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Origine http://vacarme.eu.org/article204.html
D’un garçon qui a fait « l’histoire des
luttes de l’immigration depuis les années soixante
» [1], on n’ose pas esquisser la biographie. Son histoire
individuelle est nouée à une histoire collective dont
il refuserait sans doute qu’on l’isole comme figure,
bien qu’il en soit une, incontestablement. Quant à
l’histoire qu’il écrit, contre la logique du
cas exemplaire ou du témoignage indigène, elle plaide
précisément pour la réappropriation par les
intéressés eux-mêmes de leurs propres combats
: non seulement une histoire de l’immigration, mais une historiographie
immigrée.
De Mogniss Abdallah, on rappellera donc seulement que l’État
français a voulu l’expulser en 1979 : « Les flics
débarquent chez moi, avec les pistolets, à six heures
du mat’. Ils me tendent un papier m’apprenant que j’ai
quinze jours. Il était dit que j’avais à plusieurs
reprises troublé l’ordre public par mon comportement,
texto. » On sait aussi qu’il trouve consternante l’affiche
que lui propose les camarades de son comité de soutien :
« Une vitrine cassée et écrit en bas "Autonomie
Offensive". » Qu’il préfère un autre
dessin : « Trois mômes. Un demande à l’autre
: "Qu’est-ce que tu voudras faire plus tard ?" L’autre
lui dit : "Expulsé, peut-être." Le dernier
dit : "Chômeur". » Que ce dessin, il l’a
archivé. Qu’il n’en parle aujourd’hui que
parce que nous lui avons demandé, et qu’il en parle
d’une voix douce, incroyablement douce par rapport au tranchant
du discours. Bref. Les médailles, mais dans la poche. La
radicalité, mais sans la posture de la radicalité.
Le passé, mais comme un travail, sur soi, pour les autres,
à disposition.
Mogniss n’a cessé de tenir l’archive des mouvements
qu’il a accompagnés. En juin 1983, aux prémices
de ce qui deviendra le mouvement beur, il crée les conditions
à la fois d’une perpétuation de ce qui est en
train de se faire et de la mémoire de ce qui s’est
déjà fait. L’agence IM’média est
née, une « agence de presse de l’immigration
et des cultures urbaines », qui s’est efforcée,
depuis, de documenter les luttes de l’immigration, au fil
d’une histoire tour à tour furieuse et mélancolique.
Il nous la raconte ici.
Peux-tu nous raconter comment et dans quelles conditions l’agence
IM’média a été créée ?
L’idée d’une agence a germé vers 1981/82
et s’est concrétisée en 1983, pendant la période
d’effervescence du mouvement beur. 1983, c’est l’année
de la Marche pour l’égalité qui parcourt la
France d’octobre à décembre et rassemble 100
000 personnes à Paris, c’est aussi l’année
où se constitue l’association nationale des familles
de victimes de crimes racistes et sécuritaires, plus connue
sous le nom des folles de la place Vendôme.
On peut dire qu’à l’origine d’IM’média,
il y a Rock Against Police (RAP), et la mort de Kader à Vitry
en 1980. Kader était un gamin qui jouait au pied de la cité
quand le gardien a tiré au 22 long rifle et l’a tué
; il se trouve qu’on le connaissait bien, le groupe RAP de
Vitry avait fait plusieurs films Super 8 sur la cité où
il habitait. Il y a eu une mobilisation importante, et quand les
télés ont débarqué, il a été
décidé de refuser qu’elles filment en leur proposant,
si elles voulaient des images, de passer les nôtres. À
l’époque c’était une proposition insensée
: on cassait le schéma de l’informateur indigène,
du témoignage captif, dans un cadre éditorial qui,
déjà, alimentait le délire sécuritaire.
Exemple : les copains de Kader disaient que le gardien a tiré
après avoir vu le film Un justicier dans la ville à
la télé. Les gens d’Antenne 2 sont rentrés
sans images à leur siège, ont rappelé, et finalement
ont passé 15 minutes du film Zone Immigrée, qu’ils
ont payées. Des lascars choisis par le groupe lui-même
ont par ailleurs pu débattre en direct à l’antenne.
Rock Against Police, c’étaient des concerts auto-produits
en plein-air, au beau milieu des cités, pour faire sortir
les groupes de musique ou de théâtre des caves et des
MJC, et pour dire que les lascars des cités ne faisaient
pas que des nuisances sonores répréhensibles. Leur
« bruit », c’étaient aussi les prémices
d’un nouveau mouvement culturel émergeant des banlieues.
