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Révolution Lente… Bienheureuse infidélité
Paule Salomon

Origine http://www.revolution-lente.com/paule-salomon-bienheureuse-infidelite.php?PHPSESSID=75a18f71e53d374c576b9909f80469d6

« On parle de réduire le temps de travail, d’augmenter les loisirs, mais la vie quotidienne se complexifie au détriment des temps de repos, de réflexion, de contemplation, d’échange et d’amour. Quand serons-nous, comme les dauphins, de merveilleux joueurs consacrant l’essentiel de leurs temps aux activités ludiques ? »
Paule Salomon

Paule Salomon, philosophe et thérapeute, formée aux principales techniques de psychothérapie, enseigne le développement personnel selon une approche aussi libre que singulière qu’elle enrichit depuis plus de vingt ans de son expérience et de sa recherche spirituelle. Pour elle la crise d’identité qui affecte hommes et femmes est le plus puissant levier de changement intérieur dont la société ait jamais disposé. Elle a publié aux éditions Albin Michel de nombreux ouvrages dont La femme solaire, La sainte folie du couple, La brûlante lumière de l’amour et Les hommes se transforment.
Bienheureuse infidélité

" C’est le livre d’Alan Watts "Bienheureuse insécurité" qui a inspiré le titre de ce livre. « Vivre dans une société fondée sur la quête de sécurité c’est comme disputer une épreuve de rétention du souffle où tout le monde se tendrait comme la peau d’un tambour et deviendrait rouge comme un betterave ». « Ce besoin de sécurité est en lui-même une contradiction et une source de douleur, plus nous essaierons de l’assouvir, plus nous en souffrirons ». Il en est de même de la fidélité exclusive. "

IL y a deux logiques différentes aujourd’hui : la logique des couples qui considèrent que vaille que vaille ils doivent se discipliner pour rester fidèles et exclusifs avec un partenaire unique et la logique des couples qui considèrent que leur objectif est d’ouvrir leur couple sans porter atteinte à leur engagement l’un vers l’autre La question qui se pose alors est : que devient la tierce personne? Fait-elle partie elle-même d’un couple ou vit-elle un célibat accepté ou contraint ? Dans une certaine mesure ce livre est une tentative pour poser une passerelle entre ces deux logiques. Le couple était fondé sur une logique d’exclusion du tiers et il cherche désormais à inclure le tiers.

C’est un livre « urgent » qui touche au plein cœur de nos contradictions sociales, de nos bouleversements d’identité homme / femme, de nos passions, de notre désir d’aimer et d’être aimé. Sans complaisance il dénonce l’aspect oppressif de la fidélité et salue la beauté de l’engagement mutuel. Il évoque l’infidélité comme un facteur de liberté individuelle et propose de sortir la fidélité et l’infidélité d’une morale dualiste. Les termes de polyfidélité et polyamour apportent une ouverture . Mais c’est le terme de fidélité à soi-même qui sera décisif dans cette compréhension nouvelles des relations homme /femme. La fidélité du couple doit-elle continuer d’être bâtie sur l’exclusivité sexuelle ? Les questions sont pertinentes, les idées sont fortes, les formules incisives, le ton nouveau. Ce livre donne de l’énergie.
Présentation de l'éditeur

Au XXIe siècle la fidélité n'est peut-être plus la vertu que l'on croit, source de bonheur et de stabilité, mais plutôt une peur de s'ouvrir aux autres, de s'autoriser le désir et l'affirmation de soi. Et l'infidélité, ou la polyfidélité, peut se concevoir non plus comme ce fauteur de trouble dans la paix conjugale mais comme une fidélité à soi-même, à concevoir celle de l'autre, et à être en accord avec soi.
Paule Salomon explore, au travers de nombreux exemples puisés dans son expérience de thérapeute, ce continent noir et secret de l'intime et de la passion, du désir et de la jalousie. Elle tente de répondre aux questions cruciales que pose toute relation amoureuse : le fait de vivre en couple est-il synonyme d'exclusivité sexuelle, l'amour est-il monogame, tout engagement est-il synonyme d'aliénation ? Il en ressort une vision dynamique et inédite, loin des préjugés et de la culpabilité, mettant l'accent sur la liberté, l'attachement, le partage et la quête de soi.
Quatrième de couverture

