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SOMMAIRE
INTRODUCTION
I. LE SYSTEME CARCERAL
A. Fonctionnement
B. La surpopulation
1. Etat actuel
2. Evolutions à venir
II. LA VIE EN PRISON
A. Le désordre externe : les liens familiaux
B. Le désordre interne
1. Des conditions de vie précaires
2. Trafics et Violence
3. Suicides et « morts suspectes »
C. Les occupations des détenus
1. Le travail 11
2. Les activités proposées
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION
La prison… Voilà bien un terme trop souvent montré
du doigt ou encore incompris. Par définition même,
une prison est un établissement dépendant des services
de l’administration pénitentiaire dans lequel sont
incarcérées les personnes ayant fait l'objet d'une
mesure de détention provisoire ou, celles qui sont condamnées
à
une peine privative de liberté. La prison, c’est avant
tout, le temps immobile. La répétition incessante
de gestes devenus automatiques. Une parenthèse dans la vie,
qui contrairement à l’écriture, ne dure pas
quelques secondes mais parfois plusieurs années.
La prison est depuis déjà de nombreuses années
exposée comme étant un mythe caché. Un lieu
de dérive imposé si l’on n’accepte pas
de rentrer dans le système social. Nombres de détenus
attesteront que la prison transforme une vie. Elle laisse à
jamais une trace tant au point de vue psychologique, physique que
sociale. Les difficultés au sein même de l’organisation
carcérale sont nombreuses mais la plupart d’entres
elles sont malheureusement officieuses et seule, une minorité
de la population en connaît la nature.
D’après un sondage effectué sur une partie
de la population, les personnes incarcérées méritent
d’une certaine façon ce qui leur arrive. Malgré
tout, leurs conditions de détention restent tout de même
la plupart du temps inconcevables et ne font que renforcer le climat
de tension qui règnent déjà au sein des prisons.
Au l’heure actuelle, la France compte près de 61 000
détenus pour un nombre de places limités à
environ 48 600. Cette situation particulière où le
taux moyen d’occupation des prisons est d’environ 125%
entraîne des nombreuses dissensions qui favorisent la plupart
du temps l’instauration d’une atmosphère lourde
au dessus des prisons.
Certains passages seront révélateurs de la réelle
situation carcérale française puisqu’une partie
de cet exposé s’appuiera sur des faits concrets relevés
lors d’une rencontre entre la présidente de l’association
BAN PUBLIC Charlotte Paradis et quelques unes des personnes membres,
ainsi qu’avec quelques jeunes souhaitant avoir des renseignements
sur ce milieu particulier.
Après avoir étudié le fonctionnement du système
carcéral français, ainsi que les différents
problèmes de surpopulation, nous nous attacherons à
la vie en prison en elle-même et aux différents désordres
qui se mettent en place autour de la vie des prisonniers.
Les différents sociologues ne parlent pas des prisonniers
comme d’êtres humains mais comme d’ « individus
» ce qui entraîne une fracture sociale et un éloignement
des prisonniers vis-à-vis de l’humanité. C’est
pourquoi, tout au long de cet exposé, le terme de «
détenu » sera employé pour des raisonsd’usage
du vocabulaire courant mais il est important d’en distinguer
le sens réel. Il ne s’agit pas ici de définir
le terme de détenu comme une possession.
Ce terme est impersonnel dans le sens où un objet quelconque
peut être détenu mais il est incorrect de penser que
l’on peut posséder des hommes…
I. LE SYSTEME CARCERAL
A. Fonctionnement
Le système carcéral français est organisé
en 3 types différents d’établissements pénitentiaires.
Au 1er juin 2002, la France en comptait 185 :
- 117 maisons d’arrêt (MA) réservées aux
détenus ayant une peine inférieure à un an
ou étant dans l’attente de leur jugement. Le climat
y est le plus difficile et
l’organisation la plus sévère.
- 55 centres de détention (CD) réservés quant
à eux aux personnes jugées et « fixées
sur leur avenir ». Les horaires y sont plus souples puisque
les détenus
ont souvent accès à un travail.
- 13 centres de semi-liberté autonome, permettant aux condamnés
d’exercer une activité précise, de recevoir
un enseignement ou une formation
professionnelle.
Les prévenus selon leurs âges ne sont pas tous envoyés
dans le même type d’établissement étant
donné qu’il y a désormais des prisons réservées
aux mineurs par
exemple. Parmi les condamnés, 31,3% le sont à moins
d’un an, 20,5% à une peine de un à trois ans,
9,7% à une peine de trois à cinq ans et 38,5% à
plus de cinq ans. Les condamnés à perpétuité représentent
1,6% de l’ensemble.
La plupart des détenus définissent la prison comme
une hiérarchie militaire organisée par l’administration
pénitentiaire. Qualifiée parfois même de «
système totalitaire » par sa suppression totales des
libertés, la prison se désorganise progressivement
et cela à cause d’un défaut réel de dialogue.
En prison, « tout se paie », la gratuité n’existe
pas. Ainsi, les problèmes et les tensions apparaissant rapidement.
Les inculpés sont parfois envoyés au « mitard
» pour non respect de certaine règles ou manque de
discipline. Le mitard est un lieu où les inculpés
sont enfermés sans aucun droit de visite pendant une durée
prédéterminée. Cet enfermement peut avoir plusieurs
causes : bagarre, non respect de règle, etc. Le principe
fondamental en prison est simple : « Diviser pour mieux égner
». En effet, il m’a été rapporté
que lors de bagarres violentes, la majorité des surveillants
ne prenaient pas la peine d’intervenir afin de ne pas entacher
leur autorité.
