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Date 2 Jan 2004
Subject: [multitudes-infos] prison 2000....2003....2004
Extrait du numéro 8 de l'Envolée. Janvier 2003.
C'était il y a un an et rien n'a changé, ni à
l'intérieur ni à l'extérieur...
http://journalenvolee.free.fr/
"L'ENVOLEE"
Si pendant les quelques mois de l'hiver 2000, au moment où
les questions carcérales et judiciaires étaient à
la mode, nous avions été dupes ou intéressés,
nous aurions pu trouver une place dans la grande famille des associations
qui occupent médiatiquement ou institutionnellement le terrain
des prisons. Dupes, soit d'imaginer que l'Etat concède quelques
miettes de légitimité ou quelques maigres subventions
sans attendre en échange une allégeance sous peine
de se voir supprimer ces avantages.
Dupes d'imaginer que l'Etat pouvait ignorer la réalité
de ses prisons et avait besoin d'observateurs, de conseillers pour
engager des réformes : la publicité faite autour du
livre de Vasseur était conçue et n'aura servi qu'à
faire passer l'énorme budget de la construction des nouvelles
prisons prévue depuis plusieurs années. Intéressés,
si comme beaucoup d'autres collectifs nous avions accepté
de cogérer avec l'Etat, sous couvert de réalisme pragmatique,
en ouvrant pour une hypothétique humanisation des prisons,
alors que le véritable pragmatisme montre clairement que
depuis 20 ans derrière les murs lisses et propres, on emmure
des condamnés à des peines de plus en plus longues.
Quand l'hygiène est synonyme d'isolement destructeur systématisé,
on ne peut pas parler de « progrès ».
A l'époque, la presse nationale soulignait avec éloge
la naissance du journal L'Envolée. Nous étions conviés
à des colloques de sociologues en quête de peines alternatives
et à des réunions d'avocats se penchant sur le sens
de la peine. Les sourires mondains auront été de courte
durée, nos déplacements étaient pour nous (et
sont toujours) des occasions de dire haut et fort ce que nous pensons,
que cela plaise ou non. Ces beaux parleurs professionnels ne parviennent
pas à nous faire oublier la réalité des choses
; monsieur Badinter a beau jouer les Victor Hugo, nous savons qu'il
n'a pas aboli la peine de mort et qu'il a transformé la guillotine
en agonie lente et administrative. La commission Justice du PCF
peut s'indigner de la longueur des peines tout en collaborant au
gouvernement qui les a prônées. Durant cette période,
nous étions à leurs yeux les utopistes de service
dont la critique radicale de l'enfermement pouvait apporter une
note pittoresque à leurs débats insipides. Assez rapidement,
nous sommes devenus des gêneurs à éviter. A
présent nous sommes des extrémistes dangereux, proches
de ce qu'ils appellent les terroristes qu'il ne s'agit plus seulement
d'ignorer mais de supprimer. Ce qui n'est pas assimilable par l'Etat
et ses partenaires est à rejeter, à criminaliser.
Pourtant nos propos n'ont pas changé, nos activités
non plus. Notre volonté est toujours de rester indépendants
de quelque autorité que ce soit, de comprendre et de construire
des rapports de force avec les premiers concernés, c'est
à dire les prisonniers et leurs proches et autres gibiers
de potence, et de placer la prison dans la critique plus générale
de la société qui la génère. Cette volonté
exprime un refus du consensus ambiant qui au mieux prône l'amélioration
des conditions de détention et qui voit comme solution, en
accord avec l'Etat, la construction de nouvelles prisons.
Ce que nous voyons dans le domaine précis de la prison
se manifeste dans l'expression de toutes les critiques sociales.
Ce ne sont pas les exemples qui manquent.
m u l t i t u d e s - i n f o s
Liste transnationale des lecteurs de "Multitudes"
http://listes.samizdat.net/wws/info/multitudes-infos
Site Web de la revue multitudes : http://multitudes.samizdat.net
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