"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2015

Moteur de recherche
interne avec Google
Nomade et sédentaire ?
Georges Birault

L’injonction de la mobilité est née dans les années 80. Sans mobilité pas de salut. Pour trouver un emploi il faut être mobile.
Mais en fait ce sont tous les aspects de la vie et de la société qui deviennent mobiles. Et la mobilité devient valorisante.

Le témoin le plus important de ce changement est le téléphone portable qu’on appelle communément « un mobile ». Rares sont ceux et celles qui n’en ont pas. Et même ces personnes savent qu’elles seront obligées de s’y soumettre car l’organisation de la société fait que le téléphone portable devient dans certains cas indispensable, tout comme a pu le devenir la voiture.

Cette mobilité fonctionne en lien avec une autre injonction de notre société qui consiste à dire « jouissons de la vie au quotidien » et pour jouir de la vie, cela entraîne ou peut entraîner des changements permanents ou des abandons. Abandons qui ne sont pas vécus sur le mode dramatique, puisque c’est pour pouvoir mieux profiter de la vie, assouvir les désirs.
Pour être bien, il ne faut pas être en manque de désir à assouvir. L’un chasse l’autre. L’assouvissement est très individualiste, même si c’est dans un cadre collectif et même si parfois celui-ci est mis en avant comme valeur partagée et importante.

Il y a visiblement une grande difficulté dans notre société à gérer le manque, à accepter les contraintes dans la vie privée, alors qu’elles peuvent être acceptées dans la vie professionnelle.

Cela touche nos investissements militants, affectifs, relationnels, de loisirs.

D’où nos difficultés à construire des projets militants sur le long terme.
Les projets qui fonctionnent sont ceux
• qui durent sur une courte période, qui sont événementiels. Ils n’engagent pas les personnes sur le long terme et donc dans une stabilité importante.
• qui durent sur le long terme. Ils s’appuient sur des personnes stables, qui ont de l’expérience et qui en acceptent les contraintes.

Les mobiles, les nomades ne peuvent fonctionner et vivre que s’il y a des personnes stables sur lesquels ils peuvent s’appuyer.
Ces personnes stables vont de ceux et celles qui permettent de manger, se vêtir à ceux et celles qui permettent de se transporter ou de faire tourner les ordinateurs en passant par ceux et celles qui assurent la santé, ou encore des structures militantes sur lesquelles il est possible de s’appuyer.

Les exigences des nomades et des stables ne sont pas les mêmes.
Les difficultés du camp No Border de cette année 2004 peuvent illustrer en partie cette problématique.
Les nomades sont prêts à se déplacer à l’arrache comme ils disent, le projet est de faire ce qu’on pourra, sans obligation de résultat et chaque personne s’engage individuellement.
Le stables ont besoin de repères, de pouvoir s’appuyer sur des choses solides où les risques sont limités, parce que leur engagement par ailleurs ne leur permet pas de faire la même chose que les nomades.

Cette difficulté peut aussi être illustrée par le jardin collectif qui est très ouvert et où l’engagement des personnes est très divers et où peu de projets arrivent à terme.
Heureusement il y a quelques personnes stables pour assurer sa pérennité et éviter que toutes les plantes ne crèvent par grandes chaleurs ou récolter au bon moment.

Il ne s’agit pas de porter un jugement de valeur, mais de voir les aspects positifs et négatifs et les risques de conflits.

Georges Birault Nantes le ?? en septembre 2004