Rock Against Police fera des émules, notamment à Lyon
avec Zaama d’Banlieue, un groupe composé de femmes
issues de l’immigration, et constituera une sorte de coordination
informelle pour faire circuler expériences et infos. D’où
l’idée de parler de cultures urbaines, pas comme d’une
mode, mais comme d’une culture liée à des pratiques
sociales. Les Clash ou UB 40 en Angleterre, par exemple, étaient
des groupes connus, créés par des chômeurs qui
s’étaient rencontrés à l’agence
pour l’emploi. Le dub-poet LKJ vivait sur la frontline à
Brixton, composait textes et musiques à partir de ce quotidien
et des grandes insurrections contre l’injustice sociale et
raciale à travers le pays. En France, certaines expériences
existaient déjà, les radios libres, le Super 8 ou
la vidéo - qui venait juste d’arriver -, les journaux-tracts
de quatre pages, la musique, et pas seulement le rock : le reggae,
le gnawa, le chaabi. C’étaient des jeunes des cités
- une majorité de Maghrébins, mais aussi des Français,
des Portugais, et des Noirs africains - impliqués dans des
campagnes anti-sécuritaires, et dont certains avaient pensé
utiliser l’appareil photo ou la caméra, le stylo, ou
la musique pour raconter ce qui se passait.
Au printemps 1983, j’ai monté un stage média
à Lyon, dans le cadre de la fac Lyon II, avec Alain Battegay,
un sociologue inspiré par l’Ecole de Chicago. Il s’agissait
d’évaluer, d’une part la production militante
des jeunes issus de l’immigration, et d’autre part les
accès possibles aux grands médias, sur quatre ou cinq
thèmes : les crimes racistes ou sécuritaires et les
violences policières, les expulsions du territoire, les problèmes
de logement en banlieue et les questions d’auto-affirmation
par rapport au discours dominant sur l’immigration et sur
les jeunes. Une vingtaine de personnes participaient à ce
stage, essentiellement des jeunes issus de l’immigration de
la région parisienne et de Lyon, de Saint-Étienne
et de Marseille. Il y avait là des gars et des filles de
la cité de transit Gutenberg de Nanterre comme des Minguettes,
le groupe de rock arabe Carte de Séjour, Djida Tazdaït
future députée au parlement européen, etc.
Très vite, c’est devenu un forum permanent, pendant
deux mois, au moment même où les affrontements jeunes-police
atteignaient leur paroxysme aux Minguettes. Les « stagiaires
», sans cesse fourrés sur place, ont voulu maintenir
un cadre de référence commun. IM’média
est née de cette demande, en juin 1983. Le nom IM’média
(IM’ comme image ou immigration) est venu comme ça,
un peu par hasard. Mais il se trouve que c’était le
nom d’un groupe qui avait réalisé dans les années
1970 l’affiche murale « Le Cri des Murs » ou encore
des cassettes audio de radio Assifa avec des anciens du MTA (Mouvement
des travailleurs arabes). Quant à la formule d’une
agence de presse, c’était une référence
à l’APL (l’Agence de presse Libération),
qui avait donné naissance au quotidien Libération.
L’APL représentait un exemple stimulant pour passer
du tract de propagande fondé sur la rhétorique de
la dénonciation des maos au dossier de contre-information
fondé sur l’enquête. « Qui n’a pas
fait d’enquête n’a pas droit à la parole
! » disait-on à l’époque.
Comment vous êtes-vous organisés, matériellement
?
La question des moyens ne s’est pas posée tout de
suite. En fait, j’ai toujours pensé que la création
d’IM’média a été un peu prématurée.
Au début, nous avions seulement besoin d’un cadre pour
continuer à nous coordonner sur le plan national, être
efficaces face aux médias et faire circuler l’information
entre des groupes éclatés dans toute la France. Le
premier problème a été celui du lieu : on s’est
installé à Paris, dans les locaux de Radio Soleil-Goutte
d’Or, sans trop déterminer les modalités de
fonctionnement avec le groupe lyonnais. Par ailleurs, au terme du
stage, on avait plein de choses à dire, mais pas forcément
toutes les compétences techniques. Pour faire face à
l’exigence de qualité, la plupart des gens du stage
ont suivi des formations individuelles dans des écoles audiovisuelles.
IM’média a été créée au
moment où les beurs devenaient à la mode, on a donc
eu toute une série de débouchés concrets. Par
exemple, à l’hiver 1983/84, l’agence a participé
à l’exposition « Les enfants de l’immigration
» à Beaubourg, en concevant un espace que nous avons
appelé « Révoltes positives ». Cet espace
se voulait à contre-courant de la « mode beur »
et des velléités institutionnelles de créer
une nouvelle élite culturelle et médiatique déconnectée
des révoltes sociales, ce que nous avons appelé la
« beurgeoisie ».
On a eu des subventions du FAS (Fonds d’Action sociale) et
du ministère de la Culture, on faisait alterner financements
publics et auto-production. En même temps on a eu des ouvertures
très tôt sur les TV internationales mais aussi sur
France 3, et via le « Plan Câble » qui avait besoin
de nouveaux programmes. On a fait des reportages tous azimuts. On
a aussi fait des prestations de service pour des associations ou
des institutions, réalisant des films ou montant des expos,
toujours avec notre propre touche éditoriale. Enfin, on a
vendu nos images aux TV, publié des photos dans la presse...
