodes pédagogiques utilisées
par un groupe d'enseignant, les conditions matérielles de
leur emploi, l'organisation dans laquelle elles s'exercent, mais
elles concernent tout autant les acteurs de la recherche et leurs
représentations : "La recherche-action est une entreprise
de recherche sur le terrain, sous-tendue par une visée de
changement des représentations des membres d'un groupe donné
(…)" Entre l'environnement du groupe de recherche et
les représentations de ses membres, il y a un lien fort,
dialectique sans doute, dans la mesure où tout changement
dans l'un rejaillit sur l'autre, et ce lien est central. C'est ce
lien d'abord, et ces rapports dialectiques, qui font l'objet d'une
recherche de connaissance dans la Recherche-action.
La recherche de connaissances porte sur le rapport entre l'environnement
du groupe de recherche, et les représentations que s'en font
les membres du groupe : sur le rapport dialectique entre les conditions
de transformation de cet environnement et les conditions de transformation
des représentations; mais elle porte en même temps
sur l'action conduite par le groupe. En effet, c'est l'action qui
est transformante.
La question qui se pose est alors : quelle action ? Dans quelles
conditions ? Pour entraîner quelles transformations, dans
l'environnement, et dans les représentations.
Il va de soi que l'environnement en question est bien entendu l'environnement
matériel de l'action conduite (on évoquait plus haut
l'organisation d'un enseignement, les méthodes employées
etc.) mais c'est tout autant l'environnement idéologique
de cette action : les savoirs acquis, les valeurs, les croyances
mises en jeu.
Quant aux représentations, elles ont sans doute une part
rationnelle et consciente. Elles ne sont pas pour autant pure rationalité,
ni pure conscience. Elles sont mêlées d'affectivité
et plongent dans des zones inconscientes de la personnalité20.
Le rapport à la pratique.
C'est précisément lorsqu'il s'agit d'étudier
des "pratiques" que les démarches de Recherche-
Action constituent les démarches de recherches pertinentes.
Qu'est-ce qu'une pratique ? Une pratique, du grec prattein = agir,
est avant tout une action ; et sa caractéristique principale
est de ne pouvoir se réduire à une théorie.
Sans doute la théorie peut-elle permettre d'"éclairer"
la pratique, mais les savoirs de la pratiques sont de façon
définitive irréductible à la théorie
qui s'essaie à en rendre compte. C'est ainsi qu'on peut écrire
des théorie savantes sur la technique et l'art de jouer du
piano : la prise de connaissance de ces théories ne permet
en rien d'apprendre à jouer du piano ! Pour apprendre à
jouer du piano, il faut mettre les doigts sur le clavier…
C'est dire que le rapport "applicatif", qui règle
les rapports "théorie-pratique" sur le mode hiérarchique
n'ont rien de "scientifique". Cette hiérarchie,
communément répandue dans les représentations
sociales, n'est qu'un avatar de la métaphysique platonicienne21.
Comme on le voir avec l'exemple du piano, la théorie n'est
en rien supérieure à la pratique. A la limite, dans
ce cas ce serait plutôt l'inverse. Cela ne signifie pas que
la théorie soit inutile, même pour jouer du piano,
elle permet de mieux se repérer dans la pratique, de mieux
comprendre ce qu'on fait et pourquoi on le fait, mais elle ne peut
se substituer à la pratique. C'est en tout cas la pratique
qui est première, car la théorie est tirée
de la pratique et non l'inverse ! Il en est strictement de même
avec la pratique enseignante : on ne l'apprend pas par la théorie,
ni en appliquant des théorie ; on l'apprend en la pratiquant
! Si une théorie est possible, et si elle peut rendre aux
praticiens le service de les aider à mieux se repérer
dans leurs pratiques, il n'en reste pas moins que c'est la pratique
qui est première. Et c'est pourquoi dans le domaine de l'enseignement,
de la formation et en général de l'éducation
les démarches de recherche- "action" sont des démarches
pertinente. Ce sont les seules à prendre en compte la dimension
de la pratique. Comme le dit Bernard Joly : "La Recherche-Action
apparaît ainsi comme une méthode de recherche adaptée
à son objet, qui est l'éducation. Cet objet, en effet,
ne peut être saisi que dans son déploiement : on ne
peut donc engager une recherche sur un problème éducatif
qu'en étant soi-même acteur du processus éducatif.
