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origine : http://www.skolo.org/spip.php?article1138
L’école-entreprise, tel semble bien être l’objectif
des nouveaux réformateurs de l’école à
l’ère néolibérale et sécuritaire.
Ne serait-il pas temps de faire de l’école une machine
« efficace », de la soumettre à la saine pression
concurrentielle du marché, à l’évaluation
généralisée des résultats, à
la surveillance numérique des élèves et des
professeurs, au dépistage des comportements anormaux ? L’heure
n’est plus à la démocratisation de la culture,
elle est à la croissance de la productivité des enseignants
et à leur mutation en hommes d’entreprise.
La raison ultime de « la réforme de l’école
», qui prétend à l’exclusivité,
a un nom unique : la performance, le nouveau mantra des «
modernisateurs ». L’école est désormais
soumise à la logique économique globale de la compétitivité,
dans ses fins, dans sa justification politique, dans ses catégories
pratiques, dans ses formes d’organisation. Un nouveau mode
de gouvernement de l’école s’impose qui touche
au cœur du métier enseignant, qui affecte directement
les rapports pédagogiques, qui modifie le sens des apprentissages
et la nature de l’enseignement. Il est régi par un
dispositif de concurrence et de surveillance, gage supposé
de performance.
En France, ce nouveau mode de gouvernement de l’école
n’est pas encore complètement identifié par
les professionnels de l’enseignement et par les parents, encore
moins par l’opinion. Qui lit en effet les rapports abscons
et monotones des institutions internationales (OCDE, OMC, Banque
mondiale, Commission européenne) où sont décrits
pourtant avec précision les objectifs et les méthodes
de la réforme managériale ? Cette méconnaissance
tranche avec des pays plus « en avance » comme le Royaume-Uni
ou les Etats-Unis par exemple, où les conséquences
sur le terrain et dans les esprits se font sentir depuis plus longtemps
[1].
Comprendre la nature du changement en cours n’a rien d’évident
parce que nous avons affaire à des tendances dominantes,
à des processus complexes et souvent contradictoires, à
des réformes ponctuelles et successives, dont la cohérence
d’ensemble est souvent masquée par des effets idéologiques
anesthésiants. Plus troublant encore, ce nouveau régime
scolaire tente de se donner une légitimité par la
critique de l’ancien modèle d’école, inégalitaire
et bureaucratique, traitant la population des élèves
et des étudiants comme une grande masse que l’institution
sélectionne, distribue dans des tuyaux étanches et
finalement répartit dans des groupes socioprofessionnels
remarquablement proches de ceux de leurs milieux familiaux d’origine.
Aux maux de cette école, les néoréformateurs
entendent imposer une solution universelle qui a pour nom «
l’école managériale » [2], et qu’on
pourrait aussi bien nommer « l’école entrepreneuriale
». Cette dernière n’a pas été toute
inventée par les modernisateurs de l’école.
Ils ne sont que les importateurs d’une rationalité
globale qui a pour norme la concurrence du marché, pour modèle
l’entreprise, et pour instrument le management de la performance
[3].
Pourtant, la mutation de grande ampleur qui est engagée
n’a pas toutes les vertus qu’on lui prête. Elle
commence même à faire sentir des effets qui entraînent
désarroi, lassitude mais aussi révolte et désobéissance
du côté des enseignants. Il ne s’agit pas ici
de « dénoncer » le cours nouveau pour mieux embellir
l’ancien, mais de proposer un cadre d’analyse apte à
rendre compte de ce qu’il a de singulier.
L’école devient une entreprise (presque) comme
les autres
La logique qui sous-tend la modernisation de l’école
est maintenant commune à toutes les institutions publiques.
C’est celle de la concurrence et de la surveillance. L’argument
qui la motive dans l’enseignement est connu. Les professeurs
pèsent sur les fonds publics, accroissent la dette «
laissée aux générations futures », cela
pour un résultat économiquement peu rentable à
l’heure de « l’économie de la connaissance
».
Comment faire pour que les enseignants se centrent désormais
sur leur mission principale : produire « des compétences
nécessaires à la compétitivité de l’économie
française immergée dans la compétition mondiale
» ? Cela suppose une révolution symbolique, technique
et organisationnelle. La mutation, déjà bien entamée,
a commencé dans le champ de l’enseignement par l’usage
de la langue économique (offre, demande, marché, compétences,
capital humain, calcul des « rendements »). Les professeurs,
de la maternelle à l’université, ont été
peu à peu regardés comme des salariés d’entreprises
scolaires, des techniciens du rapport pédagogique, des opérateurs
d’une « ingénierie didactique et pédagogique
» élaborée par des experts de laboratoires.
Les identités professionnelles des enseignants ont été
ramenées à la banalité du travail en entreprise,
et ce au nom de la suppression des « privilèges ».
