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Origine : http://www.ifrance.com/pocker/anarchie/SEXISME/mixite.html
Pourquoi le choix de la non-mixité dans les groupes féministes
à l'aube du XXIème siècle ?
Oeuvrer pour la réalisation d'une société
féministe, afin d'abandonner les différentes doctrines
essentialistes omniprésentes et universelles sur la planète,
revient à se demander pourquoi et comment à partir
d'une différence anatomique (le sexe biologique et ses attributs),
l'humanité a pu parvenir à de telles extrémités
et à des situations iniques, désastreuses à
l'égard du sexe féminin.
Mettre en exergue l'égalité entre les sexe nécessite,
non seulement une réflexion et une prise de conscience féministes
mais également une participation active ou militante afin
d'aboutir à la concrétisation d'un monde féministe
(je rêve, je sais !). En effet, nous devons mêler l'action
à la réflexion afin de voir émerger une société
en marge vers l'égalité des sexes et son corollaire,
c'est à dire des effets libérateurs, émancipateurs.
Qu'on se le dise : rien ne sert de se cloîtrer chez soi, de
se taire dans les milieux universitaires, de s'effacer à
son travail ou de compter toujours sur les autres pour faire avancer
la locomotive ; cessons de fantasmer (un instant) : qui ne risque
rien n'a rien ; alors songez que sans groupes et/ou mouvements féministes
il ne se passera rien. Je viens donc d'évoquer de façon
succincte et très ténue la nécessité
d'une lutte militante féministe afin d'introduire l'objet
de mon propos, à savoir, la non-mixité féministe.
Il s'avère qu'au cours de multiples et nombreuses discussions
et rencontres, lorsque je soulève la question du féminisme
et le problème de son fonctionnement militant, une interrogation
récurrente, lancinante apparaît systématiquement
: pourquoi les Marie Pas Claire ainsi que d'autres groupes féministes
sont-ils non mixtes ? Cette question s'accompagne souvent d'une
certaine agressivité dans le ton qui marque une désapprobation
par rapport à ce choix, quand ce n'est pas des accusations
infondées qui frisent le contresens voire les insultes.
Apparemment la non-mixité féministe inquiète
et mécontente (le soupçon d'un lesbianisme intolérant
et/ou d'un sexisme contre les hommes est présent) la plupart
des gens hors du milieu féministe, hors du milieu militant
en général, mais même au sein des groupes militants
"progressistes". Elle suscite des sentiments d'agacement,
d'incompréhension voire d'irritation et des regrets. Et l'objection
est d'autant plus grande que "MPC" est composé
de féministes qui ont, pour la plupart, au plus 30 ans, donc
caractérisé comme un groupe de jeunes femmes (qui
vieillissent néanmoins comme tout le monde), mais surtout
nous symbolisons la génération qui est née
dans les années 70 ou à la fin des années 60,
c'est-à-dire la génération qui a toujours connu
la mixité scolaire, donc qui devrait considérer comme
"normal" et indispensable que les deux sexes soient obligatoirement
réunis à toutes les strates de la société
et ensemble à tout moment, dans tous les lieux, y compris
dans un groupe féministe.
Eh bien que nenni. Nous portons un regard critique et ménageons
un esprit féministe afin de réfléchir sereinement
sur la chose. Tout d'abord, ce qui dérange, c'est la non-mixité
politique réfléchie et décidée par les
féministes ; quand il s'agit d'une non-mixité ou presque
qui s'instaure dans la société soit spontanément
soit par effet de bicatégorisation sexuelle, peu de personnes
s'émeuvent de cette réalité sociale. Lorsqu'une
famille invite une autre famille chez elle et qu'il se produit un
phénomène de non-mixité dans la cuisine, par
exemple, la plupart du temps ce sont les féministes qui s'insurgent
contre cet état des choses. Une question cruciale s'impose
: peut-on attendre de la mixité dans les organisations féministes
des changements dans les rapports sociaux de genre alors que les
identités sexuées se construisent sous l'emprise de
la domination patriarcale-sexiste ?
S'opposer, refuser puis combattre le pouvoir de l'homme ne signifie
pas répudier l'être humain mâle en tant que tel.
