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Deux prisons aux conditions de détention "inhumaines"
vont être réaménagées
Source : Le Monde
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-354591,0.html
LEMONDE.FR | 26.02.04 | 19h58 • MIS A JOUR LE 26.02.04 |
20h03
En réponse au rapport accablant du Conseil de l'Europe qui
dénonçait des conditions de détention "inhumaines"
dans les prisons françaises, le ministre de la justice prévoit
de "remplacer" deux établissements.
Le ministère de la justice envisage de réduire la
surpopulation carcérale dans les prisons de Toulon (Var)
et de Loos-lès-Lille (Nord), a fait savoir, jeudi 26 février,
le cabinet de Dominique Perben. Le Conseil de l'Europe avait dénoncé
les conditions de détention "inhumaines" dans ces
établissements.
"J'ai indiqué au Conseil de l'Europe que les deux établissements
vont être remplacés en juin prochain pour Toulon et
mai de l'année prochaine pour Loos", a affirmé
le ministre lors d'une conférence de presse. Son cabinet,
interrogé sur le sens du terme "remplacés",
a précisé que la prison de Loos serait soulagée
d'une partie de ses détenus en mai 2005 avec l'ouverture
du nouveau centre pénitentiaire de Sequedin. Il en sera de
même pour Toulon en juin, avec l'entrée en activité
du centre de La Farlède, dans la banlieue de la ville.
Dominique Perben enverra "dans les prochains jours" sa
réponse au rapport du Conseil de l'Europe publié en
janvier, qui demandait à Paris de prendre rapidement des
mesures pour résoudre le problème de la surpopulation
carcérale. "Nous répondrons en exposant le programme
de construction de nouvelles prisons, la séparation des détenus
mineurs des adultes, la réforme de l'aménagement des
fins de peine et le développement des alternatives à
l'incarcération", a précisé le ministre.
Dans la semaine du 11 au 17 juin, trois établissements pénitentiaires
avaient été visités par le Comité de
prévention de la torture (CPT), qui dépend du Conseil
de l'Europe. Cette institution, qui possède le pouvoir unique
de visiter à l'improviste tous les lieux où des personnes
sont détenues, avait inspecté les maisons d'arrêt
de Loos et de Toulon, ainsi que de la centrale de Clairvaux (Aube),
en raison d'informations sur le nombre de suicides en détention,
passé de 104 à 122 entre 2001 et 2002. Dans son rapport,
transmis aux autorités françaises le 20 novembre,
le CPT dressait un constat accablant.
"TRAITEMENTS INHUMAINS"
A Loos, 1103 détenus s'entassaient pour 461 places, soit
un taux d'occupation de 239 % et à Toulon, le taux était
de 240 %, avec 348 détenus pour 140 places, soulignait le
rapport. Les détenus étaient enfermés à"
trois dans des cellules de 9 m2 et certains étaient contraints
de dormir sur des matelas étendus sur le sol". Les femmes,
quant à elles, étaient parquées à "quatre,
voire même cinq dans des cellules de 12 m2".
Le rapport dénonçait des locaux "vétustes,
mal entretenus, voire (...) insalubres" et évoquait
des WC "dégradés (...) partiellement encloisonnés."
A Loos, des "containers débordant d'immondices malodorantes"
étaient laissés "plusieurs heures durant à
l'entrée des sections, par là-même où
étaient acheminés les chariots de repas." Par
ailleurs, dans les deux maisons d'arrêt, "la grande majorité
des personnes détenues passaient le plus clair des journées
dans une très grande oisiveté".
De son côté, l'Union fédérale autonome
pénitentiaire (UFAP), principal syndicat de surveillants
de prison, avait attesté, le 28 janvier, de "la véracité
des constats effectués" par le CPT.
En conclusion, le CPT avait demandé aux autorités
françaises d'améliorer une réalité qui
relève des "traitements inhumains ou dégradants"
prohibés par l'article 3 de la Convention européenne
des droits de l'homme. Evoquant le programme de construction de
13 000 nouvelles places à l'horizon 2007 lancé par
le gouvernement, le CPT avait écrit que "l'augmentation
de la capacité d'accueil du parc pénitentiaire ne
doit pas être la première et principale réponse"
aux problèmes soulevés. Pour le comité, la
surpopulation est liée "à une politique pénale
répressive."
En février, le nombre de détenus a repassé
la barre des 60 000, en hausse de 2,8 % par rapport au mois dernier
et de 7,3 % par rapport à février 2003, a annoncé
le 10 février l'Administration pénitentiaire qui pointe
un taux moyen d'occupation des établissements de 124,5 %.
Avec la création de nouveaux délits (racolage passif,
occupation de hall d'immeuble, mendicité agressive...) et
la nouvelle loi sur la grande criminalité de Dominique Perben,
le gouvernement "encourage le recours à la prison",
avait observé fin janvier Pierre Tournier, président
de l'Association française de criminologie.
Avec Reuters et AFP
-- Karim, membre du Soviet* d'Orléans membre de l'OLP (Observatoire
des Libertés Publiques)
Réseau RESISTONS ENSEMBLE
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