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Origine : http://bruno.gouteux.free.fr/textes/Rep-soc-afrique.htm
Le site de Bruno Gouteux, où sont en ligne les textes de
Jean-Paul Gouteux, aujourd'hui décédé :
http://bruno.gouteux.free.fr
Rappel : Psychologie et constructivisme social: A propos de l'idéologie
raciste
I) Idéologies et représentations sociales de l'Afrique
et des Africains
A/Racisme et idéologie coloniale
-L'idéologie coloniale
-Le racisme
B/ Racialisme et développementalisme:
-Le développementaliste
-Le racialisme
II) Transmission des représentations sociales véhiculées
sur l'Afrique et les Africains en France
A/La propagande coloniale
B/La légitimation du passé colonial (révisionnisme
colonial?)
C/L'école et l'enseignement scolaire
D/Les médias
« Si l’on « remplaçait » la population
– à peu près équivalente – du Nigeria
pétrolier par celle du Japon pauvre, ou celle de la république
démocratique du Congo par celle de la France, il n’y
aurait plus guère de souci à se faire pour l’avenir
du « géant de l’Afrique noire » ni de l’ex-Zaïre.
De même, si 6 millions d’Israéliens pouvaient,
par un échange standard démographique, prendre la place
des Tchadiens à peine plus nombreux, le Tibesti fleurirait
et une Mésopotamie africaine naîtrait sur les terres
fertiles entre le Logone et le Chari. »
(...)
Stephen Smith, Négrologie – Pourquoi l’Afrique
meurt
Calmann-Levy, 2003, page 49.
Le livre dont sont extraites ces phrases a reçu le Prix
Essai France Télévision en 2004. Stephen Smith était
alors rédacteur en chef des pages ''Afrique'' du journal
Le Monde.
Rappel : Psychologie et constructivisme social: A propos
de l'idéologie raciste
« Les sciences humaines s'attachent souvent au phénomène
de persistance des valeurs anciennes au sein de structures nouvelles.
C'est précisément une telle situation qui fonde le
racisme moderne: L'idéalisme humanitaire de la révolution
persiste sous l'intensification des mécanismes d'exploitation
(industrialisation, colonisation), créant un conflit que
résout la naissance de l'idéologie raciste. »
(Guillaumin, 2002)
De nombreux Français se déclarent racistes : 48%
d’entre eux se disent « très racistes »
(16%) ou « assez racistes » (32%) selon le rapport présenté
par l’European Monitoring Centre on Racism and Xenophobia
(Racism and xenophobia in Europe, 1997). Un « racisme tranquille
» (Ben Jelloun, 1984) partagé, à la base, par
une importante partie des Français serait ainsi le terreau
des stéréotypes et préjugés négatifs
relatifs aux populations africaines ou à celles, vivant en
France, qui sont originaires de ce continent:
« La montée des partis d'extrême droite dont
l'idéologie prône la glorification de l'endogroupe
prend une telle ampleur que la xénophobie risque à
nouveau d'être banalisée au sein d'institutions politiques
et administratives européennes. » (Bourhis, Gagnon,
Moïse, 1999, pp 197)
Cependant, les chercheurs observent, en Europe comme aux
États-Unis, que le racisme et la xénophobie réussissent
aujourd'hui à se camoufler sous des formes plus subtiles.
En effet, « l'hypothèse de la différenciation
des ''races'', qui seraient fondées sur des différences
organiques réelles, n'est pas recevable et le concept de
''race'' n'a pu jusqu'alors, obtenir aucune légitimation
scientifique » (Vinsonneau, 2002, pp 213). Des concepts comme
le « racisme symbolique » (Mc Conahay, 1986), le «
racisme régressif » (Rogers, Prentice-Dun, 1981) ou
le « racisme aversif » (Davido, Gaertner, 1986) sont
ainsi mis en avant outre atlantique pour faire état d'un
« nouveau racisme » (Barker, 1981), les groupes majoritaires
« dissimuleraient tout simplement leur racisme aux yeux des
autres et le manifesteraient de manière plus subtile qu'autrefois
» (Bourhis, Gagnon, Moïse, 1999, pp 198). En Europe les
termes de « néo-racisme », « racisme évolutionniste
» (Taguieff, 1997) ou de « racialisme » (Blondin,
1995) sont depuis plusieurs années utilisés pour décrire
cette nouvelle forme de racisme ne s'appuyant pas sur une taxonomie
scientifique basée sur la race comme fondement idéologique.
L'infériorité biologique a laissée place à
la différence (et l'infériorité) culturelle
dans la légitimation du discours raciste:
« Désormais, l'argumentation raciste ne se
fonde plus sur la hiérarchie mais sur la ''différence'',
non plus sur les attributs naturels imputés au groupe ''racisé'',
mais à sa culture, sa langue, sa religion, ses traditions,
ses moeurs. » (Wierviorka, 1988, pp 32)
De nombreuses recherches se proposent ainsi d'articuler la notion
d'idéologie avec les rapports intergroupaux (Billig, 1982,
1991). « Willem Doise (...) spécifiant les divers niveaux
d'analyse où se situent les explications de la psychologie
sociale expérimentale, souligne la nécessité
d'un niveau idéologique relevant d'une vision globale de
la société » (Ibanez, 1999, pp 322) et malgré
la notion polémique et polysémique du concept d'idéologie
ancre ce dernier dans le champ de la psychologie sociale. Ainsi,
« l'idéologie raciste » (Guillaumin, 2002), sans
les fondements scientifiques qui lui servirent de base et bien que
globalement moralement réprouvée, continue à
être utilisée dans les rapports humains. La catégorisation
sociale en termes de races existe bien aujourd'hui encore:
« C'est donc sous des formes idéologisées,
voire rationalisées et même spontanées, que
le racisme se maintient. (...) on peut donc affirmer, avec Camilleri
que ''s'il est assurément utile de contester scientifiquement
le concept de race, il ne faut pas s'imaginer qu'en le discréditant
on mettra fin à la démarche raciste. Elle se trouvera
d'autres supports avec une faculté d'adaptation étonnante''.
Il suffit d'observer ce qui se passe avec l'usage de la notion de
culture et de ses dérivés. » (Vinsonneau, 2002,
pp. 216)
Afin de rendre compte de l’image véhiculée
en Occident et plus particulièrement en France sur l’Afrique
subsaharienne et ses populations, il nous faut donc revenir sur
les processus et les mécanismes producteurs des représentations
sociales partagées dans l’hexagone à l’égard
de l’Afrique.
Implications de la prise en compte de la dimension idéologique
dans l'étude des relations intergroupes
-Exigence de ne jamais « décontextualiser » les
phénomènes étudiés et recourir à
une « perspective globale ».
-Exigence de référer systématiquement aux «
contextes socio-historiques » qui constituent leurs conditions
antécédentes et les situer dans les « coordonnées
sociétales » où ils se produisent.
-Exigence « d'interdisciplinarité ». Les connaissances
de type sociologiques et historiques étant interpellées
quand une psychosociologie des phénomènes intergroupes
prend en compte la dimension idéologique.
-Prise en compte des « pratiques langagières »
dans la mesure ou c'est dans et au moyen du langage que les idéologies
se constituent, se maintiennent, se diffusent et produisent leur
effets.
D’après Ibanez Thomas, Idéologie et relations
intergroupes, 1999, pp 338-339.