La prison, présentée depuis déjà de
nombreuses années comme un mythe, un danger qui guette si
l’on ne respecte les lois du gouvernement cache en réalité
une situation très difficile qui s’avère quelques
fois même précaire.
Les conditions de vie y sont d’autant plus difficiles que
la France fait aujourd’hui face à une surpopulation
très importante dans la majorité de ses prisons.
B. La surpopulation
1. Etat actuel
Des cellules jonchées de matelas, des douches de dix minutes
au lieu de vingt, des délais d’attente de plusieurs
semaines au parloir… les prisons craquent. La situation, affirment
les syndicats des personnels pénitentiaires, est «
explosive ». Les maisons d’arrêt, qui accueillent
les personnes condamnées à de courtes peines ou en
attente de jugement, affichent un taux d’occupation moyen
de 140%.
L’administration pénitentiaire a enregistré
au mois de juillet 2003 un triste record : la France n’a jamais
compté autant de détenus. En effet, la surpopulation
carcérale a atteint de nouveaux records avec, au 1er juillet,
60 963 incarcérés pour 48 603 places. Ce record s’inscrit
dans l’augmentation spectaculaire du nombre de personnes inculpées
depuis l’automne 2001. Selon les chiffres de l’administration
pénitentiaire, la densité dépasse 200% dans
18 établissements et 150% dans 44 autres. Certains affichent
même des taux d’occupation supérieurs à
260%, comme à Béziers où 127 détenus
se partagent 48 cellules.
La surpopulation carcérale dénoncée aussi bien
par certains syndicats de surveillants (UFAP : Union Fédérale
Autonome Pénitentiaire, FO, CGT) et de magistrats que par
des associations de défense des droits de l’homme,
résulte toutefois moins d’une augmentation des incarcérations
que d’un allongement des peines. Entre 1975 et aujourd’hui,
la durée moyenne de détention a pratiquement doublé,
passant de 4,3 à 8,4 mois. Cette sévérité
croissante des tribunaux s’est manifestée par une augmentation
sensible des très longues peines (de 20 à 30 ans),
sanctionnant notamment viols et agressions sexuelles.
Depuis des mois, les cellules individuelles de 9m2 sont en fait
occupées par deux, voire trois détenus, allongés
20 heures par jour faute d’espace pour se tenir debout. Avec
les sanitaires, les lits superposés et la table, l’espace
libre se réduit à 3m2, là où sont posés
les matelas des nouveaux arrivants.
Difficiles à organiser, les déplacements vers la promenade,
les douches ou les salles de sport sont réduits au minimum.
En première ligne face à des détenus «
prêts à exploser », les surveillants n’ont
souvent d’autre choix que de « lâcher du lest
». La paix se négocie alors avec des tours de douche
supplémentaire ou avec ces objets du quotidien (cigarettes,
cassettes…). En effet, c’est cette promiscuité
constante qui provoque un accroissement des violences entre codétenus
ou contre les surveillants.
Malgré tout, des changements sont actuellement en prévision.
Reste encore à démontrer qu’ils permettront
une modification de la situation actuelle.
2. Evolutions à venir
Le recours à la construction de prisons a souvent constitué
la principale réponse au problème récurrent
de la surpopulation carcérale, sans toutefois réussir
à endiguer le phénomène. En 1986, le garde
des sceaux de Jacques CHIRAC, Albin CHALANDON, a lancé le
programme « 13 000 places », qui a abouti à l’ouverture,
au début des années 90, de 25 nouveaux établissements.
En 1995, un nouveau programme de 4 000 places était engagé
avec l’ouverture de 6 nouveaux établissements, dont
deux viennent d’entrer en service à Seysse-Toulouse
et Avignon.
Dominique PERBEN, garde des sceaux, et Pierre BEDIER, secrétaire
d’Etat aux programmes immobiliers de la Justice, ont présenté
le contenu de leur plan de construction de prisons. Le gouvernement
actuel a annoncé la création de 30 nouvelles prisons,
dont 8 pour les mineurs pour porter la capacité du parc pénitentiaire
à 60 000 incarcérés. Ce projet, qui débouchera
sur l’ouverture de 13 200 nouvelles places de prison, sera
financé à hauteur de 1,4 milliard d’euros et
devrait être livré au plus tard en 2007. Ce plan de
construction est le plus important depuis plus de quinze ans. Par
sa taille autant que par sa philosophie, il s’apparente au
« programme 13 000 » qu’avait initié Albin
CHALANDON, garde des sceaux du gouvernement CHIRAC (1986/1988).
Au terme de cet ancien plan, 25 nouveaux établissements avaient
été livrés dans les années 90, tous
construits et gérés par des groupes privés.
C’est ce même principe qui devrait être repris
par le plan PERBEN-BEDIER : les fonctions de surveillance et d’administration
de la détention relèveront de l’Etat, et ce
seront des sociétés privées qui assureront
le bâti et l’hôtellerie.
Malgré tout, selon l’avis général, cela
ne suffira pas à endiguer réellement le phénomène.
