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Origine : http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2269
Au cours de l’été dernier, en pleine somnolence
des médias du mois d’août, la doctrine de guerre
préventive de l’administration Bush fit un grand pas
en avant. Le 5 août 2004, la Maison Blanche a crée
le Bureau du Coordinateur de la Reconstruction et de la Stabilisation,
dirigé par l’ancien ambassadeur en Ukraine Carlos Pascual.
Sa mission est de définir des plans élaborés
"post-conflits" pour au moins 25 pays dans le monde qui
ne sont pas, pas encore, en conflit. Selon Pascual, le bureau pourra
aussi coordonner "en même temps" trois opérations
de reconstruction dans différents pays, chacun pouvant durer
"de cinq à sept ans".
D’une manière assez complémentaire, un gouvernement
qui se consacre à la déconstruction préventive
perpétuelle a désormais un bureau chargé de
la reconstruction préventive perpétuelle.
Finie l’époque où on attendait qu’une
guerre éclate pour définir les plans nécessaires
pour recoller les morceaux. En étroite coopération
avec le Conseil de Renseignement National, le bureau de Pascual
tient une "liste noire" des pays "à haut risque"
et forme des équipes d’intervention rapide prêts
à tracer des plans avant-guerre et à "se mobiliser
et se déployer rapidement" après la fin du conflit.
Ces équipes sont composées de sociétés
privées, d’organisations non-gouvernementales et de
membres de groupes de réflexion — dont certains, selon
les termes de Pascual devant un public au Centrer des Etudes Stratégiques
et Internationales au mois d’octobre, auront des contrats
"pré-remplis" pour reconstruire des pays qui ne
sont pas encore détruits. La préparation à
l’avance de ce travail administratif pourrait "nous faire
gagner de deux à six mois dans notre intervention".
Les plans que les équipes de Pascual sont en train de bâtir
dans ce bureau peu connu du Département d’Etat concernent
"le tissu social d’une nation", a-t-il déclaré
devant le CESI. La mission du bureau n’est pas de reconstruire
d’anciens états, mais de créer des états
"démocratiques avec une économie de marché".
Ainsi, par exemple (et il a sans doute sorti cet exemple de son
chapeau), ses reconstructeurs rapides pourraient aider à
vendre "les entreprises d’état responsables d’une
économie non-viable". Il a expliqué que la reconstruction
signifiait parfois "le démantelement de l’ancien".
Peu d’idéologues résistent à l’attrait
de la page blanche - c’était la promesse séduisante
du colonialisme : la "découverte" de nouvelles
terres vierges où l’utopie semblait possible. Mais
le colonialisme est mort, à ce qu’on dit ; il n’y
a pas de nouvelles terres à découvrir, pas de terra
nullius (il n’y en a jamais eu), plus de pages blanches sur
lesquelles, comme l’a dit un jour Mao, "on pourrait écrire
les mots les plus nouveaux et les plus beaux". Il y a cependant
beaucoup de destructions - des pays réduits en ruines, que
ce soit par la main de Dieu ou celle de Bush (sur ordre de Dieu).
Et là où il y a une destruction, il y a une reconstruction
et une occasion pour s’emparer de la "terrible désolation",
selon les termes d’un officiel de l’ONU devant la dévastation
de la ville d’Aceh, et la remplir avec de merveilleux plans.
"Nous avons connu le colonialisme vulgaire", dit Shalmali
Guttal, un chercheur basé à Bangalore pour l’organisation
Focus on the Global South. "A présent nous avons un
colonialisme sophistiqué, et ça s’appelle la
"reconstruction" ".
