Origine : http://www.gymnase-morges.ch/docs/Rosen.html
Introduction
Trois objectifs
1. Comprendre ce qui déclenche la violence dans mes comportements,
mes paroles ou mes réponses
> le langage qui juge: il correspond à de la domination
et induit de la soumission ou de la révolte
> l'attribution à l'autre de la cause du conflit
- elle implique l'incapacité de reconnaître ma propre
vulnérabilité et celle de l'autre
- et elle a pour effets:
- soit la culpabilisation de l'autre, ce qui induit sa résistance
- et cela consiste à lui attribuer la responsabilité
de mes sentiments, ce qui est un leurre (cf. plus bas)
- soit une contre-attaque de l'autre donc un conflit
- soit encore un soumission momentanée ou durable, mais
l'autre nourrira de la rancoeur, de la mauvaise estime de soi et
de la mauvaise volonté
- en fait, mon analyse des torts de l'autre reflète l'expression
de mes sentiments et mes besoins non satisfaits
2. Trouver les mots et attitudes qui ouvrent afin d'agir là
où je peux le faire
> il s'agit d'écouter l'autre pour connaître sa
perception, ses sentiments, ses besoins et ses souhaits
> lui témoigner mon respect, mon empathie
> puis me faire entendre: exprimer mes sentiments, mes besoins
et mes demandes
3. Développer l'expression de ce qui m'anime
> identifier mes: perceptions - émotions - désirs
- donc, approfondir ma connaissance de moi-même et de ma
manière d'entretenir des relations
> ce qui peut me permettre de ne plus agir en esclave ou en
simple exécutant
> me sentir responsable de moi-même et distinct de l'autre
- l'autre n'est pas là pour me rendre heureux - ni moi pour
faire son bonheur
plutôt que de se centrer sur les torts de l'autre et sur
ce que je pense de lui
> ce qui n'apporte qu'un soulagement momentané
> mais aboutit à une impasse
Entraves à la communication
Les jugements
> (cf. plus haut)
Les comparaisons
> c'est une forme de jugement
Le refus d'assumer la responsabilité de nos pensées,
nos sentiments et nos actes
> en attribuant leur cause à: des impulsions incontrôlables
("c'est plus fort que moi") - des forces impersonnelles
et vagues - notre état de santé ou notre vécu
antérieur - les actes d'autrui - une obligation édictée
par une autorité (danger de la docilité) - la pression
sociale - une politique institutionnelle ( des règlements,
des lois) - une fonction attribuée à une position,
un rôle, ou un sexe
Les exigences imposées à l'autre
Les reproches et les menaces
La non écoute de soi-même
> si on écoute ses sentiments et ses besoins: on ne peut
être ni esclave, ni exécutant
Démarche en 4 étapes par rapport à
soi-même ou à l'autre
1. Observer sans juger
Enoncer les faits qui nous touchent, que nous n'apprécions
pas
> sans juger, ni interpréter le comportement de l'autre,
ni lui prêter des intentions
> en les replaçant dans un contexte précis, donc
sans généraliser
Ne pas prendre mes suppositions pour une certitude
2. Identifier et exprimer nos sentiments
Développer l'écoute, l'identification et l'expression
de mes sentiments
> on a souvent un langage pauvre pour définir nos sentiments
- alors qu'on a un langage plus riche pour qualifier l'autre
> nous avons tendance à davantage nous centrer sur autrui:
sur ce qu'il pense que je devrais dire ou faire - plutôt que
d'être en contact avec nous-mêmes et ce que nous ressentons
et ce dont nous avons besoin
3. Prendre la responsabilité de nos sentiments
Les actes de l'autre: ils sont un facteur déclenchant, mais
pas une cause de nos sentiments
> car nos sentiments proviennent de la façon dont nous
choisissons de recevoir les actes et les paroles de l'autre - et
de nos attentes particulières à ce moment-là
> les jugements que je porte sur autrui sont des expressions
détournées de mes propres besoins inassouvis
Objectifs à viser:
> accepter la responsabilité de nos sentiments liés
aux actes de l'autre en les reliant à nos propres besoins,
désirs, attentes, valeurs ou pensées non satisfaits
- "je me sens ... (seul, blessé ... ) parce que j'aimerais
... (que tu restes ce soir, tu écoutes ce que je te dis ...