« La construction de nouvelles places conduira inéluctablement
à remplir de nouvelles cellules », commente le Syndicat
de la Magistrature. Céline VERZELETTI, secrétaire
nationale de la CGT pénitentiaire, résume le sentiment
général des syndicats en ces termes : « On ne
réglera pas le problème tant qu’on continuera
à incarcérer des gens qui n’ont rien à
faire en prison (des sans-papiers, des gens qui ont conduit en état
d’ivresse ou qui n’ont pas payé de pension alimentaire)
et qui pourraient faire l’objet de mesures alternatives à
l’incarcération. » M. ROSSIGNOL, membre de l’UFAP
(Union Fédérale Autonome Pénitentiaire) se
lamente en concluant de la sorte : « Ce qui se passe derrière
les murs des prisons ne se voit pas. On oublie les détenus
dès qu’ils sont cadenassés. Seulement, nous,
on vit le quotidien avec eux. »
Pour finir, il est important de préciser le coût de
construction d’une simple cellule qui s’élève
à près de 91 470 euros (soit environ 600 000 francs).
Cet argent est comme le précise de nombreuses associations,
perdu, puisqu’il pourrait par exemple être utilisé
afin de réorganiser l’économie et la justice
afin de palier à cette augmentation de la population carcérale.
II. LA VIE EN PRISON
La vie en prison entraîne de nombreux désordres qui
ont des causes différentes mais qui finissement généralement
par avoir les mêmes conséquences. En effet, le détenu
vit seul, dans des conditions difficiles, sans contact avec sa famille,
etc. Cette situation ne fait qu’amplifier le risque de réactions
violentes au sein même du milieu carcéral.
A. Le désordre externe : les liens familiaux
La séparation du prévenu se fait habituellement de
manière brutale et plus que difficile. Les complications
sont nombreuses tant au point de vue du détenu lui-même,
que de sa famille et de son entourage. Les liens familiaux, généralement
très forts dans une famille se retrouve soudainement «
coupés » et la famille se retrouve disséminée
dans de très dures conditions. Le fait de quitter une vie
active dans laquelle le détenu avait une routine quotidienne
est également quelque chose de difficilement supportable.
De plus, il est important de considérer la réalité
de ce que vit l’accusé et sa famille. « L’enfer
» des prisons est également vécu au jour le
jour par l’ensemble de la famille et de l’entourage
proche du prisonnier.
Pour permettre aux détenus de maintenir des liens familiaux
et éviter l’humiliation des relations sexuelles au
parloir, l’administration pénitentiaire a conçue
l’idée d’appartements exempts de toute surveillance,
où des prisonniers condamnés à de longues peines
pourront recevoir les leurs, pendant 6, 24, 48, voire 72 heures.
La première Unité de Visite Familiale (UVF) a été
inaugurée le 3 avril par Pierre BEDIER, secrétaire
d’Etat aux programmes immobiliers de la justice, et par Christian
JACOB, ministre délégué à la famille.
S’inspirant de l’exemple canadien, l’administration
pénitentiaire a donc conçu l’idée de
ces petits appartements sans surveillance où les personnes
incarcérées pourront recevoir librement leur famille
pour une durée variable. D’abord validées en
1998, puis enterrées face à l’hostilité
de certains syndicats de surveillants, qui dénonçaient
des « parloirs sexuels déguisés », les
UVF ont été relancées en 2000 par l’ancienne
ministre de la justice, Elisabeth GUIGOU, qui a décidé
de différents sites d’implantation. Chacun s’accorde
sur la nécessité de favoriser les liens familiaux
en prison. Les premiers mois de ce dispositif seront donc décisifs
pour ce dispositif, dont le caractère expérimental
a été souligné par M. BEDIER lors de sa visite.
Il a en effet été positivement impressionné
par l’Espagne, qui a choisi de se doter de parloirs intimes
d’une demi-journée dans des cellules-chambres à
coucher, et dans lesquels il a vu « un facteur d’humanité
et de sécurité ».
Cette idée, qui initialement a l’air d’être
tout à fait correcte, tant pour les détenus, pour
les familles, que pour l’administration s’avère
en fait cacher de nombreux éléments pourtant clés.
En effet, même si tout les critères sont réunis
pour permettre au prévenu d’avoir un contact avec sa
famille (bonne tenue de conduite, etc.), le directeur de la prison
peut refuser, sans raison valable, de laisser le détenu accéder
à une Unité de Vie Familiale. Cette « sélection
» opérée est donc en réalité très
subjective et ne dépend pas entièrement du dossier
du détenu puisque le directeur peut à sa guise accepter
ou refuser la visite de la famille.
De plus, certaines des unités de visite familiale crées
l’ont été sans grande logique. En effet, prenons
pour exemple, l’UVF de Casabianda situé en Corse. Près
de 90% des personnes qui y sont incarcérées le sont
pour avoir commis des viols sur leurs enfants. L’administration
pénitentiaire responsable de cette UVF refuse donc logiquement
de laisser les enfants accéder à la prison. Seulement
cette unité de vie familiale a été de toute
manière construite dans un endroit où elle est très
difficile à appliquer. La majorité des individus qui
y sont incarcérés sont étrangères. Il
y a donc un problème majeur afin de faire venir la famille
de pays étrangers et très éloignés.
On a donc mis en place ces structures mais indirectement on ne laisse
pas une totale liberté de développement à ce
projet puisque dès aujourd’hui, on met en place des
restrictions qui n’ont rien de bénéfiques à
la population carcérale.
La distance vis-à-vis de la famille, le manque d’affection
des enfants et des épouses, mettent les détenus dans
des situations psychologiques difficiles. Il en résulte alors
parfois un désordre interne bien plus important qui se manifeste
bien souvent par la mise en place de différents trafics et
de violence.
B. Le désordre interne
1. Des conditions de vie précaires
Comme nous venons de le montrer, la distance vis-à-vis de
la famille est très souvent bien difficile à gérer
pour le détenu qui ne sait plus vraiment vers qui se tourner.
