Origine :
http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=10420
D’après le CERR (Comité européen sur
le risque de l’irradiation) le nucléaire est responsable
de 61,6 millions de morts par cancers depuis 1945, contre 1,1 million
selon les sources officielles, le nombre de cancers est pour sa
part évalué à 123,2 millions contre 2,3 selon
les sources officielles et l’étude estime en outre
que les radiations ont induit une importante mortalité infantile
et foetale (3,4 millions).
Morbide bilan nucléaire :
Soixante millions de morts depuis 1945
Un étude internationale révise à la hausse
les effets du nucléaire et propose des normes plus drastiques.
C’est une solide dose de poil à gratter que quarante-six
scientifiques viennent de glisser dans la boîte aux lettres
de diverses institutions internationales, dont la Commission européenne.
Le premier rapport (1) du Comité européen sur les
risques de radiations (2) remet en cause les normes et méthodes
d’évaluation qui ont prévalu jusqu’à
présent en matière de radioprotection.
Sollicitée et financée par le groupe Verts européens,
il y a cinq ans, l’élaboration de cette étude
a été coordonnée par le chimiste anglais Chris
Busby et a rassemblé une palette d’experts «
indépendants » du monde entier. Nous avons développé
une méthodologie qui remédie aux manquements bien
connus de la commission internationale de protection contre les
rayonnements (CIPR), expose Chris Busby, cheville ouvrière
de l’étude. Le modèle du CIPR a une base physique
datant d’avant la découverte de l’ADN. Comme
tous les modèles, elle est de nature mathématique,
réductrice et simpliste. Bref dépassée.
Historiques, ces modèles prennent pour base d’analyse
la quantité de cancers et de leucémies constatés
suite à l’explosion de Hiroshima en 1945. Une relation
linéaire trop simple, estiment les experts, qui déplorent
l’absence de prise en compte de facteurs liés à
l’exposition interne (ingestion et inhalation de particules)
à la base de nombreux cancers, notamment aux abords des usines
de retraitement de plutonium, en Russie. Mais les cancers ne sont
pas les seules affections visées, pointe l’étude,
qui évoque les mutations de l’ADN induites par la catastrophe
de Tchernobyl, en 1986.
Un facteur de risque multiplié par soixante
Afin de revoir l’évaluation des risques lors des expositions
aux rayonnements ionisants (essais nucléaires, pollution
historique, proximité de centrales), l’étude
a créé de nouveaux facteurs de pondération
dits de « danger biophysique » ou de « danger
lié la biochimie de l’isotope ». En appliquant
ces principes aux données officielles des Nations Unies,
l’impact sur la santé humaine d’une faible irradiation
chronique est multiplié par soixante ! Si bien que le total
des morts par cancers est estimé à quelque 61,6 millions
depuis 1945, contre 1,1 million selon les sources officielles. Le
nombre de cancers est pour sa part évalué à
123,2 millions contre 2,3. L’étude estime en outre
que les radiations ont induit une importante mortalité infantile
et foetale (3,4 millions).
Conséquence « logique » pour ces experts : il
importe de réduire la dose maximale de rayonnement admissible
à 0,1 millisievert (contre 1 mSv actuellement) pour chaque
être humain. Cela fait quinze ans que je collecte et j’analyse
l’impact des radiations à faible dose, commente le
biologiste russe Alexey Yablokov, coauteur de l’étude.
Ces données m’ont convaincu que les standards internationaux
ont jusqu’à présent reflété davantage
les intérêts de l’industrie nucléaire
que le souci réel de la santé humaine. Ce rapport
est une bonne base pour créer un nouveau Comité mondial
sur les risques des radiations !
Un vecteur politique, donc. Les Verts européens déclarent
vouloir utiliser les résultats de cette étude afin
de renforcer les normes européennes. Le Parlement s’est
prononcé en ce sens, il y a quatre ans. Mais il avait été
désavoué par le Commission. Du poil à gratter,
disait-on ?
