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Tel qu’un récit cosmogonique d’air frais dans
un musée à ciel ouvert, Jean Claude Dumoncel développe
une philosophie des arts et des sciences. En effet (+1) ou à
défaut (-1) vers les deux devenirs à partir du degré
d’intensité = 0 du pendule du Docteur Deleuze. Une
didactique du concept projetée par Deleuze dans qu’est-ce
que la Philosophie ? Le concept traverse les trois moments de l’esthétique
ou de la mécanique qualitative des machines désirantes.
Une finalité sans fin au bout de l’aventure, trace
l’ontogenèse du sujet sage du récit cosmogonique.
1-L’œuf cosmique, Dalí et les machines
désirantes.
Les machines désirantes fonctionnent dans la mécanique
déleuzienne à travers d’une physique qualitative
naturaliste -hylozoiste. Il s’agit d’une mécanique
non-newtonienne qui agit en trois niveaux. Le premier niveau est
celui du continuum hylétique. Des machines qui se définissent
comme des systèmes de coupes. La machine territoriale, l’0euf
cosmogonique, est coupée en sept moments par Dalí
dans l’Accommodement du désir.
L’effet phénoménologique couleur-espace-temps
dispose de continuité idéale, hylétique mais
les qualités- sensibilias restent disperses conformément
au code interne de l’algorithme qui apprend dans le registre
des intensités bio-sociales.
Dumoncel suture la première coupe avec le deuxième
niveau des machines désirantes, celui des multiplicités
et des objets partiels du Grand Verre. Deleuze se souvenait du récit
de Diogène Laercio, dans lequel les stoïques comparaient
la philosophie avec un œuf : La coque est la logique, le blanc
est la morale et le jaune juste dans le centre est la physique .
Dumoncel, attribuant à Dalí la modalité du
maître zen hiérophante qui enseigne dans ce premier
niveau de décomposition analytique, récupère
les moments de l’accommodation de l’imagination- volonté,
organe épistémologique de la cosmologie hylozoiste.
Les qualités du temps, les couleurs, les sons comme énergie
de registre, des intensités cénesthésiques
et des morceaux d’empyrée. La disruption du continuum
hylétique de l’œuf écorcé de sa
coque logique.
La logique qui précède toute expérience est
une coque, quelque chose qui enveloppe et sépare ce qui est
externe de ce qui est interne, comme la coque de l’Un. Comme
les surfaces monodiques des objets –un. Dumoncel nous donne
la liberté de penser que l´écorcement de Dalí
est l’écorcement qui nous permet de voir, d’une
manière claire et différente, la transparence du blanc.
La clarté visqueuse et épaisse comme un verre, le
corps fragile et délicat du capital spéculatif, régi
par la forme d’une loi algorithmique non- causale.
2- Le Grand Verre de Duchamp et les objets partiaux
Le deuxième niveau de machines désirantes est celui
qui donne lieu aux multiplicités, aux objets partiaux et
finalement à la formation des personnages conceptuels. Le
Grand Verre est un œuf géodésique de polarités
où se distribuent et se redistribuent les objets partiaux.
Vers le nuage qui enveloppe des tableaux vides et vers les roues
immobiles, des puissances inertes, des calendriers arrêtés
en équilibre statique comme les corps archimédiennes
de Stévin. Les atopiques , des espaces de coupe du fluide
hylétique délocalisés. L’espace est coupé
par la matière qui le remplit et qui le dépasse. La
matière est coupée par l’espace qui la précède
ou la dépasse. Les tableaux vides comme des surfaces d’inscription
d’un étrange langage qui subvertit et anarchie la relation
voix-graphisme.
Les signes sont ici de n’importe quelle nature, indifférents
à leur support (ou est-ce le support qui leur est indifférent
?). Le support est un corps plein sans organes. Ceux-là sont
dépourvus d’un plan préconçu, ils travaillent
à tous les niveaux et dans toutes les connexions. Chacun
parle sa propre langue et établit avec les autres des synthèses
d’autant plus directes en transversal aussitôt qu’elles
demeurent indirectes dans la dimension des éléments.
Aucune chaîne n’est homogène, mais elle ressemble
à un défilé de lettres de différents
alphabets dans lesquels tout d’un coup surgiraient un idéogramme,
un pictogramme… Sense, Sensation, sentido, sensibilia, sensatez.