Le refus d'une telle implication peut faire craindre une attitude
réductionniste, qui ramènerait les phénomènes
éducatifs à ce qu'ils ne sont pas essentiellement
(…) On peut donc supposer que, de manière paradoxale,
la Recherche- Action, loin de jeter le discrédit sur le caractère
scientifique d'une telle entreprise, lui assure les conditions d'une
objectivité peut-être plus difficile à atteindre
dans les autres sciences humaines, où l'expérimentation
peut conduire à une insertion artificielle dans le processus
humain que l'on veut comprendre.""22 Une fois le rapport
pratique-théorie remis sur ses pieds il reste à savoir
comment faire émerger la théorie de la pratique ?
La recherche-Action comme recherche.
C'est bien dans cet effort d'émergence, de construction,
de la théorie à partir de la pratique que consiste
la démarche de "recherche". Si "la recherche
scientifique est l'ensemble des travaux qui tendent à la
découverte de connaissances nouvelles"23 il s'agit bien
d'organiser ces connaissance en ensembles explicatifs cohérents
ou théories de façon qu'elles permettent d'une part
de donner sens aux pratiques, d'autre part de proposer des améliorations
au regard d'un certain nombre de critères à expliciter.
Cela ne signifie toutefois pas qu'il y ait une démarche
unique pour toutes les recherches action.
En fonction de ce qu'on veut savoir, à un moment donné,
on pourra avoir recours à l'observation spontanée,
à une observation "armée" (armée
de "grilles"), à des enquêtes par interview,
à des questionnaires, à une analyse de documents,
à des tests… L'important est de savoir quelle(s) question(s)
on se pose, quelle(s) hypothèse(s) on formule : hypothèses
d'explication ou hypothèses d'action24, et quels moyens on
se donne (observation, enquêtes, tests, analyse de documents
etc.) pour vérifier la validité des hypothèses.
Il faut faire attention au fait que le processus qui relie ces termes
n'est pas linéaire. Dans le domaine de la recherche-action
toute la démarche "se caractérise en effet par
des cycles répétés comportant la définition
du problème, la conduite des investigations, le feed-back
des informations et la conception d'un plan d'action"25 "Le
cycle débute par l'exploration et l'analyse de l'expérience.
Mais la réalisation d'un projet entraîne des changements
dans la situation étudiée tout comme chez les participants.
Un cycle se complète par une interprétation, une conclusion
et une prise de décision qui entraîne généralement
la poursuite d'un autre cycle dans lequel une expérience
modifiée et enrichie est explorée et analysée."
En fonction des moments, toutes les démarches traditionnelles
de collecte des informations cidessus évoquées peuvent
être utilisées, en sachant que ces techniques n'ont
de sens qu'en fonction d'une question qu'on se pose et de la démarche
d'interprétation des résultats. La seule démarche
pratiquement exclue est celle de l'expérience de laboratoire,
en milieu clos, avec changement de variables et observation des
effets. Le milieu réel dans lequel s'exerce la recherche-action
est en effet un milieu ouvert complexe, d'où la priorité
accordée à des démarches d'observation, c'est
un milieu "concerné", d'où la place donnée
à l'aspect "participatif" de la collecte des données
: il est bien rare qu'une simple enquête n'entraîne
pas chez le public auquel il s'adresse un effet de prise de conscience,
voire un changement dans les représentations.
Il reste une remarque essentielle qui découle des caractéristiques
spécifiques des sciences humaines précisées
plus haut qu'il n'est pas possible de distinguer la recherche "objective"
qui porterait sur des objets extérieurs aux chercheurs et
"être en recherche" qui concerne ces mêmes
chercheurs, dans leur identité et leurs représentations.
On peut aller plus loin : même les objets "extérieurs"
appartenant à l'environnement de l'équipe de recherche
relèvent des représentations. En effet, ces objets
extérieurs n'existent, au regard de l'action conduite, que
dans les représentations des acteurs. En tout cas ils ne
sont connaissables qu'à travers leur perception et leurs
représentations.
C'est ainsi que dans la même classe un professeur sensible
au désordre peut trouver ses élèves "épouvantables",
tandis qu'un autre les trouvera simplement "fort vivants".
La description de ces élèves par l'un comme par l'autre
en dit autant sur leurs représentations des élèves
que sur la réalité : "tu parles singulièrement
de toi-même, quand tu parles d'autrui", déclarait
Paul Valéry.
