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Date: Wed, 05 May 2004 13:16:57 +0200
Subject: [infozone_l] AD-lettre Maurice Rajfus du 23/04/2004
JOËLLE AUBRON ET NATHALIE MÉNIGON PLUS DANGEREUSES
QUE PAPON ?
En quels temps vivons-nous ?
La justice a cédé le pas à la vengeance. Qu'en
est-il du respect des lois de la République ?
Il paraît qu'il y a une loi Kouchner pour libérer les
prisonniers gravement malades. Qui pourrait affirmer cela ? Seul
Maurice Papon, peut-être, qui a pu quitter la prison de la
Santé, après trois ans d'emprisonnement, en faisant
un bras d'honneur aux 1 680 Juifs de Bordeaux qu'il a contribué
à expédier dans les camps d'extermination.
Maurice Papon, malgré ses 93 ans, n'est pas vraiment malade
et jouit d'une liberté pleine et entière.Joëlle
Aubron n'a qu'un cancer au cerveau. Peu de choses, en somme. Nathalie
Ménigon est également en grave danger mais les verrous
de leurs prisons ne semblent pas près de s'ouvrir. Peut-être
a-t-on perdu les clés...
En quels temps vivons-nous ?
On a libéré Maurice Papon, au nom d'un humanisme charitable,
mais Joëlle Aubron est parfois menottée sur son lit,
dans un hôpital sous haute surveillance. Des policiers rôdent
dans les rues, autour de la douillette résidence de Maurice
Papon, mais c'est pour le protéger de possibles intrus qui
viendraient lui rappeler les morts de Bordeaux, mais aussi ceux
du Pont Saint-Michel et de Charonne. D'autres policiers montent
la garde devant la chambre de Joëlle Aubron mais leur mission
est nettement moins conviviale.
On a récemment libéré Loïc Le Floch Prigent.
Celui-là s'est largement goinfré sur les deniers de
l'Etat et donc des contribuables. Le Floch est malade, mais sa vie
n'est pas en danger. Il se trouve seulement que cet escroc était
un grand commis de l'Etat. Tout comme l'avait été
Maurice Papon.
En quels temps vivons-nous ?
On nous explique que libérer Joëlle Aubron et Nathalie
Ménigon - après dix-sept ans de prison - pourrait
provoquer un trouble à l'ordre public. Billevesées
: toutes deux ne quitteraient la prison que pour un lit d'hôpital.
Le véritable trouble à l'ordre public a été
créé par la libération de Maurice Papon à
qui, semble-t-il, l'Etat chiraquien a finalement pardonné.
En fait, le trouble à l'ordre public est provoqué
par cet Etat, de plus en plus policier, qui espère régler
ses difficultés en maintenant en prison les grands malades
qu'il ne faut libérer sous aucun prétexte.
En quels temps vivons-nous ?
Quelle est la logique de cet acharnement judiciaire et policier
? Il est clair que, pour ce pouvoir, il ne faut pas que les quatre
d'Action Directe puissent un jour retrouver la liberté. Quel
que soit leur état de santé ! La sollicitude ne profite
qu'aux assassins d'Etat et aux escrocs en col blanc qui ne représentent
aucun danger pour les institutions, dont ils sont l'émanation.
Dans notre démarche, il n'est pas question d'idéologie
mais de simple solidarité. En revanche, pour ceux qui détiennent
les clés des prisons, leur survie morale est peut-être
au prix de l'enfermement de quatre militants perdus, rendus malades
par le système carcéral. Qui pourrait hésiter
à exiger une remise en liberté qui ne serait qu'une
simple mesure humanitaire ? Encore une fois, il ne s'agit pas de
charité. Les deux prisonnières de Bapaume ne demandent
pas l'aumône mais la solidarité. Nous la leur devons
!
Nous sommes là pour dénoncer une attitude de vengeance
à perpétuité. Nous sommes là pour exiger
la libération de tous les prisonniers malades, y compris
ceux d'Action Directe. Nous sommes réunis pour rejeter cette
justice haineuse qui sélectionne ses bons et mauvais sujets.
Il faut bien constater que ces choix ne sont jamais innocents. Dénoncer
cette situation doit faire de nous des coupables potentiels...
Maurice RAJFUS
Observatoire des Libertés Publiques
Vendredi 23 avril 2004
I N F O Z O N E
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