Origine : http://anarchismenonviolence2.org/spip.php?article91
La violence n’est pas une solution
« Stimuler la réflexion concernant les implications
révolutionnaires de la non-violence » : on ne saurait
mieux définir l’ambition du présent travail.
On nommera ici révolutionnaire la perspective d’une
transformation radicale des rapports sociaux (et écologiques)
en vue de plus de justice.
En allant voir la littérature non-violente des années
1960-70 on est frappé du nombre d’articles et d’ouvrages
qui parlent de « révolution non-violente ». A
l’inverse, on notera l’absence complète de ce
thème dans la littérature des deux dernières
décennies. Les raisons en sont multiples : de manière
plus générale, le thème de la révolution
était à l’époque au premier rang de la
pensée politique, alors qu’il a cessé d’être
présent dans la littérature militante la plus répandue.
La chute du communisme étatique est par ailleurs passée
par là et on ne croit plus au Grand Soir…et c’est
sans doute mieux ainsi.
Un milieu en évolution
Par ailleurs, il faut constater que le milieu de la non-violence
politique s’est assez peu renouvelé, et que les personnes
branchées sur un courant révolutionnaire il y a trente
ou quarante ans ont mûri, pour porter leur réflexion
sur des questions sociales, éducatives et culturelles. Il
ne s’agit pas de stigmatiser ou de dévaloriser cette
évolution, qui constitue une manière de mettre en
œuvre dès aujourd’hui les méthodes qu’on
voudrait voir demain dans une société plus juste et
basée sur des pratiques de non-violence à tous les
niveaux de la vie. Les pratiques d’éducation à
la non-violence, de médiation, de travail sur la régulation
non-violente des conflits dans la vie quotidienne, permettent de
confronter les pratiques de la non-violence à la réalité
du champ social, plutôt que de rester dans les perspective
éthérées de lendemains qui chantent. Le tournant
qui a été vécu peut-être donc être
considéré comme un approfondissement social des intuitions
de la non-violence.
Aménager ou dépasser ?
Pour autant il semble que la perspective de transformation radicale
de la société menée hier soit un peu trop absente
des pratiques et des réflexions actuelles. La non-violence
ne vise-t-elle qu’à aménager la société
existante, ou vise-t-elle à sa transformation radicale et
à son dépassement ? Quel est donc l’horizon
de la non-violence aujourd’hui, et par là sa signification
?
Autant il est juste de mettre en œuvre dès maintenant
des pratiques de non-violence qui vont permettre de transformer
nos relations au sein de la famille, du quartier, de l’école,
autant en rester là interroge la signification politique
que nous donnons à la non-violence. Il est important de ne
pas perdre de vue les perspectives. Par un glissement invisible,
indolore et inodore, on peut avoir vite fait de passer d’une
perspective de transformation de la société capitaliste,
à celle de son aménagement pur et simple.
Combattre les causes
On reproche parfois aux pratiques humanitaires de ne faire que
soigner les plaies qui sont engendrées par ailleurs par un
système qu’on se garderait bien de remettre en cause
plus fondamentalement. La même interrogation s’impose
aux pratiques non-violentes. Un travail remarquable a été
accompli depuis des années au sein des mouvements non-violents
pour faire avancer la non-violence dans les pratiques sociales,
éducatives et culturelles. Il convient cependant d’en
interroger les angles morts. On ne peut se contenter de soigner
les conséquences sans se soucier des causes. De quelle manière
et en quoi les mouvements qui travaillent aujourd’hui sur
la régulation des conflits, la médiation, l’éducation,
ne travaillent-ils pas qu’à adapter l’individu
aux règles de la société capitaliste mondialisée,
mais sont-ils acteurs par là d’une transformation radicale
de la société ? Travaille-ton plus à adapter
la société à nos rêves, ou à adapter
nos limites à la société ?