Christophe Schoune, Le Soir, 12 février 2003.
(1) Synthèse et commande du rapport : www.euradcom.org,
une traduction française du document est disponible en librairie.
(2) CERR, Comité européen sur le risque de l’irradiation,
avenue de la Fauconnerie, 73, B-1170 Bruxelles-Belgique
"Recommandations du Comité Européen pour les
Risques des Radiations (CERR) : les effets sanitaires des expositions
à de faibles doses de rayonnements ionisants, à des
fins de radioprotection."
Annonce d’une nouvelle source de recommandations pour la radioprotection
:
Un groupe de scientifiques européens va publier prochainement
un nouveau volume de conseils pour la radioprotection. Le Comité
Européen sur les Risques des rayonnements (CERR)), qui comprend
également des spécialistes de pays extérieurs
à l’Union Européenne, a développé
une méthodologie qui remédie aux manquements bien
connus de la Commission Internationale de Protection contre les
Rayonnements (CIPR).
Le modèle de la CIPR a une base physique, datant d’avant
la découverte de l’ADN. Comme tous ces modèles,
elle est de nature mathématique, réductrice et simpliste,
et en conséquence, elle a une puissante capacité descriptive.
Ses valeurs - "doses"- sont l’expression d’une
énergie moyenne rapportée à l’unité
de masse, les masses utilisées dans les applications du modèle
étant supérieures à 1 kg.
Par analogie, un tel modèle ne distinguerait pas entre l’énergie
moyenne transférée à une personne qui se chaufferait
devant un feu de cheminée, et à une personne qui avalerait
un morceau de charbon ardent. Dans ses applications aux problèmes
en question - une exposition interne, à de faible doses d’isotopes
ou de particules - il a été utilisée de manière
purement déductive.
La base d’application de la CIPR est la quantité de
cancers et de leucémies, suite à l’exposition
à une irradiation gamma externe, aigue, à haute dose,
d’un grand nombre de personnes à Hiroshima. En plus
de cela, d’autres arguments basés sur des moyennes,
ont été utilisés pour affirmer qu’il
existe une relations linéaire simple (dans le domaine des
faibles doses) entre la dose et la quantité de cancers. Cette
base "Linéaire Sans Seuil" (LNT), permet de calculer,
de manière simple, les augmentations de cancers prévisibles,
par rapport à chaque irradiation externe donnée.
En comparaison, la démarche de l’ECCR est de type
inductive, du type "regarder par la fenêtre" ce
qui se passe dans le monde réel. Il existe de nombreuses
données sur des taux anormalement élevés de
cancers et de leucémies dans des populations vivant à
proximité de sites nucléaires, en particulier quand
(autour des usines de retraitement) les mesures dans l’environnement
montrent une contamination par des radioisotopes artificiels. Par
ailleurs, des populations entières ont été
exposées aux retombées des essais nucléaires
en atmosphère, les personnes vivant sous le vent, près
des sites nucléaires ainsi que les cohortes exposées
suite à des accidents (par exemple la cohorte des enfants
leucémiques de Tchernobyl), ou suite à leur travail
dans l’industrie nucléaire civile ou militaire.
En rédigeant ses Recommandations, le Comité a tenu
compte d’une série d’études épidémiologiques,
montrant une augmentation de la morbidité et de la mortalité
par cancers, associée à des rejets radioactifs, comme
la corrélation entre les retombées mondiales des essais
nucléaires et l’épidémie de cancers du
sein actuelle.
Le Comité a également pris en compte des études
récentes sur des phénomènes comme l’instabilité
génétique, et l’effet de proximité, qui
peuvent induire des effets somatiques non cancéreux.
Il ne suit pas la CIPR, lorsqu’elle pense que la seule conséquence
stochastique de l’exposition aux rayonnements est le cancer.