Explicitation
Le travail de recherche passe donc par un effort d'explicitation
de la part des acteurs, effort d'explicitation qui porte sur la
description de l'environnement dans lequel ils se situent, sur la
description des actions conduites, qui portent sur cet environnement,
sur les effets de ces actions sur l'environnement, mais aussi sur
les acteurs eux-mêmes à travers leurs intentions, leurs
perceptions, leurs jugements.
"la recherche-action situe le rapport de l'intelligence à
l'agir sur trois fronts. Le premier relève des fins poursuivies."27
Il en est de même avec toutes les démarches visant
à objectiver la réalité, tels que les tests,
les questionnaires, les enquêtes etc. qui peuvent en effet
donner une idée de l'environnement de l'équipe de
recherche et d'un certain nombre des objets qui participent à
l'étude, mais qui sont tout autant relatifs aux auteurs des
tests, des questionnaires, des enquêtes, etc. et donc révélateurs
de leurs questions, de leurs attentes, de leurs systèmes
de représentations et de valeurs.
Une chose est certaine, les travaux d'écriture sont au coeur
des démarches de recherche, que ce soit la tenue d'un journal
de bord, les écrits intermédiaires en forme diverses,
ou le compte rendu final de la recherche.
Un des outils de base pour ce type de démarche est sans
aucun doute le "journal de bord".
Qu'est-ce qu'il faut noter dans le "journal de bord"
? Tout ce qui paraît important et "notable" au moment
où ça se passe : événement, observation,
remarque, bribe d'échange ou de conversation, réflexion
personnelle…, tout un matériau "brut" dont
l'intérêt est justement d'avoir fait l'objet d'une
remarque. Conformément à ce qui a été
noté plus haut concernant l'implication des acteurs et les
représentations, l'événement, l'observation
etc. sont importants en eux-mêmes, mais ils sont d'autant
plus important par le fait qu'ils ont été remarqués,
et donc par ce qu'ils traduisent de l'intérêt porté
sur eux par l'acteur ou les acteurs concernés.
Ensuite il sera temps, dans un geste d'explicitation oral, ou dans
un geste d'écriture, de relier les remarques entre elles,
formant autant de "fils rouges" que de liens récurrents,
faisant paraître autant de "lignes de forces", il
sera temps d'expliciter, c'est à dire de développer
les raisons qui ont poussé à faire la remarque, à
prendre la note.
Le temps de l'explicitation, de formalisation, lorsqu'il débouche
sur un geste d'explication, est bien un temps de théorisation.
C'est lorsque, rassemblant toutes les explications, les interprétations,
on tente de passer à la généralisation qu'on
peut parler de l'étape ultime, celle de la modélisation.
Formalisation
Formaliser, c'est déjà accéder à un
premier niveau d'abstraction : à partir de l'expérience
vécue, ou plutôt d'un ensemble d'expériences
vécues, on fait apparaître des lignes de force qui
permettent un premier niveau de généralisation, quoiqu'encore
très lié au contexte de ces expériences.
"L'opération de formalisation consiste à extraire,
des contenus vécus, les formes institutionnelles, langagières,
communicationnelles, affectives, cognitives, économiques,
politiques, qui sont censées servir des références
implicites aux acteurs sociaux donnés (…] Elle nous
invite à nous interroger sur les moyens et le sens de l'action
menées en vue d'améliorer les résultats recherchés
et d'éclaircir les conditions générales qui
président à leur quête."28 Comment formalise-t-on
? On commence à formaliser quand on donne des noms aux choses
et qu'on établit des relations entre ces choses.
"J'ai remarqué que mes élèves étaient
plus motivés lorsque je leur demandais de produire quelque
chose : un article à l'ordinateur, un récit qui sera
imprimé, que lorsque je leur demandais de simplement écouter.
Peut-être y a-t-il un rapport entre la production et l'intérêt
des élèves ?" est une remarque qui commence à
s'élever de la remarque répétée à
une "forme", un peu générale.
Modélisation
Le dernier mouvement, celui de la modélisation "recouvre
l'interrogation sur la stratégie "idéale"
de l'action à mener et sur celle de sa traduction en termes
de projet et d'objectif." La modélisation tente d'échapper
au caractère individuel et spécifique de la situation
dans laquelle l'action et la recherche ont eu lieu, par comparaison
des résultats obtenus au cours de plusieurs actions de même
type, proches ou semblables, à partir des régularités
constatées. Un modèle doit contenir tous les éléments
permettant d'anticiper les états ou les réactions
d'un milieu où l'on conduit une action donnée. Une
seule action ne permet donc pas d'accéder à l'étape
de la modélisation, puisqu'il s'agit justement de tenter
de s'élever au "cas général" qui
doit permettre par là d'éclairer toute situation,
toute action relevant du "modèle".