) "
- plus je parviens à associer mes sentiments à mes
besoins mieux l'autre pourra y répondre avec empathie, car
je ne me centrerai pas sur les "torts" de l'autre
> accorder de la valeur à mes propres besoins
- ce qui peut me faciliter de les exprimer clairement et peut aider
l'autre à les reconnaître
> sortir de l'esclavage affectif en 3 phases
1. "esclavage": idée que je suis responsable des
sentiments de l'autre et qu'aimer implique de renoncer à
mes besoins
- donc peur de déplaire, et grands efforts de faire plaisir
- effets:
- l'autre est ressenti comme un poids, j'étouffe - je vais
accuser l'autre d'être dépendant, exigeant
- et je risque de distendre ou de rompre la relation
2. phase "exécrable"
- colère, car refus d'endosser la responsabilité
des sentiments de l'autre
- nos sentiments nous inspirent de la crainte et de la culpabilité
- et nous les exprimons sur un mode qui est vécu par l'autre
comme péremptoire
3. libération affective
- j'expose clairement ce que je veux
- tout en montrant que je tiens aussi à ce que les besoins
de l'autre soient satisfaits
- je peux réagir aux besoins de l'autre uniquement avec
bienveillance
- jamais par crainte, culpabilité ou honte
- j'assume la totale responsabilité de mes actes, de mes
intentions et de mes sentiments
- mais pas celle des sentiments des autres
Quatre façons d'accueillir un message négatif:
1. se sentir visé ou fautif en y entendant un reproche
- effet: je diminue mon auto-estime par la culpabilité,
la honte, la dépression
2. rejeter la faute sur l'autre
3. centrer notre attention sur nos propres sentiments et besoins
- effets: prise de conscience de notre besoin non satisfait qui
a engendré le sentiment pénible
4. se centrer sur les sentiments et besoins de l'autre qui se cachent
derrière le message négatif de l'autre
- ce qui me permet en suite d'être plus détendu
- et de diriger mon attention sur ce qu'il pourrait attendre de
moi
- et de le rendre plus réceptif à mon point de vue
4. Demander ce qui contribuerait à mon bien-être
Demander des actes concrets et positif susceptibles de combler
mes besoins
> des actes précis plutôt qu'une attitude vague
car cela masque souvent un jeu oppressif ( attente qu'il approuve
tout ce que je fais) ou une attente paradoxale ("sois responsable
et obéis-moi ... ")
> des actes concrets: afin qu'ils puissent être entrepris
par l'autre: ce que l'autre doit faire pour prouver qu'il est ...
(responsable, etc. )
> dire ce que je souhaite plutôt que ce que je ne veux
pas qu'il fasse
- sinon, j'induis la résistance de l'autre
Formuler une demande consciemment
> exprimer mes sentiments avant de formuler ma demande, sinon,
elle sera ressentie comme une exigence
> l'autre ne peut pas comprendre ce que je veux, si je n'exprime
que mes sentiments et moi-même je ne sais souvent pas ce que
j'attends, demande
> plus je suis au clair avec ce que je veux et précis
dans ce que je formule plus j'ai de chances de l'obtenir
Demander un retour
> en étant conscient de la forme précise de sincérité
que nous aimerions recevoir
> pour vérifier si mon message a été compris
comme je le voulais
- ce qu'a ressenti l'autre et pourquoi il a été ressenti
ainsi
- ce que l'autre en a pensé
- si l'autre est disposé à entreprendre ce qui a
été demandé
Demander sans exiger
> une exigence est vécue comme une pression et suscite
donc 2 réactions possibles: la soumission ou la révolte
- mes demandes sont perçues comme une exigence lorsque l'autre
est convaincu qu'il sera critiqué ou puni s'il n'obtempère
pas
- plus un individu a été critiqué, puni ou
culpabilisé pour ne pas s'être plié à
la volonté d'autrui, plus il risque d'en porter la trace
dans toutes ses relations et d'entendre une exigence dans la moindre
demande (cf. "caractériels")
> il existe une relation entre ma demande et ma manière
d'accueillir la réponse de l'autre
- plus j'interprète un refus comme un rejet, plus il y a
de chances que mes demandes soient entendues comme des exigences
- à force d'entendre des exigences dans mes paroles, l'autre
en vient à fuir ma compagnie
> les conditions pour formuler une véritable "demande"
- préciser que j'apprécierais que l'autre n'accède
pas à mon désir que s'il y est vraiment disposé
- donc que je vise à satisfaire aussi bien ses besoins que
les miens
- de réagir avec empathie en cas de refus, en comprenant
ses paroles comme l'expression de ses sentiments et besoins et non
pas comme une attaque
