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Origine : http://www.cairn.info/revue-mouvements-2005-2-page-143.htm
En 2000, Michael Hardt et Toni Negri ont publié Empire,
livre dont l’écho a été considérable,
notamment au sein du mouvement altermondialiste. Voici avec Multitude,
qui reprend en titre l’autre concept clé de cette pensée,
un prolongement significatif du travail théorique et politique
ainsi réalisé.
D’Empire (2000) à Multitude (2004) la progression
est, selon Hardt et Negri, très exactement inversée
par rapport à celle de Hobbes allant du De Cive (1642) au
Léviathan (1651). Tandis que Hobbes passait de la classe
sociale naissante (la bourgeoisie) à la forme de souveraineté
exigée par elle (celle de l’État nation), les
auteurs de Multitude passent de la « souveraineté globale
» (celle de l’Empire) à la « classe globale
» (la multitude). La raison de cette inversion est toute simple
: la bourgeoisie en appelait à une nouvelle forme de souveraineté
alors que la multitude, née de l’intérieur de
l’actuelle souveraineté impériale, tend au dépassement
de cette dernière et, au-delà, de toute forme de souveraineté
(p. 11-12). Ce que réfléchit donc cette inversion
dans la démarche, c’est la profonde différence
entre la multitude et toutes les autres classes sociales quant au
rapport à la souveraineté : « la multitude ne
peut être souveraine » (p. 375), mieux, elle «
bannit » la souveraineté « hors de la politique
» (p. 386). Mais un tel rapport négatif n’est
que l’envers du rapport de la multitude à la démocratie
: seule la multitude « est capable de faire société
de façon autonome » (p. 12), ce qui revient à
dire que seule elle est capable d’établir une organisation
politique absolument immanente à la société,
ce qui est très précisément le sens de la définition
de la démocratie comme « gouvernement de tous par tous
» (p. 126 et 277). On doit donc substituer au « vieux
chantage » de l’alternative « souveraineté
ou anarchie » la véritable alternative « souveraineté
ou démocratie ». En d’autres termes, l’alternative
est « transcendance ou immanence ». L’axiome de
la souveraineté est en effet de faire de la transcendance
de l’un la condition du lien social : « Quelqu’un
doit gouverner, quelqu’un doit décider » (p.
374), quelle que soit par ailleurs la figure de cet un (le roi,
l’empereur, le parti, le peuple ou la nation). La thèse
centrale que Hardt et Negri soutiennent dans leur dernier ouvrage,
c’est que l’être même de la multitude consiste
en une tendance à la destruction de la souveraineté
et à la réalisation de la démocratie.
Un sujet social qui tend à devenir un sujet politique
Pareille affirmation a de quoi surprendre eu égard au sens
que le terme de « multitude » a longtemps revêtu
dans la pensée politique classique. En effet, « multitude
», à l’instar des termes voisins de « masse
», de « foule » ou de « populace »,
a le plus souvent été chargé de signifier la
limite au-delà de laquelle la politique s’abîme
dans l’informe et le chaos. Il n’est que de songer au
sens que Platon donne à ochlos (la « multitude »)
ou encore à la façon dont un Cicéron dénonce
la multitudo effrenata (la multitude déchaînée)
pour s’en convaincre. Bref, le terme a pris une acception
très largement péjorative : la puissance turbulente
du grand nombre menace en son cœur l’ordre politique,
précisément en raison de son caractère foncièrement
inordonnable. Il est donc impensable de reconnaître un rôle
politique actif à ce qui est radicalement dépourvu
de toute unité. Pourtant, tout en reprenant à leur
compte l’idée que la multitude relève non d’un
nombre, mais du nombre en tant qu’il est réfractaire
à toute ordination, Hardt et Negri n’hésitent
pas à attribuer à la multitude la fonction éminente
d’un véritable sujet politique, puisque c’est
à elle, et à elle seule, qu’il appartient d’instaurer
la démocratie. Il importe toutefois, pour comprendre leur
thèse, de prêter attention à un point décisif
: si la multitude est bien apte à devenir un sujet politique,
elle n’est pas encore ce sujet qu’elle a à devenir
tout en étant déjà un sujet social. Il faut
en effet prendre très au sérieux la recommandation
des deux auteurs selon laquelle on ne doit pas demander «
qu’est-ce que la multitude ? » mais « qu’est-ce
que peut devenir la multitude ? » (p. 131). Car si la première
question présuppose que la multitude pourrait être
définie par une essence fixe, la seconde, en revanche, fait
signe en direction de l’idée que l’être
de la multitude consiste tout entier en un processus ou une tendance
(p. 259). Plus exactement, on doit comprendre que le terme de «
multitude » est susceptible de deux acceptions (p. 260). Selon
une première acception qu’on pourrait dire ontologique,
ou encore onto-sociologique, il désigne « un nouvel
être social », c’est-à-dire un «
sujet social » d’ores et déjà à
l’œuvre dans le présent du capitalisme impérial.
