Origine : http://www.20minutes.fr/article/317189/France-Amnesty-International-denonce-l-impunite-des-policiers-francais.php
DROITS DE L'HOMME - L'ONG demande la création d'un
comité d’enquête indépendant...
Quatre ans après, rien n'a changé. C'est le constat
que fait Amnesty International, dans un rapport sur les violences
policières en France. En 2005, l'ONG avait déjà
dénoncé l'impunité des forces de police. En
2008, la situation aurait même empiré. Au fil de ses
recherches, l'association aurait découvert de «nouvelles
allégations de violations des droits humains», précise
le rapport.
Une autorité indépendante
En France, les plaintes pour homicides illégaux, passages
à tabac, injures racistes et usage abusif de la force par
des agents de la force publique «ne sont pas souvent suivies
d'enquêtes effectives» et «les responsables de
ces actes sont rarement traduits en justice», selon ce rapport
intitulé «France - Des policiers au dessus des lois
?». Philippe Diaz, directeur adjoint du programme Europe d'Amnesty,
dénonce «un système qui favorise l'impunité
et nuit à la réputation de la majorité des
représentants de l'ordre qui respectent la légalité».
Outre les méthodes, Amnesty International souligne l'absence
de statistiques officielles sur le nombre de plaintes déposées
contre des policiers. L'association demande la création d'un
comité d'enquête indépendant, doté d'un
véritable pouvoir de contrainte. Il existe actuellement une
commission nationale de déontologie qui peut être saisie
par un citoyen. Mais l'ONG estime qu'elle est trop peu connue du
public et qu'elle ne dispose pas d'assez de moyens.
Les inculpations pour outrage se multiplient
Pour Philippe Diaz, «la France ne respecte pas ses obligations
internationales en matière de respect du droit à la
vie et de lutte contre la torture et les mauvais traitements»,
notamment à l’encontre des étrangers détenus
dans les centre de rétention qui font l’objet de mauvais
traitements.
Amnesty International s'inquiète également d'une
«tendance croissante» à l'inculpation pour «outrage»
ou «rébellion» de victimes ou de témoins
de mauvais traitements imputés à des agents de la
force publique. «Ces pratiques peuvent exercer une dissuasion
très forte sur les personnes qui essaient d'obtenir justice»,
ajoute l'organisation.
L'Intérieur embarrassé
Les ministères de l'Intérieur et de la justice ont
démenti ces accusations. «Aucun policier n'est au-dessus
des lois», a-t-on affirmé à l'Intérieur,
tandis que le porte-parole de la Chancellerie, Guillaume Didier,
a certifié qu'il n'y avait «aucune tolérance
sur le sujet des violences policières». Les syndicats
de police ont de leur côté exprimé leur indignation.
«Je ne réponds pas aux grossièretés et
à la caricature», a ainsi déclaré Bruno
Beschizza, de Synergie, le second syndicat d'officiers.
Jean-Claude Delage, secrétaire général adjoint
du syndicat, majoritaire, Alliance, contacté par 20minutes.fr,
se dit «scandalisé» par ce rapport. «c'est
un moyen pour eux (Amnesty International) de faire parler d'eux.
Ils n'ont aucun pouvoir d'enquête. Nous sommes une des institutions
les plus contrôlées», a-t-il souligné.
Maud Descamps (avec agence)
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