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L'expérience analytique permet à un sujet qui souffre,
un par un, d'interroger ce que lui veut son inconscient. Il s'agit
d'élaborer un savoir sur ce qui détermine cette souffrance.
La guérison vient de surcroît, ainsi que le notait d'emblée
Freud.
Cela, c'est la psychanalyse pure, l'analysant, l'analyste, dans
le secret, dans le privé du cabinet de l'analyste. Il y a
aussi la psychanalyse appliquée. Elle implique qu'il y ait
un psychanalyste et un sujet, le patient.
Mais dans ce cas, il peut y avoir un tiers dans le dispositif,
en général sous les espèces d'une institution
médicale ou médico-psychologique : Hôpital,
dispensaire, centre de soins, de consultations … Il peut y
avoir aussi, lorsque c'est nécessaire, des médicaments.
Car la demande est thérapeutique. La psychanalyse appliquée
peut se pratiquer dans certains cas dans le cabinet de l'analyste,
s'il en fait le choix, lorsque la demande n'est pas, ou pas encore,
une demande d'analyse, mais qu'elle concerne une souffrance subjective
authentique.
Le psychanalyste, lorsqu'il s'agit de psychanalyse appliquée,
se fonde sur les concepts et les principes de la psychanalyse pour
éclairer la structure de chaque cas, pour orienter une pratique
de parole avec chaque patient.
Le sujet est accueilli comme sujet de l'inconscient, sujet désirant
-et non pas objet du discours médical ou de quelque démarche
éducative ou "normative". Psychanalyse pure, psychanalyse
appliquée : l'une comme l'autre se situent dans le champ
de la psychanalyse.
Tout le reste, c'est à dire toutes les psychothérapies,
n'a rien à voir avec la psychanalyse. Sauf en ceci, que sans
la psychanalyse, la notion même de psychothérapie n'aurait
jamais existé.
Visant à obtenir un moi rectifié, remis aux normes
de la société, par des techniques de suggestion, d'éducation,
de persuasion, de manipulation affective, par des exercices corporels
destinés à maîtriser ou à canaliser la
jouissance, les psychothérapies ne participent pas du discours
psychanalytique, mais du discours du maître.
Origine : http://www.causefreudienne.net/lorientation5.htm
Partout où la psychanalyse doit s’implanter comme pratique
clinique s’impose la question de l’institution et de la
politique institutionnelle qui en garantissent l’éthique
et les pratiques théoriques et cliniques. C’est que la
clinique psychanalytique n’est pas l’application d’un
corpus de connaissances. Elle suppose la mise en œuvre d’une
éthique qui régisse son acte au-delà des principes
qui lieraient cet acte à un ensemble théorique. La psychanalyse
en effet n’agit pas sur la structure d’un organe, d’un
tissu, d’un système ou d’une fonction physiologique
voire même d’un mécanisme psychique. Son action
ne vise pas non plus la structure du lien social pour y apporter quelque
correction adaptative ou réparatrice pour le sujet dans son
rapport aux autres et avec le monde. Pour toutes ces actions, la médecine,
la psychiatrie ou la psychologie ont leurs compétences propres,
spécifiques que la psychanalyse ne remplace pas. La psychanalyse
interpelle le sujet dans son rapport au sens et au non sens de sa
vie, son rapport à la jouissance et à la mort, à
travers la maladie, le sexe, le désespoir, l’impasse
totale, l’angoisse paralysante et le sentiment de fin du monde.
Ce genre de questionnement fondamental d’un être sur
lui-même, sa vie, son échec et la mort, n’est
pas du ressort de ce que peuvent offrir des savoirs accumulés
et applicables à tous et à chacun, comme ce à
quoi préparent les universités. La psychanalyse exige
un autre savoir, capable de fonder une éthique qui supporte
la confrontation du sujet à la jouissance et à la
mort et leurs conséquences. Aussi, la psychanalyse est-elle
le développement d’une expérience singulière
faisant appel au sujet et mobilisant toutes ses ressources intimes
pour résoudre ses problèmes, plutôt que l’application
de savoirs accumulés à un objet à corriger
ou à adapter aux changements sociaux, en l’absence
de normes reçues. Une telle entreprise clinique repose sur
un acte fondé sur une éthique. Le savoir n’y
suffit donc pas, même s’il est nécessaire à
la définition des bases de cette éthique. Aussi les
mécanismes et institutions de production et de transmission
du savoir se révèlent inadéquats en ce qui
concerne l’éthique de la psychanalyse. C’est
ce qui explique la nécessité de procédures
et d’institutions spécifiques vouées à
la production du psychanalyste et à la garantie de son acte.
Le concept d’École proposé par Lacan répond
à cette nécessité. Plus qu’un Institut
voué à la transmission de savoirs acquis et reçus,
une École se consacre au savoir qui fonde une éthique
dont on attend des résultats spécifiques. Elle vise
la formation par l'examen des conditions et des conséquences
de l'acte éthique plus que la transmission des savoirs reçus.
Les effets de la psychanalyse ne sont pas séparables du savoir
qui fonde son éthique, voilà ce qu’une École
doit justifier.
Origine http://www.gifric.com/ecole.htm
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