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Origine : http://www.analisiqualitativa.com/magma/0104/article_01.htm
Georges Bertin: Socio-Anthropologue; Docteur en Sciences de l'Éducation;
HDR en Sociologie; Directeur de l'IFoRIS (Institut de Formation
et de Recherche en Intervention Sociale d'Angers, France); enseigne
aux universités d'Angers, du Maine, à l'Université
Catholique de l'Ouest, à l'Université Catholique de
Bourgogne, à l'Ecole Nationale d'Application des Cadres Territoriaux;
membre du GRECo CRI (Groupe Européen de Recherches Coordonnées
par les Centres de Recherche sur l'Imaginaire), fondateur du GRIOT
(Groupe de Recherches sur l'Imaginaire des Objets symboliques et
des Transformations sociales) et directeur scientifique des Cahiers
d'Herméneutique Sociale."
Abstract: "Il est pour nous frappant, presque au sens premier,
de constater aujourd'hui que les analyses sociologiques posées
par Wilhelm Reich voici 70 ans sont à nouveau d'une extrême
actualité. Alors qu'une des grandes voix de l'analyse critique,
celle de Castoriadis, bien éloignée des sophismes
actuels de nouveaux philosophes s'évertuant surtout à
accéder aux prébendes publiques et éditoriales,
s'est éteinte depuis maintenant six ans, alors que les politiciens
s'évertuent, sur les scènes de la Société
du Spectacle, à faire assaut des procédés de
communication les plus dérisoires pour masquer leur absence
de pensée politique, jamais notre société post
moderne n'a en effet été aussi proche de cette crise
des significations imaginaires sociales que Reich nommait déjà,
dans les années 30, peste émotionnelle."
PESTE EMOTIONNELLE ET IMAGINAIRE SOCIAL CHEZ WILHELM REICH
"L'effondrement graduel des idéologies de gauche, le
triomphe de la société de consommation, la crise des
significations imaginaires de la société moderne manifeste
une crise du sens et c'est cette crise du sens qui permet aux éléments
conjoncturels de jouer le rôle qu'ils jouent... Nous vivons
une phase de décompositon."
(Cornélius Castoriadis, "Contre le conformisme généralisé",
Le Monde diplomatique, août, 1997.)
Il est pour nous frappant, presque au sens premier, de constater
aujourd'hui que les analyses sociologiques posées par Wilhelm
Reich voici 70 ans sont à nouveau d'une extrême actualité.
Alors qu'une des grandes voix de l'analyse critique, celle de Castoriadis,
bien éloignée des sophismes actuels de nouveaux philosophes
s'évertuant surtout à accéder aux prébendes
publiques et éditoriales, s'est éteinte depuis maintenant
six ans, alors que les politiciens s'évertuent, sur les scènes
de la Société du Spectacle, à faire assaut
des procédés de communication les plus dérisoires
pour masquer leur absence de pensée politique, jamais notre
société post moderne n'a en effet été
aussi proche de cette crise des significations imaginaires sociales
que Reich nommait déjà, dans les années 30,
peste émotionnelle.
Reich introduit dès 1933 cette notion de peste émotionnelle
dans son ouvrage: "L'analyse caractérielle". Il
lui consacre le dernier chapitre du livre. Il la définit
"sans nuance péjorative", écrit-il (Reich,
1976, p.431), "comme une biopathie chronique de l'organisme,
conséquence directe de la répression, sur une vaste
échelle, de l'amour génital".
Et poursuit-il, "elle a pris un caractère épidémique
et, au cours des millénaires, aucun peuple n'en a été
épargné". Elle a le pouvoir de contaminer des
masses entières, de corrompre des nations, de détruire
des populations mais reste incapable d'engendrer une seule mesure
positive quand il s'agit d'améliorer la misère économique.
On voit bien ici Reich passer d'une position concernant les individus
faisant l'expérience de la répression dans leur sexualité,
à l'échelle sociale (le caractère épidémique)
et anthropologique (le temps et les peuples). Nous sommes donc en
présence de ce que Louis-Vincent Thomas et Jean-Marie Brohm
nommeront plus tard une transversalité.