Dans une démarche qui s'inspire du « constructivisme
social [i] » (Gergen, 1985), nous reviendront donc dans une
première partie sur le racisme et les idéologies (colonialiste,
développementaliste) qui s'en inspirent. Nous tenterons également
de définir la théorie racialiste (ou racialisme) telle
qu'elle est évoquée depuis quelques années
en sciences humaines (Taguieff, 1997). Loin de prétendre
à l'exhaustivité, nous verrons en quoi le concept
de « racialisme » permet de saisir à la fois
certains des mécanismes à la base de la construction
des préjugés et stéréotypes véhiculés
sur l'Afrique et les Africains, mais également comment il
engendre des catégorisations raciales dans une société
ou officiellement la race en tant que classification génétique
ou scientifique (taxonomique) des groupes humains n'est plus utilisée.
Construction et diffusion des représentations sociales
de l'Afrique et des Africains en France
I) Idéologies et représentations sociales
de l'Afrique et des Africains
« Le concept de race a perdu toute valeur opératoire,
et ne peut que figer notre vision d'une réalité sans
cesse mouvante; le mécanisme de transmission de la vie est
tel que chaque individu est unique, que les individus ne peuvent
être hiérarchisés, que la seule richesse est
collective: elle est le fait de la diversité. Tout le reste
est idéologie. » (Jacob, 1981)
Les représentations sociales véhiculées en
France sur l’Afrique subsaharienne et ses habitants sont empruntes
de préjugés et de stéréotypes remontant
à l’époque et l'idéologie coloniale qui
font dire à certains auteurs qu'une véritable «
décolonisation de l’imaginaire » (Pieterse, Parek,
1995) concernant notre rapport au continent africain reste aujourd’hui
nécessaire. Les idéologies vont ainsi articuler les
représentations sociales véhiculées en France
sur l'Afrique. Les représentations ont en effet un double
statut par rapport aux idéologies dont elles sont à
la fois le produit et le contenu. L'idéologie permet en effet
de donner un sens à la réalité, elle est un
ensemble plus ou moins organisé de « représentations
et d'explications du monde et notamment du monde des interactions
sociales où le mobile premier n'est pas d'abord d'ordre vérificateur
» (Deconchy, 1989, pp 237).
« Les idéologies comportent un ensemble, faiblement
systématisé, de principe organisateurs de notre «
vision du monde ». Ces principes sont de simples repères,
plus ou moins flous et parfois contradictoires, à partir
desquels le sujet doit construire activement le sens des réalités
auxquelles il est confronté. » (Ibanez, 1999, pp 333)
L'individu est ainsi confronté à une « pluralité
d'idéologies », chacune étant un « système
de représentations (images, mythes, idées ou concepts
selon le cas) données d'une existence et d'un rôle
historique au sein d'une société » (Althusser,
1965, pp 238-239). Une idéologie est un « système
complexe de représentations, d'explications et d'argumentations,
inévitablement daté, localisé et transitoire,
né de circonstances particulières et de cheminement
historiques singuliers, ainsi que d'urgences économiques,
politiques, et même cognitives diverses » (Deconchy,
1989, pp 246). Les idéologies « instituent des liens
et des rapports logiques entre un ensemble épars de représentations
sociales » qu'elles organisent et structurent (Lipiansky,
1992, pp 60). Lipiansky, reprenant la définition de Moscovici,
rappelle ainsi que la différence entre représentations
et idéologies provient du « caractère englobant
de l'idéologie qui relie plusieurs représentations
en système»:
« Il définit alors les idéologies comme des
systèmes de représentations et des attitudes. S'y
rapportent tous les phénomènes familiers de préjugés
sociaux et raciaux, de stéréotypes de croyances, et
ainsi de suite. Leur trait commun réside dans le fait qu'ils
expriment une représentation sociale qu'individus et groupes
forment pour agir et communiquer. » (Lipiansky, 1992, pp 37)
Ainsi, la prise en compte des représentations sociales véhiculées
sur l'Afrique et les Africains implique que nous revenions sur les
modalités de leur construction en tenant compte des rapports
sociaux et historiques qui lient depuis maintenant plusieurs siècles
la France au continent africain: Nous ne pouvons pas, à cet
égard, faire l'économie d'un rapide retour sur l'idéologie
coloniale et ses récentes mutations.
A) Racisme et idéologie coloniale
« L'idée qui me semble centrale est que le racisme
participe de quelque chose de beaucoup plus universel que l'on veut
bien l'admettre d'habitude. Le racisme est le rejeton, ou un avatar,
particulièrement aigu et exacerbé, je serais même
tenté de dire: une spécification monstrueuse, d'un
trait empiriquement presque universel aux sociétés
humaines. Il s'agit de l'apparente incapacité de se constituer
comme soi sans exclure l'autre et de l'apparente incapacité
d'exclure l'autre sans le dévaloriser et, finalement, le
haïr. » (Castoriadis, 1990, pp 29)
Empruntes d’un racisme ayant pour but de justifier et légitimer
la colonisation européenne, les représentations sociales
véhiculées en France sur les Africains vont initialement
se bâtir autour des doctrines racistes de Gobineau, Vacher
de la Pouge ou Le Bon (Taguieff, 1998). Comme le rappellent Ladmiral
et Lipiansky, « si par exemple les Britanniques définissaient
les Indiens en termes d’infériorité, ce n’est
pas parce que cette image stéréotypée traduisait
la réalité, mais parce que l’imposition de cette
image, en entérinant les rapports de force existants, garantissait
le bien fondé de la colonisation » (Ladmiral, Lipiansky,
1989).
- L'idéologie coloniale:
« Entre 1880 et 1910, la course à l'Afrique, la compétition
entre États européens pour s'emparer de territoires
en Afrique » (Pieterse, 2003) est attisé par des considérations
stratégiques (notamment le contrôle des routes maritimes
ouvertes vers l'Inde) et économiques (l'Europe connaît
alors une conjoncture défavorable). Ainsi, « dès
1895, la mission civilisatrice devient l'idéologie officielle
de l'empire colonial français » (Vergès, 2003,
pp 194) en même temps qu'elle participe de l'élaboration
de l'identité nationale française. La France s'installe
dans l'entreprise coloniale en même temps que dans la troisième
République naissante: S'ébauchent alors « les
fondements de ce qui va constituer un culture coloniale à
la française» (Blanchard, Lemaire, 2003, pp 7). L'idéologie
coloniale se place sous le signe de la civilisation et du progrès:
« La nation, issue de la Révolution française,
apporte la liberté et non l'oppression, la développement
et non l'aliénation aux peuples qu'elle ''libère''
» (Blanchard, Lemaire, 2003, pp 5). L'un des credo de l'idéologie
coloniale est « ''l'élévation'' des colonisés
aux lumières de la civilisation européenne »:
« Par paliers et seuils successifs se dessine ainsi une représentation
de l'Africain, qui le fait passer de la sauvagerie au statut d'indigène
éducable, potentiellement assimilable, maintenant une hiérarchie
d'ordre civilisationnelle et raciale avec le colonisateur, mais
établissant aussi une multitude d'effets de proximité
qui incluent désormais l'indigène, de plein droit,
dans la Plus Grande France. » (Bancel, Blanchard, 2003, pp
151)
L'idéologie coloniale implique « l'invention de l'indigène
type » (Bancel, Blanchard, 2003, pp 160) et la métamorphose
de la figure de l'esclave (« bien mobilier » selon le
Code Noir) en celle de l'indigène, « sauvage à
civiliser » dont le statut est régi par le Code de
l'Indigénat dès 1887[ii] . Comme le rappelle les deux
auteurs précédemment cités, cette image devient
alors centrale dans l'imaginaire collectif, elle « demeure
à la fois une des pièces majeures de l'architecture
idéologique du colonialisme ''à la française''
et un élément structurant de la culture coloniale
». Ainsi, pour Albert Memmi (2002, pp. 89) « le racisme
résume et symbolise la relation qui unit colonialiste et
colonisé ». Le racisme est en effet consubstantiel
à toute entreprise coloniale. L'« Autre-objet »
caractéristique de la logique esclavagiste et de la Traite
négrière se transforme dans l'idéologie coloniale
en « Autre-producteur-d'objets » ce qui implique qu'à
« la représentation de l'Autre objet ou animal succède
la représentation de l'Autre dépendant et de statut
inférieur, que l'on comparera à l'enfant » (Licata
et Klein, 2005, pp. 253)
- Le racisme:
« Les grands stocks raciaux: Les indigènes actuels
d'Afrique dérivent de quelques grands stocks ou souches:
Négrilles et Bochimans, Négritiens, Nilotiques et
Bantous, Ethiopiens et Hamites, Bruns ou Méditerranéens.
