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LE PENDULE DU DOCTEUR DELEUZE
JEAN- CLAUDE DUMONCEL
Cahiers de l’Unebéue- e.p.e.l. Editions et publications de l’école lacanienne
Note de lecture Guillermo Carlos Treboux

Tel qu’un récit cosmogonique d’air frais dans un musée à ciel ouvert, Jean Claude Dumoncel développe une philosophie des arts et des sciences. En effet (+1) ou à défaut (-1) vers les deux devenirs à partir du degré d’intensité = 0 du pendule du Docteur Deleuze. Une didactique du concept projetée par Deleuze dans qu’est-ce que la Philosophie ? Le concept traverse les trois moments de l’esthétique ou de la mécanique qualitative des machines désirantes. Une finalité sans fin au bout de l’aventure, trace l’ontogenèse du sujet sage du récit cosmogonique.

1-L’œuf cosmique, Dalí et les machines désirantes.

Les machines désirantes fonctionnent dans la mécanique déleuzienne à travers d’une physique qualitative naturaliste -hylozoiste. Il s’agit d’une mécanique non-newtonienne qui agit en trois niveaux. Le premier niveau est celui du continuum hylétique. Des machines qui se définissent comme des systèmes de coupes. La machine territoriale, l’0euf cosmogonique, est coupée en sept moments par Dalí dans l’Accommodement du désir.
L’effet phénoménologique couleur-espace-temps dispose de continuité idéale, hylétique mais les qualités- sensibilias restent disperses conformément au code interne de l’algorithme qui apprend dans le registre des intensités bio-sociales.
Dumoncel suture la première coupe avec le deuxième niveau des machines désirantes, celui des multiplicités et des objets partiels du Grand Verre. Deleuze se souvenait du récit de Diogène Laercio, dans lequel les stoïques comparaient la philosophie avec un œuf : La coque est la logique, le blanc est la morale et le jaune juste dans le centre est la physique . Dumoncel, attribuant à Dalí la modalité du maître zen hiérophante qui enseigne dans ce premier niveau de décomposition analytique, récupère les moments de l’accommodation de l’imagination- volonté, organe épistémologique de la cosmologie hylozoiste. Les qualités du temps, les couleurs, les sons comme énergie de registre, des intensités cénesthésiques et des morceaux d’empyrée. La disruption du continuum hylétique de l’œuf écorcé de sa coque logique.
La logique qui précède toute expérience est une coque, quelque chose qui enveloppe et sépare ce qui est externe de ce qui est interne, comme la coque de l’Un. Comme les surfaces monodiques des objets –un. Dumoncel nous donne la liberté de penser que l´écorcement de Dalí est l’écorcement qui nous permet de voir, d’une manière claire et différente, la transparence du blanc. La clarté visqueuse et épaisse comme un verre, le corps fragile et délicat du capital spéculatif, régi par la forme d’une loi algorithmique non- causale.

2- Le Grand Verre de Duchamp et les objets partiaux

Le deuxième niveau de machines désirantes est celui qui donne lieu aux multiplicités, aux objets partiaux et finalement à la formation des personnages conceptuels. Le Grand Verre est un œuf géodésique de polarités où se distribuent et se redistribuent les objets partiaux. Vers le nuage qui enveloppe des tableaux vides et vers les roues immobiles, des puissances inertes, des calendriers arrêtés en équilibre statique comme les corps archimédiennes de Stévin. Les atopiques , des espaces de coupe du fluide hylétique délocalisés. L’espace est coupé par la matière qui le remplit et qui le dépasse. La matière est coupée par l’espace qui la précède ou la dépasse. Les tableaux vides comme des surfaces d’inscription d’un étrange langage qui subvertit et anarchie la relation voix-graphisme.
Les signes sont ici de n’importe quelle nature, indifférents à leur support (ou est-ce le support qui leur est indifférent ?). Le support est un corps plein sans organes. Ceux-là sont dépourvus d’un plan préconçu, ils travaillent à tous les niveaux et dans toutes les connexions. Chacun parle sa propre langue et établit avec les autres des synthèses d’autant plus directes en transversal aussitôt qu’elles demeurent indirectes dans la dimension des éléments. Aucune chaîne n’est homogène, mais elle ressemble à un défilé de lettres de différents alphabets dans lesquels tout d’un coup surgiraient un idéogramme, un pictogramme… Sense, Sensation, sentido, sensibilia, sensatez. La machine comme symbole de sa manière d’opérer d’après la lecture de Wittgenstein à laquelle Dumoncel nous renvoie. Mais lorsque nous lisons, ne sentons-nous pas une sorte de cause déterminante de notre façon de parler dans l’image visuelle de mots ? – Lisez une phrase et maintenant observez la série suivante : &&x=x= ? B + %8 !’x* et dites, ce faisant une phrase. N’est-il pas sensible que dans le premier cas la parole était liée à la vision des signes et que dans le second elle se poursuivait sans aucune liaison avec la vision des signes ? Wittgenstein dit sentons-nous une sorte de cause déterminante. Cette cause déterminante s’inscrit dans le continuum hylétique, du premier niveau machinal, sur sa coupe disjonctive, tel que cela, Eros se passionne, il voit, il écoute, il touche, il aime, il pense, il parle, il travaille, il suture au deuxième niveau conjonctif. Le corps du capital comme un tableau de Duchamp, est un ensemble hétéroclite de pièces, lequel dans l’idéalité hylétique rétablît la sensation et le sens. La femme mariée est BArbArA laquelle à partir du syllogisme de Deleuze :

