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Origine : http://psythere.free.fr/schizo.htm
http://psythere.free.fr/article.php?id_article=22
Les schizophrènes. Roger Gentis. Erès, 0ctobre 2002.
125 pages.
SCHIZOPHRENIE
Ce petit ouvrage aux allures didactiques, republié plus de
trente ans après sa première édition, peut
être lu comme un témoignage et un manifeste de ce que
la psychiatrie contemporaine, férue d'objectivation et de
chiffres, tend à occulter.
Les schizophrènes. Roger Gentis
SCHIZOPHRENIE Un regard clinique
Ce petit ouvrage aux allures didactiques, republié plus de
trente ans après sa première édition, peut
être lu comme un témoignage et un manifeste de ce que
la psychiatrie contemporaine, férue d'objectivation et de
chiffres, tend à occulter. Il n'est pas sans intérêt
de lire ce texte assez bref, - et très bien assisté
par l'introduction efficace de Pierre Delion -, où Roger
Gentis, l'une des figures majeures de la psychiatrie dite institutionnelle,
nous trace un portrait singulier de la schizophrénie, en
se centrant continûment sur la personne du patient schizophrène.
Son propos, avant-gardiste à l'époque, montrant les
points d'appuis théoriques et critiques qui allaient donner
corps à la politique de sectorisation mettant fin au paradigme
asilaire, a le mérite d'être relu, pour ne pas oublier
que l'approche clinique du patient schizophrène ne saurait,
aujourd'hui, se réduire uniquement au point de vue stérilisant
des check-lists objectivantes bénéficiant du bâillonnement
de la réflexion psychopathologique, s'appuyant sur une politique
de désinstitutionnalisation qui n'a pas les moyens de ses
prétentions.
Le patient schizophrène, requiert bien encore de nos jours
toute la perspicacité d'un regard clinique et d'une écoute
en éveil, toujours attentive à la créativité
sous jacente au symptôme et à ce qu'il indique de tentatives
de solutions toujours singulières pour sortir de la folie
mortifère, de la destructivité qui l'enserre. R. Gentis
structure son propos en quelques points clefs : l'angoisse schizophrénique
et sa détresse abyssale (que l'auteur revisite à la
lumière des concepts psychanalytiques) et le travail défensif
que celui-ci induit avec ses trouvailles et ses risques de confinement
dans le bastion de la chronicité délirante ; les différences
entre schizophrénie aiguë et chronique, la première
étant vectrice de transformations où l'angoisse et
les défenses s'affrontent dans une issue incertaine, la seconde
résonnant avec la chronicité proprement asilaire menaçant
aussi bien les soignants que le patient - « ce qui crée
la chronicité, c'est pourrait-on dire, une espèce
de complicité entre le malade et son milieu. Cette forme
d'existence ne peut être comprise que comme un mode de défense
contre l'angoisse schizophrénique » ; la thérapeutique
avec une prise en charge devant commencer avant l'éclosion
de la maladie (thème très contemporain), axée
surtout sur la psychothérapie et le travail du groupe soignant,
situant le transfert au centre du dispositif et reconnaîssant
l'importance que revêt l'environnement du patient, en dehors
desquels le travail auprès de tels patients est rapidement
réduit à néant. Rien de plus suspect pour R.
Gentis qu'un schizophrène « stabilisé »,
alors que le patient, comme ceux qui en ont la charge, doivent être
continuellement mobilisés pour ne pas lui permettre de se
colletiner « une existence au rabais ». D'où
l'exigence d'un accompagnement au long terme, dans ce que R. Gentis
appelle, sur un mode qui semble suranné, la post-cure, notion
préfigurant notre « continuité des soins ».
Un petit livre bien appréciable, aux airs de mise au point
pertinente en ces temps de « crise ».
Lydie Fraisse
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