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Date, 16 Oct 2003
Objet: [cerclesocial] Fwd: NON RENTABLES, UNISSEZ-VOUS!
NON RENTABLES, UNISSEZ-VOUS!
Robert Kurz
Le capitalisme n’est pas une chance, c’est une menace pour
l’humanité. Même beaucoup de ceux qui se trouvent bien
placés commencent à le constater. La logique subjacente
à ce système est d’autant plus simple que brutale:
finalement, le droit à l’existence est garanti seulement
par ce ou par celui qui est rentable. Et le lucre par lui-même ne
suffit pas, il doit se déplacer à la hauteur du standard
de rentabilité, dont le niveau, en termes capitalistes-financiers,
se place de plus en plus haut.
Cela signifie deux choses: premièrement, le capital possède
une avarice insatiable de travail humain, qui doit se transformer, en
plus de capital, en fonction de la fin en soi-même de la valorisation
irrationnelle. De ce point de vue, les personnes sont du matériel,“main
d’œuvre”, et rien d’autre.
Deuxièmement le travail n’est “valable” qu’en
fonction de la rentabilité. L’avarice capitaliste d’exploiter
la force vitale humaine oblige à suivre ce mécanisme. D’une
certaine façon, cette brutalité essentielle est aux aguets
dans l’inconscience de l’ordre du système. Elle est
si terrible que personne ne veut la voir, aucun gérant, aucun politique,
aucun idéologue. Mais elle existe et elle dit jusqu’à
ces dernières conséquences: tous ceux qui n’ont pas
de capacité de travail sont, par principe, des vies sans valeur.
Ainsi serait la vie de tous les enfants et adolescents, qui ne sont pas
encore en age de travailler, sauf si on les exténuait comme matériel
de travail aussitôt qu’ils pourraient marcher; tous les malades,
les handicapés, etc. qui ne représentent que des dépenses.
Et, évidemment, toutes les personnes âgées qui n’ont
plus la capacité de travailler et auxquels on appliquerait le même
critère, sauf si elles étaient utilisables pour quelque
chose même sur son lit de mort. Finalement, il y aurait les chômeurs,
qui deviennent des “excédents”. La logique capitaliste
confère cette sentence non seulement aux individus, mais aussi
aux respectives sphères et institutions: la formation, l’éducation,
les services sociaux, les services sanitaires, l’art et la culture,
etc. semblent des dépenses mortes, qui devraient être éliminées.
Evidemment, une n’importe quelle société qui appliquerait
cette logique entrerait immédiatement en collapsus. Mais il s’agit
de la logique du capital, aveugle et insensible comme un processus physique.
Il faut tromper le capitalisme d’une certaine manière pour
qu’il laisse vivre l’humanité comme matériel
pour ses propres insatiables exigences.
Originalement, la survie dans ce contexte, et avec les “besoins
non-rentables", était uniquement la besogne des femmes. Le
procès de valorisation n’a pas méprisé la chair
féminine, c’est à dire, "le nerf, le muscle,
le cerveau" (Marx). Néanmoins, on impose après aux
femmes une double charge. De même dans les sociétés
capitalistes d’Etat de l’ancien bloc de l’Est, dans
les centres occidentaux ou dans les bidonvilles du Tiers-Monde: après
la journée de travail, le vrai travail commençait et commence
avec le travail de reproduction pour la partie de la vie "sans valeur"
du point de vue capitaliste. Les femmes seules auraient succombé
depuis longtemps sous ce poids ou bien la société aurait
du être dissoute. C’est pour cela que l’Etat a du créer
additionnellement les aires secondaires, dérivées de la
“vie sans valeur” hors de la rentabilité par moyen
des impôts, contributions et systèmes de sécurité,
donc, d’une certaine façon, par moyen de la ”saignée”
du processus rentable de valorisation. S’il allait assez loin, cela
était vu comme plus ou moins "social". Et la critique
historique du capitalisme se limitait en grande mesure à l’ampleur
de la saignée, pendant que la terrible logique de base demeurait
intacte et à l’ombre. Cela était possible (avec les
interruptions des crises) pendant que le processus de valorisation était
historiquement en hausse et pouvait absorber chaque fois plus de travail
rentable. Mais avec la troisième révolution industrielle,
cette expansion a été stoppée. Le niveau de rentabilité
est trop élevé, et laisse en marge trop de personnes capables
de travailler. En conséquence la saignée de la valorisation
pour les aires secondaires s’épuise.
Jusqu’à présent cachée, la tête de méduse
intrinsèque à la logique capitaliste devient visible. Dans
le monde entier, les “non-rentables” doivent expérimenter
la respective "dévalorisation de la vie" absolue ou relative.
Cela concerne tout d’abord, avec de graves conséquences,
les chômeurs de longue durée, les enfants, les adolescents,
les malades, les handicapés et les personnes âgées.
En fonction du pays et de la situation du marché mondial, cela
se produit avec plus ou moins de vitesse, mais on marche inexorablement
dans cette direction. Aussi en RFA, maintenant seulement relativement
"riche" dans le sens capitaliste: on va réduire les prestations
de la sécurité sociale, les soins médicaux, l’assistance
aux malades et personnes âgées diminue, on porte atteinte
aux aides sociales, on ferme les crèches.
Dans les écoles le mortier tombe des murs, le matériel didactique
vieillit et il pourrit. Et on ne voit pas la fin des nouveaux projets
de découpage.
Silencieusement on est en train d’ensevelir toute la production
sociale.
L’"Agenda 2010" est un agenda de la démence de
la rentabilité qui ne reconnaît aucune barrière sociale
ou morale, car son champ d’action est devenu trop étroit.
Les classes politique et économique ne reviennent que sur la sourde
physique sociale capitaliste. Et la vieille et délaissée
critique du capitalisme, limitée à la simple saignée
de la valorisation, décline. Les vieux spécialistes de l’amélioration
sociale se sont recyclés pour la limitation cosmétique des
dégâts dans les détériorations. Les supposés
fossoyeurs du capitalisme sont devenus des auxiliaires des fossoyeurs
de la société humaine. Sous ces circonstances historiquement
nouvelles, l’ancien rôle syndical social-démocrate,
en termes de son contenu social, s’est transformé en son
contraire.
Il serait flatteur de nommer engagement corrompu le résultat de
la faible révolte contre l’"Agenda 2010", qui est
par malheur prévisible. Là où la capacité
de gouverner devrait être sacrifiée au nom de la résistance
sociale, au contraire, on sacrifie la résistance sociale au nom
de la capacité de gouverner. Mais les choses ne se limitent pas
à l’Agenda. Ce que l’on veut vendre comme sacrifice
pour la supposée maintenance substantielle des aires vitales “non
rentables” c’est seulement une partie du chemin vers l’impasse
historique du cannibalisme capitaliste. Ce système ne se laisse
plus duper dans sa biophobie. Le principe absurde de rentabilité
doit tomber:
Non rentables, unissez-vous!
02-05-2003.
Original en allemand: Unrentable, vereinigt euch!
Neues Deutschland, <http://www.nd-online.dehttp://www.nd-online.de>
Traduction au portugais: Nikola Grabski, <http://obeco.planetaclix.pthttp://obeco.planetaclix.pt>
Traduction du portugais à l’espagnol: Daniel Cunha.
Traduction de l’espagnol au français: Contracorriente
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