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Date: 15 Novembre 2004
Subject: [infozone_l] Témoignage du syndicat de la magistrature
lors du procès des faucheurs volontaires
Témoignage du syndicat de la magistrature lors du procès
des faucheurs volontaires
Témoignage du Syndicat de la Magistrature devant le tribunal
de grande instance de Toulouse lors du procès des faucheurs
volontaires
1. Une justice instrumentalisée
La matière dont le tribunal est aujourd'hui saisi constitue
une illustration de l'instrumentalisation de la justice pénale
à des fins politiques.
Cette instrumentalisation est illustrée par la circulaire
de politique d'action publique du 4 juin 2004 qui traite de la «
réponse pénale aux actes de destruction de plants
génétiquement modifiés et aux manquements à
la réglementation relative à ces cultures. »
Dans cette circulaire, le ministère de la justice se livre
à un véritable plaidoyer en faveur des plants génétiquement
modifiés : Les OGM « ouvrent d'importantes perspectives
d'application dans le domaine de l'agronomie et dans le domaine
médical. » Le garde des Sceaux incite en conséquence
les parquets à réprimer avec « rigueur et fermeté
» les actes de destructions de plants transgénques,
ces actes ayant notamment des « conséquences néfastes
en matière économique. »
Ce choix de politique d'action publique n'a fait l'objet d'aucun
débat démocratique au parlement ou au sein des parquets.
La justice pénale est manifestement utilisée pour
légitimer une certaine politique gouvernementale et non plus
l'intérêt général.
Cet interventionnisme de l'exécutif peut donner aux prévenus
et aux citoyens l'image d'une justice instrumentalisée par
le politique qui pense pouvoir ainsi éluder un débat
de société.
2. Un débat judiciaire impossible
La justice se trouve prise en otage. Alors qu'il est manifeste que
le recours aux OGM constitue un enjeu politique, il est demandé
à la justice de traiter ces infractions comme des infractions
ordinaires. Or seules neuf personnes sont déférées
devant le tribunal pour avoir commis des faits en réunion
« avec au moins 400 personnes. » Aujourd'hui, 250 personnes
demandent à comparaître pour répondre de ces
faits. Ainsi, d'un côté le ministre de la justice reconnaît
l'enjeu politique de ces infractions, mais de l'autre, les militants
se voient refuser le droit de revendiquer collectivement cet acte.
3 le traitement particulier de ces affaires
A l'heure de la tolérance zéro, de la réponse
systématique à tout acte de délinquance, il
est fait tout à fait étonnant de sélectionner
des auteurs présumés d'infractions pourtant parfaitement
identifiés. Ce traitement particulier ne vise qu'à
nier le caractère collectif de cette action
L'ampleur des moyens consacrés à la répression
des destructions de plants transgéniques contraste avec la
pauvreté des moyens affectés à la lutte contre
la criminalité économique et financière en
particulier lorsqu'elle présente une dimension transnationale.
Au tribunal de Grande Instance de Toulouse, 900 dossiers d'instructions
clôturés sont en attente d'une date d'audience. Nombre
de ces dossiers traitent de faits graves et frisent pourtant la
prescription. Dans ce contexte, le dossier de l'arrachage des plants
transgéniques a fait l'objet d'une extrême célérité
quant à la fixation de la date d'audience, ce qui démontre
encore le traitement particulier réservé à
ce type d'affaires.
Toulouse le 8 novembre 2004
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