Une immense littérature a répandu l’idée
que la seule véritable justification des investissements
scolaires résidait dans une formation professionnelle adaptée
aux besoins des entreprises et permettant l’insertion professionnelle.
L’Etat a mis très activement en place les outils nécessaires
à la construction d’un marché scolaire. Le changement
a commencé dès les années 1980 par une réforme
du « pilotage » des établissements secondaires
à l’occasion de la décentralisation. La «
demande » des familles est alors érigée en principe
régulateur du système d’enseignement selon une
logique concurrentielle. Le « libre choix des familles »
entre écoles est regardé comme une source de transparence,
d’émulation et de progrès pour le système
scolaire. Le modèle de management par la « pression
du client » commence alors à s’imposer dans le
service public, favorisant une mutation de ses missions et de ses
valeurs. La diversification de « l’offre » de
chaque établissement en fonction des publics (les «
projets d’établissement » de la Loi Jospin en
1989), une dépendance accrue aux financements locaux, la
création d’indicateurs de productivité (la «
valeur ajoutée des établissements ») qui sont
largement diffusés par la presse (les « palmarès
annuels des collèges et des lycées ») sont censées
donner aux familles les instruments objectifs de leur « choix
» dans les meilleurs établissements et les inciter
à faire pression sur les équipes pédagogiques
et les collectivités locales pour améliorer l’école.
La construction du marché scolaire se poursuivra tout au
long des années 1990 par l’assouplissement progressif
de la carte scolaire et ceci jusqu’à sa suppression
complète annoncée pour 2010 [4]. En bref, les gouvernements
successifs ont encouragé les comportements guidés
par l’intérêt personnel des familles, ce qui
n’a pas été pour rien dans le développement
des inégalités sociales et des ségrégations
ethniques dans le milieu scolaire.
Faire agir la pression de la concurrence suppose de transformer
les établissements scolaires en des sortes de petites entreprises.
Comme il y a des outils de la concurrence de marché, il y
a des outils du management d’entreprise. C’est là
tout l’objet de la Nouvelle Gestion Publique, certes bien
lente à déployer tous ses effets dans le monde de
l’enseignement public français, attaché à
des principes d’égalité des usagers devant les
services publics et aux valeurs d’intérêt général.
Mais des progrès ont été réalisés
dès la fin des années 1980, qui ont permis de donner
plus d’autonomie à leurs équipes de direction,
de doter celles-ci de pouvoirs et de moyens de contrôle sur
leur personnel plus importants, y compris en matière de recrutement.
Des modifications ont été également réalisées
dans la mentalité et le comportement des chefs d’établissement.
Quant aux enseignants, leur transformation en hommes d’entreprise
est plus lente et beaucoup se disent, en haut lieu, que sans la
destruction du verrou statutaire de la fonction publique on ne parviendra
guère à modifier leurs conduites dans le sens souhaité
[5]. En attendant ce pas décisif, il convient d’établir,
pour compléter les mesures de la performance des établissements
et des enseignants, les instruments du contrôle individuel
et les incitations personnelles à l’efficacité.
Le cadre législatif de la culture du résultat est
déjà en place (la loi organique relative aux lois
de finances ou LOLF), les instruments gouvernementaux de la Nouvelle
Gestion Publique sont opérationnels (la révision générale
des politiques publiques ou RGPP). Mais il reste encore à
installer les dispositifs plus fins et plus concrets permettant
de mettre en compétition les enseignants par le biais de
la mesure de la performance de leurs élèves, et à
faire fonctionner des contrôles plus précis de leur
activité par le levier de « l’obligation de résultats
». Des pas importants ont été franchis, en particulier
par la généralisation de la référence
des objectifs au « socle commun des compétences »
[6].
Le « contrat d’objectifs », qui prend depuis
la loi d’orientation sur l’avenir de l’école
d’avril 2005 le relais des projets d’établissement,
est l’instrument typique de la Nouvelle gestion publique.
Il permet de « conduire les conduites » par une triple
séquence : la fixation contractualisée d’objectifs-cibles
pluriannels, l’évaluation la plus individualisée
possible des performances, la distribution de récompenses
individuelles au « mérite ».
Contrôler les enseignants n’a pas pour seul enjeu l’intensification
de leur charge de travail et la hausse de leur productivité.
On n’enseigne pas dans l’optique de l’employabilité
de la même manière que dans celle de la culture intellectuellement
émancipatrice. Tout se réordonne peu à peu
selon la finalité professionnelle des études : définition
plus utilitaire des contenus des formations, établissement
d’un « livret des compétences » conçu
comme un « passeport pour l’emploi », pilotage
des individus vers le monde professionnel par des dispositifs souples
d’orientation et d’accompagnement, inculcation de l’esprit
d’entreprise, multiplication des stages en entreprises, enseignement
présentant une vision « positive » de l’économie
de marché et des entreprises.