En 1986/87, au moment où le FAS commençait à
mettre en cause l’émission Mosaïque (« C’est
la fin des immigrés, des discours, spécifiques, etc.
»), nos reportages ont été pris par des télés
françaises. En 1989, on a coproduit pendant un an l’émission
hebdomadaire Rencontres sur France 3. Là, c’était
un gros morceau : on produisait entre 20 et 50 minutes par semaine.
Nos principes antérieurs nous ont permis une indépendance
financière et éditoriale : on s’est équipé
de matériel professionnel, et, surtout, tout notre travail
est resté la propriété collective d’IM’média.
Nous avons donc une vraie banque d’archives, notre propre
équipement professionnel, et on en voit bien l’importance
par rapport à ce qui nous a précédé
: les copains du mouvement des foyers Sonacotra n’ont aucune
image. J’en ai discuté dernièrement avec Assane
Ba [2], il leur reste juste un film fait par la Ligue de l’enseignement.
Quels liens aviez-vous avec les gens qui faisaient des films militants,
les groupes de vidéo des années 70 ? Que sont-ils
devenus, d’ailleurs, ces films ?
L’année dernière, j’ai essayé
de travailler à un film lié au bouquin J’y suis,
j’y reste , pour mettre le mouvement des sans-papiers de ces
dernières années en regard de l’histoire de
l’immigration depuis les années 1960. Eh bien, c’est
très difficile de trouver des images et des acteurs des années
1960/70. Il y a pas mal de films sur lesquels je n’arrive
pas à mettre la main : par exemple, le film sur la candidature
de Djilali Kamel aux présidentielles en 1974 figure en bonne
place dans les catalogues, mais où le trouver ? Les images
d’archives existent, mais les militants qui avaient tourné
celles d’après mai 68 ont maintenant des boîtes
de production et renient complètement l’idée
de la propriété collective. À l’époque,
il y avait une dynamique collective ; aujourd’hui, tel ou
tel essaie de s’approprier les choses, et nous-mêmes
avons été confrontés à cette problématique
avec La Ballade des sans-papiers, par exemple. Le statut de film
collectif, pour continuer à travailler dans le milieu, ça
ne marche pas.
Même entre nous, il y a eu des divergences sur ce thème.
Dès l’émission Rencontres, certains disaient
: « Qu’est-ce qu’on en a à foutre d’être
co-producteurs ? » Cela impliquait en effet de reverser 50%
du budget dans la production. Le contrat a été reconduit
deux fois six mois, mais ensuite on nous a proposé un système
émission par émission qui ne nous convenait pas. Ça
fait partie des choses qui ont provoqué des tensions à
l’intérieur d’IM’média. Je voulais
qu’on profite de ce changement pour élargir notre collaboration,
garder l’égalité des salaires, et privilégier
les gens qui avait travaillé avec nous de manière
militante. Par exemple Assane Ba, à qui j’avais confié
une rubrique juridique dans chaque émission, et qui marchait
vraiment bien.
Après l’émission, ceux qui ont continué
se sont demandé : qu’est-ce qu’on fait ? Nous
étions une quinzaine de salariés et quelques intermittents.
Le rythme hebdomadaire convenait bien pour une agence de presse,
mais il y avait aussi quelques ratages : quand on court derrière
l’événement tout le temps, on a tendance à
faire dans l’image éphémère, et ça
ne nous convenait pas. On voulait produire des images qui ont un
sens dans l’histoire. Donc on a un peu baissé la garde
au niveau de l’actualité tous azimuts, et à
partir de 1989/90, on a choisi de faire plutôt des documentaires
au long cours.
En 1989, on a couvert la grève chez Peugeot, où on
a vu que des travailleurs immigrés pouvaient être populaires
dans une grève populaire. On a décidé de faire
un documentaire plus approfondi sur les usines de Sochaux, Voyages
au pays de la Peuge.Rappelons aussi la série de films sur
l’Algérie (L’Après-octobre, Coincés
à Alger, Femmes en mouvements...). En 1989/90, c’était
le contrecoup d’octobre 1988 à Alger, et un tas de
gens, qui dans un premier temps ont cru à la possibilité
d’un renouveau démocratique en Algérie, se sont
retrouvés en France sans le sou. Le réalisateur Merzak
Allouache avait filmé pas mal de choses en vidéo 8,
notamment des débats autour de la torture en 1988/89 à
Alger. La qualité des images était un peu approximative,
et cela n’intéressait personne. Moi si : c’étaient
des documents historiques et la qualité technique passait
au second plan. À l’époque, ça me faisait
rigoler qu’on refuse des images sous prétexte de leur
mauvaise qualité : toutes les télés du monde
ont multidiffusé les images de l’exécution des
époux Ceaucescu en Roumanie, or c’étaient des
images VHS épouvantables et on en a vu des heures ! Mais
là, il s’agit de l’Histoire avec un grand H,
celle de la chute du communisme... En réaction, je dis toujours
: il faut filmer notre propre Histoire, avec les moyens du bord,
et sans complexe.