La libération des femmes commence et ne peut se réaliser
que par la libération du monopole masculin du pouvoir, de
la parole, des idéologies, des enjeux. Il faut s'émanciper
du regard et de la censure des hommes car il va de soi que le féminisme
engendre des réticences, de l'hostilité chez les hommes,
même parmi les plus favorables à l'égalité
des sexes. La mixité n'exclue pas les rapports de pouvoir
et dans certains cas, peut même les augmenter. La misogynie
n'est malheureusement pas une "valeur" obsolète
qui n'appartient qu'au passé. La structure dualiste hiérarchique
entre les sexes n'est pas supprimée. Bien sûr, la mixité
(je ne parle pas des groupes féministes ici ) présente
des avantages pour les femmes. Elle leur permet un regard positif
sur elles-mêmes dans la mesure où elles ont la possibilité
de se rendre dans tous les lieux, toutes les organisations, etc...
Elles sont moins assignées dans des lieux précis et
à des places circonscrites où elles étaient
prisonnières auparavant. Qu'il s'agisse de profession ou
autres, on retrouve cependant une dominante féminine ou masculine
dans la société, qui laisse très peu de place
à une réelle mixité. Donc si la mixité
a supplanté la ségrégation, il faut faire la
part entre les illusions et les réalités de la mixité.
En effet, la mixité ne masque-t-elle pas les situations inégales
entre les sexes ? Est-ce qu'elle a le pouvoir miraculeux d'éradiquer
les inégalités dues au patriarcat ? NON.
Aussi, il s'avère que l'idéologie de la mixité
aseptise les luttes féministes et mystifie la réalité.
Quant à moi, je suis pour la non-mixité dans les groupes
féministes bien que j'honore les groupes anti-sexistes mixtes
qui se créent ; je désire ardemment que femmes et
hommes, nous réfléchissions, agissions et luttions
dans le même sens, celui d'une société féministe
(pour l'instant, c'est de l'ordre de l'utopie). Les hommes doivent
sérieusement se remettre en cause de façon unilatérale,
or la plupart ne le font guère, même s'il faut saluer
le courage de quelques uns. Il est nécessaire de rappeler
avant tout que quasiment aucun homme n'envisage de militer dans
un groupe féministe (déjà, les femmes, principales
concernées, n'affluent guère). Même si l'égalité
juridique entre femme et homme est presque réalisée
(la transmission du nom des femmes envers leurs descendant-es demeure
interdite, illégale, sauf cas exceptionnel), l'égalité
de fait n'existe pas. J'estime alors que nous sommes une génération
de leurrées : on nous a parlé de la mixité
(on l'a même tout le temps vécue), promis l'égalité
et cependant on reste victime de sexisme, du patriarcat ; la désillusion
provoque de la souffrance et de l'amertume.
La non-mixité est indispensable dans un groupe féministe
car elle constitue un espace qui échappe au contrôle
masculin-dominant. A travers elle, l'existence ce d'une autonomie
féministe devient possible. C'est une étape pour parvenir
à l'égalité entre les sexes, les intérêts
féministes des femmes ne correspondant pas forcément
à ceux des hommes. Et comme le souligne, Françoise
Collin (1) : " Les espaces non mixtes constitués par
le féminisme, en forme de lieux ou de réseaux sont
et restent la condition indispensable de l'avancée des femmes,
où la pensée et l'agir viennent se ressourcer... Le
féminisme n'est pas une religion assortie d'un dogme, mais
un projet politique et une vigilance. La non mixité du regroupement
des femmes se prélève toujours sur une donnée
mixte, c'est à dire bi-sexuée. C'est un moment indispensable
à la transformation d'une mixité inégalitaire
en une mixité égalitaire... Refuser la maîtrise
de l'autre n'est pas refuser l'autre. Le moment de "l'entre
femme" consiste à instaurer les conditions d'une altérité
libérée de l'aliénation... Les féministes
l'ont appelée dès le début du mouvement : leur
lutte a pour adversaire le patriarcat, non les hommes comme tels."
Marie-Anne
1 : sous la direction de C. Baudoux et C. Zaidman : Egalité
entre les sexes, éd. de l'Harmattan.
Voilà un article que je ne pouvais pas m'empêcher
de mettre, tellement le choix de la non mixité est critiqué
partout... J'espère que ça aura convaincu les sceptiques
! Et puis personne ne fait autant de bruit quand des copines sortent
se faire une bouffe entre elles... Vive la non mixité !
Euh... j'en profite pour signaler, là, dans un coin, que
le programmateur de ce site est un homme, et que nous avons donc
fait ça en toute mixité... Moi la directrice artistique,
et lui le pauvre ouvrier... aïïe...(puiske c kom ca le
webmestre il censure l'adresse MPC !)
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