La machine comme symbole de sa manière d’opérer
d’après la lecture de Wittgenstein à laquelle
Dumoncel nous renvoie. Mais lorsque nous lisons, ne sentons-nous
pas une sorte de cause déterminante de notre façon
de parler dans l’image visuelle de mots ? – Lisez une
phrase et maintenant observez la série suivante : &&x=x=
? B + %8 !’x* et dites, ce faisant une phrase. N’est-il
pas sensible que dans le premier cas la parole était liée
à la vision des signes et que dans le second elle se poursuivait
sans aucune liaison avec la vision des signes ? Wittgenstein dit
sentons-nous une sorte de cause déterminante. Cette cause
déterminante s’inscrit dans le continuum hylétique,
du premier niveau machinal, sur sa coupe disjonctive, tel que cela,
Eros se passionne, il voit, il écoute, il touche, il aime,
il pense, il parle, il travaille, il suture au deuxième niveau
conjonctif. Le corps du capital comme un tableau de Duchamp, est
un ensemble hétéroclite de pièces, lequel dans
l’idéalité hylétique rétablît
la sensation et le sens. La femme mariée est BArbArA laquelle
à partir du syllogisme de Deleuze :
Tout ce qui est joyeux est créateur
Tout ce qui est désir est joyeux
Donc tout ce qui est désir est créateur
Et ses célibataires sont « BArbArEs »
Donc, rien qui est désir n’est créateur. Totalité
vide à côté des parts, si créateur, joyeux
et désir ne sont que des objets partiaux non-totalisables,
gradients d’intensité cénesthésique,
des impressions, composés de préceptes, des affections
et des bloques de sensations qui font fonction de langages, des
états de sensations. La consistance logique n’y réside
que dans la partialité des objets, science des singuliers,
des schizias, indiscernable du phénomène esthétique.
3- Bacon, l’Etude du corps humain en mouvement comme
personnage conceptuel
Parmi les figures coniques du Grand Verre et la figure conique
de Bergson, Dumoncel constate qu’il manque une pièce.
Cette pièce manquante, est un sujet produit comme une totalité
à côté d’autres parties, au troisième
niveau des machines désirantes. La troisième coupe
de la machine désirante est la coupe- reste ou résidu
qui produit un sujet à côté de la machine, pièce
adjacente de la machine ,et à ce sujet. Dumoncel, l’appelle
« Arthur », c’est un Personnage Conceptuel.
Sur lui convergent les sections coniques, le rectangle tridimensionnel
composé de couleurs, d’espaces et de mouvements. Les
points brillants et les intensités floues de la figure humaine.
Le Grand Verre en toute transparence, clair cristallin permet de
voir le jaune d’œuf, le noyau de la physique de qualités.
L’œuf schizo-paranoïde : yellow tigers de Salvador
Dalí Domenech, de William Blake- Joycelyn Bernadette Smith-
Tangerine Drean, de White Room- Cream, de Emilio Salgari dans Mompracen,
Œuf-Mollusque de Jean Piaget :linnea stignalis d’assimilation
lamarckienne, darwinienne, husserliennne. L’espace disjoint
de la matière, de la matière vivant en excès
par rapport à l’espace physique- géométrique.
Le personnage conceptuel de la figure humaine : le schizo, le paranoïde,
le névrotique. La cosmogenèse du sujet comme une coupe-resto.
Les trois mouvements 1-L’œuf, 2- Le Grand Verre, 3- L’étude
du corps humain en mouvement. Orange, Bacon, clair et différent.
Sur la table-surface du Grand Verre dans lequel les roues cronogènes
, calendariques sont arrêtées, des machines célibataires
en acte, s’agite alors le personnage conceptuel. La table
ovoïde sans surface du Cube de Bacon ne dispose pas de corps
mécaniques archimédiennes, mais des corps organiques
cartésiens. Un mouvement organique rythmique, sonore, musical,
qui parle avec ses couleurs et ses expressions. Cela parle. C’est
peut-être un cadavre, de la matière encore vivante
sans place dans l’espace, un corps artaudnien, auquel les
espaces ne voulaient pas. Comme l’infini moribond de Edgar
Poe, attrapé entre les vivants et les morts dans la temporalité
de L’Aión.
4- Le Sujet
Arthur, un sujet qui habite toujours à la frontière,
dans un plan d’immanence déterritorialisée ,
a un gradient de proximité beaucoup plus proche de Phileas
Fogg, et Paganel de Jules Verne qu’au Swan de Proust, Outlandish
est dû plus à Jules Verne qu’à Marcel
Proust.
Combray est un musée qui réside au sol latino-américain,
pas un topoi près de la mer de Monet et Debussy. Le mythe
rousseaunien hégélien de l’autre, à travers
de la mimèse nietzschéenne comme ancêtre de
l’hylozoïsme naturaliste du Docteur Deleuze se synthétise
dans la suppression de l’antinomie monde véritable
monde apparent. Le pendule du docteur Deleuze bascule entre t et
t’, selon le mécanisme du déjà vu de
Bergson. Jean- Claude Dumoncel voudrait probablement aller plus
loin du projet deleuzien de l’abolition déjà
arrivée à Œdipe. Dumoncel, post-heideggerien
Voudrait déconstruire totalement la Paideia de Werner Jaeger
dans les trois chefs d’œuvre qu’il déchiffre
: L’œuf, Le grand Verre et l’Etude du corps humain
en mouvement. Au lieu de Homère Enseignant, son personnage
Conceptuel, le schizo, le paranoïde, le névrotique :
Arthur, didacticien de la nature humaine.
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