Avez-vous essayé de faire des films en collaboration avec
des boîtes de production, des co-productions avec de grosses
boîtes de documentaire, par exemple ?
Non, car la majorité des boîtes reproduisent les contraintes
de la production télé et du CNC, notamment en matière
de formatage (durée souvent déterminée par
les plages publicitaires TV, angles d’attaque personnalisés
pour accrocher le téléspectateur par l’affect
etc.) Nous, on privilégie les coproductions avec des associations
ou directement avec des télés. Y compris au niveau
européen : on travaille beaucoup avec Migrant Media, la sister
organisation d’IM’média montée à
Londres par Ken Fero après un passage chez nous, et avc Kanak
Attack, un réseau politico-culturel issu de l’immigration
dans plusieurs villes allemandes.
Cela ne marche pas toujours. À la demande de la ZDF, on
a essayé de faire un film sur les sans-papiers pour une Théma
d’Arte. Cela a foiré parce que ZDF a voulu imposer
des conditions de production dont nous avons refusé les principes
mêmes. À force de plaquer ton économie sur l’économie
dominante alors que tu n’as pas les moyens, tu suis, tu cours
derrière, et tu te casses la figure. Après, c’est
un mode de gestion et un choix politique ; tu as un montant X et
tu le gères différemment. Ce qui compte, c’est
de faire le produit sur lequel on s’est mis initialement d’accord.
Mais quand des sommes trop importantes sont en jeu, les gens perdent
la boule.
C’est l’idée qu’il y ait un auteur collectif
qui gêne, ou que le collectif en question soit un collectif
militant ?
Les deux. Dans le milieu de l’audiovisuel il faut un angle
d’attaque individualisé ; par exemple, on ne veut voir
le problème de la double peine qu’à travers
un itinéraire, condition sine qua non pour que les choses
passent. Au niveau de la démarche d’auteur, c’est
pareil : il faut que ce soit X, Y ou Z qui réalise, et la
plupart des grosses structures qui ont un rapport avec les médias
ont pris ce pli. Quand tu vas dans les festivals avec des documentaires,
on te parle toujours des documentaires d’auteur. Les documentaires
collectifs, c’est ringard. D’ailleurs, il y a un autre
vrai problème : la production collective, c’est souvent
médiocre.
En général, ceux qui font des films sur l’immigration
le font comme un fardeau, et après passent à autre
chose. C’est ce qu’a fait Yasmina Benguigui avec Mémoires
d’immigrés, un triptyque père/mère/fils
de trois heures, très émotionnel, et à mon
avis très manipulateur. Le film se termine sur l’idée
qu’elle peut enterrer son père en France, que la France
est sa terre, son pays. Nous, on a l’habitude de dire que
l’immigration n’est pas une matière morte, un
sujet qu’on traite en passant ; c’est un sujet qui vit.
Comment gérer le travail collectif sur ce genre d’objet
? Quand tout est vraiment collectif, comment fait-on pour prendre
certaines décisions, au montage par exemple ?
Quand on est dans une dynamique de campagne et porté par
les évènements, le collectif marche assez bien, les
discussions en AG permanente doivent aboutir à des décisions,
donc à des choix éditoriaux. Mais sur la longue durée
c’est beaucoup moins clair, d’autant plus que des idées
de gestion collective et de coopérative ne sont pas dans
l’air du temps. Comme historiquement IM’média
n’a jamais été dans le trip gauchiste qui consiste
à zapper d’un sujet d’actualité à
l’autre - un coup les zapatistes, un coup les sans-papiers,
un coup les mal logés -, c’est encore plus difficile.
Certains membres d’IM’média ont rejoint cette
pratique : en particulier ceux qui considéraient qu’il
fallait passer d’un pôle collectif à un pôle
d’auteurs où chacun mène son projet perso. C’est
la conséquence d’une démarche individuelle et
focalisée sur les sujets porteurs. Et dans la relation de
travail elle-même, les auteurs ont en général
tendance à instaurer un rapport autoritaire à l’équipe,
dont les membres sont réduits à de simples exécutants.
Mais Douce France, par exemple, reflète assez bien la possibilité
d’un discours collectif : c’est un film constitué
à partir des images de l’agence mais aussi d’images
extérieures. Il essaie de montrer les différentes
options existantes dans l’immigration, sur les questions des
droits politiques, culturels, économiques et sur l’islam.