Produire efficacement le capital humain suppose également
un suivi plus individualisé de la construction des compétences,
une gamme plus large de choix entre enseignements, une responsabilisation
accrue des individus dans un parcours choisi. « L’activation
» des conduites propre au gouvernement néolibéral
des individus qui leur enjoint de « se prendre en charge »,
d’être individuellement « responsables »
de leurs échecs comme de leurs réussites, s’apprend
dès l’école. L’autonomie est réinterprétée
comme capacité individuelle de faire les choix les mieux
adaptés à ses intérêts mais aussi les
plus « payants » sur le marché des formations.
L’enseignant est, quant à lui, invité à
se transformer en coach diagnostiquant et comblant les compétences
défectueuses et guidant « l’apprenant »
vers l’emploi. Quant au professionnel de l’orientation,
il est invité à se convertir en « courtier en
orientation », selon la formule particulièrement éloquente
de la Commission européenne [7] : c’est dire qu’il
ne lui revient pas d’aider par son écoute un désir
à se formuler, mais bien de rationaliser le désir
de son « client » en fonction des exigences du marché
du travail. Existera-t-il d’ailleurs encore sinon comme auxiliaire
de « l’orientation numérique » à
laquelle l’élève est conviée ?
Ainsi, l’institution devient un « quasi marché
» dans lequel les individus doivent se piloter en fonction
de leurs intérêts et des investissements personnels
ou familiaux qu’ils veulent consacrer à leur formation.
Il ne s’agit nullement d’imposer partout la vente d’un
produit éducatif marchand comme le laisse entendre la dénonciation
trop courte de la « marchandisation de l’école
», il s’agit de façon plus diffuse et plus générale
de réguler le système éducatif selon le modèle
du marché, que ce soit pour le choix des établissements
ou pour la détermination des cursus suivis. La doctrine qui
sous-tend aujourd’hui la réforme du lycée, dans
la continuité des transformations de l’université,
préfigure cet aspect du régime éducatif néolibéral.
L’école finalisée par l’insertion professionnelle
se recentre sur l’orientation : « D’appendice
du système éducatif, elle doit en devenir la colonne
vertébrale », note un récent rapport de Richard
Descoings [8]. L’organisation du nouveau lycée, qui
peut séduire au premier abord élèves et parents,
consiste à donner aux élèves les outils de
« la libre gestion de leur propre parcours », les instruments
de « pilotage de leur propre scolarité ». Richard
Descoings définit bien l’objectif : il faut des «
élèves actifs dans leur orientation, et équipés
d’une boussole » [9]. On passe ainsi d’un modèle
dans lequel l’institution revendiquait le pouvoir de trier
et de sélectionner les élèves à un système
de gestion plus « doux » où les individus sont
requis d’exercer un libre choix. Mais cela a pour contrepartie
de faire reposer sur les épaules de l’élève
la responsabilité entière de son destin scolaire et
de son employabilité future.
Le sens des réformes en cours
La politique du gouvernement depuis 2007 vise à accélérer
la mutation vers ce nouveau modèle scolaire. Son effet le
plus probable sera de restreindre un peu plus les quelques marges
de liberté que, en dépit de sa hiérarchie et
de ses travers bureaucratiques, l’ancienne école laissait
encore aux enseignants et aux élèves. Car deux logiques
de contrôle vont désormais se croiser : celle qui est
liée à la mise en concurrence des établissements
et à la « pression du client » qu’elle
implique ; celle de la surveillance managériale dotée
de nouveaux instruments. Désormais, l’enseignant devra
être à la fois un « entrepreneur » soumis
à la sanction du marché scolaire et un exécutant
de prescriptions professionnelles soumis plus régulièrement
à des procédures de contrôle.
La campagne pluriannuelle de suppression de 80 000 postes d’enseignants
qui s’est ouverte en 2007, sous l’égide de la
RGPP, a frappé les esprits : 11200 postes en moins en 2008,
13500 en 2009, 16 000 en 2010. Faire des économies en taillant
dans les effectifs semble une fin en soi. En réalité,
cette diminution est aussi un levier pour accroître la productivité
et pousser les enseignants à « travailler autrement
», selon une « logique de résultats et non plus
de statuts ». Le député Benoist Apparu s’est
dit « convaincu que la suppression de postes » dans
l’Éducation nationale « obligera l’institution
à s’interroger sur elle-même et à se réformer
». « Seule la baisse des moyens obligera l’institution
à bouger », a-t-il ajouté, laissant voir ainsi
la fonction proprement disciplinante de la baisse programmée
des effectifs. [10] La saignée réalisée dans
les effectifs, la réduction de la formation des enseignants
nouvellement recrutés, la suppression brutale de 30 000 «
assistants de vie scolaire » en juillet 2009, ne pourront
en effet que dégrader les conditions d’enseignement.