Il a quelques années, l’Observatoire International
des Prisons a encouragé les détenus à écrire
ce qu’il ressentait. Je citerai ici quelques passages d’une
lettre intitulée : « Les conditions de vie… ou
de mort dans les prisons », signée par un détenu
de la Maison d’Arrêt Charles III de Nancy, l’un
des établissements pénitentiaires les plus vétustes
en France. Le prisonnier, incarcéré depuis près
de 40 mois à Nancy écrit : « La prison, c’est
une décharge nationale, c’est le lieu du tout répressif,
une machine à démolir et à exclure ».
A la suite de l’appel lancé par l’OIP, une avocate
spécialisée dans ce genre d’affaires a reçu
d’autres lettres de ce type dans lesquelles les détenus
entendent dénoncer devant la justice leurs conditions de
détention. Les détenus y évoquent les conflits
incessants en raison de la chaleur et de la promiscuité,
l’hygiène déplorable des cellules, les odeurs
nauséabondes, etc. La promiscuité, terme qui revient
souvent dans bon nombre de lettres, c’est également
vivre en permanence avec les mauvaises odeurs. Celles des toilettes,
séparées du reste de la pièce par une cloison
sans porte qui ne monte pas jusqu’au plafond : « Chacun
a droit au bruit et aux odeurs qui se répandent dans la pièce,
puisqu’il n’y a pas de système d’aération
ou de ventilation ». Il y a aussi les odeurs de la grosse
poubelle qui n’est pas vidée chaque jour. Les détenus
doivent en effet acheter les sacs plastiques, et attendent qu’ils
soient bien remplis pour s’en débarrasser. A l’extérieur,
la cour de promenade de 18 mètres sur 10 est bien trop petite
pour tous les détenus. Construite sans banc, sans abri et
sans urinoir, la cour empeste dès les premières chaleurs
parce que les détenus y sont contraints à uriner le
long des murs. Les journées de prison sont rythmées
par un horaire qui ne varie pas ou peu, et qui est le même
que l’on soit samedi, dimanche ou jour férié.
La prison s’éveille à 7h00 et se ferme à
18h00. La journée est, selon les détenus organisée
par le travail (nous verrons cela un peu plus tard) ou par l’attente
continuelle et incessante.
De plus, à leur incarcération, bon nombre de détenus
sont déjà atteints de divers problèmes de santé.
D’après les statistiques de l’année 2000,
30% des détenus étaient toxicomanes, 30% aussi souffraient
de problèmes d’alcool. On apprend d’ailleurs,
qu’environ une personne sur deux souffre déjà
de troubles psychiatriques à son entrée en prison.
Il apparaît également, qu’en 1998, 1.56% des
prisonniers étaient séropositifs. Les conditions sanitaires
et médicales s’avèrent être très
difficile, sachant que la totalité des personnes incarcérées
ne reçoit pas de traitement médical spécifique
à son cas.
Pour ajouter à cela, en prison, « tout se paie ».
En effet, les sacs poubelles, la télévision, les «
plus », tout ce qui permet d’améliorer l’ordinaire.
Prenons à titre d’exemple la télévision
qui se paie environ 8,4 euros (soit 55 Francs) la semaine. Ce système
d’offres et de demandes entraîne alors un climat de
tension supplémentaire. La cantine, par exemple, est qualifié
de « boutique » de l’établissement pénitentiaire
où l’incarcéré peut acheter divers objets
dans la limite de ses moyens financiers. Cette possibilité
d’ « achat » s’exerce sous le contrôle
du directeur et dans des conditions prévues par le règlement
intérieur qui fixe les jours, heures, modalités des
commandes et des livraisons. Les prix sont fixés quotidiennement
par le chef d’établissement sauf en ce qui concerne
quelques produits comme la tabac, le pain et les journaux qui tiennent
compte des frais exposés par l’administration pour
la manutention et la préparation. Cette réglementation
entraîne d’importantes disparités dans les prix
pratiqués dans les prisons. En effet, ceux-ci sont très
souvent supérieurs à ceux du marché.
Les conditions de vie au cœur même de la prison sont
donc extrêmement dures, tant au point de vue physique, médical,
sanitaire que psychologique. Dans ces cas là, la tension
qui règne au sein du milieu carcéral entraîne
de nombreux conflits qui mènent à la naissance de
sources de violence. De plus, pour lutter contre l’état
de déprime et quelques fois de dépression qui peut
toucher les détenus, certains prévenus mettent en
place divers « trafics », fonctionnant à double
sens. Le « trafiquant » y a un intérêt
financier et le détenu, dans le cas des trafics de drogue
par exemple, obtient un moyen de s’évader de son mode
d’isolation.
2. Trafics et Violence
Nous venons de le voir, la prison est un milieu très difficile
à vivre. De plus, il a été bon nombre de fois
démontré que la promiscuité provoque un accroissement
des violences entre détenus.
Les trafics au sein même de la prison ne sont au final pas
très nombreux. Les principaux concernent essentiellement
la drogue qui permet aux détenus de « s’évader
» psychologiquement. Le trafic de drogue est contre toute
attente toléré par l’administration pénitentiaire
car il favorise une baisse de la violence. Les principales drogues
qui sont transmises aux détenus sont le hashish et le cannabis.
Ce trafic permet un abaissement de la violence mais peut également
avoir un effet « boule de neige », en augmentant la
violence. En effet, certains détenus sont prêts à
tout pour obtenir de quoi quitter le temps de quelques instants
leurs vies en prison. De plus, concernant l’administration,
les directeurs de prison sont obligés de tolérer ces
trafics de drogue ; ils n’ont pas réellement le choix
car il se crée un réel système d’offres
et de demandes en prison.