La construction même et le type de narration correspondent
à l’évolution par à-coups des consciences
: s’il s’agit bien de restituer l’histoire politique
de l’immigration des années 1980, le film ne se contente
pas d’une chronologie historique. On m’a dit : «
Pourquoi ça ne commence pas par octobre 1961 pour aller jusqu’à
aujourd’hui ? » Simplement parce que les gens qui se
fritaient avec les flics aux Minguettes n’avaient aucune idée
de ce qui s’était passé en octobre 1961. Ils
s’y sont intéressés bien après, sous
le coup des désillusions de la gauche au pouvoir ; il fallait
alors se repositionner : « Mais on est qui ? mais on est où
? nos parents, sont-ils vraiment restés silencieux et invisibles
comme on le dit ? »
Douce France a été fait dans une version de 52 minutes
pour Channel Four en 1992, mais par la suite on l’a rallongé
car les gens en redemandaient. On est arrivé à une
version de 87 minutes. Dernièrement, en circulant avec Douce
France, j’ai rencontré des mômes d’un lycée
technique de Marseille qui m’ont dit : « Et la suite
? », et je me suis dit : « Pourquoi pas ? » On
va donc s’atteler à Douce France 2, avec la même
structure narrative, avec les mêmes acteurs - pour ceux qui
n’ont pas abdiqué, et cela, même s’ils
ont changé d’attitude ou d’option. Cela nous
permettra de faire le point sur l’évolution du mouvement
politique de l’immigration et des banlieues dans toute sa
diversité, histoire de faire mentir ceux qui disent qu’il
n’existe plus, voire qu’il n’a jamais existé
!
Vous avez beaucoup travaillé avec les sans-papiers. Comment
ce mouvement a-t-il modifié votre stratégie et votre
manière de produire ?
Quand est arrivé le mouvement des sans-papiers, il a fallu
bosser sans se poser de questions, pendant deux ans. Le paradoxe
c’est que le mouvement des sans-papiers a surgi au moment
où l’on se posait des questions graves sur la raison
d’être d’IM’média. D’un côté,
ce mouvement justifiait notre fonction d’agence de presse
: couvrir l’événement, mettre en relation les
gens, étendre le réseau. C’est ce qu’on
a fait. La ballade des sans-papiers est le produit le plus connu,
un film complètement collectif, même s’il a nécessité
une coordination assurée entre autres par mon frère,
Samir Abdallah, et sa structure, L’Yeux ouverts. Pendant l’occupation
de Saint-Bernard, on demandait aux gens qui accouraient de partout
caméra au poing de mettre les images dans un pot commun ;
on avait les capacités de faire le montage et de produire
tout de suite des documents qui servaient aux collectifs de sans-papiers
pour expliquer la lutte. Je ne sais pas combien il y a de versions
de La Ballade. On a remonté et rajouté des trucs au
moins une dizaine de fois. Pour moi, c’est une chronique,
un vidéo-journal ; cela n’a rien de mirifique au niveau
de la réalisation, c’est surtout un document qui a
été utile pour l’extension et l’explication
de la lutte des sans-papiers. J’ai passé 15 mois, en
France et en Europe, principalement en Allemagne, à me promener
avec ce film. Plusieurs collectifs locaux se sont créés
au lendemain des projections. Je me suis retrouvé en dehors
du circuit habituel d’IM’média (Lille, Paris,
Lyon, Marseille), et j’ai toujours en tête cette image
: j’arrive à Saint-Brieuc, une ville dont je connaissais
à peine l’existence, et tout à coup devant moi
il y avait 400 personnes qui toutes voulaient la cassette. Maintenant
on doit en être à 4000 copies diffusées, chacune
vendue 200 F, dont 100 F pour la production et 100 F pour le collectif
qui diffuse - sans compter les cassettes piratées et parfois
vendues à notre insu sur les marchés ou dans les foyers
par des sans-papiers ! Au moins, on peut dire qu’ils s’identifient
au film, ce qui n’est généralement pas le cas
pour l’écrit (support papier ou internet). Ce type
de diffusion, avec au final un potentiel économique réel,
me semble plus important encore qu’un passage télé
: il crée des liens, beaucoup de liens, là où
la télé ne fait que ramener des sous. Ainsi, à
ma connaissance, le passage de la Ballade sur Planète Câble
n’a eu aucun impact. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille
délaisser la TV, seulement qu’il ne faut pas miser
toutes ses forces sur elle.
Mais, au-delà de la couverture du mouvement des sans-papiers
au jour le jour, il fallait mettre celui-ci en relation avec l’histoire
politique de l’immigration. Cela m’avait sidéré
à l’époque de Saint-Bernard, de voir des slogans
du genre « c’est toutes les lois sur l’immigration
qu’il faut revoir depuis les années soixante »,
alors que la plupart des gens qui distribuaient ces tracts ne connaissaient
rien à ces lois. Il fallait travailler sur l’immigration
au regard des différentes lois de contrôle de l’immigration.
Ce n’était pas un rapport abstrait à l’histoire,
pas plus qu’une manière de minimiser le rôle
des sans-papiers africains de Saint-Bernard, c’était
un moyen de traiter le problème du clivage avec l’immigration
dite régulière. Aujourd’hui, cinq ans après
Saint-Bernard, les mouvements de sans-papiers sont en mauvaise posture
et sans grandes perspectives, et il n’y a pas grand chose
non plus du côté de l’immigration avec papiers.