Il va de soi que cette modélisation est largement conjoncturelle.
C'est le passage à l'épreuve à l'occasion de
la mise en place d'une nouvelle recherche-action qui permettra d'invalider,
de confirmer provisoirement, de compléter ou d'enrichir le
modèle. Mais en réalité, de tels modèles
n'ont qu'une existence virtuelle, car il est pratiquement impossible
de trouver deux situations semblables30. Servant de repères
pour l'action, ils ne peuvent guère servir qu'à tenter
de donner sens à une nouvelle situation par comparaison à
un ensemble de situations déjà vécues dont
on a essayé d'extraire les "leçons".
réfutation : tel est son principal intérêt,
car il permet ainsi à la connaissance d'avancer." Jean-François
Richard, article "Modèle", Encyclopédie
Universelle, édition 1980.
Conclusion
Par delà la variété effective des démarches
mises en oeuvre sur le terrain le type "Recherche- Action"
correspond bien à une vraie démarche de recherche
en sciences humaines, en même temps que, par ses effets transformateurs,
elle correspond à une démarche de formation.
C'est justement dans la mesure où elle prend explicitement
en compte les effets transformateurs entraînés par
la recherche sur le milieu humain qu'elle concerne, et c'est dans
la mesure où elle prend explicitement en compte l'implication
des chercheurs dans leur recherche qu'elle correspond à la
démarche de recherche la plus pertinente dans le domaine
des pratiques, et en particulier des pratiques d'enseignement, de
formation et d'éducation.
Mais il ne suffit pas de se livrer à une action (une production
d'outils par exemples) pour qu'il y ait "recherche"31.
Il ne suffit pas qu'il y ait "analyse des pratiques" pour
qu'il y ait "recherche", encore que ces démarches
d'"analyse des pratiques" soient véritablement
une étape dans la dynamique générale de la
recherche. Pour qu'il y ait "recherche", il faut qu'à
un problème posé corresponde la production de connaissances
sur l'action, sur les pratiques, exprimable sous forme de théories
32 ou de modèles 33, et que ces théories ou modèles
soient à nouveau confrontées à de nouvelles
Recherches-Actions.
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Un cycle en recherche-action J.-F. Berthon : La Recherche-Action
- principes…IUFM Nord-Pas-de Calais.
Schéma sur la Recherche Action
(orienté action de transformation).

Tout au long
du processus
Journal de bord
Création et mise
en place d’une
documentation



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Problème posé
Sous forme de questions
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Diagnostic
collecte des informations, hypothèses quant
aux causes. |
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Hypothèse(s) d'action
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Plan d'action
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Collecte d'informations
Observation, enquêtes, analyses de cas, tests…
Repérage des effets de l'action,
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Analyse et évaluation
Validation des hypothèses d action,
Hypothèses d'explication.
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Découvertes d'intérêt général,
Exprimées sous forme de jugements, de descriptions,
de règles, de lois,
de propositions sur la structure, le fonctionnement
…
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1 Maître de Conférence en Sciences de l'Education
; Chargé de mission à la Recherche en formation et
éducation, IUFM Nord-Pas-de-Calais.
2 R. S.-P. Encyclopédie Universelle, Edition 1980, article
"Recherche Scientifique".
3 "Il est assez clair en effet que ni les savoirs sociologiques
ou psychologiques, économiques ou linguistiques ne peuvent
prétendre, dans leur état présent et passé
à la solidité et à la fécondité
des savoirs physico-chimiques, ou même biologiques."
Gilles-Gaston Granger [1993] La Science et les sciences. Paris,
PUF, Que sais-je n° 2710 p.
85.
4 "La démarche scientifique se caractérise principalement
pas le souci de la preuve, fondée sur des observations empiriques
publiques et sur des raisonnements explicites et valables pour tous.