Il est souvent difficile de déterminer à quelle race
ils appartiennent car on les classe tantôt d'après
leur langue, tantôt d'après leur culture, si bien qu'un
même mot peut avoir des acceptions différentes. »
(Julien C-A., Histoire de l'Afrique, PUF, 1944, pp 17)
Le racisme, « biologisation de la pensée sociale encore
inconnue au 18e siècle » (Guillaumin, 2002) va donc
être la base de l'idéologie et de la propagande coloniale
autour de l'Empire français (Bancel, Blanchard, Gerveau,
1993). La propagande coloniale s'appuiera sur la validation du racisme
par le discours scientifique: Elle aura pour socle les théories
ethnoraciales de Montandon et de la revue l’Ethnie Française
(Jarnot, 2000), les thèses sociobiologiques (Wilson, 1979)
ou encore les travaux des psychologues mettant en avant les théories
« primitivistes » autour notamment de l’école
psychiatrique d’Alger (McCulloch, 1995 ; Clervoy, Corcos,
2005).
« Le racisme scientifique propose, sous diverses variantes,
une prétendue démonstration du fait qu'il existe des
''races'' dont les caractéristiques biologiques ou physiques
correspondraient à des capacités psychologiques et
intellectuelles, à la fois collectives et valables pour chaque
individu. » (Wierviorka, 1998, pp 21)
Jahoda (2005, pp 54) rappelle, pour illustrer la validation du
racisme par les scientifiques, qu'en « 1919, le physiologiste
français Charles Richet, titulaire du prix Nobel, reliait
les Noirs physiquement aux primates, et intellectuellement aux enfants
et aux imbéciles ». Gobineau, savant reconnu du XIXeme
siècle dont les théories ont exercées une influence
majeure dans la constitution de l'idéologie raciste, postulait
que « les ''races'' avaient des caractéristiques propres,
de sorte que les membres de la ''race noire'' étaient tenus
pour avoir une intelligence inférieure, de fortes propensions
animales et un manque de moralité. A l'opposé les
''races blanches'' étaient censées être dotées
d'une intelligence supérieure, de propensions animales moins
prononcées et d'une moralité hautement cultivée
» (Joffe, 2005, pp 97). Cependant, ce racisme « scientifique
» sur lequel repose l'idéologie coloniale ne va pas
survivre, du moins de manière consensuelle et explicite,
à la décolonisation ni au nazisme. Le racisme classique
va donc, autour des années 1950 ou 1960, se muer en un «
racisme culturel [qui] domine le présent » (Wierviorka,
1998, pp 36). A l'idéologie raciste, « scientifico-biologique
» va donc se substituer un racisme différentialiste
ou racialisme enfermant les individus ou les groupes humains dans
des cultures/ethnies stables et non ouvertes, naturelles: Cette
réification de la culture et de l'appartenance ethnique revêt
donc un sens biologique. Le racialisme se présente ainsi
comme une racialisation de la pensée sociale.
B) Racialisme et développementalisme:
« Or, si la réalité de la ''race'' n'est en
effet pas bio-naturelle, n'est en effet pas psychologique (quelque
tendance innée de l'esprit humain à désigner
en l'autre un être de nature...), elle est cependant. (...)
Non, la race n'existe pas. Si, la race existe. Non, certes, elle
n'est pas ce qu'on dit qu'elle est, mais elle est néanmoins
la plus tangible, réelle, brutale, des réalités.
» (Guillaumin, 1992, page 216-217)
Si aujourd’hui certains parlent encore « d’ethnisme
scientifique de tradition coloniale » (Chrétien, 1997)
pour qualifier le traitement médiatique réservé
en France à l’Afrique, on peut néanmoins constater
que si ces représentations sociales teintées de racisme
concernant l’Afrique et des Africains ont persisté
dans l’imaginaire français, elles se sont toutefois
légèrement transformées. La légitimité
de l'ordre colonial, parfaitement intériorisée, «
se mesure encore actuellement à travers les mêmes images,
les mêmes discours tenus sur des pays ''du tiers-monde'' ou
''en voie de développement'' ou ''moins avancés''
» (Lemaire, 2003, pp 147). Toutefois, le racisme sur lequel
reposait le système colonial a laissé place à
un « néo-racisme culturaliste » (Taguieff, 1988),
le discours raciste s’étant « débiologisé
» (Sanchez-Mazas, 2005, pp 79).
« The dominant representations of the world today assume
that ‘colonial situations’ ceased to exist after the
demise of ‘colonial administration’ 50 years ago. This
mythology about the so-called ‘decolonization of the world’
obscures the continuities between the colonial/racial hierarchies
and contributes to the invisibility of ‘coloniality’
today. » (Grosfoguel, 2004, p.320)
Les oppositions entre civilisation et barbarie, dynamique/progrès
et immobilisme représentent encore autant d’éléments
constitutifs des stéréotypes et préjugés
qui structurent aujourd’hui les rapports entre la France et
plus globalement l'occident, d’un côté, et le
monde « sous-développé » et notamment
l’Afrique de l’autre. Le discours raciste, qui en appelle
directement à la race et au gène laisse donc la place
dans les explications racialistes à la « mentalité
», « l’irrationalité », à
la culture pour invoquer l’infériorité de l’Autre.
Alors que le racisme était la justification des conquêtes,
des guerres et des massacres coloniaux (Benot, 1994), le racialisme
est le paradigme servant d’explication à la domination
occidentale et de justification théorique aux inégalités
Nord/Sud de la période postcoloniale[iii] . En outre, il offre
aux anciens empires coloniaux l'avantage de ne pas s'interroger
sur le « coloniality of power » décrit par Quijano
(2000).
« (...) le racisme évolutionniste est compatible spe´culativement
avec l’universalisme abstrait (qu’il soit d’origine
chrétienne, ou de type rationaliste, d'héritage cartésien.).