La peste émotionnelle, inculquée à l'enfant
dès les premiers jours de sa vie, trouve son origine chez
les individus dans la frustration génitale et se manifeste
dans ce qu'il nomme "les cuirasses caractérielles",
ou dispositifs inconscients mis en place par les sujets pour neutraliser
les difficultés qu'ils éprouvent à assumer,
dans l'évolution des conflits, leurs besoins libidinaux face
à la peur de la punition. Le Moi y prend sa forme définitive
tandis que les restrictions libidinales imposées par la société
déterminent des changements qui se manifestaient dans des
positions personnelles et sociales rigides déterminant un
monde de réactions immuables et automatiques, comme si la
personnalité se revêtait d'une cuirasse, d'un de ce
blindage capable d'absorber les coups portés contre elle
par le monde extérieur et intérieur. L'étendue
de la cuirasse détermine ainsi la capacité de l'individu
à équilibrer son économie énergétique
(Reich, 1976, p.408). Et la vie cuirassée domine la vie sociale
et se manifeste en son cœur par divers traits décrits
par Reich (Reich, 1978):
- la pléthore de mots et de concepts qui ne servent qu'à
détourner des principes de base de la vie;
- un enthousiasme démesuré quand la vie cuirassée
rencontre les lois existentielles et simples de la vie non cuirassée;
- une incapacité totale des individus cuirassés d'appliquer
des lois simples à une pratique qui se solde par une persécution
pleine de haine à l'égard de tout ce qui rapporte
à une vie non cuirassée.
Ces processus individuels sont ainsi à la racine collective
de la peste émotionnelle. En effet, dès que l'on touche
aux causes de la peste émotionnelle, on provoque inévitablement
une réaction d'angoisse ou de colère. Et d'en énoncer
aussitôt les conséquences manifestées:
- sur le plan individuel par les maladies du cœur, du cancer
ou de la schizophrénie (Reich, 1985);
- sur le plan social par une économie sexuelle primitive
déterminant les catégories sociales de la famille
autoritaire, de l'idéologie tribale et de la transformation
patriarcale.
L'action et la raison données pour la justifier ne s'harmonisent
jamais. Le motif réel en est toujours caché et remplacé
par un motif apparent (Reich, 1976, p.432).
L'Etat absolutiste utilise en effet l'idéologie "familialiste"
qui est la courroie de transmission la plus importante entre les
exigences de la dictature et les lieux de la formation de la structure
tel le fascisme bâti sur la fondation solide d'une idéologie
familiale rigide incompatible avec les manifestations du sens de
la vie (on se souvient de la boutade d'un leader français
de l'extrême droite: "j'aime mieux mes enfants que mes
frères, mes frères que mes cousins, etc.". Elle
s'établit sur l'idée que la répression sexuelle
crée la base psychologique d'une certaine culture, à
savoir la culture patriarcale, sous ses diverses formes (Reich,
1982, p.50).
Les idéologies cléricales, fascistes et réactionnaires
sont essentiellement des réactions de défense et produites
par les réglementations morales. Nous le constatons à
nouveau dans la propension, bien manifestée par nos dirigeants,
à renvoyer sur la sphère privée des problèmes
sociétaux. A l'heure où nous écrivons ces lignes,
la France vient de voir disparaître en quelques jours quelques
3.000 personnes âgées sous l'effet certes de la canicule
mais encore de l'incapacité où se trouvent nos sociétés
bureaucratisées à anticiper de telles catastrophes.
Et voici que le premier ministre de la République en appelle
aux solidarités interpersonnelles dans une société
qui, par ailleurs, renforce les impératifs de l'individualisme,
décourage les agents de prévention sociale, écrase
les politiques du Travail social.
Hitler est ainsi celui qui a poussé à son apogée
la répression de la vie par le patriarcat et si, jusqu'à
lui, les gens n'avaient fait que tolérer passivement la tyrannie,
après lui, en proie à la contagion de la peste émotionnelle
régissant leurs actes, ils se sont fait les supports de la
tyrannie à l'encontre de leurs propres intérêts.
C'est de cette période de la montée du fascisme en
Autriche et en Allemagne que Reich date sa propre découverte
jusque là ignorée de l'importance de l'irrationnel
(nous dirions aujourd'hui de l'imaginaire social) dans les processus
sociaux.
Et de déplorer que Sigmund Freud, son maître en psychanalyse,
après les répressions policières de 1927 en
Autriche qui se soldèrent par l'impuissance des organisations
ouvrières comme du gouvernement démocratiquement élu
à faire face au fascisme, ne comprenne absolument pas les
enjeux de ces événements considérant les manifestations
populaires comme une véritable catastrophe (Reich, 1982,
p.55). Les travailleurs eux-mêmes ne manifestèrent
aucune volonté de donner au mouvement une signification sociale.
Et Reich de nous prévenir (écrit étrangement
prophétique quand nous le relisons en 2003!): "même
après la victoire militaire remportée sur le fascisme
allemand, la structure humaine fasciste continuera à exister
en Allemagne, en Russie, en Amérique et partout ailleurs.
Elle continuera à prospérer de façon souterraine,
se cherchera de nouvelles formes d'organisation politique et conduira
inévitablement à une nouvelle catastrophe car (...)
le savoir et la technique ne permettent pas encore d'entraîner
un changement assez rapide dans la structure émotionnelle
de l'homme" (Reich, 1982, p.58).