- en cherchant à comprendre les raisons de son refus, son
attitude
- si l'autre sent que je l'écoute avec respect, et que j'attache
plus d'importance à la qualité de la relation qu'au
contenu de sa réponse, il a plus facilement envie de répondre
à mon attente
- être conscient de l'objectif qui la motive et que cela
ne vise pas à faire changer l'autre
L'empathie
Recevoir avec empathie
Ecouter ce dont l'autre a besoin et ce qui se passe en lui
> plutôt que ce qu'il dit penser de moi
> ce qui permet de ne pas se sentir visé par son attitude
Si je reçois des "critiques", des "attaques",
> elles indiquent que les besoins de l'autre ne sont pas satisfaits
et qu'il cherche à l'être
> donc ce sont des signaux me donnant des indications sur ce
dont l'autre a besoin et comment je peux le satisfaire
- je ne me sens jamais déshumanisé par ce que les
autres disent, mais par le fait que je m'enferme dans des images
négatives de l'autre ou de moi-même
La douleur, obstacle à l'empathie
> cf. une mère ne peut allaiter son enfant, si elle-même
ne se nourrit pas correctement
> si je ne peux témoigner de l'empathie, c'est que moi-même
je n'en reçois pas assez
a) il s'agit de m'arrêter, respirer et m'écouter moi-même
avec autant d'empathie que celle que j'essaie d'avoir envers l'autre
- ce qui peut libérer mon énergie
- "plus j'écoute ma voix intérieure, plus j'entendrai
ce qui se passe au dehors"
b) et exprimer fortement ce qui se passe en moi: ma souffrance
( en quoi je me sens touché) et mon besoin pour les faire
connaître à l'autre
- sans y mêler de reproches
- et sans insinuer que son comportement est en cause
c) me retirer physiquement pour
- me donner le temps de réfléchir
- et les moyens d'acquérir de l'empathie
Pouvoir de l'empathie
Deux situations où il est plus difficile de manifester de
l'empathie en cas de conflit
> envers ceux qui détiennent plus de pouvoir
> et face à ceux qui nous sont le plus proches
Processus d'ouverture
> plus je témoigne d'empathie à l'autre et parviens
à reconnaître ses sentiments et ses besoins
- plus je me sens en sécurité
- et moins j'ai peur de m'ouvrir à lui
Désamorcer le danger
> en se centrant sur l'écoute des sentiments et des besoins
de l'autre
- on cesse de le voir comme un monstre et de se sentir visé
> cf. tentative de viol
- "j'ai l'impression que vous avez peur ... voudriez-vous
me dire s'il y a un autre moyen de vous satisfaire sans que vous
me fassiez de mal... j'entends que vous en avez envie, mais je veux
aussi que vous sachiez que j'ai très peur, que je me sens
très mal et que je vous serais reconnaissante si vous partiez
sans me faire de mal"
Accepter un refus avec empathie
> pour éviter d'interpréter le refus comme un
rejet
- se centrer sur les sentiments et besoins qui sous-tendent le
refus de l'autre afin de découvrir les désirs qui
l'empêchent d'accéder à notre demande
Empathie par le silence
> face à un partenaire "qui ne s'exprime pas":
- viser à ce qu'il se sente "écouté",
compris dans ce qu'il ressent - dans ce dont il aurait besoin -
et ce qu'il souhaiterait
- afin qu'il se sente à l'aise et ait ensuite envie d'exprimer
ce qu'il ressent
Exprimer pleinement la colère
Postulats
La colère est un signal d'alarme qui me permet de prendre
conscience que j'ai un besoin inassouvi et que mes pensées
actuelles diminuent mes chances de le satisfaire
> car mon énergie est accaparée pour punir l'autre
plutôt que pour satisfaire mes besoins
> en critiquant l'autre, en suscitant sa crainte, sa culpabilité
ou sa honte, je "règle" peut-être apparemment
le problème à court terme en déchargeant ma
tension ou en contraignant l'autre à adopter le comportement
que je lui impose
> mais à long terme, je risque d'induire une escalade
Différencier la cause du facteur déclenchant
Je ne suis jamais en colère à cause de ce que l'autre
a dit ou fait, mais à cause de l'image que je me fais et
de mes interprétations
> mais c'est mon besoin inassouvi qui suscite mon sentiment
de colère
> lorsque je suis conscient de mes besoins
- je suis relié à mon énergie vitale
- mais je peux avoir peur de reconnaître mes sentiments et
mes besoins profonds recouverts par mes jugements
- notamment un sentiment d'échec (face à certains
comportements de mes enfants) ou de dévalorisation
> la colère provient d'une façon de penser qui
ne tient pas compte des besoins et qui est donc coupée de
la vie
- elle indique que j'ai fait appel à mon intellect pour
analyser et juger l'autre au lieu de me focaliser sur mes désirs
