Gaston Leval fut le « père formateur » d’un certain nombre de militants de la génération post-68, dont moi-même et Jacky Toublet.

Nous avons passé plusieurs années à « potasser » dans son Centre de sociologie libertaire qui tenait ses réunions du côté su Champ de Mars, puis boulevard Edgar-Quinet. Les réunions régulières nous ont permis d’acquérir sous sa tutelle une formation théorique qui nous a ensuite beaucoup aidés. « On ne fait pas de bons militants avec des ignorants », avait-il l’habitude de dire. Nous avons pu en de nombreuses occasions vérifier que c’était vrai, même si être savant ne fait pas nécessairement un bon militant…

Mais un jour, il faut bien que les fils rompent avec leur père.

Nous le fîmes en nous engageant dans l’aventure de l’Alliance syndicaliste. Gaston pensait que nous n’étions pas prêts. Mais sans doute les pères pensent-ils toujours ainsi de leurs enfants…

Nous avions pourtant gardé le contact avec lui. Un jour il me demanda de faire pour son journal, les Cahiers du socialisme libertaire, un article sur la pensée économique de Proudhon. Ce que je fis. L’article lui déplut. Il pensait qu’en rapportant la pensée de Proudhon, je sacrifiais trop aux thèses marxistes. Il ne publia pas l’article, mais en revanche fit paraître une réponse à cet article. J’étais évidemment fort contrarié ! Moins peut-être pour la non-parution que pour le constat que chez cet homme que j’admirais tant – et que j’admire toujours, d’ailleurs – il puisse y avoir de telles petites mesquineries. Mais après tout, Gaston Leval était aussi un être humain, avec ses faiblesses. Cela ne le rendait que plus humain.

Je rédigeai donc un texte en réponse à son article. C’est celui qui est présenté ici sous forme de document-image. Pour que le « débat » soit complet, il faudrait joindre mon article initial sur Proudhon (peut-être le trouverais-je quelque part dans mon bazar) et l’article que fit paraître Leval. Pour cela, il faudrait faire quelques recherches.

René Berthier
Fin Février 2008