Action non-violente et révolution
Ce sont également le pratiques de luttes non-violentes qui
sont à interroger. De nombreuses luttes sociales, politiques,
écologiques actuelles s’inscrivent dans et se revendiquent
d’un cadre de non-violence active pour faire avancer leurs
« causes » dans la société par un travail
conflictuel. Pour autant, quelle est leur perspective politique
? Comment se situent-elles en termes de transformation politique
et sociale, au regard d’une visée révolutionnaire
? Se contentent-elles de demander le changement d’un boulon
mal réglé dans le complexe rouage qui broie toujours
plus les humains, les peuples et la planète, ou s’inscrivent-elles
dans une perspective qui va au-delà d’une simple revendication
partielle ?
Les interpellations que formule André Bernard dans un texte
récent pourraient nous permettre d’avancer dans ces
interrogations . « Depuis quelques mois, écrit-il,
nous avons pu apprécier une série d’actions
de désobéissance à la loi menées par
de petits groupes : contre la pub exagérément étalée,
contre les plants de maïs bourrés d’OGM ; par
ailleurs, des enseignants refusent d’appliquer les consignes
ministérielles (…), d’autres personnes donnent
asile à des sans-papiers, certains s’opposent au fichage
généralisé, à la biométrie, etc.
Toutes ces actions éparpillées ne visent pas, à
notre connaissance, un grand chambardement révolutionnaire
; on a plutôt l’impression d’assister à
des exercices d’entraînement : ces actes de résistance
pacifique non-concertés semblent être le prélude
à des opérations plus vastes, quoiqu’il n’y
ait pas de volonté claire de bloquer la machine, de déboucher
sur la grève générale attendue par d’autres,
mouvement qui remettrait le compteur à zéro ».
Il cite ensuite, par contraste, un manifeste « pour une désobéissance
généralisée » qui circule sur la «
toile ».
Je reformulerais sa question ainsi : quelle est la portée
révolutionnaire (ou non) des actions non-violentes et de
désobéissance civile qui émergent dans divers
secteurs du champ social, à première vue relativement
circonscrites ? Ces mouvements ne sont-ils pas trop réformistes
? Timides ? Limités ? Peu ambitieux ? Déliés
d’une quelconque perspective révolutionnaire ?
Des réponses à cette interrogation peuvent
se situer à plusieurs niveaux.
La portée révolutionnaire est dans les acteurs, pas
dans les actions ? D’une part, la limitation d’une lutte
en particulier ne nous dit rien de la limitation des perspectives
de chaque personne qui y participe. La portée révolutionnaire
serait ainsi à chercher dans l’esprit des acteurs,
elle ne serait pas inscrite objectivement dans les actions elles-mêmes.
Telle personne peut participer à la lutte des faucheurs d’OGM
comme partie intégrante de sa lutte plus vaste pour une émancipation
du capitalisme. Telle autre peut par contre, en effet, s’engager
sans grande perspective politique mais parce qu’elle a pris
un beau jour conscience que cela pourrait nuire à la santé
de ses enfants, et elle pourrait se satisfaire d’une victoire
sur ce point.
L’action transforme ses acteurs
Mais le pourra-t-elle vraiment ? Car elle aura découvert,
chemin faisant, l’ensemble des nuisances générées
par l’industrie agro-alimentaire, et si elle veut rester cohérente
avec elle-même il lui faudra encore éliminer les pesticides,
la ionisation des aliments et autres joyeuses surprises avant d’être
saine et sauve. Elle aura également découvert au passage
les pratiques des multinationales et aura certainement été
sensibilisée à une critique plus globale de leurs
monopoles et de leurs effets ici et ailleurs. C’est ici qu’on
voit qu’une lutte est également un terrain d’
« éducation populaire » permanente, de «
capacitation » de ses acteurs et actrices.
Des objectifs limités pour des ambitions plus vastes
C’est un choix stratégique de la non-violence que
de se fixer sur des objectifs qui peuvent paraître à
première vue ridicules par leur modestie ou par leur décalage
d’avec les enjeux. Gandhi et sa poignée de sel pouvait
faire rire bien des « révolutionnaires » de son
époque. Pourtant sa perspective était sans doute plus
radicale que beaucoup de ses détracteurs d’alors, qui
poussaient pourtant à une action plus frontale et plus généralisée.