Tout ce qui est joyeux est créateur
Tout ce qui est désir est joyeux
Donc tout ce qui est désir est créateur

Et ses célibataires sont « BArbArEs »

Donc, rien qui est désir n’est créateur. Totalité vide à côté des parts, si créateur, joyeux et désir ne sont que des objets partiaux non-totalisables, gradients d’intensité cénesthésique, des impressions, composés de préceptes, des affections et des bloques de sensations qui font fonction de langages, des états de sensations. La consistance logique n’y réside que dans la partialité des objets, science des singuliers, des schizias, indiscernable du phénomène esthétique.

3- Bacon, l’Etude du corps humain en mouvement comme personnage conceptuel

Parmi les figures coniques du Grand Verre et la figure conique de Bergson, Dumoncel constate qu’il manque une pièce. Cette pièce manquante, est un sujet produit comme une totalité à côté d’autres parties, au troisième niveau des machines désirantes. La troisième coupe de la machine désirante est la coupe- reste ou résidu qui produit un sujet à côté de la machine, pièce adjacente de la machine ,et à ce sujet. Dumoncel, l’appelle « Arthur », c’est un Personnage Conceptuel.
Sur lui convergent les sections coniques, le rectangle tridimensionnel composé de couleurs, d’espaces et de mouvements. Les points brillants et les intensités floues de la figure humaine.
Le Grand Verre en toute transparence, clair cristallin permet de voir le jaune d’œuf, le noyau de la physique de qualités. L’œuf schizo-paranoïde : yellow tigers de Salvador Dalí Domenech, de William Blake- Joycelyn Bernadette Smith- Tangerine Drean, de White Room- Cream, de Emilio Salgari dans Mompracen, Œuf-Mollusque de Jean Piaget :linnea stignalis d’assimilation lamarckienne, darwinienne, husserliennne. L’espace disjoint de la matière, de la matière vivant en excès par rapport à l’espace physique- géométrique. Le personnage conceptuel de la figure humaine : le schizo, le paranoïde, le névrotique. La cosmogenèse du sujet comme une coupe-resto. Les trois mouvements 1-L’œuf, 2- Le Grand Verre, 3- L’étude du corps humain en mouvement. Orange, Bacon, clair et différent. Sur la table-surface du Grand Verre dans lequel les roues cronogènes , calendariques sont arrêtées, des machines célibataires en acte, s’agite alors le personnage conceptuel. La table ovoïde sans surface du Cube de Bacon ne dispose pas de corps mécaniques archimédiennes, mais des corps organiques cartésiens. Un mouvement organique rythmique, sonore, musical, qui parle avec ses couleurs et ses expressions. Cela parle. C’est peut-être un cadavre, de la matière encore vivante sans place dans l’espace, un corps artaudnien, auquel les espaces ne voulaient pas. Comme l’infini moribond de Edgar Poe, attrapé entre les vivants et les morts dans la temporalité de L’Aión.

4- Le Sujet

Arthur, un sujet qui habite toujours à la frontière, dans un plan d’immanence déterritorialisée , a un gradient de proximité beaucoup plus proche de Phileas Fogg, et Paganel de Jules Verne qu’au Swan de Proust, Outlandish est dû plus à Jules Verne qu’à Marcel Proust.
Combray est un musée qui réside au sol latino-américain, pas un topoi près de la mer de Monet et Debussy. Le mythe rousseaunien hégélien de l’autre, à travers de la mimèse nietzschéenne comme ancêtre de l’hylozoïsme naturaliste du Docteur Deleuze se synthétise dans la suppression de l’antinomie monde véritable monde apparent. Le pendule du docteur Deleuze bascule entre t et t’, selon le mécanisme du déjà vu de Bergson. Jean- Claude Dumoncel voudrait probablement aller plus loin du projet deleuzien de l’abolition déjà arrivée à Œdipe. Dumoncel, post-heideggerien

Voudrait déconstruire totalement la Paideia de Werner Jaeger dans les trois chefs d’œuvre qu’il déchiffre : L’œuf, Le grand Verre et l’Etude du corps humain en mouvement. Au lieu de Homère Enseignant, son personnage Conceptuel, le schizo, le paranoïde, le névrotique : Arthur, didacticien de la nature humaine.