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Origine : http://nantes.indymedia.org/article.php3?id_article=4665&var_recherche=sexisme
Plaidoyer pour le féminisme
lundi 10 janvier 2005
On t'a envoyé ce texte, ou tu es tombé dessus par
hasard. Lis le. Ce n'est pas une chaîne de l'amitié
qui te promet gloire et fortune si tu l'envoies à tes amis,
une météorite ne t'arrivera pas sur la tête
si tu ne le fais pas, mais envoie le tout de même au plus
grand nombre possible de gens. Juste pour tâcher de rendre
le monde un peu meilleur. Eh oui on est ambitieux. :o)
Ce texte veut réhabiliter l'idée du féminisme,
qui souffre d'une image bien négative, ici en France. Le
féminisme c'est l'égalité des hommes et des
femmes dans les faits, dans les lois, dans les actes.
C'est aussi une lutte contre des idées préconçues,
des stéréotypes attachés aux sexes. C'est là
que les hommes sont plus directement concernés.
Tu peux employer le mot anti-sexisme qui signifie à peu
près la même chose ; certains préfèrent
le mot féminisme, car de même que le black power a
été initié par des noirs, ce terme montre que
le mouvement a été initié par des femmes.
Certains sont contre le féminisme parce qu'ils ont vu une
ou deux de ses représentantes, qui leur ont déplu.
Allez vous rejeter en bloc un mouvement politique parce qu'un de
ses membres vous énerve ? Or, le féminisme ce sont
des idées, pas des personnes. Certains pensent que le féminisme
est une valeur dépassée parce qu'en France nos acquis
sont assurés. Chacun pourra constater qu'avec les attaques
constantes contre l'avortement, les violences sexuelles, conjugales,
le sexisme c'est loin d'être acquis. Certains hommes pensent
que le féminisme est un combat de femmes et qu'ils ne sont
donc pas concernés.
Nous sommes, en France, dans un système patriarcal ; patriarcat
signifie que, dans ce système social, le père est
le chef de famille et exerce les pouvoirs.
Jusqu'il y a peu, l'usage était qu'une femme prenne le nom
de famille de son mari à son mariage ; son existence sociale
n'était donc conditionnée que via ce nom. Elle avait
donc avant son mariage le nom de son père, puis ensuite celui
de son mari. Combien de femmes reçoivent encore des courriers
au nom de Madame Bernard Dupont, montrant ainsi qu'elles n'existent
que via leur mariage ?
Le patriarcat ne signifie pas, qu'individuellement, chaque homme
cherche à dominer chaque femme et est responsable des souffrances
de toutes les femmes. Ce système est en deçà
des individus. Pour plus de compréhension, on peut comparer
cela au capitalisme, système économique bien au delà
des individus où chaque patron n'est pas individuellement
responsable du sort de chaque ouvrier. Simplement on a considéré
à un moment donné que le capital était le critère
de domination principal (cela n'est pas le cas dans le monde entier)
et, qu'à ce titre, celui qui le possède a plus de
pouvoirs que les autres. C'est la même chose en ce qui concerne
le patriarcat. Mais comme tout système social, il entraîne
devoirs et contraintes pour chaque individu appartenant à
ce système.
Les individus tendent parfois à faire perdurer ce système
; ces individus peuvent être de sexe féminin ou masculin.
Comme, traditionnellement, les hommes ont plus de pouvoir, les violences
qu'ils exercent « au nom du patriarcat » sont plus nombreuses
et plus visibles. C'est logique puisque, dans un système
inégalitaire, les dominants tiennent de nombreux bastions
et jouissent de droits que n'ont pas les dominées. Citons
en exemple le viol conjugal impuni jusqu'à une date récente
ou le fait d'insulter une femme au prétexte qu'elle est court
vêtue dans un espace public. Rappelons à ce titre que,
de manière implicite, la loi tend à punir les femmes
qui occuperaient la rue, puisque le racolage passif, désormais
puni, désigne « le fait, par tout moyen, y compris
par une attitude même passive, de procéder publiquement
au racolage d'autrui en vue de l'inciter à des relations
sexuelles en échange d'une rémunération ».
