|
Origine : http://www.psychanalyse-paris.com/La-souffrance-n-est-pas-une
Nous sommes nombreux à ne pas savoir vers qui nous tourner
lorsque la vie perd de son goût et que le mal-être s’installe
en nous. Nous sommes également nombreux à ne pas oser
dire que cela ne va pas et à ne pas oser demander de l’aide,
de peur d’être jugé, mal perçu ou incompris.
Bien souvent, nous préférons penser que ça
va passer, qu’on finira bien par trouver une solution, qu’avec
le temps... S’il arrive en effet qu’un "petit coup
de blues" soit très passager, souvent par contre, le
mal-être ne disparaît pas de lui-même, simplement
à l’aide du temps. Au contraire, il aurait plutôt
tendance à s’installer encore plus.
Certes, ce n’est pas aisé de reconnaître que
cela ne va plus. Pourtant, c’est cette prise de conscience
qui nous aidera à sortir de l’ombre. Mais comment identifier
des maux qui ne ressemblent en rien à une plaie à
la jambe ? On ne VOIT pas cette souffrance ; dès lors, on
ne sait pas toujours comment en parler, comment se faire comprendre,
comment en prendre soin. Et quand on se décide, comment s’y
retrouver devant la profusion des aides professionnelles ?
Autant de définitions que d’êtres humains sur
terre
Comme on le voit, il existe autant d’interprétations
de la vie et du bien-être que d’êtres humains
peuplent la terre. Elles changent selon le milieu de naissance (et
ce qu’il génère au niveau culturel, économique
et politique), selon l’âge, les expériences,
les relations familiales et affectives, les conditions de vie passées
et actuelles. Impossible de citer tous les éléments
qui influencent notre vision de l’existence. En outre, cette
vision change en cours de route.
Elle peut être un lourd fardeau aujourd’hui, mais rien
ne dit qu’il en sera de même demain. Cette perception
de la vie et du bien-être est influencée par notre
état intérieur.
Cela dit, être bien dans sa peau ne doit pas forcément
être synonyme de bonheur intense. Cela peut parfois signifier
tout simplement assumer ce que l’on est et essayer d’en
tirer le meilleur parti.
La part de la société
Cette vision réductrice du bonheur risque d’accentuer
la perte de confiance, l’isolement, la culpabilité
que nous ressentons déjà lorsque nous sommes mal dans
notre peau. Or, si les causes de notre mal-être peuvent prendre
racine dans notre histoire personnelle, celle-ci n’en est
pas toujours la seule cause. La société a aussi sa
part de responsabilité dans certaines détresses ou
situations de crise ; elle n’est pas toujours capable de répondre
à nos besoins fondamentaux et peut induire des contraintes
psychiques difficiles à supporter : stress professionnel
ou chômage, maladies de longue durée et souffrance
chronique, violence, pauvreté, surendettement, harcèlement,
logement trop petit, trop bruyant... Dans ces situations, des troubles
comme la dépression, l’alcoolisme, la dépendance
aux médicaments peuvent naître ou s’amplifier.
C’est vrai : nous préférons une vie sans heurts
ni obstacles. Nous cherchons tous le bonheur et personne ne souhaite
souffrir. C’est là un désir tout à fait
légitime et humain. Toutefois, la réalité est
autre ; la vie est loin d’être tranquille. Vivre signifie
aussi se confronter à des problèmes et traverser des
moments difficiles. Tout le monde fait l’expérience
des larmes, toute vie est marquée par des événements
douloureux - deuil, séparation, maladie, etc. - personne
n’y échappe. Existe-t-il un seul être humain
qui n’ait jamais souffert ? Par ailleurs, existe-t-il un seul
être humain qui n’ait jamais souri ? La vie est faite
de hauts et de bas. Tantôt on s’y sent bien, tantôt
on s’y sent mal. Elle ressemble plus à une route de
montagne, avec ses cols, ses plats et ses descentes, qu’à
une autoroute à quatre bandes !
C’est encore vrai : nous vivons dans une société
qui met le bonheur (et l’argent, comme source de ce bonheur)
à la Une. Elle l’affiche à chaque coin de rue,
sur fond de réussite professionnelle, de performance, de
jeunesse, de beauté, etc. Du coup, c’est d’autant
plus difficile à vivre quand on se sent mal dans sa peau.
On aurait même vite fait de se croire anormal. Quoi ? Tout
le monde semble être heureux et moi, je me sens complètement
à côté de mes pompes ? Suis-je tellement inadapté
? Attention à ne pas nous faire piéger par cette vision
unique du bonheur. N’oublions jamais qu’il existe de
nombreux bonheurs et de multiples chemins pour y parvenir.
La souffrance n’est pas une maladie, elle fait partie de
la vie. Personne n’y réagit de la même manière
et ce qui est douloureux pour l’un ne le sera pas forcément
pour l’autre. L’impact des situations vécues
sur notre équilibre intérieur variera en fonction
d’une série d’éléments tels que
les conditions de vie et de travail, l’état de santé,
les relations affectives, le passé personnel, etc.
Quoi qu’en disent les images des magazines ou les publicités,
la souffrance est une réaction normale à certaines
situations de la vie.
Notre inconscient influence aussi positivement notre vie, il s’exprime
dans nos rêves et notre créativité, il nous
donne de l’énergie. Toutefois, il nous arrive d’être
dans le trouble sans en comprendre la raison. Tout peut sembler
"normal" : on a du boulot, une famille, des amis, des
vacances et pourtant, au fond de nous, quelque chose ne tourne pas
rond, quelque chose fait mal. Ainsi, notre existence est parfois
bouleversée par les forces inconscientes.
Ce qui est inconscient ne peut être pensé, dit ou
éprouvé directement. Mais cette énergie psychique
tentera toujours de s’exprimer. Cela se manifestera par l’apparition
de symptômes dans le corps (maux de dos, estomac noué,
maux de tête, grande fatigue, perte de sommeil, etc) et dans
ce cas, on parle de somatisation, ou par des modifications psychiques
et des émotions perturbatrices (humeur qui change, angoisse,
irritabilité, etc) ou encore par des comportements et des
attitudes inhabituelles (comme la phobie, l’inhibition, etc).
Il y a trouble et trouble
Nous sommes parfois sur le point de craquer. Et puis, non, nous
nous adaptons à la situation et nous nous débrouillons
pour garder les pieds sur terre. Mais il nous arrive aussi de craquer
vraiment. Dans ce cas, il se produit comme une rupture, un court-circuit
qui nous déconnecte du monde ; le malaise - quel qu’il
soit - prend le dessus et nous retranche à l’ombre
de notre vie. La frontière entre un mal-être passager
et une crise plus profonde n’est cependant pas nette, d’autant
plus que chacun de nous a son propre seuil de tolérance par
rapport à la douleur psychique.
Tout est décidément subtil au royaume de la psyché.
Il n’existe pas de critère précis qui détermine
le moment adéquat pour faire appel à une aide extérieure.
|