Cette dégradation programmée sera un levier cyniquement
employée pour « obliger l’institution à
se réformer ».
Au nom de l’« efficacité », l’école
primaire s’est vue imposer de façon très autoritaire
de nouvelles méthodes de lecture et de nouveaux programmes
« dont la référence est le socle commun des
connaissances et des compétences issu de la loi d’orientation
d’avril 2005, déclinaison nationale de la politique
éducative européenne. Les progrès dans la performance
des écoles devront être réalisés avec
deux heures de cours en moins par semaine, du fait de la suppression
des heures du samedi [11]. Aux maîtres de se débrouiller
pour atteindre les objectifs assignés. Il est vrai qu’ils
sont désormais strictement encadrés par des prescriptions
détaillées en matière de progressions annuelles,
spécialement en grammaire.
En septembre 2008, le ministre annonce brutalement la suppression
massive des postes de RASED (Réseaux d’aides spécialisées
aux élèves en difficulté) qui sont remplacés
par deux heures de soutien individualisé apportés
par chaque enseignant [12]. Aux maîtres de se débrouiller
pour résoudre par eux-mêmes les problèmes posés
par les élèves « en situation d’échec
». La combinaison de deux principes se lit comme à
livre ouvert dans cette première série de mesures
: l’expertise autoritaire sur le mode taylorien qui fait de
l’enseignant un opérateur docile du « bureau
des méthodes » ; la « responsabilisation individuelle
» des enseignants qui doivent atteindre avec moins de moyens
des objectifs qui leur ont été fixés sous peine
de sanction.
Il fallait encore mettre en place un autre dispositif stratégique
: les évaluations nationales en CE 1 et CM 2 conçus
comme des « outils de pilotage » permettant, comme en
d’autres pays, de classer les établissements, mesure
nécessaire pour assurer une « compétition loyale
» sur le marché de l’école, et d’évaluer
les enseignants en mesurant les résultats aux tests obtenus
par leurs élèves. Les résistances ont été
nombreuses, et les syndicats d’enseignants ont su neutraliser
certains des usages les plus immédiatement dangereux en imposant,
par exemple, l’anonymat des résultats fournis à
l’administration. Toutefois, il est probable qu’une
fois ce pas franchi, la « comparaison » entre écoles
et entre enseignants sera mise à l’ordre du jour, ce
qui permettra de fonder sur des données prétendument
objectives « la récompense au mérite »
sans laquelle les maîtres n’auraient aucun stimulus
les poussant à améliorer les résultats de leurs
élèves.
Il faut remarquer à cet égard combien massive est
la présupposition qui structure le mode de gouvernent néolibéral
de l’école : les maîtres ne sont supposés
agir que sous le motif de l’intéressement matériel
et par peur de la sanction hiérarchique. De la même
façon, tous les progrès sont attendus de procédures
techniques et administratives permettant une prescription plus impérative
et une surveillance plus étroite des actes professionnels.
Il semble qu’une politique qui reposerait sur la confiance
dans les professeurs soit désormais impossible : les valeurs
morales et politiques, l’amour du métier, le dévouement
professionnel, le goût pour le savoir, une solide formation
professionnelle, enfin toutes les manières possibles d’accrocher
durablement un désir à un métier, ne sont plus
que vaines fantaisies. C’est ainsi que l’on peut mieux
comprendre la remise en cause de la formation des maîtres
à l’occasion de la « masterisation » du
niveau de recrutement. Si la suppression de la seconde année
de formation professionnelle de fonctionnaires stagiaires trouvait
une partie, sans toute grande, de ses raisons dans les économies
de postes (le but étant d’affecter désormais
sans préparation les reçus aux concours dans les classes),
on a moins vu que cette mesure était conforme à la
toute-puissance supposée du dispositif de concurrence et
de surveillance : en quoi serait-il donc encore nécessaire
d’apprendre un métier si l’on peut piloter des
« opérateurs » à l’aide d’instruments
managériaux de « proximité », c’est-à-dire
en agissant sur les motivations des individus auxquels ces instruments
sont appliqués ?
L’école du contrôle continu
Ordonner l’institution d’enseignement à la performance
implique un changement sensible dans ses finalités et dans
ses principes. Cette conception strictement utilitaire de l’école
ouvre la voie à une instrumentalisation très directement
politique de l’enseignement. La laïcité, l’esprit
critique, la formation progressive des intelligences ne sont plus
guère prisées dans l’entreprise scolaire et
universitaire. Le pouvoir politique, relayant les pouvoirs économiques
ou religieux, fait désormais fi des vieilles libertés
étrangères à la logique d’efficacité.