C'est ainsi que des femmes en train d'attendre des ami-e-s, ou de
se promener ont été arrêtées sous prétexte
qu'elles racolaient. Cette loi, bien au delà des simples
individus, et même de ceux qui l'ont votée, car ses
buts sont bien inconscients, tend à dire qu'une femme ne
doit pas être dans un espace public, ou alors en adoptant
une attitude et une tenue « convenables »..
Les individus contribuent donc, parfois, consciemment ou non à
faire perdurer ce système. Les exciseuses sont en général
des femmes ; elles font ainsi perdurer une tradition au mépris
de tout plaisir et intégrité du corps des femmes.
On entend aussi des femmes dire d'une autre qu'elle ferait mieux
de s'occuper de ses enfants, ou qu'un homme n'a pas à faire
le ménage, ce « n'est pas son rôle ». C'est
ce qu'on appelle l'essentialisme qui peut être biologique
ou social.
L'essentialisme biologique pense que génétiquement,
biologiquement, de façon innée, instinctive, une femme
saurait mieux faire certaines activités et un homme, d'autres.
Ex : l'instinct maternel. Quand on voit le nombre de femmes, ou
plus simplement, de femelles dans toutes les espèces qui
ne s'occupent pas de leurs enfants, on constate combien cette idée
est fausse. On apprend simplement plus aux petites filles à
s'en occuper, via les jouets sexués (poupées, landaus...),
via les petits frères et soeurs qu'on leur confie davantage
qu'aux frères aînés.
On tend aussi à penser que la testostérone joue un
rôle important - voire le seul - dans l'agressivité
masculine. Des études montrent qu'il s'agit d'une idée
préconçue. Par exemple, on s'est intéressé
au comportement des primates après castration et on a constaté
que les rapports de domination ne varient pas. On a aussi vu que,
chez les groupes avec une structure sociale de dominance, ceux qui
gagnent au combat voient leur taux de testostérone grimper
alors que les perdants voient le leur baisser. Ainsi les taux d'hormones
deviennent le résultat plutôt que la cause du combat.
Les effets de la socialisation sur des animaux sont considérables
; de jeunes singes rhésus ont été élevés
à la naissance avec une "mère" en tissu,
sans aucun compagnon vivant. Une fois dans la communauté,
ces jeunes singes ont eu des problèmes comportementaux (hyper
agressivité). Enfin des études biologiques montrent
que beaucoup d'hormones, en fait, sont impliquées dans l'agressivité
(prolactine, l'oestrogène, la progestérone, l'adrénaline...).
Tout résumer au biologique et à la testostérone
procède donc d'une grave erreur.
L'essentialisme social consiste à prêter à
chaque sexe des caractéristiques sociales, immuables et stéréotypées.
Ex : un garçon est moins émotif, sait mieux lire les
cartes routières... Des études (Condry par exemple)
montrent combien le comportement des parents, mais aussi de l'entourage
varie selon qu'on connaît le sexe de l'enfant. Une étude
montre qu'on prend moins vite dans ses bras un nouveau-né
garçon qu'un nouveau-né fille ; d'autres études
montrent que devant un enfant, vêtu tour à tour en
fille puis en garçon, les témoins ont tendance à
qualifier le comportement de la « fille » de «
craintif » et celui du garçon de « coléreux
». On prête donc des caractéristiques à
une personne selon qu'on suppose qu'il s'agit d'un garçon
ou d'une fille.
