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Date: 5 Mai 2003
Subject: [cerclesocial] Ni mère au foyer ! ni salariée
!
Tract distribué le 1er mai en Avignon par "les Femmes Maudites"
NI MERE AU FOYER ! NI SALARIEE !
Le système capitaliste vaste machine à exploiter les
hommes sous prétexte de progrès n'a pas oublié
les femmes. Et comment pourrait-il les avoir oubliées alors qu'elles
constituent, à ses yeux, la plus belle armée de réserve
jamais imaginée, la plus invisible, la moins revendicatrice,
la plus malléable et consciencieuse ?
Comment ne pas profiter des fruits d'une éducation qui leur a
retranché le droit à la parole, leur a dénié
un rôle actif dans l'histoire, les a amenées à observer
le silence (ferme ta gueule, tais-toi et travaille !) ? Le travail des
femmes sert largement le système capitaliste puisqu'il peut piocher
allègrement dans cette armée de réserve et la sous-payer.
Par ailleurs, il perpétue la domination en instaurant non seulement
une inégalité salariale selon le sexe, mais aussi des
ghettos d'emplois féminins. En lui présentant le travail
comme la clef de son émancipation qui lui permettrait de mieux
choisir sa forme de vie, l'intégration au modèle dominant,
pour lequel un individu est assigné à une fonction, un
usage, s'est faite en douceur.
Par l'argument fallacieux de la libération des femmes et par
l'illusion de son entrée dans la sphère publique, le travail
est devenu la nouvelle caution d'existence qui n'est plus qu'économique,
et s'est constitué comme une fin en soi. Les Femmes Maudites
emmerdent les femmes qui clament leur féminisme tout en intégrant
le modèle masculin et en limitant leurs revendications à
de meilleurs conditions de travail, à une parité numérique,
à des revendications salariales.
Accepter cela revient à ne plus considérer le travail
comme une aliénation du corps et de l'esprit, comme un conditionnement
social, comme un synonyme d'esclavage. Rien humainement ne justifie
un système basé sur l'argent et le travail.
En devenant des travailleuses salariées les femmes sont devenues
les rouages d'une machinerie sociale créée par les hommes.
Elles sont passées d'une domination à une autre, de celle
du mari à celle du patron, d'une exploitation à une autre,
de celle du foyer à celle de l'entreprise. Elles ont acceptés
et se sont appropriées les codes de la virilité avec la
promesse sociale par l'effort, la compétition, la rentabilité,
l'opportunisme, l'individualisme.
C'est ça l'émancipation ?
En travaillant de plus en plus , en consommant de plus en plus, la femme
pérennisent le système capitaliste qui fait des individus
des êtres flexibles, sur-médiatisés, sous-conscientisés,
sédentaires dans leurs références théoriques
mais mobiles dans leurs capacités d'exploitation. La femme ne
pourra en aucun cas s'affranchir à l'intérieur de ce système.
Le patriarcat et le capitalisme doivent être différenciés
(la domination des hommes sur les femmes a existé bien avant
le capitalisme), mais combattus de front. Ni l'intégration du/au
modèle masculin par l'égalité économique,
ni l'instauration d'un modèle matriarcale à l'intérieure
du système capitaliste ne peuvent représenter des solutions
satisfaisantes.
Seule la destruction totale de ce système fondé sur l'argent
et le travail crée par les hommes pourra libérer les femmes
de l'emprise masculine.
BOOM
Les Femmes Maudites femmesmaudites@freesurf.fr