Car, la peste émotionnelle prend de temps à autre
un caractère pandémique et se manifeste par des flambées
gigantesques de sadisme et de criminalité et de citer l'inquisition,
les fascismes bruns ou rouges comme lieux de son expérience.
En temps ordinaire, il suffit, dit-il, d'en supprimer les causes,
les troubles de la vie amoureuse, pour que la maladie disparaisse.
Sur le plan social, il ne sert à rien de mobiliser la Police,
elle ne fera qu'augmenter le mal. Mais, prévient-il, dès
que l'on touche à ses causes, on provoque des crises d'angoisse
ou de colère car elle est fortement rationalisée et
entretenue par des pulsions secondaires. Et Reich de nous proposer
alors une véritable sociothérapie fondée sur
la reconnaissance de cette maladie émotionnelle à
haut degré de contagiosité. Elle passe d'abord par
une identification précise du phénomène.
Si le bien portant aime discuter de ses motifs, le pestiféré
se met en colère quand on les évoque (Reich, 1982,
p.434). Et, pour Reich, nul individu ne peut être exempt des
dispositions à la peste émotionnelle . Il en décrit
donc les domaines où elle sévit:
- le mysticisme "dans ce qu'il a de plus destructif";
- les efforts passifs ou actifs vers l'autoritarisme;
- le moralisme;
- les biopathies de l'autonomisme vital (nous sommes en 1933);
- la politique partisane;
- la maladie de la famille;
- les systèmes d'éducation sadiques;
- la délation et la diffamation;
- la bureaucratie autoritaire;
- l'idéologie belliciste et impérialiste;
- le gangstérisme et les activités antisociales criminelles;
- la pornographie;
- l'usure;
- la haine raciale.
Le parallèle est dès lors aisé entre la peste
émotionnelle et les maux sociaux contre lesquels les mouvements
de libération ont toujours lutté.
Il en cite quelques exemples sur lesquels notre 21ème siècle
débutant ne semble pas avoir de prises quand il évoque,
par exemple, tel individu parvenu à un haut degré
de la hiérarchie universitaire non en raison du mérite
de ses travaux scientifiques ou de ses diplômes mais du fait
de ses intrigues, de ses machinations. Nous pourrions nous même
en citer plusieurs exemples - vécus dans plusieurs institutions
et non des moindres - alors que d'authentiques savants sont tenus
dans la pénurie et l'indifférence généralisée,
si ce n'est rejetés du système universitaire ou scientifique.
Nil novi sub sole de ce point de vue et l'on renverrait également
volontiers par exemple du côté de cette catégorie
et dans le même temps à la lecture des événements
récents: le mysticisme destructif des Fous d'Allah comme
l'idéologie belliciste et impérialiste de l'administration
américaine ou encore les activités antisociales et
criminelles des réseaux mafieux, parfois étatiques,
en de nombreux points du globe.
Face aux défis jetés aux démocraties par la
société en réseaux, pour prendre un point de
vue plus large, le sociologue Manuel Castells décrit des
Etats complètement dépassés par les organisations
tentaculaires de la Nouvelle Economie. Leur irresponsabilité
nous prépare sans doute de nouvelles formes de fascisme,
quand la traduction des principes sur lesquels nous fondons notre
être ensemble (démocratie, liberté, égalité,
fraternité, respect des droits de l'homme et du citoyen)
"et un vaste champ de ruines et qu'un pourcentage de plus en
plus élevé de nos concitoyens s'attendent à
ne plus les voir appliqués" (Castells, 2001, p.341)
et d'analyser, avec force de détails et d'exemples, la mondialisation
du crime organisé: "ces vingt dernières années,
les organisations criminelles ont multiplié les opérations
transnationales en s'appuyant sur la mondialisation de l'économie
et sur les nouvelles technologies de la communication et de l'information"
(Castells, 1999, p.195).
On le voit, c'est toute la société qui est manifestement
gangrenée, à l'échelle mondiale, par la peste
émotionnelle.
Récemment, Cornélius Castoriadis se livrait à
de semblables analyses lorsque décrivant les sociétés
de capitalisme libéral, il montrait ce qu'elles présentent
au reste du monde: "une image repoussoir, celle de sociétés
où règne un vide total de significations. La seule
valeur y est l'argent, la notoriété médiatique
ou le pouvoir, au sens le plus vulgaire et le plus dérisoire
du terme. Les communautés y sont détruites, la solidarité
est réduite à des dispositions administratives"
(Castoriadis, 1996, p.61).
On le voit, du système fasciste que Reich voyait poindre
à son époque au système néo-libéral
qui est le nôtre et se généralise très
rapidement, l'analyse décèle, quand elle utilise cette
catégorie de peste émotionnelle, plus une différence
de degré qu'une différence de nature.