Selon de nombreux détenus interrogés par divers journalistes,
il n'y a jamais de pénurie. La drogue passe par le parloir,
soit elle est ingérée et les détenus se font
par la suite vomir en cellule, (elle peut également être
incérée par voie gastrique). Seulement s’ils
sont pris sur la fait, ils passent par le prétoire avec le
directeur de prison et le surveillant chef et cette rencontre se
finit souvent par des jours de mitard.
On peut également noter la présence de trafics de
portable et d’alcool, qui n’existent que si les détenus
ont les moyens financiers d’y participer. Il n’y a tout
de même pas de trafics d’armes à feu ni d’armes
quelques qu’elles soient. Il peut à l’occasion
y avoir trafics d’armes blanches (couteaux, cutters…)
lors de projets d’évasion qui sont toutefois bien peu
nombreux.
Tous ces éléments mettent parfois en place des véritables
foyers de violence. Les tentatives d’évasion (Cf. trafics
d’armes blanches) sont la plupart du temps très médiatisées
mais reste toutefois extrêmement marginalisées. En
effet, on a recensé en 2001, 31 actes d’évasion
et environ 20 en 2002. Sur la totalité de la population carcérale
qui s’élève, rappelons le à environ 61
000 détenus, le pourcentage apparaît alors comme avoisinant
les 0,0327%, il peut alors être facilement être négligé.
Il y a toute de même au final, une augmentation nette de la
violence puisque plus le niveau de sécurité est élevé,
plus la violence prend le pas. Ce principe est valable quelque soit
la situation. En effet, plus il y a d’interdictions, plus
il y a d’insécurité. En 2001, on a également
recensés près de 413 agressions contre le personnel.
Quant à ce qui concerne la violence entre détenus,
aucun chiffre précis n’a pu être communiqués
mais il est certain que pour la plupart des cas, les surveillants
ne prennent pas tous en majorité, position pour défendre
les intérêts de chacun des détenus.
Le trafic, la violence, le racket et parfois même la prostitution
sont bien présent dans le milieu carcéral mais la
plupart du temps de manière plus qu’officieuse. La
prison s’avère alors plus être un lieu de violence
et de débâcle qu’un lieu où « les
Hommes prennent conscience du droit chemin ».
3. Suicides et « morts suspectes »
Le problème du suicide en prison est régulièrement
évoqué par les médias à l’occasion
de la publication par l’état du nombre de détenus
ayant mis fin à leurs jours. Chacun sait que ce nombre a
augmenté régulièrement jusqu’en 1996
pour atteindre des chiffres jugés inquiétants, voire
inacceptables. Si l’on regarde les choses de plus près,
on constate que l’augmentation de la mortalité par
suicide des détenus n’est pas un phénomène
très neuf puisqu’on l’observe depuis 1950, avec
une accélération importante depuis 1972.
Seulement, aujourd’hui, le constat est sans appel : on se
suicide plus en prison qu’en liberté et davantage dans
les prisons françaises que chez nos voisins européens.
(Un décès presque tous les trois jours en prison ;
sept fois plus qu’à l’extérieur). En 2002,
122 détenus se sont donnés la mort. Le taux de suicide
a ainsi atteint 22,8 pour 10 000 détenus. Les données
du premier semestre 2003 laissent de plus à penser que le
nombre de décès volontaires atteindra 140 cette année.
Les facteurs suicidogènes sont nombreux et varient d’un
détenu à l’autre. Ces causes établies
sous 4 groupes sont réalisées en fonction des diverses
études menées et ne conviennent alors pas forcément
à tout les cas.
Prenons par exemple, le premier groupe qui tient aux conditions
de vie en prison. Dans un premier rapport de 1996 consacré
à la prévention, l’administration pénitentiaire
insistait sur l’accueil du détenu lors de l’écrou.
C’est le choc de l’incarcération, choc qui s’accompagne
d’une rupture avec le milieu de vie habituel et ses repères
spatio-temporels. Il en résulte alors solitude, isolement
affectif, absence de communication positive, anxiété,
etc. L’homme prisonnier perd son autonomie devient alors passif,
soumis et même végétatif. Le « choc carcéral
» conduit en effet à ce que 9% des suicides se produisent
pendant la première semaine de détention, 17% pendant
le premier mois, et 34% durant les trois premiers mois.
Les trois autres groupes moins importants sont liés :
- A la particularité de la population des prisons : c’est
une population très majoritairement masculine, qui est alors
forcément plus agressive et violente qu’une population
féminine. De plus, il s’agit souvent de personnes jeunes
et psychologiquement fragiles.
- Au fonctionnement de la justice pénale : difficultés
procédurales, formalisme juridique, gravité des décisions
judiciaires, absence de communication entre autorités judiciaires
et pénitentiaires, etc.
- A ce qui est appelé « la crise morale des valeurs
» : indifférenciation des notions de bien et de mal,
du permis et de l’interdit, pertes des repères institutionnels,
introduction frauduleuse de substances psychotropes (principalement
des drogues hallucinogènes).