Mais selon une acception proprement politique, ce même terme
renvoie à quelque chose qui est encore à venir. On
voit ainsi que l’être de la multitude consiste paradoxalement
dans la tendance par laquelle le sujet social qu’elle est
déjà cherche à s’affirmer comme le sujet
politique qu’elle n’est pas encore. La question est
de savoir ce qui rend la multitude en tant que sujet social particulièrement
apte à se constituer en sujet politique.
Un sujet social élargi et intérieurement
multiple
Deux traits distinguent d’emblée un tel sujet social
des sujets sociaux traditionnels. Le premier est de ne pas se laisser
enfermer dans un nombre limité, mais de se caractériser
au contraire par son indéfinition numérique. C’est
dire que le concept de multitude présente un caractère
« ouvert » et « expansif » qui le différencie
du concept « restrictif » et « exclusif »
de classe ouvrière (p. 8 et p. 132-133) En effet, dans son
acception la plus étroite, ce dernier isole les ouvriers
de l’industrie des autres travailleurs salariés, et
dans son acception la plus large il inclut tous les travailleurs
salariés, mais au prix de l’exclusion de tous les travailleurs
non-salariés. Par contraste, le concept de multitude réalise
un élargissement considérable : il ne présuppose
aucune priorité du travail salarié par rapport au
travail non-salarié, mieux, il ne présuppose même
pas la priorité du travail sur le non-travail. C’est
ce que met en évidence la définition de la multitude
: « la totalité des individus qui travaillent et produisent
sous la loi du capital » (p. 133). La conjonction «
et » est ici essentielle dans la mesure où elle implique
qu’on peut produire sans travailler, et donc que le travail
n’est jamais que l’une des formes que prend la participation
à la production sociale. L’élargissement numérique
et social du « nouveau prolétariat » est donc
directement fonction de l’élargissement de la sphère
de la production elle-même. C’est qu’en raison
de l’hégémonie du travail immatériel
à l’ère du « postfordisme », toutes
les vieilles distinctions (entre travail productif et travail improductif,
entre travail industriel et travail agricole, entre travail industriel
masculin et travail reproductif féminin, etc.) sont pour
ainsi dire dissoutes. Ce qui décide de l’appartenance
à la multitude, c’est en définitive la participation
à la production comprise comme production de savoirs, de
connaissances et d’informations. Le second trait qui distingue
la multitude, c’est sa diversité interne : comme cette
participation à la production ainsi redéfinie prend
nécessairement des formes extrêmement différentes,
on doit renoncer à réduire ces différences
à l’homogénéité. En ce sens, la
multitude s’oppose au peuple. C’est qu’à
la différence de la « population », le peuple
tend par définition à l’identité et à
l’homogénéité (p. 8). Sur ce point névralgique,
Hardt et Negri font jouer Spinoza contre Hobbes. On ne s’étonnera
pas que Hobbes, théoricien de la souveraineté, soit
le premier à fonder l’opposition du peuple et de la
multitude : tandis que la multitude n’est rien qu’un
agrégat de personnes dépourvu de la moindre unité,
le peuple est au contraire « quelque chose d’un, ayant
une volonté et auquel puisse être attribué une
action » (De Cive, XII, 8). Comme telle, la multitude n’a
aucun être politique, elle ne peut relever que de l’état
de nature ou de la guerre civile, on ne peut lui attribuer aucune