Des atteintes générales à la santé,
dont on souffre pendant toute sa vie, sont sans doute plus difficiles
à quantifier, vu que ces chiffres peuvent aussi être
dus à des progrès de santé publique, à
une amélioration des conditions sociales, mais cette difficulté
ne signifie pas que les rayonnements n’ont aucun effet sur
ces paramètres.
Le Comité a, entre autres, tenu compte de données
sur l’augmentation des taux de mortalité infantile,
suite aux retombées globales des essais nucléaires
en atmosphère, des données récentes sur la
mortalité infantile et les enfants morts-nés, dans
des régions avec contaminations différentes, de l’usine
de retraitement et de fabrication nucléaire de Mayak, ainsi
que des données sur une série de maladies non cancéreuses,
à Hiroshima et dans les régions contaminées
par l’accident de Tchernobyl. Le Comité considère
que ces données sont confirmées par des travaux expérimentaux.
En conséquence, le Comité a déterminé
des facteurs de risques pour des catégories d’atteintes
mesurables. Là où les données précises
manquaient, il a extrapolé à partir de la mortalité
infantile et d’autres indicateurs, pour qualifier le risque
"qualité de vie diminuée pour une personne".
Il estime que cette réduction de la qualité de la
vie, repose sur une large palette de morbidité qui conduisent
à des morts prématurées, dans un système
où d’autres facteurs resteraient constants. Les facteurs
de risque sont donnés.
Le Comité a développé des facteurs de pondération,
afin de tenir compte des divers dangers, associés à
différents types d’expositions. Les nouvelles pondérations,
dites "facteur de danger biophysique" (Wj) et "facteur
de danger lié à la biochimie de l’iosotope"
(Wk), présentent un grand avantage : bien que les risques
nouvellement perçus des faibles doses, suite à des
expositions internes ou externes, puissent être bien plus
élevés que ce que supposait la CIPR, il n’est
pas besoin de changer les cadres législatifs actuels, concernant
les doses maximales permissibles.
Ce sont les doses elles-mêmes, qui seront calculées
différemment. Ceci est particulièrement pertinent
pour l’estimation des atteintes à la santé dues
a une irradiation chronique par de faibles doses, suite à
l’ingestion ou à l’inhalation de radioéléments
rejetés dans l’environnement, dans le cadre d’autorisations
légales ou suite à des accidents.
Ceci a des implications importantes pour la réglementation
des rejets, ainsi que pour la dérégulation des territoires
contaminés et des matériaux issus de la déconstruction
nucléaire.
Le ECCR a appliqué les nouveaux facteurs de pondération
Wj et Wk, aux données de l’IUNSCEAR pour la dose collective
due à des retombées radioactives, y compris des essais
nucléaires, jusqu’en 1989.
L’impact total sur la santé humaine est calculée
et comparée avec les données de la CIPR :
- Total des morts par cancers : 61 619 512, (CIPR : 1 173 606),
- Total des cancers : 123 239 024 ,(CIPR : 2 350 000),
- Mortalité infantile : 1 600 000, (non prise en compte par
la CIPR),
- Mort foetale : 1 880 000, (non prise en compte par la CIPR),
- Perte de la qualité de vie : 10%, (non prise en compte
par la CIPR).
Le Comité reconnaît le problème éthique
posé par l’exposition de populations à des substances
mutagènes sans qu’elles le sachent et sans qu’elles
y consentent,et quand un grand nombre des personnes exposées
(beaucoup d’entre elles n’étant pas encore nées),
n’en tirent aucun bénéfice pour contrebalancer
les atteintes à leur santé. C’est pourquoi le
Comité s’est entouré de juristes, d’environnementalistes
et d’universitaires, spécialistes des attitudes sociales
face au risque et à la construction de la connaissance. [...]
www.euradcom.org, Edition 2003.