Nulle limite de principe n’arrête désormais les
néoréformateurs qui, par exemple, entendent modifier
de l’intérieur l’enseignement des sciences économiques
et sociales dans un sens favorable aux souhaits patronaux. Nulle
hésitation à dicter aux enseignants la signification
qu’ils doivent donner à certains faits historiques
(Résistance ou colonisation). Le principe selon lequel l’enseignement
obéit à des principes autres que celui de l’opportunité
politique, par exemple celui de la preuve scientifique, est dans
la pratique en voie de péremption.
De la même manière, le « socle de compétences
» enferme, dès la maternelle, une dimension moralisatrice,
voire nationaliste particulièrement chère aux tenants
de l’ordre social : « l’instruction civique et
morale » prônée par Nicolas Sarkozy dans son
discours du 15 février 2008 à Périgueux ressemble
fort à un endoctrinement nationaliste, en dépit de
la dénégation du discours présidentiel : "ce
n’est pas faire du nationalisme que d’apprendre à
nos enfants les valeurs du drapeau tricolore, de Marianne, et de
se lever à l’écoute de l’hymne national."
Le retour aux fondamentaux, (back to basics) des courants conservateurs
un peu partout dans le monde se marient finalement assez bien avec
la conception toute entrepreneuriale des objectifs de l’école.
L’entrepreneur pour l’efficacité et le prêtre
pour la morale sont érigés en idéal à
suivre par les enseignants [13].
Mais ce n’est peut-être pas dans cette ingérence
directe sur les contenus que résident les transformations
probablement les plus « prometteuses » en matière
de contrôle des comportements. L’école sera de
plus en plus le lieu d’expérimentation et de diffusion
de multiples techniques de normalisation de la population scolaire.
Dans « l’école efficace », l’échec
scolaire, le décrochage, l’absentéisme, l’insuffisance
des résultats, le redoublement sont autant de coûts
à réduire. Plutôt que d’accroître
l’encadrement humain, la tentation est forte de pratiquer
le repérage informatique des déviances et de confier
leur traitement à des dispositifs techniques censés
permettre la « gestion des publics fragiles et des zones sensibles
» (quand ce n’est pas à des recettes médicamenteuses
comme dans le cas de « l’hyperactivité »).
Cette école soumise à une logique de productivité
est de plus confrontée, certes de manière inégale,
à des enfants et à des jeunes dont les manières
de se tenir et de parler, les capacités de concentration,
les facultés d’apprentissage semblent profondément
altérées et difficilement compatibles avec les acquisitions
scolaires. Or, loin d’interroger les conditions sociales,
politiques et culturelles qui permettent de rendre compte du caractère
de plus en plus critique de l’éducation dans une société
totalement ordonnée à l’impératif de
la performance, les « modernisateurs » sont incapables
d’imaginer d’autres « solutions » que celles
qui procèdent des dispositifs de surveillance, des dépistages
de troubles de comportements [14].
La constitution d’un fichier individualisé de tous
les élèves du primaire (Base élèves
premier degré) a été vivement contestée
ces derniers mois par de nombreux professeurs, directeurs d’écoles
et parents d’élèves [15]. Ce fichier informatisé
et centralisé, expérimenté depuis 2004, stocke,
sans que les parents en aient été informés
et sans que le législateur ait été consulté,
les renseignements recueillis lors de l’inscription de chaque
enfant dès l’école maternelle (nom, prénom,
adresse, nationalité, l’année de leur arrivée
en France, dossier médical ou psychologique, handicap etc.).
Associé à un identifiant personnel attribué
à chaque enfant dès la maternelle, ce fichier individualisé
pourra être alimenté par toutes les informations collectées
par l’administration sur l’élève. Il permettra
de conserver pendant trente-cinq ans des informations sur les quatorze
millions d’individus passés par l’école.
Ces données ne restent pas dans l’établissement
scolaire. Elles sont transmises à l’Inspection académique
et pour partie aux mairies. Elles peuvent être « interfacées
» avec des fichiers d’autres ministères. Il est
à remarquer que, sans que les parents en aient été
davantage informés, il existe depuis 1995 un dispositif équivalent
dans l’enseignement secondaire appelé Sconet qui comporte
également des données nominatives transférées
dans une base de données académique.
Depuis novembre 2008, près de 200 directrices et directeurs
d’écoles ont signé un appel à ne pas
utiliser Base élèves » [16]. Ces défenseurs
des libertés font l’objet de sanctions et de retraits
de salaires de la part de leur hiérarchie. Soutenus par le
Syndicat des avocats de France, plusieurs centaines de parents ont
déposé plainte contre X, considérant que Base
élèves portait différentes atteintes aux lois
et conventions relatives à la protection de la vie privée,
aux droits de l’Homme et de l’enfant.
Le ministre Xavier Darcos a finalement admis, quatre ans après
le début des premières expérimentations, le
caractère « liberticide » de certains items tout
en défendant le principe de son développement au prétexte
d’une gestion plus fine des effectifs et d’une rationalisation
des postes et des classes.