Bien que la prison soit certainement le lieu où l’on
peut repérer le plus facilement les conduites suicidaires,
il n’existe paradoxalement sur ce sujet que très peu
d’études détaillées en France. Nous citerons
rapidement celle de Nicolas BOURGOIN, qui, analysant 140 suicides
dans les prisons françaises entre 1989 et 1991 distingue
parmi les suicidés six groupes différents définis
à partir du motif suicidaire. On donnera également
un pourcentage moyen de ce que représente chacune des classes
au niveau de la totalité de la population carcérale
de l’époque :
- Classe 1 : suicides pour troubles mentaux (18%)
- Classe 2 : suicides sans motif apparent (33%)
- Classe 3 : suicides par honte ou remords (7%)
- Classe 4 : suicides par peur des conséquences juridiques
de l’incarcération (16,5%)
- Classe 5 : suicides pour perte ou angoisse de perte familiale
(18%)
- Classe 6 : suicides par intolérance à la vie carcérale
(8%)
Le paradoxe résulte dans le fait, on l’a dit, que
très peu d’études sont menées au sujet
des suicides dans le milieu carcéral français.
Pour expliquer ceci, il faut étudier ce qui est officiellement
appelé les « morts suspectes ». D’après
divers témoignages de détenus ou de surveillants,
il en ressort que lors de morts, il n’y a pas systématiquement
d’enquêtes. Un expert fait parfois une autopsie mais
c’est le même expert qui réalisera par la suite
la contre-expertise qui conclut souvent dans le sens du procureur,
même lors de preuves accablantes. En effet, il s’est
déjà produit de par le passé, le cas où
certains détenus sont décédés après
avoir subi de sérieux sévices corporels. Pourtant,
même lors de preuves qui paraissent irréfutables, le
procureur conclura à un non-lieu.
Malgré tout, il est important de préciser qu’il
ne faut pas généraliser. Les détenus qui meurent
au sein d’une prison n’ont pas tous subis des violences
corporelles. La quasi-totalité des morts recensées
sont majoritairement dues à des suicides.
Après une augmentation du nombre des suicidés dans
les prisons françaises jusqu’en 1996, il semblerait
y avoir maintenant une stabilisation malgré tout de même
la progression constante de la mortalité par suicide des
détenus. Le développement des structures médicales,
psychiatriques, associatives travaillant en milieu carcéral,
la sensibilisation du personnel de surveillance aux facteurs de
risque ainsi que l’évolution de la justice pénale
et des conditions de vie en prison peuvent expliquer cette récente
évolution qui s’annonce favorable. Toutefois, certaines
morts restent inexpliquées et apparaissent donc comme «
suspectes » et peuvent alors jouer un rôle considérable
dans l’établissement des diverses statistiques.
C. Les occupations des détenus
Les occupations des détenus ne sont évidemment pas
bien nombreuses. La plupart du temps de la journée est consacré
à l’attente, à l’inactivité. Parfois
alors, l’activité devient alors le seul moyen d’éviter
de sombrer dans un état de déprime ou de dépendance
à diverses drogues. Les activités proposées
ne sont pas non plus très nombreuses mais jouent souvent
un rôle non négligeable au sein d’une prison.
1. Le travail
Travailler fait parti des droits du détenu et, en principe,
un emploi doit lui être procuré. Il n’y a aucune
obligation au travail. Selon l’administration
pénitentiaire, en 1998, 22 000 détenus ont travaillé,
ce qui représente un taux d’emploi de 32%. Pourtant,
vivre en prison coûte cher et, pour un bon nombre de condamnés,
la rémunération liée à un travail en
détention sera la seule ressource possible pour répondre
notamment aux dépenses de cantine et de frais de justice.
En effet, le travail est généralement proposé
aux détenus étant en Maison d’Arrêt, leurs
peines étant déterminées et appliquées.
Les formes sous lesquelles l’administration pénitentiaire
organise le travail en prison sont au nombre de trois :
- Le régime de concession : l’administration passe
un contrat avec des entreprises à qui elle procure la main-d’œuvre
pour une production donnée.
- Le régime de Régie Industrielle des Etablissements
Pénitentiaires (R.I.E.P.) : le travail est accompli sous
le contrôle direct de l’administration
- Le régime du service général : il consiste
quant à lui à accomplir des travaux d’entretien
à l’intérieur des locaux de détention.
Il n’y a pas de contrat de travail entre l’administration
pénitentiaire et le détenu, ni entre l’entreprise
et celui-ci. Une convention administrative fixe les conditions d’emploi
et de rémunération. N’étant pas bénéficiaire
d’un contrat de travail, le détenu peut perdre son
travail du jour au lendemain, sans aucune compensation si le travail
vient à manquer ou par mesure disciplinaire. Il ne bénéficie
ni du paiement des journées de travail, ni du paiement des
journées de chômage technique, ni du droit de grève.
Le seul élément commun au travail de la vie «
libre » est le respect des 35 heures de travail.
Le travail carcéral passe dans les textes de lois comme étant
de la formation professionnelle mais il en est souvent autrement.
La préparation des examens professionnels est assurée
plus particulièrement dans les établissements pénitentiaires
qui ont été aménagés et pourvus du personnel
nécessaire. La formation professionnelle des détenus
s’affirme selon l’administration pénitentiaire
comme « un élément essentiel de préparation
à la sortie et à la lutte contre la récidive
».
Malgré tout, les freins du développement du travail
pénitentiaire sont nombreux et de natures relativement diverses.
On peut évoquer en premier lieu la situation économique
générale peu favorable à la création
d’emplois en prison, et surtout la perception négative
par le public et les milieux industriels du monde pénitentiaire
qui ne facilite pas la production de nouveaux employeurs. Doivent
être également cités : la faible qualification
des détenus, l’encombrement d’établissements
pénitentiaires surpeuplés, l’inadaptation des
locaux à des activités économiques, l’éloignement
des centres urbains, etc. Il convient aussi de prendre en compte
les données propres à la vie pénitentiaire
: faiblesse de l’encadrement de travail, durée réduite
de la journée de travail, ce qui nuit à la rentabilité
de production.