Voici pour la description du phénomène et ses conséquences
observables.
En ce qui concerne ses manifestations, Reich se livre alors (Reich,
1976, p.436) à une étude comparative de trois types
psychosociologiques envisagés dans les domaines de la pensée,
de l'action et de la sexualité. Il s'agit des types ou caractères
"génital", "névrotique" et "pestiféré".
Leur comparaison permet de mettre en évidence les processus
de comportement du "pestiféré".
Le premier, le génital, présenté comme le
plus sociable et équilibré psychologiquement, juge
en fonction de processus mentaux guidés par la rationalité,
il est accessible aux arguments réels, connaît une
harmonie profonde entre motivation, but et action. Sa vie sexuelle
est essentiellement déterminée par les lois naturelles
et fondamentales de l'énergie biologique. Il considère
le travail comme aboutissement d'un processus créateur et
ne songe pas à interférer avec son déroulement
normal. Reléguant ses intérêts personnels au
second plan dans les conflits interpersonnels, il est capable de
dialogue et de remise en question.
Le second, le névrotique, tente également d'orienter
sa pensée en fonction de données et de processus objectifs
mais comme sa pensée est également soumise aux pressions
de la stase sexuelle, elle se conforme aussi et simultanément
à la nécessité d'éviter le déplaisir
en pratiquant l'art de l'esquive. Il a généralement
refoulé son irrationalité et s'il a conscience de
l'inhibition de ses fonctions vitales, c'est sans jalouser les individus
bien portants. Il ne s'oppose pas au progrès. Il vit dans
la résignation sexuelle ou s'adonne en secret à quelque
pratique perverse, son impuissance orgastique s'accompagnant d'une
nostalgie continuelle du bonheur de l'amour. Confronté aux
problèmes sexuels, sa réaction est plutôt dictée
par l'angoisse que par la haine, sa cuirasse visant plus sa propre
sexualité que celle des autres. Il est plus ou moins inhibé
dans son aptitude au travail et n'y trouve aucun plaisir, ignorant
l'enthousiasme. Il est soumis d'abord à l'opinion d'autrui.
Le troisième, le pestiféré, se distingue du
névrotique par une activité sociale plus ou moins
destructive, sa pensée étant déterminée
essentiellement par des concepts irrationnels. Il a toujours des
conclusions toutes prêtes, étant inaccessible à
l'altération, et ne vise dans ses jugements qu'à rationaliser
des conclusions irrationnelles préexistantes ou "préjugés".
L'immobilisme et l'attachement à la tradition sont ses références
constantes. Intolérant, il ne supporte aucune idée
capable de balayer ses préjugés. Le vrai motif de
son action n'est jamais celui qu'il indique mais il croit sérieusement
aux buts qu'il s'assigne, agissant sous l'effet d'une compulsion
structurelle, sous la contrainte de son mal. Il déteste et
combat tout ce qui vient le contrarier. Sa sexualité est
toujours sadique et pornographique, caractérisée par
la présence simultanée de lascivité sexuelle
et de prétentions morales sadiques. Il développe une
haine farouche de tout ce qui peut susciter des idées orgastiques.
D'où son intolérance à l'égard de tout
ce qui est amour naturel et sa grande capacité à mettre
au point, avec satisfaction pour lui, un système élaboré
de délation et de diffamation. Il déteste le travail
et se tourne avec prédilection vers l'idéologie mystique
ou politicienne. N'achevant jamais rien, il est incapable d'un travail
organique et progressif. Victime d'une éducation autoritaire
et obsessionnelle, il s'insurge contre elle, mais sa révolte
n'a aucun objectif social rationnel. Il méprise ses partenaires,
le motif de ses relations interpersonnelles étant le désir
de les abattre en utilisant de préférence la diffamation
sexuelle, la calomnie à des fins sadiques, attribuant sa
propre lubricité à ses victimes.
Pour Reich, la peste émotionnelle cause de grands ravages.
Elle peut se manifester dans des entreprises pourtant gérées
par des gens honnêtes et sincères que des personnes
atteintes de la peste émotionnelle ont souvent réussi
à écraser. Elle est encore présente dans l'opinion
publique où leur irrationalisme trouve de larges échos.
Ce qui permet de comprendre, par exemple, que le fondamentalisme,
la dictature ou les amourettes de tel puissant de ce monde aient
des conséquences invraisemblables sur des millions d'êtres
humains. La peste émotionnelle est à la source de
l'énorme absurdité sociale qui nous gouverne, quand
l'amour, le travail, la connaissance sont ramenées à
des proportions minuscules, quand la vie publique est "extérieurement
asexuée et intérieurement pornographique" (Reich,
1976, p. 431).