D’autre part, il permet de justifier la domination, l’exploitation
et l'infériorisation d’une population jusqu’a`
nouvel ordre anthropologique, jusqu’a` ce que «les intérieurs
rattrapent les supérieurs». C’est le sophisme
du perpétuel «retard», fonde´ sur une conviction
première: les retardataires ne rattraperont jamais les plus
rapides sur la voie du progrès` évolutif. Ce paradigme,
qui est celui de la religion du Progrès`s, permet de remettre
éternellement a` plus tard les lendemains meilleurs. »
(Taguieff, 1997)
- Le développementaliste:
Le 20 janvier 1949, dans son discours sur l'Etat de l'Union, devant
le Congrès, le président Truman fait naître
le concept charnière rarement remis en question depuis lors
et qui engloutit l’infinie diversité des modes de vie
de l’hémisphère Sud dans une seule et unique
catégorie : « sous-développée »
(Sachs, Esteva, 2003, pp.14). Pour la première fois surgit
une nouvelle conception du monde selon laquelle tous les peuples
de la terre doivent suivre la même voie et aspirer à
un but unique : le développement. Dorénavant, le degré
de civilisation d'un pays se mesure à son niveau de production
et « (...) l'impératif du développement de Truman
permet au schéma universel développé/sous-développé
de devenir le credo téléologique de l'Histoire »
(Sachs, Esteva, 2003, pp 18). Selon Henry Kissinger[iv] , au départ
simple rhétorique de politique étrangère «
lancée par Harry Truman en 1949 pour permettre aux Etats-Unis
de s'emparer des marchés des ex-empires coloniaux européens
et éviter aux nouveaux Etats indépendants de tomber
dans l'orbite soviétique » (Latouche, 2004), le développementalisme
va être destiné à une belle carrière.
Formalisée quelques années plus tard sous les canons
traditionnels de la scientificité économique par Nurkse
et sa théorie du « Cercle vicieux » (Nurkse,
1953), l'idéologie développementaliste repose sur
l'axiome principal suivant:
« L’Occident aurait la capacité exclusive et
la responsabilité de conduire au développement les
pays sous-développés » (Boudon, 1986, pp 247).
La théorie de Nurkse a été largement avalisée
par la communauté internationale, sans doute parce qu'elle
avançait les mêmes conclusions que beaucoup d'autres
théories formulées à l'époque («
le développement ne pouvant se produire de manière
endogène, il faut qu'il soit induit par l'aide extérieure
ou par l'injection de capitaux étrangers »). Ces théories
étaient par ailleurs jugées utiles aussi bien pour
les politiques postcoloniales étasunienne et européennes
que pour les dirigeants des pays accédant fraîchement
aux indépendances, le développement devenant «
le fondement cognitif de la construction de l'Etat dans le tiers
monde » (Sachs, Esteva, 2003, pp 20). Ainsi, les élites
nationales africaines formées en Occident parvenues à
la tête des états formellement indépendants
reprenaient à leur compte une structure idéologique
« restée au sein d'un système prédéterminé
d'analyse intellectuelle eurocentrique de l'homme et de la société,
et [qui] s'est efforcée de redéfinir l'Afrique et
sa société en fonction de ces termes venus de l'extérieur
» (Wole Soyinka cité par Saïd, 2000, pp 325)
- Le racialisme:
« En dissociant complètement dans nos esprits la réalité
du développement et celle du sous-développement, comme
si ces deux réalités n'étaient pas le produit
l'une de l'autre, nous parvenons à nous faire croire que
Nous sommes les seuls auteurs de notre richesse, tout comme les
Autres seraient les seuls responsables de leur pauvreté.
Nous dissimulons la croyance inexprimée en une infériorité
raciale attribuée comme seul dénominateur commun à
toutes ces Autres cultures. Il est toujours facile de confondre
notre supériorité sociale, c'est-à-dire notre
position privilégiée dans la société
planétaire, avec une supériorité naturelle
qui aurait pu en être la source. » (Blondin, 2003)
Le racialisme, tel que le présente D. Blondin, repose sur
le consensus social actuel qui permet « d’utiliser et
de transmettre inconsciemment une vision du monde raciste dans une
société officiellement antiraciste, en mettant en
scène une série de contradictions systématiques
qui conduisent à l’unique conclusion possible, soit
celle, informulée, d’une différence de nature
entre ces deux humanités et une supériorité
naturelle de l’une sur l’autre » (Blondin, 1995).
Selon Blondin, le racialisme est la composante théorique,
à vocation explicative, de l'idéologie raciste. Le
racisme, en tant qu'idéologie, ne se réduit pas selon
lui à l'énoncé explicité d'une doctrine:
« Il est constitué de deux trames imbriquées,
l'une à partir d'une série d'axiomes qui servent à
structurer et à expliquer le domaine considéré,
l'autre développant des axiomes qui servent à assigner
des valeurs aux catégories ainsi produites. »
« Toute idéologie serait donc une sorte de mariage
entre une théorie et une doctrine: si la doctrine se contente
en principe de prescrire ce qu'on doit faire sans fournir beaucoup
d'explications, et si la théorie prétend plutôt
expliquer sans décréter de règles morales,
l'idéologie fonctionne justement en fusionnant ces deux dimensions
et en maintenant un maximum d'ambiguïté entre ces deux
statuts (...) l'idéologie pourrait séparer l'élément
doctrinal, sujet à censure, et laisser la composante théorique
jouer son rôle explicatif en toute impunité. »
(Blondin, 1990, pp 15)
Depuis la seconde moitié du siècle dernier la réalité
scientifique de la race et les catégories raciales qui en
découlent sont régulièrement dénoncées,
notamment par Jacques Ruffié, André Langaney, Albert
Jacquard ou Marcel Blanc, pour ne citer que les plus connus des
biologistes et généticiens français. Les textes
diffusés par l'UNESCO affirment également depuis 1950
l'unité du genre humain (UNESCO, 1998). Néanmoins
les caractéristiques anthropologiques s'érigent aujourd'hui
encore en construction socioculturelle et fondent la perception
des différences. « (...) la racialisation de certains
traits s'opère sélectivement. Des attributs spécifiques
deviennent des indices ''raciaux'' et servent la catégorisation
sociale (couleur de la peau, texture et couleur des cheveux, ossature...)
jusqu'à fonder des ''théories raciales''» (Vinsonneau,
2002, pp. 213).
Le nouveau « paradigme raciologique » tel que le définit
Anselme « reprend des concepts apparentés comme ceux
de la race, de la nation, de l'ethnie et, en les dotant d'une fermeture,
leur donne une vigueur accrue qui leur confère la qualité
de substance. Dès lors que ces substances ont été
constituées, il est nécessaire de les relier entre
elles, ce qui pose d'emblée deux types de problèmes,
celui du comparatisme d'une part et celui des systèmes d'opposition,
d'autre part » (Anselme, 2002, pp 91). Ainsi, le « néo-racisme
» ou « racialisme » , en mettant en avant le «
culturalisme » essentialise, « absolutise », clôture
les différences entre groupes humains (Taguieff, 1988) et
permet de maintenir une hiérarchisation entre ces derniers:
« La culture a purement et simplement remplacé la race
» (Sanchez-Mazas, 2005, pp 138):
« (...) les travaux de science politique et de psychologie
sociale (...) viennent-ils souligner de façon tranchée
le passage du racisme classique, scientifique, à un racisme
'nouveau'', ''culturel'', ''différentialiste'', ''symbolique''.