Héritiers de représentations ancestrales où la domination masculine était la norme, nous vivons encore sur les clichés des relations amoureuses et conjugales basées sur la fidélité, la fidélité de la femme surtout, épouse et mère au foyer tandis que l’homme pouvait entretenir des liaisons hors mariage. Mais la fidélité n’est peut-être pas la vertu qu’on croit mais plutôt une peur de s’ouvrir aux autres, de s’autoriser le désir et l’affirmation de soi. Et l’infidélité, ou plutôt la polyfidélité, peut se concevoir comme une fidélité à soi-même, à concevoir sa liberté et celle de l’autre et à être en accord avec soi. A travers de nombreux exemples puisés dans son expérience de thérapeute, Paule Salomon tente de répondre aux questions que chacun se pose : - le fait de vivre en couple est-il synonyme d’exclusivité sexuelle ? - l’amour est-il monogame ? - la jalousie est-elle un sentiment à dépasser ? - tout engagement est-il synonyme d’aliénation ?

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Fervente propagatrice du renouveau féminin, elle combat aussi inlassablement pour la réconciliation des sexes.
Paule Salomon

Je parlerai en termes de sensation et non de vérité rationnelle ou révélée. Un des moments importants de ma propre évolution a été de pouvoir formuler que les idées étaient des interprétations du monde et non des vérités absolues. Je ne cesse chaque jour d’intégrer à quel point ce que je vois, ce que j’entends, ce que je perçois de manière générale est le reflet de ce que je suis. En ce sens, j’ai conscience de regarder le monde à travers une vitre plus ou moins encombrée des scories de mon histoire personnelle, des besoins de ma psyché en positif comme en négatif, des dramatisations de mes cauchemars ou des enjolivures de mes rêves. Pour nettoyer cette vitre, je m’efforce de développer une conscience-témoin plus tranquille capable d’accepter ce qui est là, de me rendre présente à ce qui est là. J’adopte une ouverture qui me facilite un regard plus lavé de jugement.

Au-delà du bon et du mauvais, du bien et du mal, il y a, me semble-t-il, un troisième terme qui rend le coeur content, l’esprit libre et créatif et les relations pétillantes parce que pleines d’espaces à vivre. Nous sommes à nous-mêmes une profondeur de mystère, nous sommes uniques et en même temps nous partageons avec d’autres un parcours d’humanité, nous ne cessons de nous faire écho les uns aux autres, nos témoignages agissent comme des allumettes qui permettraient que le feu et la lumière s’allument ici et là. Une immense contamination d’éveil est en route et se popularise par des livres, des films, des chansons, des musiques.

Il ne s’agit plus de se rallier derrière un corps de doctrines, de croyances, d’adhérer à un groupe religieux ou éthique, mais d’adhérer à un corps de pratiques pour rester en contact avec sa blessure et continuer de développer sa capacité à danser intérieurement dans la lumière. Nous tentons d’être les créateurs et les artistes de notre vie, et non plus ces figures coupables et victimes cherchant des boucs émissaires, traînant un poids d’accusation sur l’autre et sur soi. Le grand passage, le retournement de l’être, se joue dans cette sortie, au-delà du maître et de l’esclave, la création d’un troisième terme, l’être unifié. Car chacun veut guérir des blessures de son passé et des limitations de son expression pour parvenir à exister et à aimer de manière plus ouverte. Collectivement, nous sommes en train d’inventer en Occident une pratique de mise en œuvre de la conscience. Apparemment, beaucoup s’appuient sur des traditions, mais il me semble qu’en réalité chacun s’autorise à réinterpréter dans son creuset personnel la vérité qui prend appui sur l’antériorité. Et il y a un point sur lequel tout le monde s’accorde, même si la culture dominante continue de ressasser des idées toutes faites ; les belles idées des intellectuels, les théories, montrent vite leurs limites quand elles ne sont pas vécues.

Dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit devient une exigence dans le dévoilement de la conscience. Dans notre histoire d’humanité, l’esclavage extérieur est une pratique en régression, même s’il y en a encore trop, et l’esclavage intérieur commence à être débusqué. En ce sens, j’ai une vision très optimiste du sens de l’histoire, car malgré des convulsions, des réactions, des tentatives renouvelées d’accaparement des biens et des esprits par quelques-uns au détriment du grand nombre, malgré les tueries, les violences, la conscience et le désir de paix gagnent du terrain. Le langage de la destruction de l’autre et de soi porte bien des fascinations, ne serait-ce que parce qu’il semble une réponse à nos angoisses et à nos peurs, mais le plaisir de l’affirmation de soi de manière créative, le plaisir du partage et de l’amour sont des nectars incomparables dès qu’on les a goûtés. Ce monde ne peut se rééquilibrer sans une parole inspirée par le féminin. Les femmes ont besoin de reprendre confiance dans leur corps de femme et de laisser surgir l’originalité de leur source.

De leur côté, les hommes s’affaiblissent par cette anima qui leur arrive d’un modèle de femme engloutie dans le patriarcat. Ils ont aussi besoin les uns des autres pour faire émerger un modèle d’homme conscient et aimant pour se déculpabiliser des grossièretés du guerrier, oser leur force dans la douceur alliée. Tout n’est pas gagné dans cette émergence, et pendant plusieurs décennies des couples rejoueront le dominant dominé, la guerre des sexes s’alimentera d’actions et de réactions, chacun durcissant ses positions, mais bon an, mal an, chacun intégrant davantage de masculin et de féminin, chacun s’équilibrant dans son androgynat, l’homme et la femme découvriront une possibilité de vivre la rencontre dans une confiance en soi et en l’autre qui n’avait jamais été atteinte du moins par le grand nombre. La difficulté sur laquelle se porte mon attention en ce moment dans l’évolution, c’est l’emprise des valeurs masculines dans le monde et à l’intérieur de chacun. Même parmi ceux qui ont des convictions sur la valeur de la vie intérieure, de la contemplation, de l’aide aux autres, le rythme trépidant de la survie moderne entretient une destruction permanente de l’arrondi de l’espace. Faire, trop faire et faire trop vite, pressé, menacé de ne pas gagner assez, menacé de perdre son temps, menacé de ne pas jouir de tout ce qui est disponible, courir, répondre au téléphone, travailler, créer, s’occuper des enfants, s’occuper des malades, des plus vieux, vivre pour soi, tous ces impératifs se catapultent. Pour le dire encore autrement, en chacun de nous, hommes ou femmes, le masculin de l’existence tyrannise le féminin de l’existence, l’asservit à son profit.

On parle de réduire le temps de travail, d’augmenter les loisirs, mais la vie quotidienne se complexifie au détriment des temps de repos, de réflexion, de contemplation, d’échange et d’amour. Quand serons-nous, comme les dauphins, de merveilleux joueurs consacrant l’essentiel de leurs temps aux activités ludiques ?

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Rien ne m’intéresse autant aujourd’hui que les relations humaines, la qualité des instants partagés, ou ma solitude dans la nature. Je remercie les livres, les musiques, les films, les techniques, Internet, etc., d’exister et je suis le papillon qui butine et fait son miel au gré de l’instant.