La cause pour Reich en est évidente, c'est le blocage du
flux d'énergie biologique, sexuelle chez la plupart des gens.
La lutte contre les atteintes sociales de la peste émotionnelle
passe, pour Reich, par:
- la mise en oeuvre de processus personnels, ainsi l'orgonthérapie
- méthode reichienne de restauration de l'orgone qui vise
à dissoudre les cuirasses caractérielles - , permet
à chacun de retrouver le sens de son énergie et de
la finaliser positivement en rétablissant sa capacité
à aimer;
- la mise en oeuvre de processus sociaux, l'économie sexuelle
qui se doit de travailler à divers plans:
1. celui de la famille autoritaire, coercitive, partie intégrante
de la société autoritaire, rempart de l'ordre social
répressif, à l'origine des sentiments de fidélité
aveugle et d'obéissance infantile. En effet, nous prévient
Reich (1982, p.125), la fonction politique de la famille est double:
elle se reproduit elle-même en mutilant sexuellement les individus
et, dans le même temps, elle rend l'individu apeuré
par la vie et craintif devant l'autorité;
2. celui de la culture, et Reich de fixer à celle-ci un
objectif, celui de préparer une révolution culturelle
fondée sur l'autonomie des individus. Elle commence bien
évidemment pour lui par la libération sexuelle des
jeunes, car le refoulement sexuel-social est un facteur réactionnaire
extrêmement efficace qui soutient les institutions réactionnaires
grâce à l'angoisse sexuelle et au sentiment de culpabilité
sexuelle ancré profondément dans les masses exploitées.
Ce sentiment paralyse toute puissance intellectuelle et critique,
"ancrage idéologique du système dominant autoritaire
dans les structures caractérielles des individus nivelés
dans la masse" (Reich, L'irruption de la morale sexuelle, 1972,
p.192).
On aura compris que, pour Reich, le refoulement sexuel consolide
toute forme de domination autoritaire. Cependant, il observe qu'il
prépare aussi les caractéristiques de la rébellion
tandis que les puissances autoritaires renforcent, pendant les périodes
de crise, leur pression sur les masses et leur sexualité.
Et de citer, au même niveau, l'action brutale de l'Etat tchécoslovaque
en mai 1931 contre les associations d'éclaireurs auxquels
on avait interdit de s'installer sous les mêmes tentes sans
certificat de mariage et l'encyclique du pape sur le mariage chrétien
en 1930. La répression sexuelle-sociale sape ses propres
fondements et Reich de citer comme expression directe de la crise
sexuelle la délinquance de la jeunesse. Il prédit
alors pour le vingtième siècle une phase importante
de bouleversements sociaux liés au désir des peuples
à faire valoir leur droit à une vie heureuse. "La
révolution sexuelle progresse, estime-t-il, aucune puissance
du monde n'arrêtera sa course" (Reich, L'irruption de
la morale sexuelle, 1972, p.194).
Là encore, Reich qui analyse les situations sociales avec
les données de son époque, était loin d'imaginer
une guerre mondiale plus tard, le mouvement social de libération
de la jeunesse, né sur les campus américains dans
les années soixante et dont le sommet paroxystique furent,
en France, les événements de mai 1968. Libération
certaine mais dirons-nous de courte durée à l'échelle
sociale. La répression a pris aujourd'hui d'autres formes,
plus larvées, moins frontales mais tout aussi efficaces en
noyant les systèmes de répression dans le flot d'images
saturantes de la Société du Spectacle et dans la montée
de l'insignifiance sur fond de judiciarisation de la société.
On sourit encore, de ce côté-ci de l'Atlantique, en
entendant les récits d'universitaires américains désormais
incapables de recevoir leurs propres étudiants de l'autre
sexe sans témoin de moralité, ou les hallucinants
engagements écrits, signés chaque week end par les
jeunes américains et touchant à la prédiction
détaillée de leur comportement sexuel lorsqu'ils veulent
"sortir" avec leur petite amie pour une soirée.
Plus près de nous, on trouvera dans le programme de plusieurs
candidats à la Présidence de la République
française en 2002 et en appelant à la restauration
des "valeurs" dites morales, semblables égarements.
Là encore, les analyses de Reich touchant à la peste
émotionnelle sont toujours d'actualité quand "des
individus sont capables de vêtir l'humanité toute entière
d'une camisole du même modèle que la leur, parce qu'ils
sont incapables de tolérer la sexualité naturelle
chez les autres" (Reich, 1982, p.71).
Certes, cette répression est aujourd'hui, au moins extérieurement,
moins étatique, moins le fait visible des appareils centraux
des pouvoirs institués; elle n'en emprunte pas moins des
voies tout aussi efficaces: publicité, insignifiance administrée
à hautes doses des shows audio visuels, "machinerie
sportive" (Brohm, 1993 e 2002).