Un ''néo-racisme'' dit-on aussi parfois, qui semble écarter
le principe de hiérarchie biologique au profit de celui de
diversité culturelle. » (Wierviorka, 1998, pp 33)
L'Autre est alors « surinvesti par une représentation
de sa culture », présentée comme avant tout
« différente »:
« La différence culturelle[v] est évoquée
dans ce concept nouveau de ''racisme différentialiste'' (...),
nouvelle forme de racisme rompant avec la biologie et l'idée
de ''race''. » (Sanchez-Mazas, 2005, pp 138)
Si, nous l'avons vu, le racisme scientifique est consubstantiel
à toute entreprise coloniale, le racialisme, en tant que
pôle explicatif d'un racisme « débiologisé
» est inhérent à l'idéologie développementaliste.
On assiste avec le racialisme à la naissance d'un «
diffe´rentialisme qui a récupéré certains
thèmes du relativisme culturel, et une vision évolutionniste
de l’ine´galite´ et du progrès des «races»
et des «civilisations» (expressions mutuellement substitutives).
» (Taguieff, 1997, pp. 95). Le racialisme repose en effet
sur deux axiomes ou doxèmes[vi] majeurs:
- Le « différentialisme »: Ce nouveau discours
raciste qu'est le racialisme se légitime moins par l'invocation
de l'inégalité des races que par l'idée de
« l'irréductibilité et de l'incompatibilité
de certaines spécificités culturelles, nationales,
religieuses, ethniques ou autres » (Wierviorka, 1998, pp 33).
La culture de l'Autre est essentialisée, naturalisée,
tout comme le sont les différences culturelles.
- L'« évolutionnisme civilisationnel ou culturel»:
S'il n'y a pas de races ni donc de hiérarchie raciale comme
l'affirme l'idéologie raciste, certains groupes humains sont
néanmoins supérieurs à d'autres. La comparaison
entre ces différents groupes s'établit en fonction
de leur niveau de développement (industriel, culturel, civilisationnel,
...) et principalement, dans la logique développementaliste,
de leur niveau de production.
Ainsi, on distingue aujourd'hui les différents groupes humains
en fonction d'un axe Nord/Sud regroupant différentes nations,
les « pays du Sud » (inférieurs sur l'échelle
du développement) étant, pour la quasi totalité
d'entre eux, des pays anciennement colonisés. Ces deniers
sont regroupés sous diverses appellations: « pays du
sud », « P.V.D, pays en voix de développement
», « P.M.A, pays les moins avancés », «
pays pauvres », etc... On retrouve dans le développementaliste
et le racialisme qui le sous-tend les fondements de l'idéologie
coloniale, à savoir « la légitimation du système
par référence aux niveau différentiels de développement
et par une attribution d'un stéréotype d'incompétence
au colonisé » (Licata, Klein, 2005, pp 274) ou, dans
le cas présent, aux populations des pays en « voix
de développement ».
Malgré la mise en péril du modèle développementaliste,
notamment par ses désastreux échecs au cours du siècle
dernier, ce que certains qualifient de « mythe du développement
» (Rist, 1996) continue aujourd'hui d'être « l'orthodoxie
majoritaire» (Deconchy, 1984), diverses stratégies
de « sauvegarde idéologique » ayant été
mises en place:
« Pour tenter de conjurer les effets négatifs de l'entreprise
développementaliste, on est entré dans l'ère
des développements à particule. On a vu surgir des
développements autocentrés, endogènes, participatifs,
communautaires, intégrés, authentiques, autonomes
et populaires, équitables, durables... sans parler du développement
local, du microdéveloppement, de l'endodéveloppement
et même de l'ethno-développement! » (Latouche,
2003, pp 13-14)
Notons qu'on peut percevoir là une « contestation
interne » de l'orthodoxie idéologique bâtie autour
du développement, contestation interne qui comme le rappelle
Deconchy joue un rôle essentiel dans la perpétuation
du système dans la mesure où « elle joue dans
l'ordre même du champ socio-cognitif que ce système
a mis en place » (Deconchy, 1989, pp 36).
De nombreux stéréotypes et préjugés
actuels concernant l'Afrique et ses habitants vont donc se construire
au cours du siècle dernier et avoir pour justification l'idéologie
et la propagande coloniale ainsi que l'idéologie développementaliste
qui leur a succédé. Nous verrons que les stéréotypes
et les préjugés véhiculés sur l'Afrique
sont entretenus par certaines carences de l'enseignement scolaire
concernant l'histoire de ce continent et de la colonisation. La
diffusion d’une image négative et réductrice
de l’Afrique et des Africains est cependant également
produite par le fonctionnement même de l’appareil médiatique
(Mezzana, 2003) et par le poids des médias dans la construction
sociale des représentations véhiculées en Occidents
sur l’Afrique.
II) Transmission des représentations sociales véhiculées
sur l'Afrique et les Africains en France
A) La propagande coloniale:
« Depuis les années 1880, les constructeurs de la
France impériale ont cherché à enrôler
et à acquérir le soutien des français, tout
d'abord de l'élite puis du plus grand nombre. Leurs discours
de propagande a revêtu différents atours, et plusieurs
thèmes furent invoqués, destinés à vendre
la France coloniale. (...) Il s'agissait en somme de nationaliser
l'idée coloniale. » (Lemaire, 2003, pp 138)
On constate avec Pieterse (2003) que « la culture populaire
occidentale a toutefois en grande partie suivi le modèle
de la propagande coloniale. » En effet, « durant la
dernière décennie du XIXeme siècle, l'impérialisme
devint pour la première fois dans les pays occidentaux une
cause populaire », en grande partie sous l'effet d'une propagande
imprégnée de nationalisme et de patriotisme mettant
en avant la « solidarité nationale et raciale [vii] »
(Pietrese, 2003). L'Office Colonial[viii] , destiné à
« vendre » la « France coloniale » aux citoyens
est réorganisé et constitué en Agence Nationale
des Colonies en 1919. L'année suivante, le Ministre de Colonies,
Albert Sarraut réclame la mise en place d'un outil de propagande
moderne et plus efficace:
« Il est absolument indispensable qu'une propagande méthodique,
sérieuse, constante, par la parole et par l'image, le journal,
la conférence, le film, l'exposition, puise agir dans notre
pays sur l'adulte et sur l'enfant (...). » (Intervention au
Sénat d'Albert Sarraut, Annales du Sénat, séance
du 27 février 1920. Cité par Lemaire, 2003, pp 138)
La propagande coloniale, qui restera très active jusque
dans les années 1960 (Blanchard, Bancel, 1998), est ainsi
relayée par de nombreux journaux (France d’Outre-mer,
Dakar AOF, AOF Magazine, Togo Cameroun, …), par des cartes
postales[ix] (Boëtsch, 2000) et la caricature (Ralph, 2004),
les manuels scolaires et la publicité (Y’a bon Banania
!). Elle sera également diffusée par la bande dessinée
(Tintin et Milou au Congo, Mickey l’Africain,…), le
cinéma (El Ftouh, 1995) et les films d’actualité
(Pascal Blanchard, Eric Deroo, 2005) ainsi que par la littérature
(Moura, 1992).
