Origine : http://consottisier.blogs.liberation.fr/marie_dominique_arrighi/2007/08/mcdo-un-nom-enc.html
Passionnante étude que celle publiée par les Archives
of Pediatrics & Adolescent Medicine dans leur livraison du mois
d'août. Elle prouve que la pub marque bel et bien le cerveau
des très jeunes enfants au point de guider leurs perceptions
et leurs goûts.
La recherche a été menée par une équipe
de médecins et chercheurs américains, dirigée
par le Dr Thomas Robinson du département de pédiatrie
à la fac de médecine de l'université de Stanford
(Californie).
Pour leur expérience, les chercheurs ont pris pour cobayes
63 enfants entre 3 et 5 ans, donc d'âge préscolaire.
Ces petits ont été recrutés dans la région
de San Mateo en Californie, via des centres sociaux aidant les familles
à bas revenus.
L'objectif était de tester si les préférences
des très jeunes enfants étaient influencées
par un marketing intense.
Sur quelle marque les scientifiques ont-ils jeté leur dévolu
? Eh bien sur McDonald's, «le plus gros annonceur aux Etats-Unis»,
expliquent-ils. S'ils ont choisi d'étudier les produits de
cette marque, c'est aussi parce que 20 % des petits Américains
sont obèses (une proportion qui a triplé en quarante
ans), parce que l'OMS et la FAO ont estimé dans un rapport
commun datant de 2003 que la publicité pour les aliments
très énergétiques et le fast-food constitue
une «cause probable» de l'augmentation du surpoids et
de l'obésité parmi les enfants du monde entier.
Concrètement, l'expérience s'est déroulée
ainsi : chaque enfant s'est vu proposer deux échantillons
de nourriture parfaitement identique, l'un présenté
dans un emballage portant le logo de McDo, l'autre dans un emballage
neutre.
L'enfant devait goûter les deux échantillons et dire
si ça avait le même goût ou, sinon, indiquer
lequel il préférait.
Une série de cinq aliments et boissons a été
testée : un quart de hamburger, un Chicken Nugget, des frites,
ces trois aliments venant du McDo voisin ; les chercheurs ont également
proposé deux échantillons de lait ecrémé,
l'un servi dans une tasse avec couvercle et paille McDo, l'autre
dans une tasse similaire sans logo. Dernier aliment proposé:
des mini carottes, placées dans un sachet de frites McDo
et dans un sachet neutre.
Résultat: les enfants ont très largement préféré
le goût des aliments estampillés McDo, c'est-à-dire
quand ils pensaient que ceux-ci venaient de chez McDonald's.
Pour le hamburger, cela été le cas de 48,3 % des
enfants, tandis que 36 % ont dit préférer le hamburger
qui était emballé dans un sachet neutre et que 15
% ont trouvé le même goût aux deux échantillons.
Pour le Chicken Nugget, 59 % ont préféré celui
dans l'emballage McDo, 18 % le neutre, et 23 % ont trouvé
le même goût aux deux échantillons.
Quant aux frites, c'est le record : 76 % ont préféré
celles au logo McDo, 13 % celles dans un sachet standard, et 6 %
n'ont pas fait la différence.
S'agissant du lait, les résultats sont du même ordre
(61 %, 21 %, et 17 %).
A noter le cas des carottes : alors que ce produit n'était
pas à l'époque de l'étude aux menus de McDonald's,
les enfants ont, à 54 %, préféré celles
emballées McDo ! 23 % ont jugé meilleures celles dans
un sachet neutre, et 23 % ont trouvé que c'était kif-kif.
Préalablement à l'expérience de dégustation,
les parents des enfants, pour moitié d'origine hispanique,
avaient eu à remplir un questionnaire. Avec notamment les
interrogations suivantes: à quelle fréquence ils emmenaient
leurs gamins dans un restau McDo (39,7 % entre une et trois fois
par mois) ; le nombre de téléviseurs dans la maison
et si l'enfant en avait un dans sa chambre (réponse positive
dans 57 % des cas) ; s'il y avait à la maison des jouets
McDo (offerts dans les menus enfant Happy Meals) (oui dans 76 %
des cas).
A l'issue de l'expérience et de son analyse, l'équipe
du Dr Robinson préconise de «réguler voire de
bannir la publicité et le marketing des produits hautes-calories
et à faible valeur nutritionnelle, ou d'interdire tout marketing
visant directement les jeunes enfants». D'autant, estiment
les chercheurs, qu'une telle pub est «par essence déloyale»
(inherently unfair), parce que «les moins de 7/8 ans sont
incapables de comprendre les visées persuasives de la publicité».
A noter qu'en France, McDo ne diffuse plus de spots télé
dans les dessins animés du matin, quand les enfants sont
seuls à regarder.
Autre conclusion de l'équipe, en forme de bonne nouvelle
: puisque les effets de la pub McDo sont très nets sur les
petits, on peut imaginer que des campagnes pour des produits plus
sains influenceront pareillement les choix et les goûts des
enfants. Avec cependant un sacré bémol : encore faudrait-il
que les campagnes de prévention et de santé publique
soient aussi massives que la pub McDo…
• Marie-Dominique Arrighi •
12 août 2007
Les Américains de trois à cinq ans trouvent la nourriture
meilleure quand elle leur est présentée avec le logo
de la chaîne de restauration rapide McDonald's, révèle
une étude réalisée par des chercheurs américains.
«L'impact de la marque est très fort même chez
des enfants qui n'ont que trois à cinq ans», a affirmé
le Dr Thomas Robinson de l'hôpital Lucile Packard, principal
auteur de l'étude. Selon lui, cette préférence
est le résultat du marketing intensif de McDonald's. «Personne
d'autre ne dépense autant d'argent pour promouvoir leurs
produits de fast-food auprès des enfants», a-t-il déclaré.
McDonald's dépenserait plus d'un milliard de dollars par
an en publicité aux Etats-Unis.
Près de 20% des petits Américains sont atteints d'obésité,
une proportion qui a triplé en quarante ans.
Washington, le 9 août 2007 (d’après AFP)
http://dessin.blogs.liberation.fr/eloi_valat/2007/08/macdo-logo.html
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