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Origine : http://patsy.blog.free.fr/index.php?post/2010/05/31/Isra%C3%ABl-%3A-la-fuite-en-avant
De nouveau, et à sa façon toute militaire, l'Etat
israélien a réglé la question de la flotille
de la liberté, cette puissante armada antisémite chargée
sans aucun doute d'armes de destruction massive. Les « dangereux
activistes » armés de barres de fer et de lance-pierres
ont reçu ce qu'ils méritaient : du plomb. Ce nouvel
épisode dramatique illustre à quel point l'Etat d'Israël
est en crise profonde.
L'Etat d'Israël a besoin de la guerre pour continuer à
exister en tant que nation. Pour justifier l'érection de
son mur de sécurité, pour conserver l’image
de la citadelle « occidentale, démocratique et moderne
» en terre arabe « réactionnaire », l'Etat
d'Israël a besoin d'une guerre, même de basse intensité,
pour faire sentir aux citoyens juifs d’Israël, que l’ennemi
est toujours là. « Tout Etat véritable est un
Etat militaire » disait le vieux Michel Bakounine, et il avait
raison. « Israël n’est pas un Etat qui a une armée,
c’est une armée qui a un Etat » a écrit
Michel Warschawski, et lui-aussi n’a pas tort. D’où
l’obsession du gouvernement israélien d’empêcher
l’Autorité palestinienne de simplement fonctionner,
de l’acculer à la faillite, de pousser un peu plus
la population de Gaza et de Cisjordanie dans la désespérance,
désespérance qui se traduira en lutte armée,
lutte armée qu’il faudra mater.
Pour empêcher que la crise économique et sociale ne
débouche sur une crise politique majeure, l'Etat d'Israël
a besoin de la guerre. Plus de 20% de la population est considéré
comme pauvres ; le chômage est massif, les sans-logis sont
légion. En 2006, le chef de file des travaillistes, le syndicaliste
Amir Peretz, a même mené campagne sur le thème
de la crise du modèle social israélien et non exclusivement
sur celui de la sécurité. Israël a besoin de
la guerre car Israël, compris comme Etat juif, est en sursis.
La démographie le condamne. Dans une génération,
les Arabes, citoyens israéliens, seront majoritaires et il
serait étonnant qu’ils ne remettent alors en cause
les fondements théocratiques d'un Etat qui a fait d’eux,
depuis des décennies, des citoyens de seconde zone condamnés
massivement à la marginalisation sociale et politique. Ils
sont les cauchemars des défenseurs d’un Israël
ethniquement pur, condamné au militarisme et à la
paranoïa.
L'Etat d'Israël a besoin de la guerre comme il a besoin d'un
Ahmaninejad à la tête de l'Iran, d'un Oussama Ben Laden
dans les zones tribales pakistanaises. Comme tout Etat, il ment.
Il clame qu'il veut la paix tout en poursuivant la colonisation
des territoires palestiniens, ce qui ne peut que provoquer la colère
des victimes, et donc la répression, et donc la justification
de sa militarisation croissante. Il ment et il panique car il sent
de plus en plus qu'au sein du monde occidental, les populations
ne mordent plus comme avant à son hameçon idéologique.
Ces populations n'ont plus les yeux de Chimène pour lui,
ne le voit plus comme « l'Etat des Juifs victimes de la Shoah
», mais comme un Etat démocratique, certes, mais aussi
brutal, qui piétine le droit international et se pose en
éternelle victime. Il panique et se lance dans une fuite
en avant mortifère. Il dit aux Juifs de la diaspora : «
L'antisémitisme ne cesse de progresser dans les démocraties
occidentales. Ne faites pas comme vos aïeux qui dédaignaient
en masse le sionisme. Votre salut est en Israël, venez ! »
Mais comme le dit la sociologue Régine Azria, « force
est de constater qu'Israël est aujourd'hui le seul pays où
des Juifs meurent parce qu'ils sont Juifs. » (Alain Dieckhoff
(sous la direction de), L'Etat d'Israël, Fayard, 2008). Il
dit aux goys « Votre antisionisme n'est qu'une forme moderne
de l'antisémitisme qui a mené nos grands-parents et
parents dans les camps de concentration. » Et il se rejouit
légitimement à peu de frais quand certains défenseurs
de la cause palestinienne se répandent en déclarations
racistes et tracent un trait d'égalité entre sionisme
et nazisme, et se refusent à critiquer l'Autorité
palestinenne ou, du moins, ce qu'il en reste.
Les élites politiques israéliennes, en se refusant
à régler politiquement la « question palestinienne
», se condamnent à bâtir une citadelle assiégée,
soudée par la paranoïa, et à terme liberticide.
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