Le professeur Jean-Marie Brohm dénonce avec raison, tout
au long de son œuvre, l'abrutissement médiatique du
spectacle sportif quand "la paix des stades succède,
écrit-il, à la paix des cimetières et que les
clameurs vociférantes des supporters couvrent fréquemment
les cris des suppliciés" (...) quand "la fête
populaire est celle des meutes sportives déchaînées
dans l'extase chauvine, la xénophobie, la haine de l'adversaire"
(Brohm, 2002, p.75).
Ses positions s'inscrivent, on le voit, dans le droit fil de la
pensée reichienne et la peste émotionnelle sévit
toujours au cœur du social. "Le sport, conclut-il est,
en définitive, un opium du peuple, un univers d'évasion
onirique, un instrument de diversion sociale, un exutoire politique
qui renforce l'aliénation culturelle et idéologique
de la population. Il combine à la fois la dépendance
libidinale, la toxicomanie somatique et l'addiction mentale qui
ont partout et toujours le même résultat réactionnaire:
la chloroformisation des esprits, la narcotisation de la conscience
critique, la dépendance à l'égard de systèmes
d'oppression" (Brohm, 2002, p.45).
La peste émotionnelle, nous la vivons dans nos sociétés
occidentales américanisées, telle qu'elle se donne
encore mieux à voir depuis les événements du
11 septembre 2001 (mais ceux-ci ne sont qu'un révélateur,
les forces agissantes sont à l'œuvre depuis des lustres),
soit "des forces pulsionnelles, psychiques, indépendantes
de la volonté humaine consciente et qui s'enracinent en dernière
analyse dans des sources biologiques d'énergie encore inconnues
et déterminant nos pensées et nos êtres"
(Reich, 1978, p.175).
Et Reich rapprochait cet imaginaire radical de l'autre, le social:
"conditions socio-économiques ou forces productives
marxiennes agissant au dehors de l'appareil bio-psychique de l'homme",
voire à mi-chemin - et de citer pour exemple le développement
technique, les conditions de travail, les conditions familiales,
les idéologies, les organisations, alors que les forces pulsionnelles
psychiques de Freud agissent au dehors des profondeurs de l'appareil
bio-psychique. Et Reich terminait ce parallèle en affirmant:
"elles échappent autant à la volonté consciente
de l'homme que les fores productives socio-économiques de
Karl Marx" (Reich, La psychologie de masse du fascisme, 1972,
p.78).
Cornélius Castoriadis repérant les structures de
l'imaginaire social distingue de même:
1. l'imaginaire radical, "origine des investissements privilégiés
et spécifiques du sujet, surgissant sur le plan individuel
comme phantasme fondamental, ce qui émerge comme altérité
et comme origine perpétuelle d'altérité ou
ce qui dans la psyché-soma est position, création,
faire être , pour la psyché-soma" (Castoriadis,
1975, p.493);
2. l'imaginaire social, "ce qui, dans le social-historique,
est position, création, faire être ou société
instituante, lequel est dans et par la position-création
de significations imaginaires sociales et de l'institution comme
présentification de ces significations et de ces significations
comme instituées". Et d'insister, en dépassant
le parallélisme porté par Reich sur l'étayage
mental des deux imaginaires, "l'imaginaire social se trouve
dans une relation de réception/altération avec ce
qui avait déjà être représenté
par et pour la psyché" (Castoriadis, 1975, p. 372).
Il y a donc, présente, chez Reich, sans doute, du fait de
sa transdisciplinarité de position (même s'il valorise
plutôt le pôle pulsionnel inconscient comme médecin
psychiatre et psychanalyste et ceci, bien qu'engagé dans
le mouvement social de son temps), l'intuition du rôle moteur
de l'imaginaire lequel, pour reprendre l'expression de Gilbert Durand
(Durand, 1996, p.125), "n'est pas une discipline mais un travail
comparatif entre les disciplines" et nous fait voir l'invisible
à l'œuvre dans les processus sociaux (ce sont les forces
inconscientes bio-psychologiques et socio-économiques de
Reich).
On doit également rappeler, pour citer encore Gilbert Durand,
l'attention qu'il porte au grand sémantisme de l'Imaginal,
matière originelle à partir de laquelle toute pensée
rationalisée et son cortège sémiologique se
déploient.
Il en tire, on le sait, la notion de trajet anthropologique: synthèse
instable entre les pulsions d'une libido en évolution et
les pressions refoulantes du microgroupe fondamental étendue
ensuite à la genèse réciproque du geste et
de l'environnement (Durand, 1980, p.31).