Tous ces préjugés, ces stéréotypes
ne font que perdurer et façonnent la personnalité
de chacun. Si l'on grandit dans un milieu où l'on vous persuade
qu'un garçon doit être viril, batailleur, peu sujet
à montrer ses émotions alors qu'une fille doit être
calme, douce et attentive, cela déteindra forcement sur notre
comportement individuel. Le féminisme se bat contre ces stéréotypes,
qui touchent, nous l'avons vu, les filles et les garçons.
En 2003, une étude a tenté de montrer pourquoi il
y a si peu de femmes PDG. Entre autres choses, on a montré
que les quelques femmes PDG américaines étaient plus
mal vues que leurs confrères hommes parce qu'on considérait
qu'elles étaient beaucoup trop agressives, trop froides,
alors qu'elles se comportaient juste de la même maière
que leurs confrères. On peut aussi se souvenir des soldates
d'Abu Ghraib en Irak, qui ont fait scandale dans le monde entier
; non pas parce qu'elles avaient eu un comportement plus innommable
que leurs compagnons, mais parce que c'étaient des femmes
et qu'une femme ne doit pas faire ce genre de chose.
Pour revenir aux hommes et au féminisme, il ne s'agit pas
uniquement de se battre pour les femmes ; mais aussi pour vous mêmes.
Le patriarcat conditionne les hommes à agir de telle ou telle
façon. Beauvoir a dit qu'on ne naît pas femme, on le
devient mais il en est de même pour les hommes. « Bats
toi si t'es un homme » ; cette expression apparemment anodine
montre que l'agressivité doit être une caractéristique
masculine pour qu'on vous considère comme homme. L'enfant
garçon qui ne se battra pas sera démasculinisé,
dévalorisé. Il est encore difficile, en France de
se déclarer comme père au foyer sans être suspecté
de paresse, ou d'homosexualité latente.
Certains hommes disent qu'ils souffrent aussi de sexisme ; un jeune
conducteur homme paie plus en matière d'assurance automobile
qu'une jeune conductrice femme. C'est tout à fait vrai. Mais
pourquoi imputer ceci aux femmes et pas au patriarcat ? Les compagnies
d'assurance utilisent différents critères dont celui
du sexe, de l'âge. Les hommes jeunes ont plus d'accidents
graves alors que les femmes ont davantage d'accrochages. Encore
une fois, les critères sociologiques interviennent ; on a
enseigné au petit garçon à suivre davantage
ses envies sans faire attention aux dangers éventuels alors
que la petite fille doit « rester assise sinon elle va salir
sa belle robe ». Cela joue à l'age adulte... et sur
les comportements routiers. Ceci n'est ni la faute des femmes, ni
celles des hommes, mais d'une société qui impose aux
personnes des stéréotypes en fonction de leur sexe.
En conclusion, le féminisme
§ c'est souhaiter que chacun ait des droits égaux sans
tenir compte de son sexe (à l'heure actuelle, une femme n'a
pas le droit de postuler pour certains métiers comme sous-marinier
; son sexe le lui interdit). Les étudiants hommes ont, même
si cela n'est pas interdit, plus de difficultés a faire du
baby sitting car une jeune fille « saura mieux s'occuper d'enfants
en bas âge ».
§ faire tomber des stéréotypes qui n'ont d'autre
valeur que celles de la tradition, de la croyance et qui ne sont
fondés sur aucune réalité scientifique (non,
les études sur le cerveau ne sont pas arrivées à
leur terme et, quoi qu'en dise M6, une chaîne française,
on n'a pas réussi à isoler une zone du cerveau qui
servirait a étudier une carte routière et serait mieux
utilisée chez les hommes)
§ se battre pour que diminuent les violences envers les femmes
; viols, violences sexuelles, violences conjugales, mutilations
sexuelles, crimes d'honneur sont des combats féministes.
C'est donc un combat politique utile à tous et toutes, permettant
une vie moins normative, moins contraignante
plaidoyer_feminisme at hotmail.com
Auteur: anonymous (plaidoyer_feminisme)
lundi 10 janvier 2005
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