Déontologie policière : le rapport par Jacky
DURAND
Libération QUOTIDIEN : mardi 11 avril 2006
http://www.liberation.fr/page.php?Article=374088
La police de Nicolas Sarkozy dégaine toujours plus vite quand
elle est susceptible d'être contestée. L'Inspection
générale des services (IGPN, la «police des
polices») et l'Inspection générale des services
(IGS, la «police des polices» compétente à
Paris) feront ce matin le point avec la presse sur leurs activités
en 2005 et «la discipline dans la police nationale»,
à l'heure même où la Commission nationale de
déontologie de la sécurité (CNDS) remet au
président de la République son rapport annuel 2005
qui sera rendu public demain. Créée en 2000, la CNDS
a pour attribution de «veiller au respect de la déontologie
par les personnes exerçant des activités de sécurité
sur le territoire de la République». Elle est présidée
par Pierre Truche, ancien président de la Cour de cassation,
et comprend seize membres. Les recours des citoyens s'estimant victimes
de bavures transmis à la CNDS par les parlementaires
n'ont cessé d'augmenter entre 2001 (19) et 2004 (97)
et la grande majorité des saisines ont concerné des
fonctionnaires de la police nationale et de l'administration pénitentiaire.
L'année dernière, déjà, le ministère
de l'Intérieur n'avait pas attendu la publication du rapport
annuel de la CNDS pour faire communiquer la police des polices.
Hier soir, dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on évoquait
une «concomitance» de dates à propos des rendez-vous
de ce matin. Une source proche de la CNDS estime, un brin ironique,
que la promptitude du ministère de l'Intérieur est
«une forme de reconnaissance» du travail de la Commission.
mercredi 12 avril 2006, 0h06
Dérives policières: 10% de plaintes en plus
en 2005
http://fr.news.yahoo.com/11042006/202/derives-policieres-10-de-plaintes-en-plus-en-2005.html
PARIS (AFP) - Gardes à vue irrégulières, banalisation
des fouilles à corps, menottages de plus en plus systématiques:
la Commission nationale de la déontologie de la sécurité
(CNDS) a été saisie en 2005 de 108 plaintes, soit
une hausse de 10%, dont 72 contre la police nationale.
Dans son rapport annuel publié mercredi, elle "s'inquiète"
aussi des manquements à la déontologie dans les affaires
touchant des mineurs et des étrangers (demandeurs d'asile
ou en situation irrégulière), avec une "augmentation
sensible" de ce type de dossiers.
Les affaires examinées en 2005 par cette autorité
indépendante, chargée "de veiller au respect
de la déontologie par les personnes exerçant des activités
de sécurité", ont de nouveau concerné
majoritairement la police (49 dossiers), suivie par l'Administration
pénitentiaire (7) et la gendarmerie (5).
La commission note un accroissement des affaires montrant une "méconnaissance"
de la procédure de garde à vue et des garanties qui
y sont attachées (examen par un médecin, rencontre
avec un avocat, avertissement de la famille) ainsi que d'une circulaire
de 2003 sur la dignité des personnes dans cette situation.
Elle revient sur le cas dramatique du décès d'un
homme de 46 ans, interpellé à Paris en octobre 2004
pour conduite en état d'ébriété et retrouvé
gisant sur le trottoir, le lendemain de sa garde à vue, victime
d'une hémorragie cérébrale.
Faisant état de "présomptions graves de fausses
signatures sur les procès verbaux", elle doute que la
victime "ait été effectivement remise en liberté
à l'heure indiquée sur les PV".
La commission souligne "la multiplication des saisines impliquant
des enfants et des adolescents" et une "sur-représentation"
des jeunes majeurs parmi les plaignants.
Elle cite le cas d'un garçon de 15 ans, menotté pour
un doigt d'honneur lors d'une visite présidentielle à
Marseille, gardé trois heures et qui s'est plaint de violences
et d'insultes racistes, jugeant "hautement disproportionné"
le traitement "musclé" de cette affaire pour un
geste déplacé.
Concernant les étrangers, elle juge "inacceptable"
que des enfants mineurs aient été placés dans
un centre de rétention à Toulouse en tant qu'"accompagnants"
de leurs parents alors que le centre ne disposait pas d'espace pour
les familles.
Elle cite aussi le cas d'un nourrisson d'un mois né en France,
retenu avec sa mère d'origine somalienne dans un véhicule
de la PAF (police des frontières) de Rouen "pendant
près de huit heures sans eau ni nourriture".
La commission n'a pas de pouvoirs de sanctions mais elle a saisi
la justice sur six affaires en 2005.
Avant même la publication du rapport, la police des polices
a indiqué mardi que les sanctions contre les policiers avaient
augmenté de plus de 14% en 2005.
Nouveau rapport sur les dérapages des services de sécurité
mercredi 12 avril 2006, 4h00
http://fr.news.yahoo.com/12042006/5/nouveau-rapport-sur-les-derapages-des-services-de-securite.html
PARIS (AP) - Les saisines de la Commission nationale de la déontologie
de la sécurité (CNDS) étaient de nouveau en
hausse de 10% en 2005, mais tous les dossiers n'ont pas pu être
traités faute de moyens suffisants accordés à
cette autorité indépendante qui doit rendre ce mercredi
son cinquième rapport annuel.
En 2005, la CNDS a ainsi enregistré 108 affaires nouvelles
contre 97 en 2004, mais elle n'a pu en traiter que 68 dans son rapport
annuel contre 82 en 2004 "des difficultés budgétaires
ayant eu pour conséquence de ralentir l'instruction des dossiers",
selon la commission.
La majorité des cas transmis à la CNDS concernent
la police nationale (72), l'administration pénitentiaire
(11) et la gendarmerie (10). Aucun service de sécurité
privé n'a été ciblé cette année.
"Nombre de saisines révèlent de la part des
services de police, particulièrement des officiers de police
judiciaire, une méconnaissance des textes légaux de
la procédure pénale", note la CNDS.
Quarante-quatre cas signalés se sont produits en Ile-de-France.
La Commission dénonce depuis longtemps l'affectation de très
jeunes agents de police dans les quartiers sensibles de la région
capitale où ils ne bénéficient pas d'un encadrement
suffisant.
Parmi les dossiers traités, six ont été transmis
au procureur de la République car ils laissaient présumer
l'existence d'une infraction pénale. Dans 17 dossiers, la
commission n'a relevé aucun manquement à la déontologie.
La CNDS, présidée par l'ancien président de
la Cour de cassation Pierre Truche, peut être saisie par des
parlementaires ou des défenseurs d'enfants sur des cas de
manquements d'agents de sécurité publics ou privés.
Elle n'a aucun pouvoir de sanction et doit se limiter à
faire des observations aux pouvoirs publics, des observations qui
ne sont pas toujours suivies d'effet.
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