Cependant, un point positif non négligeable a été
remarqué chez de nombreux détenus. On aurait constaté
des vertus curatives du travail : l’occupation de temps et
d’esprit que tout emploi nécessite permet au détenu
une certaine évasion dans la mesure très relative
où son esprit, habituellement préoccupé par
maints problèmes difficilement surmontables et stressants,
peut de la sorte se décharger. Non seulement les journées
passent plus vite, mais surtout le travail permet d’élaborer
un début de réinsertion par ces gestes quotidiens
qu’effectue toute personne libre dans son travail. De plus,
c’est là un moyen d’apprendre quelque chose de
nouveau, d’évoluer, et une occasion supplémentaire
d’apprendre la sociabilité en compagnie de ses camarades
(les détenus ne sont toutefois pas tous insociables, il ne
faut pas généraliser).
Le travail, bien qu’ayant un fond positif est très
difficile à mettre en place de façon homogène
dans l’ensemble du milieu carcéral français
du fait du manque de place qui empêche la création
de nouveaux emplois. Le S.M.I.C.-détenu se basant sur un
montant d’environ 2,90 euros (soit 19,01 Francs) de l’heure
n’est réservé qu’à un nombre très
restreint de détenus. Les difficultés et les freins
sont bien nombreux et il faudra attendre encore quelques années
pour penser pouvoir obtenir un plan de travail bien réparti
dans les prisons françaises.
Les détenus n’ayant pas tous accès au travail,
certaines associations viennent en aide aux détenus à
leur manière. En effet, quelques ateliers s’établissent
ici et là dans certaines prisons de France. Le but étant
de permettre aux détenus de s’exprimer de manière
personnelle à travers un choix plus ou moins divers d’activités.
2. Les activités proposées
Il parait plus qu’évident, du fait de sa privation
de liberté, qu’un détenu n’a pas accès
à un large choix d’occupations. Cependant, des ateliers
sont mis en place dans la mesure du possible. En effet, la surpopulation
carcérale empêche par ailleurs de nombreux détenus
d’accéder aux activités sportives et aux différents
ateliers, accordés aux plus méritants. « Tous
les cours sont pleins et ils s’arrêtent pendant l’été,
se plaint l’un d’eux. Il n’y a aucune activité
autre que le sport et la promenade, 1h30 le matin et 1h30 l’après-midi.
Alors on reste dans la cellule toute la journée. »
Alors, il ne reste plus qu’au détenu la télévision,
qui certes payante, permet de s’évader quelque peu.
Seulement, la télévision entraîne de nos jours
une « mise en boite » de la population, tout particulièrement
des jeunes (exemple de la télé réalité).
Il en résulte alors un embrigadement des prisonniers. Dans
ce contexte, cela ne fait qu’accentuer le climat de marginalisation
et donc de tension au sein des prisons.
De manière plus ou moins générale, des salles
de sport sont mises à la disposition des détenus qui
peuvent y accéder à certaines heures de la journée.
Malgré tout, le sport ne consiste pas une activité
carcérale à lui-même. Certes, des ateliers sportifs
sont organisés, parfois à la demande des détenus,
tels que des ateliers de boxe, de judo, etc. mais tout ceci n’étant
mis en place qu’en fonction des possibilités des divers
établissements.
D’autres activités, à caractère plus
artistique, sont également parfois proposées. Lors
de ma rencontre avec la présidente de l’association
BAN PUBLIC, j’ai eu le privilège de rencontrer M. Jean
Christophe POISSON, metteur en scène théâtral
depuis 7 ans. Il nous a expliqué la manière dont son
activité en prison a pris le dessus sur son activité
professionnelle. En prison, nous dit-il, les liens sont très
forts. De plus, il est évident que tenter d’instaurer
une activité théâtrale en prison est une expérience
risquée car il s’agit de se confronter au regard du
milieu carcéral, qui est en quelque sorte un monde petit
et dépouillé.
La difficulté est d’autant plus importante que seul
3% de la population carcérale accepte de participer aux activités
artistiques pénitentiaires. Ce petit pourcentage s’explique
par un fait très simple.
En effet, prenons l’exemple d’une maison d’arrêt.
Le climat n’y est que souffrance, surpopulation et violence.
La journée de détention type est telle que le détenu
travaille près de 7 heures. Il lui reste alors environ 1h30
pour le sport, la promenade, la famille (les entretiens aux parloirs),
et puis la culture et l’éducation. Le temps lui est
alors relativement restreint. De plus, certains prévenus
voient d’un mauvais œil la participation à de
telles activités. Les clans étant nombreux au sein
d’une prison, certains anciens détenus ont rapporté
à certains journalistes leurs appréhensions à
ce sujet. Le climat de violence étant tel qu’il est,
des représailles, même sans aucun sens, peuvent être
à craindre.
Point également important à souligner, les détenus
paient les activités culturelles par la redevance télé.
Le sport, les différents ateliers s’avèrent
donc être aussi payants.