Et puis on se rend compte que, dans une famille d’immigrés,
il y a des Français, des gens en situation régulière,
et des sans-papiers. Il va donc falloir retrouver une nouvelle centralité
sociale et politique. Resituer les histoires de sans-papiers dans
l’histoire de l’immigration et, au-delà, dans
le mouvement social global, c’est un moyen de recomposer le
mouvement et de l’élargir. Évidemment, si au
niveau théorique c’est très séduisant,
sur le terrain cela reste plus problématique.
C’est déjà ce que vous aviez fait avec Douce
France, où l’on trouve non seulement un dialogue avec
le MIB, mais des interventions de gens très différents,
des débats entre les générations, etc.
Notre implication dans les mouvements de sans-papiers nous a montré
que les gens redécouvrent des aspects de l’immigration
méconnus ou oubliés. Roland Diagne, du comité
sans-papiers du Nord, a été fasciné en voyant
récemment Douce France, parce qu’il y trouvait des
éléments historiques qui permettent de comprendre
certains clivages. Par exemple, s’il y avait eu plus tôt
un lien entre l’immigration régulière et les
sans-papiers, la revendication de la carte de dix ans aurait été
défendue avec plus d’acharnement. C’est seulement
un an après la circulaire Chevènement, lors du renouvellement
des cartes des premiers régularisés, que les gens
se sont dit : « Il faut tout recommencer à zéro.
» Ce genre de ratage est dû au cloisonnement en catégories
multiples, la grande prouesse des socialistes depuis qu’ils
sont au pouvoir.
Un des rôles que peut jouer IM’média actuellement,
c’est celui d’interface entre des milieux qui s’ignorent,
principalement par méconnaissance et non pour des différences
politiques de fond. Prenons par exemple la question des sans-papiers
et celle du droit de vote : les sans-papiers ne supportent pas la
facilité qu’ont certains, comme le PC, à passer
de l’une à l’autre sans crier gare, du coup ils
finissent par considérer le droit de vote comme une question
secondaire. Nous, on plaide pour l’autonomie, l’auto-organisation,
pour une réflexion où les intéressés
se déterminent depuis leurs intérêts propres,
pas par rapport à ce que font les autres, par suivisme ou
critique radicale, ce qui revient au même. La régularisation
des sans-papiers et les droits politiques, ce sont des enjeux communs
qu’ils ne faut pas dissocier. Pour nous, revendiquer la carte
de résidence unique de dix ans pour tous, c’est aussi
revendiquer la citoyenneté de résidence, donc les
droits politiques pour l’ensemble des résidents immigrés.
C’est aussi une question de formulation : beaucoup de militants
français pensent le droit de vote dans une logique de consultation
des résidents étrangers ; les immigrés disent
plutôt « droit de vote et d’éligibilité
», aux élections locales et à toutes les élections,
ce qui implique leur participation directe à la prise de
décision politique.
Autour de ces idées, j’ai fait pendant un an une tournée
commune avec Saïd Bouamama, un sociologue et militant associatif
de Lille. Il a en effet intitulé son pamphlet sur la lutte
pour les droits politiques des immigrés J’y suis, j’y
vote, en référence explicite à mon livre J’y
suis, j’y reste - une manière aussi de souligner la
continuité et la cohérence des luttes immigrées.
Vous avez fait des films sur la question des femmes ?
Nos films sont en majorité des histoires de mecs. Mais oui,
il y a des films sur les femmes en Algérie, sur les femmes
qui vivent entre ces deux pays, et sur les associations animées
par des filles issues de l’immigration. Et on fait tout un
travail avec les mères et les sœurs des victimes : les
campagnes sur la justice, contre la double peine, ce sont les femmes
qui les portent ; ce sont les mecs qui cassent les bagnoles, mais
les mères et les sœurs qui portent les campagnes dans
la durée. Et dans la lutte des sans-papiers, les femmes ont
eu un rôle leader. Avec Madjiguène Cissé, Samir
a fait une version de la Ballade dédiée aux femmes
: Sans-papières mais pas peu fières.
Comment fonctionne aujourd’hui votre agence, et vers quoi
s’oriente-t-elle ?
À l’occasion du mouvement des sans-papiers, nous sommes
revenus à un fonctionnement militant, bénévole,
avec les risques que cela comporte, mais sans être dupes de
la nécessité du rapport à l’économique.
C’est pourquoi j’ai été attentif à
ce qu’il y ait une bonne diffusion des films et des documents
écrits produits par l’agence. L’idée,
c’était de réduire ses ambitions, de redéfinir
sa fonction pour être davantage en phase avec sa raison d’être.
Pas une agence multimédia obnubilée par sa propre
croissance. Ni un pôle de jeunes gens qui aspirent à
faire carrière dans les médias, sans intérêt
réel pour l’engagement collectif. Mais plutôt
une petite structure d’appoint aux groupes militants, qui
sert de conseil média, pour monter des journaux, des expositions,
pour faire des films, tout en continuant à gérer un
stock d’images en vidéo et en photo, et éventuellement
les vendre aux télés. C’est l’option actuelle.