« Le principal alibi de l'agression européenne était
la barbarie et le prétexte récurrent se référait
aux sacrifices humains. Les campagnes coloniales étaient
souvent précédées ou accompagnées d'articles
dans la presse illustrée qui s'occupaient en détail
des sacrifices humains.» (Pieterse, 2003)
Toutefois, ce sont incontestablement les grandes expositions coloniales
qui renforcèrent le mieux la distance entretenue entre les
Français civilisés et les Africains, « Autres
» exotiques, « sauvages » mis en scène
par les promoteurs de ces véritables spectacles « zoologiques
», ces « zoos humains [x] » pour reprendre l'expression
de Bancel, Blanchard, Boetsch et Deroo, (2004). « Ces exhibitions
ethnologiques vulgarisaient donc l’axiome de l’inégalité
des races humaines et justifiaient en partie la domination associée
à la colonisation » (Lemaire, Blanchard, 2003) tout
en ancrant dans les mentalités l'opposition entre barbarie
et civilisation.
« (…) l’image de l’Empire est alors composée
de toutes les représentations factices, reproductions supposées
de la vie quotidienne de l’Autre ayant toutes pour objet la
légitimation de la conquête coloniale en présentant
le colonisé comme absolument Autre et inférieur sur
l’échelle de la civilisation et du progrès.
Ancrée dans les esprits, cette assurance de la supériorité
de la civilisation européenne en général, et
française en particulier, devient de plus en plus visible.
» (Lemaire, Blanchard, 2003)
Ces expositions, dont la plus visitée, la Grande Exposition
Coloniale Internationale de Paris, qui accueillit en 1931 près
de 30 millions de visiteurs, illustrèrent et mirent en scène
le concept du « destin civilisateur » ou « mission
civilisatrice » de la France. Elles étaient des «
allégories de l'hégémonie européenne
et des démonstrations de suprématie raciale dans lesquelles
l'impérialisme semblait s'être transformé en
''histoire naturelle'' » (Pieterse, 2003 citant Goldmann,
1987). Popularisant dans l’esprit des nombreux visiteurs l’idée
de race humaine établie par les savants de l’époque
(Gutwirth, Smith, 1988), ces exhibitions « anthropologico-zoologiques
» (Pieterse, 2003) participèrent à la construction
sociale des représentations du colonisé et de l’Africain
qui gardent, aujourd'hui encore, une certaine validité dans
l'imaginaire national (Patez, 1998). La propagande coloniale diffusée
tout au long du XXème siècle à « d'ailleurs
laissé des traces, visibles encore aujourd'hui quarante ans
après les indépendances»:
« Car cette propagande coloniale était rationnelle,
basée exclusivement sur des faits, des statistiques, des
notions économiques qu'elle transformait en arguments, en
les déformant pour mieux démontrer la supériorité
du système métropolitain, et ainsi réclamer
l'adhésion de tous derrière son discours de supériorité
de la civilisation sur la 'barbarie', du progrès sur l'archaïsme,
du colonisateur sur le colonisé, de la 'race blanche' sur
'l'indigène'. » (Lemaire, 2003, pp 146)
Sandrine Lemaire rappelle que le « mythe de la colonisation
civilisatrice » continue à « abuser » une
partie des Français. On assiste ainsi depuis quelques années
[xi] à une relégitimation du passé colonial.
B) La légitimation du passé colonial (révisionnisme
colonial?):
« (...) ces deux dernières décennies, des périodes
dites sombres de l'histoire des démocraties occidentales,
telles que le régime de Vichy et la guerre d'Algérie
en France, (...), on refait surface dans la sphère publique
et ont fait l'objet d'âpres débats. » (Licata,
Klein, 2005)
La protection de l'identité sociale, telle que décrite
par Licata et Klein (2005, pp 272-273), peut donc « impliquer
la légitimation du passé de l'endogroupe à
travers la mise en altérité des membres d'exogroupes
anciennement colonisés ». Il serait cependant illusoire
de croire que la « nostalgie de l'Empire » ne s'exprime
que dans les vitupérations de vieux coloniaux se recueillant
devant les monuments bâtis en hommage à l'O.A.S ou
dans les élucubrations de racistes convaincus. On assiste
en France dans le discours médiatique et politique, mais
également dans les textes de loi, à une volonté
de légitimation de la colonisation française de l'Afrique
et, pour des raisons historiques, plus particulièrement de
l'Afrique du Nord:
"Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le
rôle positif de la présence française outre-mer,
notamment en Afrique du Nord*, et accordent à l’histoire
et aux sacrifices des combattants de l’armée française
issus de ces territoires la place éminente à laquelle
ils ont droit." Loi du 23 février 2005, article 4, alinéa
2. (*: souligné par moi)
Le 11 novembre 1996, Jacques Chirac, lors de l'inauguration d'un
monument « à la mémoire des victimes civiles
et militaires tombées en Afrique du Nord » insistait
sur « l'importance et la richesse de l'oeuvre que la France
a accomplie là-bas et dont elle doit être fière
»: La loi du 23 février 2005 n'est donc pas «
une loi isolée et sans attaches, mais bien la partie visible
d'un mouvement plus vaste et plus profond, qui va bien au delà
de la petite minorité vieillissante des nostalgiques antigaullistes
de ''l'Algérie française'' » (Blanchard, Bancel,Lemaire,
2005, pp 18). Claude Liauzu constate en effet « qu'il y a
un mouvement évident de réhabilitation du colonialisme.
Dès son arrivée au gouvernement, Jean-Pierre Raffarin
a créé la Mission interministérielle aux rapatriés
(MIR). Cette MIR a commandé à Michel Diefenbacher
un rapport dont le titre est éloquent : ''Parachever l'effort
de solidarité nationale envers les rapatriés. Promouvoir
l'oeuvre collective de la France outre-mer'' » (Coroller,
2005). En France et en Angleterre [xii] , les deux plus grandes
puissances coloniales du siècle dernier, les zélateurs
de la colonisation, voire les défenseurs d'une « recolonisation
de l'Afrique » (Seumas, 2005), seule chance selon ces derniers
de voir ce continent sortir de la misère, trouvent aujourd'hui
des tribunes où diffuser leurs thèses en dehors des
médias traditionnellement ultraconservateurs ou d'extrême
droite. Rappelons cependant avec Blanchard, Bancel et Lemaire (2005,
pp 18) « qu'en réduisant la période coloniale
à un ''bon temps'', en oubliant la complexité de la
colonisation, mais aussi ses inégalité structurelles,
ses violences et ses crimes, on ne fait pas simplement oeuvre de
reconnaissance de l'action des colons, on propose, ni plus ni moins,
une vision fausse de l'histoire et, osons le dire, un révisionnisme
colonial ». La mythification de la période coloniale
serait néanmoins impossible si n'étaient pas passés
sous silence, notamment dans l'enseignement de l'Histoire, les atrocités
et les massacres (Benot, 1994; Morel, 2001; Le Cour Grandmaison,
2005) nécessaires à la mise au pas des populations
colonisées.