Mais ce n'est là qu'un idéal, et nous verrons qu'il
n'est pas aisé à atteindre. (…) Une autre caractéristique
de l'attitude scientifique est l'effort de généraliation
(…) Nous voulons obtenir des connaissances plus générales,
nous souhaitons pouvoir transposer ce que nous avons observé,
ou plutôt les conclusions que nous en avons tirées,
à d'autres situations, à d'autres moments, à
d'autres personnes. (…) Atteindre ces objectifs est difficile,
les obstacles nombreux. Il en résulte que les connaissances
scientifiques sont toujours provisoires, susceptibles d'être
critiquées, corrigées, améliorées, affinées,
approfondies, étendues, parfois complètement rejetées
et remplacées par d'autres. Les "progrès de la
science" ne se font donc pas seulement par accumulation de
connaissances nouvelles, qui viendraient s'ajouter aux anciennes,
mais aussi par correction de celles-ci." Benjamin Matalon [1994]
Problèmes généraux des méthodes de la
psychologie, dans R. Ghiglione et J.-F. Richard [1994] Cours de
psychologie, tome 2, Bases, méthodes, épistémologie.
Paris, Dunod et CNED.
5 Il n'y a pas de vérifiabilité absolue, rien ne
dit que l'expérience suivante n'apportera pas un résultat
différent du résultat attendu. Plus le nombre d'expériences
apportant les mêmes résultats se répètent
et plus la probabilité augmente concernant les résultats
attendus pour une expérience données, mais on ne passe
jamais de la probabilité à la certitude absolue. Tous
les canards sont noirs tant qu'on n'en a pas rencontré un
blanc.
6 C'est la contribution de Karl Popper qui est évoquée
ici. Pour Popper, la spécificité du discours scientifique
repose non dans le caractère intangible d'affirmations concernant
le monde, affirmations vérifiables par des expériences,
mais dans le fait qu'une affirmation concernant le monde soit "falsifiable",
c'est à dire soit susceptible d'être remise en cause
à l'occasion d'une expérience. Dans ces conditions,
l'affirmation concernant le monde n'est pas intangible, elle est
provisoire.
Cf. Karl Popper [1969] : Conjectures et Réfutations, La Croissance
du savoir scientifique. trad. Michelle-Irène et Marc B. de
Launay, Paris, Payot, 1985 ; Karl Popper [1968] La logique de la
découverte scientifique, trad. Nicole Thyssen-Rutten et Philppe
Devaux Paris, Payot, 1984."La science consiste à falsifier
des théories et à les remplacer par des meilleures,
qui ont une plus grande capacité à résister
aux tests Les confirmations de théories nouvelles sont importantes
dans la mesure où elles sont une preuve que la nouvelle théorie
constitue une amélioration de celle qui la remplace."
Alan F. Chalmers [1976] Qu'est-ce que la science ? trad. Française
Paris La Découverte, 1987, p. 102
7 Alan F. Chalmers , idem, p. 106.
8 Gaston Bachelard [1966] : la Formation de l'esprit scientifique.
Paris, Vrin, p. 16.
9 Alan F. Chalmers, op. Cit. p. 216. Il cite alors Paul Feyrabend
: : "L'idée que la science peut, et doit, être
organisée selon des règles fixes et universelles est
à la fois utopique et pernicieuse. Elle est utopique, car
elle implique une conception trop simple des aptitudes de l'homme
et des circonstances qui encouragent, ou causent, leur développement.
Et elle est pernicieuse en ce que la tentative d'imposer de telles
règles ne peut manquer de n'augmenter nos qualifications
professionnelles qu'aux dépens de notre humanité.
En outre, une telle idée est préjudiciable à
la science, car elle néglige les conditions physiques et
historiques complexes qui influencent en réalité le
changement scientifique. Elle rend notre science moins facilement
adaptable et plus dogmatique." (Paul Feyrabend [1975, New Left
Books, Londres]: Contre la méthode. Esquisse d'une théorie
anarchiste de la connaisance, trad. Baudouin Jurdant et Agnès
Schlumberger, Seuil, Paris, 1979)
10 Dans le domaine des sciences de la nature :" la preuve
de la vérité (…) est obtenue par l'expérimentation
ou dans l'observation ; mais le physicien ou le biologiste ne demande
pas son avis à l'atome ou à la molécule sur
laquelle il expérimente. Il n'y a pas, en ce sens d'expérimentation
dans les sciences humaines." E. Sicard, article Sciences, Encyclopédie
Universelle, édition de 1980.