Il semblerait que des portions de plus en plus larges du globe
sont en train d’être reconstruites : reconstruites par
un gouvernement parallèle, composé d’un caste
familier de sociétés de conseil à la recherche
de profits, de sociétés d’engineering, de méga-ONGs,
d’agences d’aide gouvernementales et de l’ONU
et des institutions financières internationales. Et des gens
qui habitent dans ces zones en reconstruction - de l’Irak
à Aceh, Afghanistan ou Haïti - on entend les même
protestations. Les travaux sont beaucoup trop lents, lorsqu’ils
existent. Les Consultants étrangers ont des notes de frais
exorbitants et des salaires de 1000 dollars par jour, tandis que
les autochtones sont exclus des emplois dont ils ont bien besoin,
des formations et des centres de décision. Des experts en
"construction de démocratie" font la leçon
aux gouvernements sur l’importance de la transparence et de
la "bonne gouvernance". Mais la plupart des sous-traitants
et ONG refusent de présenter leurs co mptes à ces
mêmes gouvernements, encore moins de leur laisser le contrôle
sur l’utilisation de l’aide.
Trois mois après que le tsunami ait frappé Aceh,
le New York Times publiait un article déprimant qui signalait
que "il semblerait que pratiquement rien n’ait encore
été fait pour les réparations et la reconstruction".
L’article aurait pu être écrit en Irak où,
selon un récent article du Los Angeles Times, toutes les
usines de purification d’eau reconstruites par Bachel sont
en train de tomber en panne, une histoire de plus dans la longue
lignée d’échecs en matière de reconstruction.
L’article aurait pu aussi être écrit en Afghanistan,
où le président Hamid Karzai s’en est récemment
pris aux sous-traitants "corrompus, gaspilleurs et n’ayant
pas de comptes à rendre" qui pillent les ressources
précieuses en aide reçues par l’Afghanistan.
Ou même du Sri Lanka, où plus de 600.000 personnes
qui ont perdu leurs maisons dans le tsunami moisissent toujours
dans des camps de fortune. Cent jours après la vague géante,
Herman Kumara, dirigeant du mouvement National Fisheries Solidarity
Movement à Negombo, Sri Lanka, envoya un courrier électronique
désespéré à ses collègues à
travers le monde. "Les fonds reçus pour les victimes
vont à quelques privilégiés, pas aux véritables
victimes," écrivit-il. "On ne nous écoute
pas et nous n’avons pas le droit de nous exprimer".
Mais si l’industrie de la reconstruction est totalement inepte
pour la reconstruction, c’est peut-être parce que son
principal objectif n’est pas la reconstruction. Selon Guttal,
"Ca n’a rien à voir avec la reconstruction - il
s’agit de tout remodeler". Les histoires de corruption
et d’incompétence servent au mieux à camoufler
le véritable scandale : la montée d’une forme
de Capitalisme du Catastrophe prédateur qui profite du désespoir
et de la peur provoquée par les catastrophes pour mener une
refonte social et économique radicale. Et sur ce plan là,
l’industrie de la reconstruction est si rapide et efficace
que les privatisations et les accaparements de terres sont généralement
effectués avant même que la population locale ne réalise
ce qui lui tombe dessus. Dans un autre courrier, Kumara prévient
que le Sri Kanka court le risque "d’un deuxième
tsunami de globalisation multinationale et militarisation"
potentiellement plus dangereux que le premier. "Nous considérons
qu’il s’ agit d’un plan qui profite de la crise
du tsunami pour attribuer la mer et les côtes à des
entreprises étrangères et au tourisme, avec l’assistance
militaire des marines US."
Paul Wolfowitz, en tant que Secrétaire adjoint à
la Défense, a défini et supervisé un plan étrangement
similaire en Irak : les feux n’étaient pas encore éteints
à Bagdad lorsque les autorités d’occupation
US ont rédigé les nouvelles lois sur les investissements
et annoncé que les entreprises d’état seraient
privatisées. Certains ont soulevé ce dernier point
pour prétendre que Wolfowitz n’était pas digne
de diriger la Banque Mondiale. En fait, il n’aurait jamais
pu être mieux préparé à ce nouveau poste.