Pourquoi ce titre qui semble un paradoxe : Bienheureuse infidélité ?
Interview
Paule Salomon

J’aime que les titres fassent réfléchir, la Sainte folie du couple, mon précédent livre sur le couple, exprimait aussi deux facettes de la vie dans laquelle chacun de nous peut se reconnaître : D’une part ce désir d’aimer et d’autre part cette difficulté à aimer sans se trahir et sans empiéter sur le territoire de l’autre ; comment concilier engagement et liberté ? Dans les faits notre époque remet en question le couple à vie fermé sur lui-même. Le nombre croissant des séparations et des divorces est là pour en témoigner. L’émergence individuelle est un phénomène de société qui amène chaque personne à se rendre compte qu’elle avance au cours du temps vers une connaissance d’elle-même et des changements qui ne sont pas toujours compatibles avec les engagements amoureux pris au début d’une vie. Les besoins du « je » entrent en compétition avec ceux du « nous ». C’est donc un livre qui tient compte de la nécessaire fidélité à soi-même. Et parfois pour être fidèle à soi-même, à notre évolution, nous sommes amenés à prendre le risque d’entrer dans un désordre amoureux, à troubler l’ordre établi dans notre vie. L’authenticité des sentiments ne se laisse pas enfermer dans un contrat ou une promesse.

L’infidélité n’a-t-elle pas toujours été considérée négativement ?

Justement le mot infidélité est chargé d’un poids d’ombre et je souhaiterais le nettoyer pour le dédramatiser et lui redonner sa place dans l’évolution de la conscience. Nous fonctionnons beaucoup sur les catégories du bien et du mal, nous perpétuons cette dualité qui ne correspond pas à l’authenticité de la psyché humaine. Nous sommes tous des êtres nécessairement fidèles et infidèles. Comme la science avance d’erreurs rectifiées en erreurs rectifiées, nous avançons de fidélités anciennes à des fidélités nouvelles en passant par des périodes de ruptures et de bouleversements. En nous l’animal social tend à juguler et minimiser cette infidélité au profit de la continuité, mais pour nous développer nous avons besoin d’oser ressentir. La créativité est à ce prix.

L’amour n’est-il pas menacé par cette ouverture ?

C’est la fermeture et l’immobilité qui tuent l’amour.
Deux consciences qui restent libres se donnent suffisamment de place pour évoluer vers elles-mêmes et enrichir le tissu de la relation. L’amour a besoin d’espace et de renouvellement individuel.

L’autre reste à jamais surprenant et mystérieux quand il ne s’aliène pas. Précisément parce que le couple est devenu une aventure amoureuse et non plus une association d’intérêt, il a besoin d’être repensé et de ne pas tomber dans le piège d’un fusionnel romantique.

Nous cherchons un nouvel art d’aimer qui passe par la connaissance de soi-même et des scénarios d’amour inachevé avec papa, maman ; nous tentons d’apprendre à cesser de contrôler l’autre et à nous remettre en question.

Quels modèles de couples préconisez-vous ?

La liberté prend bien des visages et il est très intéressant de simplement regarder ce qui se passe dans notre société. Nous sommes tous hommes et femmes très inventifs. L’ombre du tiers rôde autour du couple, avec son corollaire la jalousie.

Exclure le tiers c’est la tentation du couple fusionnel.

Tous ceux qui ne veulent pas être deux moitiés mais deux entiers vont inventer toutes sortes de formes nouvelles, des espaces de liberté personnelle, dans le travail, les loisirs, les modes d’habitation. On parle de couples cohabitants et non cohabitants, de territoires personnels, de chambre à part. Mais la question centrale reste celle de l’exclusivité sexuelle. La fidélité amoureuse implique –t-elle l’exclusivité sexuelle ? peut-on aimer une personne et en désirer une autre ? Entre hommes et femmes quelles sont les différences sur ce sujet ? La notion de polyfidélité apporte-t-elle un élément de réponse ? C’est en posant de vraies questions que nous avancerons tous ensemble vers une forme d’amour qui ne soit plus fermeture mais ouverture.

Paule Salomon