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Ce texte a été distribué sur Nantes lors du 1°
Mai 1997
Il est encore d'actualité, me semble-t-il !
La fête du premier mai commémore les longues luttes
des travailleurs et travailleuses pour la journée de 8 heures,
la dignité humaine. Ce n'est donc pas la fête du travail
comme l'avait instauré Pétain, mais la fête
des travailleurs et travailleuses.
Aujourd'hui, nous nous retrouvons dans la rue essentiellement des
militants et militantes de syndicats, d'associations, ... et le
premier mai paraît bien fade par rapport à l'image
que nous pouvons nous faire du premier mai.
Historiquement, celui-ci nous évoque la place centrale du
travail, des luttes ouvrières et du syndicalisme, dans la
marche vers le progrès, la perspective du socialisme instaurant
des solidarités internationales.
C'est bien cette place centrale qui est en crise et qui interroge
le rôle du syndicalisme.
Un rôle est évident pour tous et toutes : le respect
des droits, de la justice, la défense de la dignité.
Et sur ce terrain la tâche est importante et difficile, liée
à la nature du contrat de travail dans lequel le patron dispose
de la force de travail du salarié. Les ouvrières de
Maryflo en Bretagne viennent d'en faire l'amère expérience.
Longtemps, ce rôle a été cadré par la
perspective du socialisme et du progrès. Celle-ci permettait
aux partis politiques de présenter des solutions qui cachaient
(très mal parfois) l'acceptation du système capitaliste,
et donnaient aux syndicats une place de gestionnaires du système,
tout en les mettant à la remorque qui du P.S., qui du P.C.F.
Cette évolution a renforcé un syndicalisme institutionnel
qui semble avoir comme but unique la sauvegarde de sa structure,
de son appareil (l'exemple le plus flagrant étant FO et la
Sécurité Sociale), tout en restant campé sur
la centralité du travail.
Cela n'enlève aucune sincérité à l'engagement
des militants et militantes. Mais la sincérité n'empêche
pas l'aveuglement. Un aveuglement qui se traduit par une timidité
à interroger l'évolution de la société,
les concepts de travail, d'emploi, de revenu, d'utilité,
de bien social, ...
Et pourtant les paradoxes ne manquent pas, par exemple :
• "Tout le monde" est contre la mondialisation,
les délocalisations, mais le volume des exportations dépasse
celui des importations.
• "Tout le monde" est contre le chômage, mais
il ne cesse d'augmenter partout dans le monde.
• La gauche se proclame antiraciste mais la xénophobie
institutionnelle et individuelle est toujours plus forte.
• L'air devient irrespirable, la vie urbaine insupportable,
mais la défense de l'emploi dans l'automobile fait l'unanimité.
Alors que le développement des outils, des techniques tend
à supprimer le travail, vouloir s'arc-bouter sur la défense
de celui-ci non seulement ne permet aucune visée de transformation
sociale, mais développe le terreau sur lequel se développe
le Front National. C'est pourquoi les revendications du style :
"Le plein emploi", "le droit au travail ou à
l'emploi " sont dangereuses. De plus, la recherche de nouveaux
emplois dits sociaux (santé, vieillesse, écologie,
loisirs, culture, ...) a pour conséquence de transformer
en marchandise les rapports sociaux tout en laissant le système
nous mener droit dans le mur (pollution, apartheid social, inégalités
sociales, conflits Nord-Sud, ...).
Il s'agit bien de produire une alternative dont la centralité
ne soit pas le travail, l'emploi. Cette nouvelle centralité
reste à construire. Elle seule peut contrer l'alternative
proposée par le F. Haine qui repose sur la xénophobie,
la haine, le repli nationaliste, l'ordre moral, "Travail Famille
Patrie".
Cette alternative a pour ennemi le système capitaliste. Elle
doit réfléchir aux formes de vie basée sur
le partage des richesses, la définition collective des besoins,
(le travail n'étant dans ce cadre qu'un outil pour les satisfaire),
l'interdiction de l'usure, de la spéculation, ...
C'est dans cette perspective de réflexion, de construction
et de lutte que nous avons créé un groupe IAC (Initiative
pour une Alternative au Capitalisme). Y participent le SCALP, l'OCL,
le SEL, la CNT, la FA.
Pour contact, écrire à IAC, C/O le Local, 16 rue Sanlecque,
44000 NANTES.
Le IAC participera à l'émission spéciale "travail"
sur Alternantes 98.1 de 18H à 22H30
Ce texte a été distribué sur Nantes lors
du 1° mai 1997 |