En Irak, Wolfowitz était en train de faire exactement ce
que la Banque Mondiale fait déjà dans pratiquement
tous les pays déchirés par la guerre ou frappés
par une catastrophe - avec cependant un peu plus de bureaucratie
et de vernis idéologique.
Selon une étude du Service de Recherches du Congrès,
les pays "post-conflictuels" reçoivent à
présent 20 à 25 % des prêts de la Banque Mondiale,
comparé à 16% en 1998 - une année déjà
en augmentation de 800% par rapport à 1980. Les réactions
rapides aux guerres et aux catastrophes naturelles ont traditionnellement
été du domaine des agences des Nations Unies, qui
travaillaient avec les ONG pour fournir une aide d’urgence,
construire des abris temporaires et ainsi de suite. Mais à
présent le travail de reconstruction s’est révélé
être une industrie extrêmement lucrative et une affaire
trop importante pour être laissée entre les mains des
âmes charitables de l’ONU. A présent c’est
la Banque Mondiale, qui se consacre déjà à
soulager la misère par la réalisation de profits,
qui mène la danse.
Et il ne fait aucun doute qu’il y a des profits à
ramasser dans les affaires de reconstruction. Il y a les gros contrats
de services et de fournitures (10 milliards de dollars pour Halliburton
rien qu’en Irak et en Afghanistan) ; la "construction
de la démocratie" est devenue une industrie de 2 milliards
de dollars, et les conditions n’ont jamais été
meilleures pour les consultants spécialisés dans le
secteur public - des entreprises privées qui conseillent
aux gouvernements de vendre leurs biens, et qui dirigent souvent
elles-mêmes les services gouvernementaux en tant que sous-traitants.
(Bearing Point, une des entreprises les plus en vue aux Etats-Unis,
signale que son chiffre d’affaires pour la division "services
publics" a "quadruplé en cinq ans," et que
les bénéfices sont énormes : 342 millions de
dollars en 2002 - avec une marge de 35%.)
Mais ce sont pour d’autres raisons que les pays en ruines
représentent un attrait pour la Banque Mondiale : ils obéissent
aux ordres. Après un cataclysme, les gouvernements feront
généralement n’importe quoi pour toucher l’argent
de l’aide - même si cela signifie un endettement abyssal
et des réformes tous azimuts. Et avec une population locale
qui lutte pour trouver un abri et de la nourriture, toute combat
politique contre les privatisations paraitra comme un luxe.
Mieux encore du point de vue de la banque, les pays ravagés
par la guerre sont dans un état de "souveraineté
limitée" : ils sont considérés comme trop
instables et incompétents pour gérer l’afflux
d’argent, qui sera donc placé dans un compte géré
par la Banque Mondiale. C’est le cas du Timor Oriental, où
la banque verse de l’argent au gouvernement tant que celui-ci
montre son sens des responsabilités en matière de
dépenses. Apparemment, cela signifie qu’il faut procéder
à des coupes dans le secteur des emplois publics (le gouvernement
du Timor a été réduit de moitié depuis
l’époque de l’occupation indonésienne)
tout en inondant d’argent les consultants étrangers
engagés par le gouvernement sur insistance de la banque.
(le chercheur Ben Moxham écrit : "Au Timor, dans un
département du gouvernement, un seul consultant international
gagne en un mois autant que ses 20 collègues locaux en an
un.")
En Afghanistan, où la Banque Mondiale gère aussi
l’aide par le biais d’un compte, elle a déjà
réussi à privatiser la santé en refusant des
fonds au Ministère de la Santé pour construire des
hôpitaux. La banque préfère donner l’argent
directement aux ONG, qui gèrent leurs propres cliniques privées
avec des contrats de trois ans. Elle a aussi demandé un "accroissement
du rôle du secteur privé" dans le système
des eaux, des télécommunications, du pétrole,
du gaz, des mines et a ordonné au gouvernement de se "retirer"
du secteur de l’électricité et l’abandonner
aux "investisseurs privés étrangers". Ces
transformations profondes de la société Afghane n’ont
jamais été débattues ou étudiées,
parce que peu de gens, en dehors de la banque, sont au courant.
