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Date: Sun, 18 Jan 2004
Subject: [resistons info] Libération | Parloirsmenacésà
la centrale de Moulins
Libération | Parloirs menacés à la centrale
de Moulins
http://www.liberation.fr/imprimer.php?Article=171823
Parloirs menacés à la centrale de Moulins
Pour avoir contesté la multiplication des contrôles,
des familles pourraient perdre leur droit de visite.
Par Eric MOINE
samedi 17 janvier 2004
Moulins correspondance
Pour s'insurger contre la multiplication des fouilles auxquelles
ils étaient soumis, une trentaine de proches de détenus
de la centrale de Moulins avaient refusé de quitter le parloir
durant trois quarts d'heure (Libération du 5 janvier). Huit
jours plus tard, c'est le retour de bâton.
La direction a écrit en recommandé à une quinzaine
de familles : «Vous avez contesté les mesures de contrôle
[...] Je crois devoir vous informer que le renouvellement d'un tel
comportement me conduirait à envisager la suspension de votre
permis de visite.» Nouveau coup de sang des familles : «Nous
n'avons pas contesté les contrôles mais leur forme,
constate l'épouse d'un condamné à perpétuité.
Les brigades volantes pour inspecter les voitures, le même
comité d'accueil sur le parking avec la mitraillette, puis,
en plus des habituels portiques et rayons X, le chien détecteur
de stups et d'explosifs qui piétine et bave sur nos vêtements.
S'ils veulent mettre le feu à la prison, il n'y a pas mieux.»
«Profils dangereux».
«Il n'y a aucune volonté d'atteinte à la dignité
des détenus ou de leurs familles», réfute Georges
Boyer, adjoint à la direction régionale à Lyon,
soulignant que, pour une centrale de 126 places, il y a 989 permis
de visite. Mais il confirme que la concentration de «détenus
dangereux» à Moulins est un choix : «Alors, à
profils dangereux, mesures de sécurité adaptées.»
C'est d'ailleurs à Moulins qu'au printemps, le garde des
Sceaux a ordonné de fermer les cellules en permanence. Jusqu'ici
tolérée, l'ouverture des portes permettait un minimum
d'échanges et de discussions entre détenus.
Plusieurs familles ont alerté leurs avocats. «Mais
la pénitentiaire ne s'assoit pas sur le code pénal,
elle trône dessus, s'indigne Me Jean-Marc Darrigade. La sécurité
a bon dos. Ça ressemble plus à une volonté
d'humiliation.»
Me Philippe Pétillault s'agace aussi : «Le mardi suivant,
en entrant dans la salle où devaient siéger les juges
de l'application des peines, je suis tombé nez à nez
avec une équipe d'Eris (1). A une demi-douzaine,
ils se sont dépêchés de se cagouler et de prendre
leurs flashballs. Je suis persuadé qu'ils sont en permanence
à Moulins et que cette salle est leur QG. La fermeture des
portes, les Eris et maintenant la pression sur les familles. Tout
ça crée un climat insupportable. On fait tout pour
briser les détenus et qu'ils sortent comme des légumes.»
«Lien fragile».
François Carlier, de l'Observatoire international des prisons,
a également été alerté : «Moulins-Yzeure
devient une vitrine des difficultés que pose la politique
gouvernementale. Après la fermeture des portes, qui empêche
d'entretenir un semblant de lien social, on touche au lien familial.
Or il est aussi essentiel que fragile. Si, après des centaines
de kilomètres, vous avez quatre barrages et une demi-heure
de fouilles, vous avez beau aimer votre frère, votre père
ou votre mari, vous viendrez moins. Et puis plus du tout.»
Jeudi, pour protester contre les «menaces» de la direction,
les détenus ont, pendant deux heures, refusé de regagner
leurs cellules.
(1) Eris = Créées par Perben, les
équipes régionales d'intervention et de sécurité
sont composées de surveillants «anonymes» et
chargées d'intervenir en cas d'incidents en prison.
Réseau RESISTONS ENSEMBLE
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