Car "le symbole est toujours le produit des impératifs
bio-psychiques par les intimations du milieu" et "la pulsion
individuelle a toujours un lit social dans lequel elle se coule
facilement - et c'est bien en cette rencontre que se forment les
complexes de culture" (Durand, 1980, p.27 e 40). Ainsi le trajet
anthropologique peut indistinctement partir de la culture ou du
naturel psychologique, l'essentiel de la représentation et
du symbole étant contenus entre ces deux bornes réversibles.
En résumé, on peut, de ce fait, établir un
tableau des théories de l'imaginaire qui éclaire les
conditions de production de processus sociaux tel celui de la peste
émotionnelle décrite par Reich. Et l'on voit bien
que, dans chaque cas, quel que soit l'endroit où l'accent
sera mis, les formations symboliques vécues se rencontrent
toujours dans les trajet individu / milieu social.
Reich tentera de résoudre le conflit entre les deux systèmes
conceptuels dont il se réclame, et ce travail sur une ligne
de fracture le conduira à la découverte d'un troisième
facteur, qualifié d' "à la fois identique et
différent, mais plus profond, nouvelle discipline fondée
d'abord sur les découvertes de la sociologie et de la psychologie
des profondeurs dont l'incompatibilité conduisit à
la découverte du troisième concept qui leur est commun"
(Reich, 1978, p.82).
Dans cette obsession de faire coïncider les opposés,
de coaguler le sens, paradoxalement, nous retrouvons les fondements
de la pensée hermétique, moins dialectique que dialogique,
ce qui aurait surpris Reich le premier, lequel se trouvait pris
dans une réflexion très positiviste.
Ceci l'amènera à critiquer et la position freudienne
et la position marxiste; son analyse de l'imaginaire social de la
dernière période des années 30 l'amenant à
constater le défaut des cadres conceptuels et pratiques en
cours pour concevoir le réel et agir sur lui. Parallèlement,
la critique de Castoriadis s'adresse pareillement et au projet d'autonomie
individualiste et au projet capitaliste démentiel d'une expansion
illimitée. Le projet totalitaire n'étant pour lui
que la pointe de ce projet de domination.
Un fait social dont Reich fut l'observateur silencieux devait déclencher
sa posture sociologique: le 30 janvier 1927, à Schottendorf,
petite ville de province autrichienne, dont la mairie est aux deux
tiers aux mains des sociaux démocrates, la foule qui manifeste
sur une question sociale est prise à parti par des vétérans
de l'armée, fidèles au Kaiser. Ces derniers tirent
sur la population faisant plusieurs morts. La foule pourtant ne
réagit pas, la mairie non plus, et l'affaire se termine le
24 juillet 1927 devant les tribunaux par acquittement des meurtriers.
Les juges n'ont pas eu la moindre hésitation.
Une grève de protestation éclate le lendemain, durement
réprimée par les sociaux démocrates, la police
tire sur les manifestants tandis que les organisateurs eux-mêmes
et le PC lui aussi manifestent une grande passivité.
Reich y lit une première contradiction entre une approche
positive, la sienne, qui le conduit à cette conviction que
les institutions sociales devraient répondre aux besoins
de la population alors que les idéologues du PC ont conservé
un point de vue machiniste sur la question. Pour eux, toutes les
actions et pensées étant orientées en fonction
des forces productives (point de vue industrialo mécaniste).
La contradiction est flagrante pour Reich entre les besoins du
peuple et une société fondée sur des machines.
Et de se demander: si le pouvoir en Russie et la quasi pauvreté
en Angleterre socialiste traduisaient clairement le mépris
complet des besoins humains dans l'organisation de la société,
pourquoi la masse du peuple maltraité est-elle aussi impuissante?
pourquoi les fils réactionnaires d'ouvriers et de paysans
engagés dans la police tirent-ils sur des ouvriers et des
paysans?
L'irrationalisme de la politique lui apparaît clairement
car il n'y avait aucun rapport entre ce que les socialistes promettaient
(paix, liberté, fraternité) et la structure caractérielle
des gens, profondément enracinée ou se reproduisant
quotidiennement dans leurs propres misères et dont ils ignorent
tout en ne voulant rien en savoir.