Faire levier
C’est l’histoire du levier. On trouve une brèche
dans le système et on « fait levier » sur celle-ci.
De manière surprenante, on atteint alors parfois à
la cohérence dudit système. Les OGM mènent
tout droit au cœur du monopole des multinationales, de la domination
de l’économique sur le politique, de la brevetabilité
du vivant, par extension du droit de propriété ! La
publicité mène au cœur de la logique de la croissance
économique, de la surconsommation, de la fabrication des
désirs, du modelage de l’être humain par le capitalisme
et de la destruction de la planète. Dans un cas comme dans
l’autre, on ne peut pas dire que les enjeux soient si périphériques
que cela !
Des révolutions qui ne changent presque rien
Les ruptures soudaines ont rarement amené le changement
espéré. Au sein même des luttes non-violentes,
on a pu se réjouir de voir à quel point la non-violence
a été efficace sous certains régimes pour provoquer
la brusque chute de dictatures sans effusions de sang, comme aux
Philippines en 1986 et en 2001, à Madagascar en 1991 et en
2002, et en Ukraine en 2005. C’est déjà là
une avancée historique considérable. Mais ces exemples
montrent également a contrario que des effondrements de régimes
iniques n’ont souvent mené qu’à des changements
de pouvoir amenant d’autres équipes autoritaires aux
manettes du régime, sans vraie réforme en profondeur
des pratiques. Dépasser les fausses oppositions entre révolution
et réformisme En réalité le processus est plus
complexe qu’une grève générale qui serait
révolutionnaire d’un côté, face à
une lutte pour un changement de loi qui serait réformiste,
de l’autre.
Une grève générale peut très bien être
colonisée par l’imaginaire de la publicité,
de la consommation, de la croissance. C’est d’ailleurs
le cas la plupart des grèves. Est-elle alors bien révolutionnaire
? A ce jeu là, les déboulonneurs sont plus révolutionnaires.
Dans la visée révolutionnaire il y a deux types d’enjeux
: le degré de radicalité de la remise en question
de la société (au-delà des apparences), qui
fait qu’un simple changement de régime n’est
pas révolutionnaire, alors qu’un bouleversement dans
notre conception de la technique peut l’être. Et l’extension
sociale donnée au mouvement, le souci du caractère
massif et généralisé du changement. Si je change
radicalement d’attitude à tous niveaux, mais tout seul,
c’est bien, mais ce n’est pas encore la révolution.
Nous ne sommes plus dans l’imaginaire du Grand Soir, a-t-on
dit. Tant mieux. Mais n’oublions pas quand même que
nous faisons l’histoire. Donnons-nous du moins cette ambition.
Avancer pas à pas
Dans l’argumentation en faveur d’actions parcellisées
telles que celles des Faucheurs ou des déboulonneurs, il
y a l’idée qu’il s’agit d’avancer
progressivement. Pas à pas. L’idée est la suivante
: une fois que nous aurons une loi qui limite la publicité
ou qui impose un moratoire sur les cultures d’OGM, nous ne
nous arrêterons pas là. Forts de cette victoire, nous
serons prêts à avancer d’un nouveau pas. Qui
ira plus loin. C’est également l’intérêt
des objectifs limités : nous donner confiance politiquement
et nous renforcer socialement, ce qui nous permettra de continuer
pour avancer plus loin. Alors que si nous luttons dès aujourd’hui
pour un objectif de changement total de société, nous
ne certains que d’une seule chose : nous ne l’atteindrons
jamais.
De la nécessité de définir un horizon
Pourtant il faut bien l’avouer, un doute ne cesse de nous
titiller : une fois la victoire obtenue, va-t-on vraiment rebondir
sur l’étape suivante ? Pour cela, ne faudrait-il pas
expliciter dès le départ et travailler ensemble sur
cette visée de transformation globale de la société,
au-delà du seul combat qui est en train d’être
mené ?
Il y a à cela des avantages et des inconvénients.
Le fait de ne pas expliciter cette visée « révolutionnaire
» plus globale derrière un combat, permet de ne pas
faire peur à des personnes qui vont venir s’engager,
et qui découvriront chemin faisant les implications du système
publicitaire ou agro-alimentaire, et derrière cela les rouages
du capitalisme.