L’interconnexion de ce fichier central avec toutes les données
pédagogiques (notes, appréciations) et comportementales
(absences, incivilités) comme avec le « livret électronique
des compétences » constitue un moyen particulièrement
puissant de contrôle social, en parfaite complémentarité
avec d’autres fichiers de police. Il permet ainsi une traçabilité
exhaustive de l’élève et constitue le moyen
d’un profilage scolaire et psychologique qui pourra servir
non seulement pour l’orientation, mais aussi pour la répression
des « déviances » comportementales. C’est
ainsi que le gouvernement le 22 avril 2009 a adressé une
instruction aux préfets et aux recteurs d’Académie
leur enjoignant de mettre en place à partir de la rentrée
2009 « une interconnexion des différentes bases de
gestion interne pour améliorer le repérage des élèves
décrocheurs, ou sortant sans qualification du système
scolaire » [17].
Si ce travail de repérage informatique est prioritairement
ciblé sur les lycées professionnels, les centres de
formation des apprentis et les « territoires sensibles »,
il n’en offre pas moins un témoignage particulier sur
les évolutions en cours [18]. Le principe structurant de
l’employabilité débouche pratiquement sur des
techniques de normalisation inédite. Désormais l’échec
scolaire, l’absentéisme, le décrochage ne seront
plus considérés d’abord comme des déficits
à traiter sur le plan scolaire, comme il était de
règle dans l’ancien régime scolaire centré
sur l’acquisition des connaissances [19], mais comme des anormalités
comportementales ayant valeur de prédiction de la délinquance.
On passe progressivement d’une problématique de la
déficience scolaire à une problématique de
la déviance socioéconomique.
On commence même à voir, avec ce cas extrême
des décrocheurs, comment la logique économique de
la construction des compétences va pouvoir s’articuler
à une logique sécuritaire d’observation, de
repérage et de contrôle des conduites au regard de
la norme de l’employabilité. Plus généralement,
on peut mieux comprendre les usages qui pourraient être rapidement
faits des fichiers de l’éducation nationale et du «
livret de compétences électronique ». Une sorte
de casier comportemental individuel nourri de toutes les informations
numériques apportées par les enseignants et les directions
d’établissement pourrait accompagner le jeune durant
sa scolarité et même constituer, au-delà de
la scolarité secondaire, un moyen d’orientation dans
l’enseignement supérieur, voire un nouveau type de
« livret de travail » électronique.
On ne s’étonnera pas alors de constater que l’école
devient un espace à surveiller de toutes les manières
possibles : installation biométrique de filtrage des entrées,
caméras de vidéosurveillance, portique de détection,
autorisation de fouille des cartables par les enseignants, et même
création d’une « force spéciale d’intervention
» [20]. La surveillance du milieu scolaire relève d’une
logique générale tellement puissante qu’elle
conduit à confondre les rôles des enseignants et des
officiers de police judiciaire. Elle tend même à se
substituer à toutes les autres options possibles pour régler
les problèmes auxquels sont confrontés les établissements
scolaires. La production des compétences humaines exige plus
que jamais la mise en oeuvre d’un contrôle continu des
élèves et des professeurs.
« En conscience, je refuse d’obéir » (Alain
Refalo)
Il est de la nature des transformations qui affectent l’école
de ne pas immédiatement délivrer leur sens : les dispositifs
normalisants les plus décisifs se mettent en place par des
branchements de techniques, de pratiques, de mesures qui, prises
isolément, ne paraissent pas dangereuses. Nombre de professeurs
sont même conduits à devenir les agents actifs de leur
propre contrôle sans parfois en avoir la moindre conscience.
C’est ainsi qu’ils sont contraints de faire passer aux
élèves les évaluations qui serviront à
les évaluer et qu’ils sont invités à
numériser toute leur production pédagogique depuis
le cahier de texte jusqu’à leur cours en passant par
le carnet de notes dans des « espaces numériques de
travail » accessibles en permanence à leurs hiérarchies
et aux parents d’élèves. Chaque enseignant devient
à la fois l’émetteur des informations qui serviront
de support au contrôle le plus détaillé et le
plus constant qui pourra s’exercer sur lui et le producteur
de données qui viendront alimenter le fichier individuel
des élèves. Quant aux parents, qui généralement
ignorent l’existence même du fichage de leur enfant,
ils sont parfois les premiers à réclamer la mise en
ligne des données les plus sensibles sur la scolarité
des élèves.