Ces transformations étaient profondément enfouies
dans un "annexe technique" joint à une aide "d’urgence"
aux infrastructures Afghanes détruites par la guerre - deux
ans avant que le pays ne se dote d’un gouvernement élu.
Et c’est à peu près la même histoire
en Haïti, après la destitution du Président Jean-Bertrand
Aristide. Selon les documents de la banque, en échange d’un
prêt de 61 millions de dollars, la banque exige "un partenariat
et une gouvernance partagés entre secteurs publics et privés
dans les domaines de la santé et de ’éducation,"
- en clair, que des société privées gèrent
les écoles et les hôpitaux. Roger Noriega, le Secrétaire
d’Etat adjoint aux affaires de l’Amérique latine,
a clairement fait savoir que l’administration Bush partageait
ces mêmes objectifs. "Nous encourageons aussi le gouvernement
de Haïti d’aller de l’avant, au moment opportun,
dans la restructuration et la privatisation de certaines entreprises
publiques," a-t-il déclaré le 12 avril 2004 devant
le American Enterprise Institute.
Il s’agit d’un plan extrêmement controversé
dans un pays qui connait une puissante base socialiste, et la banque
reconnaît que c’est précisément pour cette
raison qu’elle veut accélérer le processus et
profiter du fait que le pays est actuellement quasiment sous contrôle
militaire. "Le Gouvernement de Transition offre l’occasion
de mettre en oeuvre des réformes économiques et gouvernementales...
qui pourraient être difficiles à défaire pour
un futur gouvernement," relève la banque dans son accord
de Projet d’Opération pour une Réforme Economique
et Gouvernemtale. Pour les Haïtiens, cela constitue une ironie
amère : nombreux sont ceux qui accusent les institutions
multilatérales, dont la Banque Mondiale, d’être
responsables de l’aggravation de la crise politique qui a
abouti à la destitution d’Aristide, en bloquant les
centaines de millions de dollars d’aide promis. A l’époque,
la Banque de Développement Inter-Américaine, sous
la pression du Département d’Etat, affirmait que Haïti
n’était pas assez démocratique pour recevoir
l’argent tout en soulignant quelques irrégularités
mineures dans les élections législatives. Mais depuis
le départ d’Aristide, la Banque Mondiale n’hésite
pas à intervenir ouvertement dans une situation d’absence
totale de démocratie.
Au cours des 30 dernières années, la Banque Mondiale
et le Fonds Monétaire International ont imposé des
thérapies de choc à différents pays qui ont
traversé différentes crises, surtout en Amérique
latine après les coups d’états militaires et
la chute de l’Union Soviétique. Pourtant de nombreux
observateurs affirment aujourd’hui que le Capitalisme du Catastrophe
à réellement pris son envol avec l’Ouragan Mitch.
Pendant une semaine, au mois d’octobre 1998, Mitch s’était
arrêté au dessus de l’Amérique centrale,
balayant des villages entiers et provoquant plus de 9.000 morts.
Des pays pauvres qui avaient déjà un besoin urgent
d’aide à la reconstruction ont enfin vu l’aide
arriver - mais avec des conditions. Dans les deux mois qui ont suivi
le passage de Mitch, alors que le pays pataugeait encore dans les
ruines, les boues et les cadavres, le Congrès Hondurien a
initié ce que le Financial Times a qualifié de "braderies
après la tempête". Le Congrès a voté
des lois autorisant la privatisation des aéroports, des ports
et des routes et préparé la privatisation de la compagnie
de téléphone, d’électricité et
une partie des eaux. Les lois sur la réforme agraire ont
été annulées et les conditions d’achat
et de vente d’immobilier pour les étrangers ont été
assouplies. Et l’on a assisté à peu près
au même scénario dans les pays voisins : au cours de
la même période, le Guatemala a annoncé des
plans pour vendre la compagnie de téléphone, tout
comme le Nicaragua, ainsi que la compagnie d’électricité
et son secteur pétrolier.