A l’inverse existe le risque d’un affadissement de
la lutte, d’un repli sur un réformisme sans visée
révolutionnaire qui en viendrait à s’auto-contenter
de petites régulations sans remises en cause plus fondamentales
. Avancer pas à pas, très bien. Mais si l’on
n’avance pas vers un horizon, on risque de se perdre. C’est
la question de la boussole politique. De la nécessité
de définir un horizon pour orienter ses pas.
Si un mouvement de désobéissance civile précis
ne gagne pas forcément à afficher clairement une visée
révolutionnaire derrière ses revendications limitées,
pour autant il importe que ce travail sur les implications et les
sous-bassements révolutionnaires puisse être réalisé
en parallèle. Il importe que des mouvements non-violents
non-spécialisés dans l’une ou l’autre
de ces luttes, endossent le projet d’approfondir et de développer
ce projet et cette analyse politique allant dans le sens d’une
transformation radicale de la société. Est-ce le cas
aujourd’hui ?
Légitimer la démocratie ?
Demeure aussi la question du rapport à la loi et au cadre
démocratique, au cadre de notre démocratie parlementaire
imparfaite, si imparfaite que certains la jugent être un ennemi
à abattre. Il y aura donc un débat à avoir
dès le départ sur l’analyse de notre système
démocratique. Nous nous entendrons pour admettre que la démocratie
dans laquelle nous vivons est beaucoup moins reluisante et honorable
que ne le laisse apparaître son visage sous les projecteurs
riants de la télévision. D’aucuns en tireront
pour conclusion qu’il est inacceptable de collaborer sous
aucune forme que ce soit à ses institutions, au risque sinon
de les renforcer et de les légitimer. Ce qui invaliderait
alors pour une bonne part la stratégie que mettent en oeuvre
les luttes non-violentes qui cherchent entre autres à utiliser
comme leviers du changement la justice ou encore les médias
de masse.
On trouvera donc d’un côté des mouvements qui
pensent que le système démocratique dans lequel nous
vivons n’est pas à abattre, mais qu’on peut commercer
avec lui, utiliser ses failles et ses institutions, en estimant
que ce jeu avec les institutions du système que l’on
cherche à transformer fait partie de l’ambivalence
propre à toute lutte . Et d’un autre côté
les mouvements qui se définissent comme plus radicaux et
plus révolutionnaires, qui veulent ne faire aucun compromis
ni avec la justice, ni avec les médias, car cela serait déjà
donner de la considération, de l’importance, du pouvoir,
aux institutions d’un système dont on cherche à
se débarrasser .
Jouer des contradictions de la démocratie pour la transformer
Dans son livre Vivre égaux et différents , Stéphane
Lavignotte résume à sa manière la perspective
qui est celle des mouvements non-violents classiques vis-à-vis
des institutions et de notre cadre démocratique. Dans le
chapitre "Le nouveau travail de l’égalité",
il aborde la réflexion sur les moyens d’action des
victimes de l’inégalité dans nos sociétés
(minorités diverses : étrangers, femmes, SDF, sans-papiers,
gays, lesbiennes, prostitués, gens du voyage,...).
Face à des lois insuffisantes pour protéger les discriminations,
voire carrément elles-mêmes discriminatoires, deux
attitudes basiques existent : "attendre sagement que le temps
fasse son ouvrage"d’un côté. "L’aplanissement
des inégalités ne serait qu’une question de
patience, le mûrissement de la société les mènerait
’naturellement’ vers plus d’égalité".
Face à cela, "une deuxième réaction pourrait
être au contraire le rejet. Les ’moins égaux’
pourraient dénoncer les discours, les lois sur l’égalité
ou les discriminations, les prises de position publiques sur l’égalité
comme de simples masques de la réalité, comme des
hypocrisies. Ils pourraient rejeter ces discours et appeler à
un grand soir, imaginer un autre système qui assoie ’réellement’
l’égalité". Mais c’est une troisième
voie que cherche à mettre en valeur Stéphane Lavignotte.