Résultat dans la presse en France après la publication
(2 ans plus tard) d’un contre rapport des officiels français
de l’Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN)... presque rien :
Le Monde, 14/12/2005 :
L’impact des contaminations radioactives internes mérite
un réexamen
Les normes d’exposition à la radioactivité
sont-elles insuffisamment protectrices pour la population ? En 2003,
des experts mandatés par les députés Verts
européens l’affirmaient. L’Institut de radioprotection
et de sûreté nucléaire (IRSN) français
vient de répondre par la négative, sans nier que certains
aspects de la question sont "recevables et méritent
débat".
Dans son rapport de 2003, le CERI (European Committee on Radiation
Risks) évaluait à plus de 61 millions dans le monde
le nombre de morts par cancer dues, jusqu’en 1989, aux retombées
radioactives principalement liées aux essais nucléaires
dans l’atmosphère. Soit trente fois plus que les estimations
résultant des modèles de radiotoxicologie en vigueur.
[Donc il y a officiellement d’après l’IRSN, 2
millions de morts par cancers dus au nucléaire !]
L’IRSN conteste le mode de calcul retenu par le CERI et souligne
des "incohérences" dans son raisonnement. Pour
cet organisme public, qui s’est entouré pour l’occasion
d’experts extérieurs, y compris liés à
des associations de défense de l’environnement, il
n’y a pas lieu de remettre en cause le système actuel
de radioprotection.
"Néanmoins, poursuit-il, certains composants de ce
système pourraient probablement être améliorés
en s’intéressant de façon plus explicite et
systématique aux incertitudes liées à la détermination
de la dose après contamination interne." Celle-ci désigne
les radionucléides inhalés ou ingérés.
Cette prise de position constitue en soi un événement,
tant le raisonnement qui guide les normes émanant de la Commission
internationale de protection radiologique (CIPR) semble intangible.
Ces normes sont pour une bonne part déduites de l’étude
des survivants des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki.
Or ces populations ont subi essentiellement des expositions externes
ponctuelles élevées. Les pathologies qu’elles
développent au fil des décennies sont-elles représentatives
de celles qui pourraient résulter d’expositions chroniques
à faibles doses, internes et non externes ? C’est ce
que s’est demandé le CERI.
ETUDES SUR L’ANIMAL. "C’est une bonne question,
mais le CERI n’apporte pas un raisonnement scientifique suffisamment
fondé pour y répondre, estime Jacques Repussard, directeur
général de l’IRSN. Pour autant, l’impact
des contaminations internes à faibles doses mérite
des investigations."
L’IRSN a entamé des travaux sur l’animal, pour
étudier l’apparition à faibles doses de maladies
autres que le cancer. Les résultats seront publiés
dans les prochains mois. L’Institut recommande la mise en
place de programmes de recherche "de fond" pour cerner
la façon dont les radionucléides migrent et se fixent
dans les organes et les tissus. [Il faudra probablement encore 50
ans d’étude pour que l’IRSN admette les dangers
du nucléaire ???]
Dans la mesure où il s’agit de métaux lourds,
ils peuvent avoir des effets chimiques propres, qu’il conviendra
tout d’abord de caractériser. Enfin, des études
épidémiologiques analytiques, conduites sur des populations
comme les travailleurs du nucléaire, dont on connaît
précisément le degré de contamination interne,
seront nécessaires sur le long terme.
Le coordinateur de l’étude du CERI, Chris Busby, se
félicite que les questionnements sur l’impact des contaminations
internes soient pris en compte par les autorités françaises.
Il estime cependant que les données épidémiologiques
recueillies depuis l’accident de Tchernobyl sont déjà
suffisamment claires pour invalider les modèles de la CIPR.
"En Suède, l’épidémiologiste Martin
Tondel a mis en évidence un risque excédentaire dans
les zones exposées aux retombées de Tchernobyl, souligne-t-il.
La littérature scientifique russe va dans le même sens."