Par exemple, dernièrement, j’ai donné un coup
de main à la revue Zaarma pour un numéro sur le mouvement
beur, et j’ai travaillé avec la FASTI et la FAJ (fédération
des associations de jeunesse de Roubaix) pour un numéro spécial
de la revue Alerte sur les impunités policières. Actuellement,
je travaille avec le MIB sur le procès du policier qui a
tué Youssef Khaif à Mantes-la-Jolie il y a dix ans,
procès qui aura lieu fin septembre. Il s’agit de faire
un film, un journal, et d’organiser la campagne dans un contexte
d’hystérie sécuritaire qui va aller à
mon avis en s’aggravant dans les mois à venir - présidentielles
obligent.
Depuis quelques mois, on discute de la nécessité
de refonder un nouveau média plus ambitieux, à la
fois organique au mouvement et en même temps capable de prendre
une distance critique par rapport à la propagande au sens
propre. En dehors des outils de propagande - tracts, journaux -,
auxquels je pourrais donner un coup de main technique, ce qui m’intéresse,
c’est un outil de réflexion capable de créer
cette distance qui, selon moi, permettra à tout le monde
d’avancer à moyen terme ; alors que la propagande,
c’est éphémère, on répond toujours
à quelque chose, c’est du donnant-donnant. L’idée
à terme est de reconstituer la fonction première du
média, avec des gens du MIB, d’Agora-Divercités,
de l’ANGI, peut-être des Motivé-e-s, dans des
espaces autonomes vis-à-vis des structures, et de créer
des organes de réflexion performants. Par ailleurs, on songe
à faire le point sur les associations issues de l’immigration
qui ont été autorisées à part entière
en 1981, et, pourquoi pas, à constituer une plate-forme ou
un forum commun à l’occasion de véritables états-généraux.
Je suis favorable aux échanges entre médias libres
et à leur regroupement, par exemple dans des lieux communs.
En ce moment, on évoque un tel projet dans le XIXe vers Stalingrad
où s’installeraient à la fois le MIB, Zaléa
TV, la radio Fréquence Paris Plurielle, des gens de l’internet
alternatif, etc. IM’média participe actuellement à
l’expérience de Zaléa TV où j’anime
une émission hebdomadaire tous les lundis soir. L’essentiel
du catalogue de films d’IM’média a été
diffusé, ainsi que nombre de rushes inédits. Ce projet
m’intéresse parce qu’il pose la question d’une
télévision libre nationale et réfléchit
sur la mise en réseau d’une multitude de groupes se
retrouvant dans le Tiers-secteur audiovisuel.
On pense aussi à un site internet IM’média.
En attendant, je participe à la liste de diffusion zpajol
(sans papiers) ; en tout cas j’essaie de contribuer à
la relance de ce site qui, à l’image du mouvement des
sans-papiers, s’essouffle en ce moment. Enfin, je voudrais
voir aboutir notre projet de documentaire sur le 17 octobre 61,
un documentaire vu du côté de l’immigration.
C’est long et pas simple, mais ça viendra.
Que sont devenus les individus qui sont passés par IM’média
? Est-ce que l’agence a su offrir, en même temps qu’une
alternative politique, collective, une alternative individuelle,
professionnelle, à ceux qui en ont été ? Pour
dire ça crûment, est-ce qu’IM’média
c’est aussi une auto-organisation de l’emploi ?
C’est compliqué. IM’média a vu passer
beaucoup de monde. Des relations humaines fortes se sont nouées
entre les gens, dans le cadre du boulot pour l’agence et plus
certainement encore, en marge. Pas mal de gens ont été
salariés avec des statuts de plus en plus diversifiés,
d’autres ne l’ont jamais été. Une sorte
d’accoutumance à des situations arrangées de
gré à gré a provoqué une banalisation
de relations inégalitaires de fait. À l’époque
des sans-papiers, on avait décidé de ne plus jouer
le jeu de la subvention, du financement public, et des emplois,
aidés ou non, qui vont avec. C’était devenu
sordide : je me souviens des demandes de stage de secrétariat
par les filles ; ça m’a toujours foutu les boules cette
intériorisation, cette reproduction des phénomènes
d’exploitation et de répartition des tâches qui
aboutit à la logique : « À chacun sa merde !
» Il y avait aussi un couple de vieux Kabyles qui faisaient
le ménage dans plusieurs associations, et on s’est
dit pourquoi pas chez nous ? Je me suis retrouvé dans le
rôle du gestionnaire, du producteur au sens classique, avec
la secrétaire qui était une petite nana beur ou black
et les vieux kabyles qui passaient le coup de balai. On faisait
faire le ménage à ceux qui n’arrivaient pas
à joindre les deux bouts, alors qu’on défend
le principe d’autres relations humaines, plus égalitaires.
J’ai personnellement tenu à mettre fin à ces
dérives.