insatisfaits
Pistes pour gérer ma colère 6 étapes
1. S'arrêter et respirer
2. Identifier les jugements qui occupent ma pensée
3. Dégager l'autre de toute responsabilité dans ma
colère, car
> je n'ai pas à le juger
> or c'est dans ma pensée que ma colère prend
sa source
4. Renouer avec mes sentiments et mes besoins, donc mon énergie
vitale
> accepter mes réactions: rester conscient de mes pensées
violentes et jugeantes, sans me juger
- réagir avec empathie à mes sentiments de rage,
crainte, souffrance
> exprimer me ressentis et besoins
- "je suis en colère parce que je me sens ....et que
j'ai besoin de
- mais si l'autre entend une critique dans mes paroles, il ne peut
entendre ma douleur
5. Porter mon attention sur les sentiments et les besoins de l'autre
> pour susciter l'écoute de l'autre: d'abord lui offrir
de l'empathie
- en me centrant sur ce qui se passe dans son coeur plutôt
que sur ce qu'il pense et qui se passe dans sa tête
> effets
- toute colère disparaît quand je suis entièrement
présent aux sentiments et besoins de l'autre
- et je le rejoins en tant qu'être humain, et nous nous retrouvons
sur le même plan, avec les mêmes besoins et les mêmes
sentiments
6. Exprimer mes sentiments et mes besoins inassouvis
Exemple
Enfant qui a désobéi
> parent
- sentiments: "j' ai été idiot de lui faire
confiance ... je suis déçu de moi-même ..."
- besoins:
- obtenir des informations précises pour gérer la
situation
- être sûr que l'enfant prenne conscience des conséquences
de ses acte
- que ses propres efforts de se contrôler soient reconnus
- de savoir si l'enfant préfère qu'il l'écoute
au lieu de lui faire des reproches ou de le menacer
- que l'enfant lui dise s'il est d'accord de s'engager à
partager un peu de vulnérabilité et d'honnêteté
et de dire ce qu'il ressent
- "demande"
- "j'aimerais que tu me dises si tu es d'accord de chercher
avec moi d'autres façons d'obtenir ce que tu désires...
"
> enfant
- peur d'être puni s'il dit la vérité
> redéfinir la "faute" de l'enfant
- c'est quelque chose que tu as fait et qui n'a pas donné
les résultats que tu attendais
- tu aurais aimé y réfléchir un peu plus
- tu es donc triste et tu regrettes
- tu voudrais qu'on puisse te faire confiance
Le recours à la force
Deux contextes où le dialogue est impossible
L'un refuse de communiquer
L'imminence du danger rend le dialogue impossible
L'usage protecteur de la force
But:
- éviter des dommages corporels ou des injustices
- préserver la vie ou des droits
- il ne s'agit pas de juger la personne ou son comportement
Postulats
- les comportements dangereux sont adoptés essentiellement
par inconscience:
1. l'individu ne se rend pas compte des conséquences de
ses actes
2. il ne voit pas comment satisfaire ses propres besoins sans porter
préjudice à autrui
3. il est persuadé d'être en "droit" d'infliger
une punition ou une douleur aux autres, sous prétexte qu'ils
le "méritent"
4. il est prisonnier de ses fantasmes et croit qu'une voix lui
a ordonné d'agir ainsi
- il s'agit donc d'y remédier par l'information et par la
prise de conscience de la responsabilité des actes mais non
par la répression
L'usage répressif de la force
Formes
- dénigrement
- coups
- sanctions qui restreignent certaines sources de satisfaction
- retrait d'affection ou de respect
- suspension de privilèges: argent de poche, accès
à la voiture
But: faire souffrir
- pour punir des actes perçus comme des méfaits
- cela implique une accusation
Postulats
- ce lui qui commet un délit est mauvais
- pour y remédier il faut le contraindre au repentir
1. lui infliger suffisamment de douleur pour qu'il comprenne son
erreur
2. le pousser au repentir
3. le changer
Effets
- la répression génère de l'hostilité
ou renforce la résistance
- la crainte de la punition détourne l'attention de la valeur
de l'acte en soi - cela compromet l'estime de soi - et la bonne
volonté de répondre aux attentes de l'autorité
Châtiments corporels
- effets
- ils empêchent l'enfant de percevoir la bienveillance inhérente
aux exigences de ses parents
- il peut y avoir un "bénéfice à court
terme" (soumission)
- mais il y a un inconvénient: cela perpétue une
norme sociale qui légitime la violence pour résoudre
les conflits
- mais cela risque d'induire l'enfant à faire le contraire
de ce qui serait bon pour lui parce que la coercition le pousse
à se rebeller plutôt qu'à se soumettre
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