Dans l’histoire, bien souvent, "les dominés ne
se réfugient ni dans l’attente d’une égalité
qui viendrait d’elle-même, par l’évolution
naturelle des sociétés, ni dans la dénonciation
de formes juridico-politiques qui ne seraient que formelles, masques
des inégalités réelles. Ce que nous voyons,
c’est quelque chose de plus dynamique. Les "moins égaux"
se saisissent des discours officiels sur l’égalité
et montrent publiquement leur décalage avec les réalités
qu’ils subissent. Ils utilisent ce décalage comme un
levier pour faire bouger la réalité, faire reculer
les inégalités qu’ils vivent. Ils ne rejettent
pas les formes juridico-politiques de l’égalité
comme des hypocrisies. Ils s’en saisissent pour mettre en
porte-à-faux, en contradictions les réalités
inégalitaires persistantes. Jacques Rancière parle
de « la capacité des dominés à inventer
un rapport actuel et dynamique de la règle égalitaire
aux cas d’inégalité ». Une réflexion
qui rejoint de près et résume avec netteté
la perspective de la plupart des mouvements d’action non-violente
en démocratie.
Il s’agit donc de prendre appui sur les contradictions du
système pour le faire basculer dans le sens de certains de
ses discours et de ses lois, plutôt que des réalités
qui le contredisent. Pour le réformer, en quelque sorte ?
Difficile de dire le contraire. C’est donc une perspective
réformiste, et non révolutionnaire ? Ce n’est
pas si simple. Car ce qui compte, en fin de compte, c’est
le caractère révolutionnaire de la dynamique qui est
en œuvre dans le changement.
Un dynamisme révolutionnaire permanent
Il nous faut sortir d’une conception figée de la révolution,
dans laquelle il y a un « avant », qui est un état
inique d’inégalité, puis une révolution,
épisode d’exception aussi court qu’intense, qui
laisse place à un « après » correspondant
peu ou prou à la société de justice que nous
appelons de nos vœux. En réalité il nous faut
sans doute plus penser les choses en terme de processus révolutionnaire
permanent, qu’en termes d’états révolutionnaires
figés. Il n’y aura pas de société parfaite,
il n’y a qu’une évolution continuelle et subversive
pour avancer dans ce sens. C’est le dynamisme révolutionnaire
qui sera à l’œuvre dans un changement , aussi
minime soit-il, qui en fera un changement avec une portée
révolutionnaire.
La légitimité de nos démocraties renvoie à
la question du verre à moitié vide ou à moitié
plein. On peut voir nos démocraties comme des masques que
nous tendraient des régimes devenus des dictatures douces,
qui seraient depuis longtemps passées du côté
d’un fascisme usager du double-discours afin de nous endormir.
On peut aussi considérer que sous leurs contradictions et
les forces qui les tirent vers l’injustice, il reste des bases
démocratiques réelles sur lesquelles il est important
de se baser, afin de les renforcer et de les tirer vers le haut.
C’est en quelque sorte en croyant à la réalité
de la démocratie qu’on va venir la renforcer, lui faire
accomplir de force sa mission. En n’attendant pas qu’elle
le fasse d’elle-même. Car « elle », c’est
« nous ». La démocratie ne tombe pas du ciel.
« Aucun peuple n’a jamais reçu ses droits en
cadeau » .
Mais plus encore, c’est dans l’expérimentation
autonome dès aujourd’hui d’autres formes de vivre
ensemble et d’organisation collective, que s’opère
un processus radical de transformation sociale, écologique
et politique. Il ne s’agit plus d’ attendre le changement
des seules luttes sociales mais aussi d’une transformation
de nos quotidiens dès maintenant. C’est peut-être
dans la conjugaison de ce rapport de forces externe et de cette
transformation interne que s’élabore un processus révolutionnaire
permanent.
GG
Merci à Marie-Pierre Najman, François Vaillant, Jean-Marie
Muller, Nicolas Haeringer et Jean-Baptiste Nedelcu pour leurs précieuses
remarques. Pour autant ce texte n’engage que son auteur.
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