Tous les plans de privatisation furent agressivement mis en oeuvre
par la bande habituelle. Selon le Wall Street Journal, "la
Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ont pesé
de tout leur poids pour obtenir la vente de la compagnie [de téléphone],
en échange de l’octroi d’un prêt d’environ
47 millions de dollars d’aide par an sur trois ans et d’un
allégement de la dette de 4,4 milliards de dollars du Nicaragua
"
A présent la banque profite du tsunami du 26 décembre
pour appliquer sa politique de charcutage. Les pays les plus dévastés
n’ont vu pratiquement aucune aide, et la plus grande partie
de l’aide d’urgence de la Banque Mondiale est arrivée
sous forme de prêts, pas de dons. Plutôt que d’aider
les petites communautés de pêcheurs - qui composent
plus de 80% des victimes - la banque promeut un développement
du secteur touristique et des fermes piscicoles industrielles. Quant
aux infrastructures endommagées, telles les routes et les
écoles, les documents de la banque reconnaissent que leur
reconstruction "pourrait mettre à mal les finances publiques"
et suggèrent que les gouvernements envisagent leur privatisation
(eh oui, ils n’ont qu’une seule idée en tête).
"Pour certains investissements," indique le plan-tsunami
de la banque, "il faudrait peut-être faire appel à
des financements privés".
Comme sur les autres sites en reconstruction, de Haïti à
l’Irak, l’aide après le tsunami n’a pas
grand chose à voir avec la reconstruction de ce qui a été
détruit. Bien que les hôtels et les usines sont en
train d’être reconstruits le long des côtes, au
Sri Lanka, en Thaïlande, en Indonésie et en Inde, les
gouvernements ont voté des lois qui empêchent les familles
de reconstruire leurs maisons en bord de mer. Des centaines de milliers
de personnes ont été relocalisées de force
à l’intérieur des terres, dans des baraquements
militaires à Aceh et des cubes préfabriqués
en béton au Thaïlande. La côte n’est pas
en train d’être reconstruite comme elle était
avant - parsemée de villages de pêcheurs et de plages
recouverts de filets de pêche artisanaux. A la place, les
gouvernements, les multinationales et les bailleurs de fonds étrangers
ont joint leurs efforts pour reconstruire la côte tels qu’ils
aimeraient la voir : des plages transformés en terrains de
loisirs pour les touristes, les océans pillés par
les flottilles de pêche industrielle, le tout desservi par
des aéroports et des routes privés construits grâce
à des emprunts.
Au mois de janvier, Condoleeza Rice a déclenché une
petite controverse en décrivant le tsunami comme "une
merveilleuse opportunité" qui "nous a été
d’un grand profit". Beaucoup ont exprimé leur
horreur devant l’idée qu’une telle tragédie
puisse être vue comme une occasion de tirer un profit. Mais
en réalité Rice ne faisait qu’énoncer
une réalité. Un groupe appelé Soutiens et Survivants
du Tsunami au Thaïlande [Thailand Tsunami Survivors and Supporters
] a déclaré que pour "les politiciens-hommes
d’affaires, le tsunami a exaucé leurs prières,
puisqu’il a littéralement nettoyé les côtes
de toutes ces communautés qui les empêchaient de construire
des résidences, des hôtels, des casinos... Pour eux,
toutes ces côtes sont devenus des zones vierges !"
Il semblerait que la Catastrophe soit le nouveau terra nullius.
Naomi Klein
- Source : The Nation
www.thenation.com/doc.mhtml?i=20050502&s=klein
- Traduction Cuba Solidarity Project
http://perso.club-internet.fr/vdedaj/cuba/
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