L’étude de l’impact des faibles doses sur la
réparation de l’ADN a considérablement progressé,
dit-il. Une raison de plus pour fonder la radioprotection sur la
biologie plus que sur la physique.
Le Figaro, 5 décembre 2005 :
De nouvelles incertitudes sur le risque nucléaire
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
pointe des insuffisances sur les méthodes d’évaluation
des effets des radiations réalisées d’après
Hiroshima.
EN JANVIER 2003, le Comité européen sur le risque
d’irradiation (Ceri-ECRR en anglais) avait publié un
rapport exigeant une révision des normes de protection contre
la radioactivité. Il demandait que la dose maximale de rayonnement
reçue par le public soit fixée à 0,1 mSv (millisievert)
au lieu de 1 mSv (l’équivalent de quelques radios des
poumons), comme c’est le cas en France depuis 2002 en application
de la directive européenne de 1996. Selon ce groupe de travail
créé par les Verts européens, le nucléaire
civil et militaire (les essais dans l’atmosphère ont
duré jusqu’à la fin des années 80) serait
à l’origine de 60 millions de cancers dans le monde
depuis 1945. Autrement dit, tout le système de radioprotection
fondé sur les recommandations de la CIPR (Commission internationale
de protection radiologique) à la suite des explosions d’Hiroshima
et de Nagasaki serait inefficace et à revoir.
La semaine dernière, l’Institut de radioprotection
et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié
une analyse critique du rapport du Ceri. Ses conclusions très
balancées auront sans doute le don d’agacer autant
les antinucléaires que les pronucléaires. En effet,
les experts de l’IRSN contestent les chiffres avancés
par le Ceri, car ils ont relevé plusieurs erreurs de calcul.
Ils estiment néanmoins que « les questions du Ceri
sont pertinentes », sans toutefois remettre en cause les modèles
d’évaluation du risque de la CIPR.
« Le système actuel de radioprotection peut être
amélioré en s’intéressant de façon
plus explicite et systématique aux incertitudes liées
à la détermination de la dose après contamination
interne », peut-on lire dans le résumé du rapport.
Cette déclaration pour le moins sibylline signifie qu’à
la différence de l’Académie de médecine,
par exemple, les rapporteurs de l’IRSN estiment qu’il
est légitime de s’interroger sur l’impact sanitaire
des retombées de l’accident de Tchernobyl dans les
pays d’Europe de l’Est. Cette question est au centre
d’une vive polémique en France depuis plusieurs années.
En effet, l’évaluation des risques de la CIPR est fondée
sur les survivants d’Hiroshima-Nagasaki qui ont été
exposés à une exposition externe et à un flash.
Or la contamination interne et chronique à des faibles doses,
que les populations de Biélorussie expérimentent actuellement
à leur corps défendant, constitue une situation entièrement
nouvelle.
Les pathologies cardio-vasculaires et les troubles du comportement
constatés chez les enfants de Biélorussie, les baisses
de fertilité qui touchent les adultes sont-ils dus à
l’ingestion d’aliments faiblement contaminés
ou au stress, au tabac et à l’alcool ? « Il faut
tirer ça au clair sans préjuger du résultat
», indique Jacques Repussard, le directeur de l’IRSN.
Sur place, l’hétérogénéité
géographique des contaminations ne facilite pas le diagnostic.
L’organisme français devrait prochainement publier
les résultats d’une étude épidémiologique
conduite en Russie (hôpital de Tchetchersk). Les résultats
d’expériences de contamination à des faibles
doses d’éléments radioactifs réalisées
sur l’animal devraient bientôt être publiés.
Ces travaux menés dans le cadre du programme Envirhom par
le laboratoire de Cadarache devraient mettre en évidence
la complexité du processus de contamination.
Le rapport de l’IRSN est le fruit de la collaboration d’experts
n’appartenant pas tous à l’IRSN. On trouve parmi
eux plusieurs scientifiques étrangers ou issus du monde associatif.