action ni aucun droit. Quant à l’unité du peuple,
elle ne lui vient que de son représentant, seul habilité
à parler et à agir en son nom, représentant
qui n’est autre que le souverain lui-même. À
l’inverse, Spinoza identifie expressément dans son
Traité politique la souveraineté à la puissance
de la multitude (potentia multitudinis). Une telle puissance se
constitue par composition des forces des individus comme effet d’une
passion commune (espoir, crainte ou désir). Par conséquent,
les détenteurs du pouvoir (potestas), les gouvernants, n’ont
de puissance (potentia) que celle qui leur est accordée à
chaque instant par la multitude elle-même. Toute trace de
transcendance est ici éliminée, et c’est fort
logiquement que Spinoza en vient à reconnaître dans
la démocratie ce type d’État qui est «
entièrement absolu », puisque c’est seulement
dans ce régime que le pouvoir souverain est confié
à « une assemblée qui se compose de la multitude
tout entière ». À la lumière de cette
opposition entre multitude et peuple, on conclura que la multitude
est le pur indéfini numérique (premier trait) en tant
qu’il constitue une multiplicité irréductible
à l’unité de l’homogène (second
trait).
Un sujet social constitué par « l’être-commun
»
On peut se demander une nouvelle fois ce qui, compte tenu de ces
traits purement négatifs, permet à la multitude de
prétendre à la position de sujet politique. Qu’est-ce
qui interdirait à la multitude de déchoir au rang
de « foule », de « populace » ou de «
plèbe » et d’être ainsi aisément
manipulable par le premier tyran ou démagogue venu ? Pour
Hardt et Negri, on a là des sujets sociaux fondamentalement
passifs alors que la multitude constitue un sujet social actif :
les premiers sont foncièrement incapables d’agir d’un
commun accord, la seconde se définit justement par l’action
commune (p. 125-126). C’est que la production sociale elle-même
est de plus en plus une activité fondée sur les réseaux
de coopération, de collaboration et de communication, elle
est ainsi indissociablement activité de mise en commun et
de production du commun. Ce « commun », qui est constitué
d’information, de savoir, de langage, de relations affectives
et de réactions émotionnelles (p. 134), est tout à
la fois la condition ou la présupposition de l’activité
et le résultat de l’activité. Ce qui fait que
nous produisons continuellement du commun à partir du commun
que nous avons en commun (p. 161). Ainsi compris, à l’opposé
de la souveraineté, le commun est rigoureusement immanent.
On aura donc soin de distinguer le commun de la communauté
(à la manière dont le latin distingue commune –
substantif tiré de l’adjectif communis – de communitas)
: le commun procède de la communication entre des singularités
qui s’expriment comme telles en lui, la communauté
implique l’imposition par le haut d’une unité
qui tend à la neutralisation et à l’effacement
des singularités (p. 242). Dans la même ligne de pensée,
on préfèrera parler d’« intérêt
commun » plutôt que d’« intérêt
général », ou encore de Res communis plutôt
que de Res publica (p. 244). On parlera finalement de « l’être-commun
» (communality) pour signifier le type d’être
généré par l’activité de production
en commun du commun, et l’on opposera « l’être-commun
» (communality) à la « communauté »
(community) dans l’exacte mesure où l’on opposera
le communisme des singularités au communautarisme de l’identité.