11 "on peut parler du comportement d'un électron ou
d'un organe, mais certainement pas du sens de ce comportement, alors
qu'on peut en attribuer un à la plupart des conduites humaines
: elles sont intentionnelles, à l'exception de certains réflexes,
ou de mécanismes très élémentaires (…)"
Benjamin Matalon, op. cit.p. 281.
12 Aristote, Ethique à Nicomaque, livre VI, "Les Vertus
intellectuelles".
13 Wilhem Dilthey : Introduction aux sciences de l'esprit, 1883.
In Dilthey, OEuvres 1, Critique de la raison historique, traduit
par Sylvie Mesure, Paris, Cerf, 1992. En particulier chapitre II
: "Les sciences de l'esprit : un tout autonome à côté
des sciences de la nature". P. 157.
14 Idem, p. 179
15 Max Weber (1864-1920) né à Erfurt (Allemagne)
historien du droit, économiste et juriste, sociologue et
épistémologue, auteur, en particulier d'un Essai sur
la théorie de la science (trad. Fr. Paris, Plon, 1965, Pocket
1992), il insiste sur le fait que le but des sciences humaines n'est
que la compréhension des conduites sociales, cherchant à
dégager la signification vécue des comportements humains
à la lumière des systèmes de croyance et de
valeurs qui constituent la culture de chaque société.
16 "Précision inoffensive en apparence parce que l'on
peut se demander qui, sinon l'agent lui-même, est susceptible
de donner à l'action un sens et de le comprendre. Mais il
s'agit en fait d'une mise en perspective de l'action et de la tâche
de celui qui veut la connaître. Parler du sens de l'action,
c'est substituer à l'action comme événement
dans le monde des choses, une apparition dans le monde de la pensée."
François Isambert, "Notes pour une phénoménologie
de l'action", dans Paul Ladrière, Patrick Pharo et Mouis
Quéré eds : La théorie de l'action : le sujet
pratique en débat. Paris, CNRS Editions, 1993, p. 113-114.
17 "ces recherches-action entrent en contradiction avec le
principe d'une séparation entre le chercheur et les sujets
étudiés, principes qui, dans la tradition française
des sciences sociales, fonde le discours scientifique en renvoyant
les sujets à une fonction d'objets dépossédés
de l'intelligibilité de leur action. Au contraire, les recherches-action,
par les dispositifs contractuels qu'elles mettent en place, établissent
une confrontation entre les logiques des différents parte
aires qui restitue aux acteurs le sens de leur action." Marie-Anne
Hugon, Georges Adamczewski Introduction in Hugon Marie.-Anne., Seibel
Claude. [1988] Recherches impliquées, Recherchesaction :
le cas de l'éducation, Belgique, De Boeck Université.
18 Hugon Marie.-Anne., Seibel Claude. [1988] Recherches impliquées,
Recherches-action : le cas de l'éducation, Belgique, De Boeck
Université. Définition mise au point au cours du colloque
"Recherches impliquées, recherches-action : le cas de
l'éducation", Paris, INRP, 22, 23, 24 octobre 1986.
19 Jean-Paul Resweberer [1995 ] La Recherche-Action, Paris, PUF,
Que sais-je ? n° 3009, p. 33.
20 Dont une des forme est constitué par les effets d'évidence.
21 Pour Platon, la théoria est la contemplation de l'intelligible,
des Idées ou Essences, monde extérieur et supérieur
au monde sensible.
22 Bernard Joly [1987] "Quelques remarques épistémologiques
à propos de la Recherche-Action" , Les Cahiers d'étude
du CUEEP, n° 9 Recherche-action : méthodes et stratégies.
USTL Flandres Artois.
23 R. S.-P. Encyclopédie Universelle, Edition 1980, article
"Recherche Scientifique".
24 Hypothèse d'explication : hypothèse concernant
l'explication d'un phénomène. Ex : "si mes élèves
ont du mal à retenir la leçon sur la prise de pouvoir
de Louis XIV, c'est qu'ils ne disposent pas des connaissances nécessaires
concernant l'organisation féodale de la société.
Hypothèse d'action : hypothèse qui établit
un lien entre un but à obtenir et une action à mettre
en place : "si je montre à mes élèves
le film de Planchon sur Louis XIV, ils comprendront mieux la notion
d'émergence du pouvoir absolu."
25 De Bruyne P. J. Herman et De Schoutheete, M [1984], Dynamique
de la recherche en sciences sociales, Vendôme, P.U.F. p. 231.