Ce sont ces conditions qui expliquent la forme et le contenu des
nouvelles mobilisations qui se mènent aujourd’hui sur
le terrain de l’école, avec de plus en plus souvent
le soutien des parents d’élèves. Elles ont au
moins deux traits majeurs. D’une part, elles cherchent à
rassembler sur une base souvent locale et dans un même collectif
de parents et d’enseignants les forces d’opposition
et de contestation « de la maternelle à l’université
». Tout se passe comme si la généralisation
d’une même politique managériale à tous
les niveaux conduisait à l’action unitaire de ces «
collectifs parents/enseignants » ou de ces comités
« sauvons l’école publique » un peu partout
en France. D’autre part, ces mobilisations prennent la forme
de l’objection de conscience professionnelle [21]. Sans remplacer
les formes de lutte menées par les organisations syndicales,
lesquelles ont réussi ces derniers mois d’importantes
mobilisations, « ces résistances pédagogiques
» posent les questions au niveau le plus radical qui soit,
celui de l’éthique du métier d’enseignant
[22].
L’insurrection morale et politique des désobéisseurs,
qu’il s’agisse des enseignants qui refusent d’appliquer
les faux remèdes des groupes de soutien, en lieu et place
des Rased, de ceux qui refusent d’appliquer les nouveaux programmes
ou encore de ceux qui refusent de renseigner les fichiers, porte
un témoignage exemplaire, au risque des sanctions les plus
graves financières ou administratives, d’un mouvement
de refus beaucoup plus vaste de réformes et de dispositifs
qui asservissent les enseignants et détruisent leur fonction
[23]. Comme le souligne Alain Refalo dans sa Lettre de novembre
2008 [24] : « L’honneur de notre métier est aussi
de faire œuvre de raison, de critique et de jugement ».Nombreux
sont les enseignants qui sentent aujourd’hui que se joue pour
eux l’essentiel, à savoir les significations qu’ils
peuvent donner au métier qu’ils exercent, ce qui les
anime et les soutient pour affronter les mille difficultés
qu’ils peuvent rencontrer dans les classes. Car les enseignants
sont particulièrement aptes à juger sur le terrain
des effets néfastes du nouveau cours de l’école
et de l’impasse à laquelle il mène. Par leur
pratique même, ils sentent combien la rationalité gestionnaire,
quand elle prétend régir jusqu’à l’acte
pédagogique, devient pure et simple tyrannie. Ils en ont
eu un sinistre avant-goût dans les propos méprisants
de Xavier Darcos à propos des enseignants de maternelle accusés
d’être trop qualifiés eu égard à
leur fonction [25]. Ils peuvent se rendre compte des effets désastreux
de la ségrégation sociale et ethnique dans la vie
des établissements et de l’inégalité
croissante des conditions d’apprentissage et d’enseignement
sous l’effet d’un marché scolaire de plus en
plus actif. Ils peuvent constater l’inadéquation des
« réponses » sécuritaires apportées
à des problèmes qui, pour concerner l’éducation
et l’enseignement, relèvent pour l’essentiel,
quant à leurs sources et à leur nature, des transformations
de l’économie et de la société. C’est
pourquoi, on ne peut s’étonner que beaucoup refusent
de contribuer à la destruction de leur profession réduite
à une prestation de services économiques doublée
d’un dépistage des comportements anormaux. C’est
cette même révolte éthique qui anime les enseignants-chercheurs
contre la LRU et contre le décret de V. Pécresse modifiant
leur statut et leur fonction. Comment s’en étonner
puisque c’est le même logiciel néolibéral
qui fonctionne partout, de la maternelle à l’université
?
Notes
[1] On pourra se reporter à la description que nous en faisons
dans L’école n’est pas une entreprise, La Découverte,
Poches/ La découverte, 2004
[2] C’est ainsi que l’ont nommé les sociologues
anglo-américains. Cf. Sharon Gewirtz, The Managerial School
: Post-Welfarism and Social Justice in Education, Routledge, 2001
[3] Cette « solution » est préconisée
pour toutes les administrations et tous les services publics dans
le cadre de la « Nouvelle Gestion Publique ». Cf. plus
loin, le texte de Pierre Dardot.
[4] Cf. Choukri Ben Ayed, Carte scolaire et marché scolaire,
Institut de recherches de la FSU/Éditions du temps, 2009.
[5] Du Rapport sur la redéfinition du métier d’enseignant
de Marcel Pochard (février 2008) au Livre blanc sur l’avenir
de la Fonction publique de Jean-Ludovic Silicani (avril 2008), un
fil court qui met en cause le statut de la fonction publique et
propose d’instiller une plus grande mobilité et une
grande flexibilité dans la condition enseignante. Derrière
les bonnes intentions affichées, la banalisation entrepreneuriale
de l’école apparaît comme l’objectif principal.
Le métier d’enseignant ne doit plus être regardé
comme une vocation d’existence mais comme une « expérience
professionnelle » parmi d’autres.
[6] Le rapport Pochard souligne à juste titre que «
la mise en œuvre du socle commun de compétences a été
présentée comme une occasion de faire entrer l’école
dans un processus d’obligation de résultats ».
[7] Mémorandum sur l’éducation et la formation
tout au long de la vie, octobre 2000, p. 33.