C) L'école et l'enseignement scolaire
« La surprise face à la résurgence de stéréotypes
que l'on croyait disparus est plus le signe d'un refus de comprendre
à quel point ils font partie de la culture que celui d'une
réelle incompréhension. C'est bien parce que l'école
ne parle pas des crimes coloniaux commis au nom de la République
que les jeunes filles et les jeunes gens sont aujourd'hui sincèrement
choqués d'entendre des discours racistes. » (Vergès,
2003, pp 194)
Selon une étude récente menée dans la région
toulousaine, la connaissance de l'histoire coloniale en France est
très faible. Il y a un véritable « tabou »
autour de cette période (Bancel, Blanchard, Lemaire, 2005,
pp 274-277): Les interviewés toulousains de cette étude
s'accordent en effet à dire que « l'histoire coloniale
est un tabou qui commence à peine à être levé
». Malgré une attente très forte de l'enseignement
de l'histoire coloniale perçue chez les interviewés,
les auteurs notent que « l'institution scolaire joue un rôle
primordial dans la médiocre transmission des savoirs sur
l'histoire coloniale » (pp 273), moins de la moitié
des interviewés se souvenant avoir suivi un enseignement
sur ces questions[xiii] .
« (...) la déficience de mémoire s'explique
largement par la faiblesse de l'enseignement sur la colonisation,
qui reste très marginal dans le cursus scolaire. Cette partie
est aujourd'hui étudiée au lycée dans les chapitres
généraux sur ''l'Europe et le monde dominé:
échanges, colonisations et confrontations'' ainsi que ''Le
tiers monde: indépendances, contestation de l'ordre mondial,
diversification''. (...) De ce fait, l'approche des manuels scolaires
est souvent parcellaire, essentiellement consacrée à
l'action de la France dans les colonies (reprenant parfois quelques
slogans de la ''mission civilisatrice''); et que pour ce qui concerne
les décolonisations européennes, elles sont traitées
thématiquement avec une seule étude de cas, consacrée
à... la guerre d'Algérie. » (Blanchard, Bancel,
Lemaire, 2005, pp 274)
Les manuels scolaires et l'école ont, comme le rappelle
Belhandouz (1981), longtemps été les véhicules
de transmission de l'idéologie et de la domination coloniale.
De surcroît, Blondin, dans une analyse des manuels scolaires[xiv] ,
note que ces derniers permettent de transmettre une idéologie
où la race est le premier principe explicatif: Le système
de représentation de l'humanité que véhiculent
les manuels scolaires « conduit logiquement à une affirmation
de la supériorité occidentale (ou blanche), et seule
la morale antiraciste en interdit la formulation. L'Histoire, c'est
NOUS, et les AUTRES sont de la géographie (...) aux individus
occidentaux, doués d'un esprit libre, rationnel et créatif,
s'opposent des collectivités AUTRES, régies par des
mentalités irrationnelles et soumises aux déterminants
climatiques » (Blondin, 1990, pp 14). L'étude menée
à Toulouse par Blanchard, Bancel et Lemaire (2005, pp 103)
revient sur le fait « qu'on ne trouve rien, ou presque, dans
les programmes scolaires qui évoque l'existence d'Empires,
de civilisations autres qu'occidentales; souvent, l'histoire commence
avec l'arrivée des Européens. La perception d'une
fracture entre deux mondes radicalement différents ne peut
que s'accroître lorsque ces territoires ''dénués''
d'histoires ne sont étudiés qu'en géographie,
comme des ensembles régionaux ''courant'' après le
développement. »
« (...) les élèves sont toujours nourris d'images
qui célèbrent, même si elles ne la nomment pas,
la ''mission civilisatrice'' de l'''ex-métropole'', ignorant
presque tout des profits retirés de la domination, n'ayant
jamais eu l'occasion d'analyser le système colonial dans
ses manifestations concrètes subies par les colonisés:
régime d'exception, racisme, Code de l'indigénat,
différence de statut au sein de la République, injustices
de toutes sortes, inégalités économiques, sociales,
politiques, culturelles; ou encore les intérêts et
les compromissions retirées par les colonisés eux-mêmes.
Dès lors, ces élèves ne sont pas à même
de comprendre pour quelles raisons, sinon leur ''fanatisme'' ou
leur ''ingratitude'', les colonisés se sont révoltés,
ni pourquoi la France s'est opposée violemment à leur
''émancipation'', comme le disent pudiquement quelques rares
manuels. » (Lemaire, 2005, pp 100)
Ces discours et ces images tronqués que transmettent les
programmes scolaires sont le produit de la culture française
et sont intégrés à la mémoire collective
des Français. « Cela contribue à entretenir
le terrain fertile de la dévalorisation de l'autre: connaissant
mal les autres cultures, l'élève, puis le futur adulte
ne peut les aborder que par des généralisations superficielles
et des stéréotypes » (Lemaire, 2005, pp 103).
Cependant, si l'école continue de maintenir un « racisme
symbolique » qui, comme le notent de nombreux travaux sociologiques
divise « la population afin de maintenir et de justifier la
domination d’un groupe par un autre, et de nier au groupe
disqualifie´ l’accès` au capital symbolique et
aux ressources mate´rielles ne´cessaires pour transformer
sa situation d’exclusion » (Franchi, 2002, pp 26), Franchi
rappelle qu'aujourd’hui « l’école n’est
pas uniquement le lieu ou` se mettent en sce`ne les ine´galite´s
et la discrimination sociales, mais contribue elle-me^me a` la production
des ine´galite´s et a` la reproduction de discriminations
: a` travers la se´gre´gation scolaire et la fabrication
des classes, l’ethnicisation des pratiques d’orientation
et de prise en charge des difficulte´s scolaires et disciplinaires
des e´le`ves, l’ethnicisation des relations entre e´cole
et familles, l’ethnicisation des rapports sociaux au sein
de l’e´cole et l’ethnicisation de la violence
a` l’e´cole» (idem, pp 27). Une continuité
des représentations et de préjugés relatifs
aux peuples anciennement colonisés semble être assurée
par le contenu des enseignements scolaires autour de l'histoire
coloniale autant que par le fonctionnement de l'institution scolaire
elle même. Elle se perpétue également par le
biais des médias.
D)Les médias:
« Certaines représentations se diffusent davantage
que d'autres, non seulement dans certaines cultures, mais également
sur la scène mondiale. On impose le silence à certaines
voix, alors que d'autres sont plus prononcées. » (Joffe,
2005, pp 114)
Les quatre principales agences de presse internationale, toutes
occidentales (Reuters, Agence France Presse, United Press International
et The Associated Press[xv] ), fournissent la très grandes
majorités des nouvelles qui affluent dans les salles de presse
du monde entier: Les médias occidentaux ont donc un certain
monopole dans la fabrique et le traitement de l'information, du
moins pour ce qui concerne l'information internationale.
De nombreuses études sur les pratiques et les routines professionnelles
des opérateurs de l'information menées depuis la fin
des années 1990 ont identifiés plusieurs mécanismes
récurrents dans la présentation faite par les médias
occidentaux du continent africain. Parmi ceux-ci, Mezzana (2003)
retient:
-les processus de sélection/omission des nouvelles liées
aux mécanismes culturels, organisationnels et professionnels.
-la décontextualisation ou considération des faits
isolés des éléments historiques, sociaux, politiques,
culturels et économiques qui pourraient les expliquer.
-une présentation pour ainsi dire « événementielle
» à la énième puissance du point de vue
sensationnel (on privilégie les crises, les coups d'état,
les guerres, les famines, les épidémies... et quand
c'est possible, les épisodes de cannibalisme).
-la dramatisation ou narration en termes de conflits de dualité
entre individus (leaders) ou groupes.
-l'hyper simplification ou reconduction des évènements
à des schémas clairs, mais banaux et réductifs.