26 Gabriel Goyette, Jean Villeneuve et Claudine Nézet-Séguin
[1984], Recherche-action et perfectionnement des enseignants. Bilan
d'une expérience. Québec, P.U.Q., p. 54.
27 Jean-Paul Resweber, op. cit. p. 106.
28 Jean-Paul Resweber, op. cit. p. 122.
29 Idem, p. 123.
30 "Le modèle est par définition, une approximation
de ce qui est observé. Aussi peut-on dire que, par principe,
un modèle est erroné : on pourra toujours montrer
qu'il y a un écart entre ce qu'il prédit et les données
; cela n'a donc aucun intérêt de montrer qu'un modèle
est erroné : on sait a priori qu'il l'est dans une certaine
mesure. Le vrai problème est de trouver un modèle
meilleur à lui substituer. L'important dans un modèle
est qu'il est hautement réfutable : cela est lié à
la précision des prédictions qu'il engendre. Par là
il contient le germe de sa réfutation : tel est son principal
intérêt, car il permet ainsi à la connaissance
d'avancer." Jean-François Richard, article "Modèle",
Encyclopédie Universelle, édition 1980.
31 Sinon simple "recherche développement".
32 Théories : ensemble de thèses formant système
dans un domaine donné. (Elisabeth Clément et alii
[1994] Pratique de la philosophie de a à z. Paris, Hatier).
33 Modèle : représentation simplifiée et plus
ou moins formalisée d'un processus (modèle dynamique),
d'un système (modèle statique) - Grand Robert électronique.
Repères bibliographiques
Barbier René [1977] La Recherche-action dans l'institution
éducative. Paris Gautier-Villars.
Chalmers Alan F. [1976] Qu'est-ce que la science ? trad. française
Paris, La Découverte, 1987, De Bruyne P. J. Herman et De
Schoutheete, M [1984], Dynamique de la recherche en sciences sociales,
Vendôme, P.U.F.
p. 14 Feyrabend Paul [1975, New Left Books, Londres]: Contre la
méthode. Esquisse d'une théorie anarchiste de la connaissance,
trad. Baudouin Jurdant et Agnès Schlumberger, Seuil, Paris,
1979 Goyette Gabriel, Villeneuve Jean et Claudine Nézet-Séguin
[1984], Recherche-action et perfectionnement des enseignants. Bilan
d'une expérience. Québec, P.U.Q.
Goyette Gabriel et Lessard-Hébert Michelle [1987] La Recherche-Action,
se fonctions, ses fondements, son instrumentation. Québec,
Presses Universitaires du Québec.
Granger Gilles-Gaston [1993] La Science et les sciences. Paris,
PUF, Que sais-je n° 2710 Hugon Marie-Anne, Seibel Claude [1988]
Recherches impliquées, Recherches-action : le cas de l'éducation,
Belgique, De Boeck Université.
Isambert François [1993], "Notes pour une phénoménologie
de l'action", dans Paul Ladrière, Patrick Pharo et Mouis
Quéré eds : La théorie de l'action : le sujet
pratique en débat. Paris, CNRS Editions.
Joly Bernard [1987] "Quelques remarques épistémologiques
à propos de la Rechecrhe-Action" , Les Cahiers d'étude
du CUEEP, n° 9 Recherche-action : méthodes et stratégies.
USTL Flandres Artois Matalon Benjamin [1994] "Problèmes
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Richard [1994] Cours de psychologie, tome 2, Bases, méthodes,
épistémologie. Paris, Dunod et CNED.
Popper Karl [1969] : Conjectures et Réfutations, La croissance
du savoir scientifique. trad. Michelle- Irène et Marc B.
de Launay, Paris, Payot, 1985 ; Popper Karl [1968] La logique de
la découverte scientifique, trad. Nicole Thyssen-Rutten et
Philippe Devaux Paris, Payot, 1984.
Resweberer Jean-Paul [1995 ] La Recherche-Action, Paris, PUF, Que
sais-je ? n° 3009 Verspieren Marie-Renée [1990] Recherche-Action
de type stratégique et sciences(s) de l'éducation.
Bruxelles, Paris, l'Harmattan.
Weber Max [1913] Essai sur quelques catégories de la sociologie
compréhensive, in Essai sur la théorie de la science
, trad. Fr. Paris, Plon, 1965, Pocket 1992.
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