On obtiendra ainsi une définition positive de la multitude
selon laquelle « la multitude est faite des singularités
agissant en commun » (p. 131), ou bien encore, selon laquelle
son concept est celui d’une « coïncidence des singularités
et du commun » (p. 354). À partir d’une telle
définition, on n’hésitera pas à reconnaître
une « condition commune » de la multitude : cette condition
commune n’est pas pour autant une condition homogène,
puisqu’elle ne réduit nullement, mais au contraire
implique, l’hétérogénéité
des formes de participation à la production sociale. Il faut
ajouter enfin que tant le commun que l’être-commun sont
biopolitiques, en ce que la production est, à l’ère
de l’immatériel, production de relations sociales et
de formes de vie, et tend par conséquent à investir
toutes les dimensions de la vie sociale (culturelle et politique
aussi bien qu’économique). L’opposition de la
transcendance à l’immanence se détermine donc
comme opposition du biopouvoir (pouvoir du capital impérial
sur la vie) à la biopolitique (puissance d’auto-affirmation
de la vie (ibid., p. 402).
La force productive comme excès de la vie sur le
capital
Cette conception de l’être-commun constitutif de la
multitude amène Hardt et Negri à réélaborer
et à refondre certains des concepts fondamentaux de la théorie
marxiste. La principale innovation consiste à réinterpréter
en un sens vitaliste le concept de force productive pour l’appliquer
directement à l’être de la multitude : cette
dernière devient la force productive pour autant que la force
s’identifie ici à la puissance même de la vie.
On a ici comme un double écart par rapport à Marx.
En premier lieu, la force n’est nullement une simple «
faculté », elle est une puissance au sens spécifique
que Spinoza donne à ce terme quand il parle de « puissance
de la multitude » : il s’agit d’une énergie
entièrement positive, pleinement efficiente en elle-même,
qui ne relève aucunement de ce qu’Aristote appelle
« être en puissance ». Ce qui veut dire que cette
force n’est pas la force de travail en tant qu’elle
se distingue de sa propre actualisation dans un procès de
travail effectif, c’est-à-dire en tant qu’elle
est radicalement séparée des conditions de la production,
puisque cette force-là n’est dans son dénuement
rien d’autre qu’une « faculté ».
En second lieu, la force productive qu’est la multitude n’est
pas la force productive du travail dont parle Marx à propos
du mécanisme de la plus-value relative, il n’est pas
question ici de l’aptitude du travailleur à produire
davantage de marchandises dans le même temps de travail, il
s’agit moins de la force productive du travail que du travail
vivant en tant que force productive. Pour tout dire, on a affaire
à une ontologie de la force productive qui est une ontologie
de la puissance. La « puissance de la multitude », c’est
cette créativité foisonnante et multiforme qui produit
continuellement du commun et qui le produit en commun. Hardt et
Negri vont jusqu’à parler à ce sujet du «
génie de la multitude » (p. 382 et 384). L’important
est de comprendre que cette puissance est telle qu’elle impose
également de repenser la notion marxiste de l’exploitation.
En effet, l’exploitation de la multitude par le capital impérial
ne consiste pas en un certain rapport entre quantité de travail
nécessaire et quantité de surtravail, elle se définit
par l’expropriation ou la privatisation du commun (p. 184).
Une telle redéfinition est moins innocente qu’il n’y
paraît, dans la mesure où elle repose sur l’idée
que la richesse (le commun) produite par le travail immatériel
est produite en dehors du contrôle du capital (p. 181). À
quoi il faut ajouter que cette richesse tend, en vertu d’un
mouvement d’expansion en spirale, à engendrer toujours
plus de richesse (p. 234). Ce qui veut dire qu’il est tout
à fait impossible au capital de privatiser la totalité
du commun, que l’expropriation est condamnée à
rester partielle et, par conséquent, que se constitue de
la sorte un « surplus commun » (p. 250) dans lequel
la multitude puise toujours davantage pour produire toujours davantage
de richesse commune. Bref, il y a un excès du commun produit
sur ce que peut en capturer le capital, qui ne fait qu’exprimer
l’impossibilité de capturer la vie elle-même
(p. 180). Se constitue ainsi un marxisme original qui consiste pour
l’essentiel à repenser la relation des forces productives
aux rapports de production : la force productive n’est plus
la force productive du capital, elle n’est plus la contradiction
in actu, elle est une puissance intégralement positive qui
échappe en sa source même au contrôle du capital,
elle est donc comme telle extérieure aux rapports de production
et indépendante de ceux-ci.