Cette volonté de pluralisme vise à sortir l’IRSN
de son isolement. « Il y a eu des réticences pour que
ce rapport sorte. Il est prêt depuis un an. La question des
contaminations chroniques pose beaucoup de problèmes nouveaux,
témoigne Monique Sené, du Gsien (Groupement des scientifiques
pour l’information sur l’énergie nucléaire).
On est en train de découvrir que la nature chimique des radioéléments
a des conséquences très importantes au point de vue
des cellules et des organes. »
Yves Miserey
Les Verts/Parlement européen, 30 January 2003 :
Renforcement - Protection contre Radioactivité
Rapport de l’ECRR
L’ECRR, commission d’experts indépendants a
présenté à la presse ce jeudi 30 janvier au
PE à Bruxelles le résultat de ses travaux. Pour lui,
les normes de protection contre la radioactivité doivent
être sérieusement renforcées.
L’ECRR (European Committee on radiation risks) est un comité
de spécialistes des effets des radiations sur les êtres
vivants, créé en 1998 sur base d’un constat
commun : les modèles de risques des rayonnements ionisants,
à la base des recommandations officielles à ce jour,
ne permettent pas d’expliquer les nombreux dommages à
la santé dans les populations exposées à une
contamination interne par des éléments radioactifs.
L’ECRR a présenté à la presse, ce 30
janvier à Bruxelles, les résultats de ses travaux
ainsi que ses recommandations aux politiques pour améliorer
la protection des populations contre les radiations. Les conclusions
de l"ECRR sont basées non seulement sur les données
scientifiques les plus récentes concernant l’impact
des rayonnements sur les cellules vivantes mais aussi sur de nombreuses
études épidémiologiques concernant des populations
qui ont subi une contamination à faible dose. Citons notamment
parmi ces populations celles qui ont été exposées
aux retombées des essais de bombe A, les riverains des sites
nucléaires, les travailleurs du nucléaire, les populations
vivant sur des sites à haut niveau de radioactivité
naturelle et les victimes d’accidents nucléaires. L’ECRR
s’est penché plus particulièrement sur deux
types d’études récentes qui montrent de manière
non équivoque les dommages dus à une irradiation interne
de faible dose : les leucémies infantiles consécutives
à Tchernobyl et l’augmentation observée des
mutations de l’ADN après cette même catastrophe.
Selon l’ECRR, le nombre de décès par cancer
dûs au nucléaire (depuis 1945) serait de l’ordre
de 60 millions dans le monde, les chiffres officiels (basés
sur les évaluations de la Commission Internationale de protection
radiologique) étant de l’ordre de 1 million, soit 60
fois moins.
En conséquence de leurs travaux, les experts de l’ECRR
proposent que la dose maximale de rayonnement reçue par toute
personne du public soit fixée à 0,1 mSv (contre 1mSv
aujourd’hui). Ils estiment que l’énergie nucléaire
est un moyen très coûteux de production d’électricité
dès lors qu’on prend en compte tous les dommages à
la santé humaine.
Le rapport ECRR 2003 a été réalisé
par le Dr Chris Busby, le Dr Rosalie Bertell, le Prof Inge Schmitz-Feuerbake,
le Prof. Alexey Yablokov et le Dr Molly Scott Cato, en collaboration
avec 46 scientifiques de tous pays.
Selon Paul Lannoye, député européen vert et
ancien rapporteur du parlement sur la directive relative à
la protection contre les rayonnements ionisants, le rapport de l’ECRR
est une contribution historique à l’évolution
de la radioprotection. Le rapport interpelle tous les politiques
en charge de la protection de la santé et remet en cause
les idées reçues véhiculées par les
partisans de l’énergie nucléaire.
Une traduction française du document est en chantier de
manière à le rendre accessible à tous les pays
francophones->] avant la fin de l’année 2003.
Isabelle Zerrouk
http://www.dissident-media.org/infonucleaire
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