Mezzana précise sur ce point que s'il ne viendrait à
personne l'idée « d'attribuer l'holocauste à
une prétendue nature violente des allemands », l'emploi
de tels clichés est une pratique courante lorsque l'on parle
de l'Afrique.
-la déshumanisation ou élimination des acteurs en
faveurs d'entités et processus abstraits et de stéréotypes
(on impute ainsi certains conflits à certaines réalités
raciales, type « la violence entre noirs »).
-au contraire, l'excessive personnalisation et identification qui
peut déboucher sur l'attention se limitant aux leaders.
-l'emploi de simples oppositions binaires lorsque l'on décrit
des situations complexes (par exemple le duo primitif/moderne).
-un certain emploi de la figure sémantique de la synecdoque
(indiquer la partie pour le tout). Certains peuples, comme par exemple
les pasteurs Masaï sont alors sensés représenter
toute l'Afrique.
-l'abus d'un lexique spécifique, comme le sur-emploi de
mots comme « tribal », « primitif », «
sauvage », « jungle » ou du terme « africains
» alors que le continent compte 54 pays souverains.
Ainsi, si les médias occidentaux (radio, presse, télévision)
relaient idées reçues, stéréotypes et
préjugés issus de « la construction sociale
plus ou moins consciente de l'image de l'Afrique », c'est
également par le biais « des procédures selon
lesquelles ces acteurs opèrent » et qui peuvent leur
échapper et en fonction « des obstacles et des opportunités
qu'ils peuvent rencontrer » (Mezzana, 2003).
« (...) les représentations courantes du continent
africain seraient principalement spécialement dans
les mass médias la manifestation sur le plan symbolique
et de la communication de spécifiques déséquilibres
de pouvoir, créés par l'action de certains acteurs
du nord de la planète tels que les gouvernements, groupe
d'intérêt et entreprises multinationales, qui présentent
souvent des intérêts concomitants. » (Mezzana,
2003)
L'image de l'Afrique dans les médias occidentaux répondraient
également selon Ebo (1992, 2001) à des stratégies
et des exigences de politique étrangère, commerciales
et culturelles cohérentes suivant la volonté des gouvernements
occidentaux de s'engager épisodiquement sur des thèmes
spécifiques (aide alimentaire, intervention militaro-humanitaire,
etc.): le « paradigme modernisateur », la « légitimation
de l'aide internationale » dans et par les médias auraient
une importance politico stratégique [xvi] et répondraient
à des exigences de type politique et idéologique(Verschave,
1998, 2000; Brauman, 2005 ; Hagos, 2000).
Ainsi, si la présence des pays en voie de développement
dans les médias occidentaux a radicalement diminué
au cours des années 1990 (Malek, Kavoori, 2000), les mécanismes
décrits par Mezzana continuent d'opérer sur la construction
de la réalité sociale et de l'imaginaire occidental.
Combien de temps encore ?
Bruno Gouteux (CC)
[i] Le constructivisme social s'intéresse aux modes d'élaboration
collective du monde et de la réalité sociale en utilisant
notamment pour méthode l'analyse du discours.
[ii] Un premier partage de l'Afrique entre les puissances coloniales
est effectué en 1885 à la Conférence de Berlin
(Brunschwig, 1971)
[iii] Parfois également qualifiée de « néocoloniale
» (Verschave, 1998, 2000).
[iv] secrétaire d'état du Président Nixon
de 1973 à 1977, Prix Nobel de la Paix en 1973, souvent présenté
comme le plus grand spécialiste américain des relations
internationales.
[v] La « différence culturelle » réifiée
en état de nature pouvant recouvrir une certaine positivité
à laquelle renvoient des expressions comme « respect
de la différence » ou « valorisation de la diversité
culturelle ».
[vi] Dans le sens que lui attribue Deconchy (1989, pp 29): «
petite unité d'information close, extraite d'un corpus orthodoxe
ou potentiellement inscriptible dans ce corpus ». Assemblées,
elles forment la « doxa » telle que la conceptualisent
Bourdieu ou Castoriadis.
[vii] « (...) manoeuvres visant à neutraliser la lutte
de classe et à transformer la solidarité de classe
en solidarité nationale et raciale (...) » (Pieterse,
2003)
[viii] « Dès 1899 l'Office Colonial, relevant du Ministère
des Colonies, marque véritablement l'institutionnalisation
de la propagande organisée dès lors par les administrateurs
coloniaux » (Lemaire, 2003, pp 137)
[ix] Les Français en consomment alors 500 millions d'exemplaires
par an (Bancel, Blanchard, 2003, pp 152)
[x] « les expositions de peuples non occidentaux furent d'abord
organisées par les zoos » (Pieterse, 2003)
[xi] Relégitimation concomitante, selon Dewitte (1999, pp
268-9) avec la parution du Sanglot de l'homme blanc de Pascal Bruckner
en 1983, la « mission civilisatrice » apparaissant entre
les années 1960 et 1980, pour une majorité des français
comme « un slogan inique et hypocrite » (période
de forte culpabilité post-coloniale et de développement
de l'idéologie tiers-mondiste).
[xii] La remise au goût du jour, en Angleterre, du concept
du« fardeau de l'homme blanc » résumé
dans le poème écrit par Kipling en 1899 est peu différente
de celle de la « mission civilisatrice » en France.
[xiii] A noter que les manuels scolaires des sujets de la tranche
d'âge de plus de 55 ans faisaient alors « l'apologie
de la colonisation ». Ce n'était plus aussi explicitement
le cas pour les manuels plus récents (du moins jusqu'à
ce que soient mises en application, si elles le sont, les recommandations
de la loi du 23 février 2005).
[xiv] Manuels autorisés par le Ministre de l'éducation
du Québec pour 1986-87 (enseignement préscolaire,
primaire et secondaire général).
[xv] depuis peu concurrencées au niveau international et
en Afrique notamment par l'agence chinoise Xinhuanet.
[xvi] C'est particulièrement visible dans le cas de radios
comme RFI ou Voice of America (créée en1942 et émettant
dans 44 langues). A noter qu'avant de se nommer RFI, la filiale
de Radio France, qui émet en 19 langues, a eu précédemment
deux autres identités: Le Poste Colonial (sa première
émission en ondes courtes eu lieu depuis le studio de la
grande exposition coloniale de Paris en 1931) puis elle s'est rebaptisée
Paris Mondial en 1938 et enfin RFI en 1975. (source: http://www.rfi.fr)
De nombreuses recherches se proposent ainsi d'articuler la notion
d'idéologie avec les rapports intergroupaux . « Willem
Doise (...) spécifiant les divers niveaux d'analyse où
se situent les explications de la psychologie sociale expérimentale,
souligne la nécessité d'un niveau idéologique
relevant d'une vision globale de la société »
et malgré la notion polémique et polysémique
du concept d'idéologie ancre ce dernier dans le champ de
la psychologie sociale. Ainsi, «l'idéologie raciste»
(Guillaumin), sans les fondements scientifiques qui lui servirent
de base et bien que globalement moralement réprouvée,
continue à être utilisée dans les rapports humains.
La catégorisation sociale en termes de races existe bien
aujourd'hui encore (...)
Jean-Paul Gouteux nous a quitté mardi 11 juillet 2006. Il
a été profondément touché par tous les
témoignages de sympathie et de soutien dont vous lui avez
fait part ces derniers mois alors qu'il luttait contre la maladie.
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