Pendant 7 ans, (1927-1934), Reich va lutter au sein des organisations
populaires pour évaluer le rôle des masses dans le
processus social et constater que tous les partis argumentent contre
l'aspiration du peuple à la liberté, socialistes et
communistes compris et d'autant plus coupés des masses qu'ils
prétendaient les servir. Nous pourrions rapprocher cela très
exactement de la situation produite au lendemain de 6 ans de pouvoir
de la gauche plurielle en France et qui ont conduit, le 21 avril
2002, un candidat d'extrême droite à rester seul en
liste au second tour de l'élection présidentielle
face au candidat de la droite classique. Le pouvoir mitterrandien
avec son cortège de prébendés, d'alliances
contre nature, de mépris de la populace ayant produit les
effets constatés par Reich en Autriche et en Allemagne 50
ans plus tôt. Heureusement l'épilogue, du fait d'un
sursaut populaire, n'a pas été équivalent mais
la coupure sociologique entre le peuple et ses représentants,
si elle persistait, conduirait inévitablement à des
scénarios plus graves dans une nation qui se targue par ailleurs
d'être celle des droits de l'homme. Là encore, les
intentions affichées ne sont plus accordées au sentiment
républicain qui réclame plus d'égalité,
de liberté, de fraternité. La structure caractérielle
qui fournit sa base à la peste émotionnelle est bien
présente dans une population que l'on croit chloroformer
à coups de jeux télévisés, football
connections et de "reality shows".
En Allemagne, en 1933, une situation semblable produisit la victoire
du fascisme. Reich faisait remarquer que, cette année là,
35.000.000 d'allemands souhaitaient le socialisme mais que ce fut
Hitler qui fut porté au pouvoir. Et de commenter: le mouvement
ouvrier n'avait pas compris le problème du rôle des
êtres humains dans le processus de développement technique
d'une société. Technologie des multimédias
en plus, la question reste pendante.
"Je fus envahi, écrit Reich, par le sentiment de l'absurdité
de la politique. Je n'avais constaté aucun rapport entre
la politique et la vie réelle des êtres humains"
(Reich, 1978, p.86).
De là naît la réflexion sociologique de Reich.
Les hommes ont entre eux des relations et des conditions inconscientes
qui maintenant les régissent comme machines, ce qui produit
l'absurdité de l'usage qu'en fait parfois le peuple.
L'Etat légal bien ordonné est un rêve, et non
une réalité. Etant donné que les gens n'ont
qu'une connaissance partielle de leurs relations mutuelles, ils
sont incapables de les gouverner ou de les changer, tant l'illusion
du libre arbitre est grande.
Il en va de même pour la religion, les chrétiens prêchent
la paix, la fraternité, la compassion, l'entraide. Dans la
pratique, ils ont jeté aux orties le caractère révolutionnaire
du message chrétien primitif, ruinant systématiquement
en l'homme la capacité à s'emparer de l'objectif de
la liberté. Le catholicisme produit l'impuissance structurelle
des masses humaines qui, dans leur détresse, s'adressent
plutôt à Dieu qu'à leurs énergies propres
car il rend les structures humaines incapables de jouissance en
tuant en elles le goût du plaisir.
La peste émotionnelle manifestée dans le nazisme,
ne fait que prolonger en sadisme la crainte et la culpabilité
inculquées en transformant le caractère masochiste
de l'ancienne religion de souffrance en religion sadique. Forme
exacerbée de mysticisme religieux, il soutient cette forme
particulière de religiosité qui a son origine dans
la perversion sexuelle (Reich, 1976, p.12).
Lutter contre la peste émotionnelle de manière efficace,
c'est restaurer la couche psychique profonde de l'homme, car dans
les profondeurs vivent et travaillent la sexualité naturelle,
la joie spontanée du travail, la capacité d'amour.
Cette couche est le noyau biologique de la structure humaine, elle
est inconsciente et redoutée car en désaccord avec
l'éducation autoritaire. Sa reconnaissance et son actualisation
sont pourtant pour Reich, la seule manière de dominer la
misère sociale.
Lutter contre la misère sexuelle, supprimer les inhibitions,
produire pour chacun une autorégulation conforme aux exigences
de l'économie sexuelle, c'est permettre la restauration positive
de la responsabilité de chacun face à la vie. Reich
voit dans la suppression des maladies psychiques et de la sexualité
asociale le facteur qui favorisera la déprise de la peste
émotionnelle et la libération de l'énergie
vitale emprisonnée.
Vitalisme, orgiasme au sens libératoire d'énergies
liées, synergie de l'archaïsme et du développement
technologique, c'est aussi ce à quoi nous invite Michel Maffesoli
tentant de reconsidérer notre rapport à l'être
social si nous prenons la peine de reconsidérer le quotidien
dans la multiplicité de ses propositions en nous fondant
non sur une logique du devoir être mais dans la connaissance
et la reconnaissance des expériences vécues par chaque
personne dans son incompressible singularité.
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Paris, L'Harmattan, 1993.
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"Peste émotionnelle et imaginaire social chez Wilhelm
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http://www.analisiqualitativa.com/magma/0104/article_01.htm
m @ g m @ vol.1 n.4 ottobre/dicembre 2003
http://www.analisiqualitativa.com/magma/0104/index.htm
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Sociali
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