Contrairement à ce que peut croire une partie de la population,
certains détenus sont loin d’être incultes. Les
3% cités précédemment constituent pour la plupart
l’élite culturelle qui intervient dans toutes les activités
(lecture, théâtre, etc.). En effet, les détenus
qui ne travaillent pas, peuvent aisément passer leurs journées
à lire. Les ateliers deviennent alors un lieu de parole,
où comme nous l’a expliqué M. POISSON les discussions
sont de sujets divers allant de littérature (Voltaire, Proust,)
en philosophie (Leibniz, etc.). Cette élite est inadaptée
à la vie extérieure. L’entreprise culturelle
est la seule qui peut accueillir ces gens-là. Le metteur
en scène que j’ai rencontré essaie de son côté
de faire au mieux pour trouver un emploi adapté à
certains de ces détenus dans un secteur qui leur permettra
de repartir sur de bonnes bases. Seulement la réinsertion
est difficile, mais ce n’est pas ici le sujet de notre exposé.
Les occupations des détenus ne sont donc pas bien nombreuses
et celles qui peuvent être mises à leur disposition
ne sont toutefois pas accessibles à tous.
Entre le travail et les activités sportives ou culturelles,
le rythme de la prison n’est pas clairement établi
puisque chacun des ateliers qui peuvent être présents
ne sont pas ouvert à tous.
Perdus entre l’attente, l’espoir, le travail, les activités,
etc. les détenus ont souvent de bonnes raisons de se sentir
marginalisés.
CONCLUSION
La prison, trop souvent vue d’un mauvais œil par la
population n’a rien à envier. Les récits faits
par certains anciens détenus ou spécialistes sont
bouleversants (voir ressources bibliographiques). Le livre le plus
touchant reste selon moi, celui de Daniel KOEHL qui exprime de manière
brutale et terrible, les scènes d’une existence, sans
cesse sur le fil, que seules la révolte et la rage retiennent
de sombrer. On peut alors penser que tel est le cas pour tous les
détenus, que la colère, la rage, le surplus de violence
leurs permettent de tenir, mais nul ne peut vraiment se mettre à
leurs places.
Malgré tout ce qu’on peut en dire, la prison est loin
de disparaître et il parait évident que dans la société
d’aujourd’hui, l’Etat ne semble pas l’envisager.
Seulement, entre un objectif de réinsertion affiché
et une réalité quasi-destructrice pour tout être
isolé derrière les murs, la crise du système
carcéral invite à une réflexion plus profonde
sur l’utilité même de la prison.
Tout citoyen, si tranquille et pacifique soit-il, est au fond de
lui un délinquant. Qui peut être sûr de ne pas,
un jour, sous l’emprise de la colère, faire un acte
inconsidéré, illégal, dangereux ? Une société
soucieuse avant tout de sécurité devrait donc mettre
préventivement en prison tous les citoyens. Voilà,
justement le paradoxe relevé par de nombreux spécialistes,
car, avant tout, avoir contact même superficiellement avec
le monde des prisons, c’est découvrir un univers totalement
autre et cependant tout proche, où vivent des hommes et des
femmes semblables à nous.
Les détenus racontent leur vie à leur manière.
Leur vérité n’est pas forcément LA vérité,
mais elle vaut la peine d’être entendue. D’ailleurs,
tous ne rejettent pas leurs fautes sur les autres. Ils sont même
beaucoup à supporter l’enfermement, ce qui ne veut
pas dire qu’ils le supportent bien. La situation dans laquelle
ils se trouvent, ils ne peuvent se la reprocher qu’à
eux-mêmes mais malgré tout, rendre leur quotidien supportable
serait bienvenue. Les remords, la souffrance et la douleur sont
suffisamment présents pour que la société ait
à en rajouter.
Tiraillés entre la surpopulation incessante, les conditions
de vie difficilement supportables, l’éloignement de
la famille, etc. leurs vies n’en sont que plus insoutenables.
Nous souhaitons alors à l’ensemble de la population
carcérale une amélioration de leurs conditions de
détention ainsi qu’un avenir plus prometteur et moins
sombre…
Je tiens à remercier tout ceux qui m’ont permis de
mener à bien mes recherches et cet exposé. Je remercie
tout particulièrement l’ensemble de
l’association BAN PUBLIC qui a répondu à bon
nombre de mes interrogations et qui m’a permis d’être
la plus précise dans mes explications, tout ceci en me basant
sur des faits concrets. Je salue également les auteurs Daniel
BILALIAN et Daniel KOEHL pour avoir su, dans leurs ouvrages, expliciter
au mieux les conditions réelles de la vie en prison. C’est
une prise de conscience garantie à tout être souhaitant
se faire un avis précis…
BIBLIOGRAPHIE
Ressources Internet :
- JLDLHaye02.html
- http://www.eleves.ens.fr/pollens/seminaire/seances/prisons/
- http://www.monde-diplomatique.fr/2003/06/A/10218
- http://www.monde-diplomatique.fr/2003/06/ERBIN/10209
- http://www.penitentiaire.com/
- http://www.politis.fr/article.php3?id_article=74
- http://www.prison.eu.org/
- http://www.reseauvoltaire.net/article8270.html
Ressources journalistiques :
- Le Monde. Samedi 12 avril 2003
- Le Monde. Vendredi 5 décembre 2003
- Les dossiers de l’actualité. Novembre 2002
Ressources bibliographiques
- Révolte à Perpétuité de Daniel KOEHL
- PRISONS la vérité de Daniel BILALIAN
- Un monde sans prisons de Albert JACQUARD, avec la contribution
d’Hélène AMBLARD
Ressources diverses
- Entretien avec l’association BAN PUBLIC
- Reportage télévisé sur France 2, du vendredi
14 Novembre 2003, à 22h30
- Sondage effectué au près d’une partie de la
population
- Transparent avec diverses statistiques
Origine : http://www.prison.eu.org/IMG/doc/ECJS.doc
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