[8] Richard Descoings, « Préconisations sur la réforme
du lycée, juin 2009, p. 35.
[9] Pour un exposé de cette conception cf. le rapport d’information
parlementaire sur la réforme du lycée, (n°1694,
remis le 27 mai 2009) du député UMP Benoist Apparu.
Ce dernier affirme vouloir que les lycéens « déterminent
librement leur propre parcours » (p.13)
[10] Le Monde , 30 mai 2009, p. 2.
[11] Cf. Luc Cédelle, « Réforme Darcos de l’école
primaire : des programmes plus resserrés sur des objectifs
plus évalués », Le Monde, le 20 février
2008
[12] La pétition « Sauvons les Rased » a réuni
très vite des centaines de milliers de signatures.
[13] Allocution du président de la République française
dans la salle de la signature du Palais de Latran , le jeudi 20
décembre 2007 : « Dans la transmission des valeurs
et dans l’apprentissage de la différence entre le bien
et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé
ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en
approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité
du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté
par l’espérance. »
[14] Cf. sur ces points les analyses de Philippe Mérieu,
en particulier dans sa « Lettre ouverte à Xavier Darcos,
Ministre de l’Education nationale », le 27 décembre
2008 sur le site http://www.meirieu.com/nouveautesbl.... Cf aussi
Collectif Pas de Zéro de conduite, Enfants turbulents : l’enfer
est-il pavé de bonnes intentions ?Éditions Eres, 2008.
[15] Brigitte Perucca, "Base élèves" traîné
devant l’ONU, Le Monde, le 27 mars 2009.
[16] Le Collectif national de résistance à Base élève,
créé le 8 novembre 2008, a alerté le Comité
des droits de l’enfant des Nations Unies sur le caractère
dangereux du fichage des élèves en France. Le 12 juin
2009, ce comité s’est dit préoccupé de
« la multiplication des bases de données dans laquelle
les informations personnelles des enfants sont recueillies, stockées
et utilisées pour une longue période, au risque d’interférer
avec le droit des enfants et de leurs familles au respect de la
vie privée ». La Ligue des droits de l’homme
ainsi qu’un certain nombre d’organisations syndicales
et de parents d’élèves ont commencé à
s’y intéresser et à interpeller le ministère.
Cf. le site de la Ligue des droits de l’homme de Toulon, http://www.ldh-toulon.net/
[17] INSTRUCTION N° 09-060 JS relative à la prévention
du décrochage scolaire et à l’accompagnement
des jeunes sortant sans diplôme du système scolaire.
Paris, le 22 avril 2009
[18] La politique de la ville se donne ainsi pour objectif de «
repérer les jeunes pour lutter contre le décrochage
scolaire »(sic) afin de pouvoir les orienter positivement
vers un emploi adapté. Cf. le site du secrétariat
à la politique de la ville, http://www.espoir-banlieues.fr/arti...
[19] Cf. GFEN, Pour en finir avec les dons, le mérite, le
hasard, La Dispute, 2009.
[20] Le 21 mai 2009, à l’occasion du 90eme congrès
de la Fédération des parents d’élèves
de l’enseignement public (PEEP), à La Rochelle, Xavier
Darcos a proposé de créer "une force mobile d’agents"
chargés de « missions de prévention et de contrôle
» de la violence en milieu scolaire.
[21] Cf. plus loin, Roland Gori, « De l’extension sociale
de la norme à l’inservitude volontaire ».
[22] Cf. plus loin, Daniel Le Scornet.
[23] La répression des résistants et désobéisseurs
se fait de plus en plus sentir. Jean-Yves Le Gall, l’un des
premiers opposants à Bases élèves, été
démis de ses fonctions de directeur en avril 2009 par décision
de l’Inspectrice d’Académie de l’Isère
et muté d’office dans une autre école du département
à la rentrée 2009. Alain Refalo et Erwan Redon sont
convoqués devant des commissions disciplinaires courant juillet
2009, Bastien Cazals est sommé par sa hiérarchie de
se taire.
[24] En conscience, je refuse d’obéir !"Lettre
d’un instituteur de Colomiers (31) à son inspecteur,
le 6 novembre 2008.Cf. http://resistancepedagogique.blog4e...
[25] Auditionné par la commission des Finances du Sénat
le 3 juillet 2008, Xavier Darcos exposé son projet de réduction
du nombre d’enseignants en première section de maternelle
en ces termes : « Est-ce qu’il est vraiment logique,
alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits
délégués par l’Etat, que nous fassions
passer des concours bac +5 à des personnes dont la fonction
va être essentiellement de faire faire des siestes à
des enfants ou de leur changer les couches ? ». L’argument
est sans doute de préparer le terrain pour la non-scolarisation
des 2-3 ans (ou plus), au profit des garderies et jardins d’enfants
communaux ou associatifs.
http://www.skolo.org/spip.php?article1138
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