La « décision commune » comme moment
de la rupture
Cela suffit-il pour autant à faire de la multitude un sujet
politique ? Hardt et Negri reconnaissent que la multitude doit,
pour y parvenir, concentrer sa puissance dans une « décision
commune » (p. 397). Une telle décision vise à
la création d’une nouvelle structure institutionnelle,
celle précisément que requiert la démocratie
comme « gouvernement de tous par tous ». En ce sens,
elle relève de ce que nos auteurs appellent le « pouvoir
constituant ». Depuis Sieyès, ce qui est pensé
sous ce nom, c’est une volonté politique qui se situe
au-dessus de toute norme constitutionnelle ou législative,
dans la mesure où il lui revient de décider de la
forme même de l’existence politique. Étant un
acte fondateur, ce pouvoir s’est vu attribuer certains traits
fondamentaux de la souveraineté, en particulier celui d’être
legibus solutus (libre à l’égard des lois).
À l’inverse de cette tradition (illustrée par
Carl Schmitt), Hardt et Negri s’efforcent de soustraire le
pouvoir constituant de la multitude à la logique de la souveraineté.
La difficulté est donc pour eux de penser un pouvoir constituant
qui soit entièrement immanent au plan de la production sociale,
c’est-à-dire qui ne procède pas d’une
position de supériorité relativement au plan de «
l’être-commun » : la décision d’abolir
toute forme de souveraineté ne peut pas être elle-même
une décision souveraine, sauf à s’annuler purement
et simplement. Mais, en même temps, cette décision
ne peut consister qu’en un pur acte de choix parfaitement
ponctuel, absolument irréductible à ce qui lui préexiste.
D’où un embarras théorique qui perce dans les
dernières pages de Multitude jusque dans le vocabulaire,
et qui tient à l’entrecroisement de deux lignes de
pensée malaisées à accorder. D’un côté,
l’acte constituant de la multitude est inscrit dans la continuité
de la production sociale d’autant plus facilement que cette
production est déjà politique en elle-même :
on lira ainsi que la production « enveloppe une forme de pouvoir
constituant » (p. 396), la métaphore de l’«
enveloppement » disant assez à quel point la volonté
politique est comme préformée ou anticipée
dans l’« être-commun ». Mais de l’autre
côté, on dit de la décision qu’elle «
émerge de la multitude » ou « du processus ontologique
et social du travail productif » (p. 385 et 397). Or, la notion
d’« émergence » exprime la survenance du
nouveau en termes de discontinuité qualitative et met l’accent
sur l’irréductibilité de ce qui émerge
à ce dont il émerge, ce qui est difficile à
concilier avec l’idée d’une préexistence
de la décision à elle-même dans l’être
social commun sous la forme d’un état de « germe
» ou d’« enveloppement ». La référence
à l’opposition de Kairos (le moment de la décision
d’agir) à Chronos (le temps uniforme et homogène)
va exactement dans le même sens : Kairos n’a pas un
passé dont il résulterait, il s’ouvre lui-même
un passé en ouvrant un temps nouveau (p. 403). Le rapport
de la décision politique à l’accumulation de
forces qui la précède ne peut donc pas se penser selon
le schème d’un processus de maturation organique (enveloppement/développement).
En définitive, au bout de chacune des deux lignes de pensée,
on a deux idées très différentes de la politique
: la première, continuiste, nous mène tout droit à
une résorption de la politique dans l’être social,
la seconde, discontinuiste, fait de la décision constituante
pensée comme « événement » l’acte
propre de constitution du sujet politique. Toute la question est
de savoir comment penser le rapport de la politique comme attribut
de l’être à la politique comme décision
ou comme événement. Là est précisément
l’impensé de Multitude. •
Pierre Dardot « À propos de la multitude », Mouvements
2/2005 (no 38), p. 143-147.
http://www.cairn.info/revue-mouvements-2005-2-page-143.htm
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