Par ailleurs, la plupart des jeunes du début de l’aventure
sont aujourd’hui intégrés soit comme techniciens,
soit comme journalistes, ou réalisateurs, à gauche
et à droite, et quelques-uns continuent à zoner. Cela
fait réfléchir. Est-ce qu’en dépit des
discours IM’média fonctionne comme une machine à
intégrer, comme un média ordinaire ? Mon sentiment
est partagé. Il y a eu d’autres expériences,
qui se sont terminées. Chez nous, la contradiction et les
questions persistent. Est-ce qu’il faut relancer IM’média
ou privilégier la multiplication des partenariats, avec un
modèle de fonctionnement plus éclaté ?
Je serais tenté de dire que, sur le plan individuel, IM’média
a offert à la fois moins et mieux qu’un revenu ou un
métier : IM’média fournit de la mémoire,
une histoire, de quoi s’approprier sa vie. M’intéressent
les gens qui ont vécu à cheval entre les périodes
symboles, et la vision qu’ils en ont. Les générations
se succèdent de plus en plus vite ; en 1988-1989, dans les
cités, certains ne savaient même pas qui était
Malik Oussekine. Une des fonctions d’IM’média
c’est de maintenir le fil. Même Zebda et les Motivé-e-s,
avec leur effet d’entraînement, n’arrivent pas
à véhiculer tout cela. Ils nous ont contactés
pour intervenir, avec d’autres, pendant leur université
d’été sur le mouvement beur. Il y a plusieurs
réseaux, dont celui du MIB, qui se demandent comment fédérer
les initiatives et surtout comment tirer les leçons des expériences
vécues. Plutôt que par l’action individuelle,
j’ai toujours été tenté par la mise en
réseau.
Personnellement, j’insiste beaucoup sur l’écrit,
mon vrai domaine de compétence. Je rêve d’une
collection de petits bouquins pas chers chacun sur un thème
très pointu, par exemple l’Étoile Nord-Africaine,
la gauche coloniale, ou les sources du racisme anti-arabe en France.
Quand on fait des journaux, des revues, des films, on voit bien
que la forme livre a encore quelque chose de sacré. En 1994-95,
on a édité le texte d’une pièce de théâtre,
Et Dieu créa l’ANPE. C’est aussi un polar. On
a tout de suite remarqué le respect du support, qui n’a
rien à voir avec les autres formes. Un livre, les gens l’achètent
- ou le piquent je ne sais où ! - et le gardent pour le lire
et le relire. Et, en termes de contenu, c’est beaucoup plus
puissant. Les gens mettent plus facilement en rapport leur propre
expérience et la conscience qu’elle peut s’inscrire
dans l’histoire.
J’essaie de gamberger sur ce rapport entre l’immédiat
et l’histoire. On a tendance à trop schématiser
l’opposition entre mémoire et histoire. Ce n’est
pas étonnant, cela vient d’une attitude corporatiste
des historiens. Par exemple, dans J’y suis, j’y reste,
je me sers de documents écrits et de documents filmés.
Par ailleurs, je pousse certains copains qui savent écrire
à travailler sur la transcription de l’histoire immédiate.
Sans polémiquer de façon inutile, je sais que tout
cela sera ensuite utilisé par les historiens comme document
écrit. Ce qui est dit prend une autre valeur une fois écrit.
Même si ce ne sont pas des documents grand public.
Filmographie partielle
- Minguettes 83 : paix sociale ou pacification ?, 26’, IM’média/CCI
Beaubourg, 1983.
- Fabrikons français, 52’, IM’média, 1987
- Video News, journal vidéo, 3 n° entre 1986 et 1989
(dont 22 ça craint ! et Les beurs en politique)
- Licence to kill, 35’, IM’Media/Race today, 1987
- Voyages au pays de la Peuge, 60’, S. Abdallah, M.Lazzarato,
R. Ventura, A. Melitopoulos, 1990.
- RAUS ! Germany the Other Story (1), 32’, M.Abdallah/K. Fero,
IM’média/Migrant Media 1991.
- Britain’s Black Legacy, 45’, M. Abdallah/K. Fero,
IM’média/Migrant Media, 1991.
- Douce France, la saga du mouvement beur, 52’, M.Abdallah/K.
Fero, IM’media/Migrant Media, avec la participation de LKJ,
1992 (VF 87’, 1993).
- Y en a marre de la double peine, 40’, IM’média,
1993
- Legacies of the transatlantic trade, 13’, M. Abdallah, 1994.
- Le Syndrôme de Hoyerswerda, 52’, M. Abdallah/ J.Banerjee,
IM’média, 1996.
- La Ballade des Sans-Papiers, 87’, L’Yeux Ouverts/IM’média,
1996/97.
- La Caravane des quartiers, le road movie, IM’média,
1997/98
- J’y suis, j’y reste, j’y vote, 120’, IM’média/Zaléa,
2001
IM’média BP7 75965 Paris cedex 20
des textes à http://bok.net/pajol/sanspap/immedia/immedia.html
lire Nous sommes tous Youssef ! (Déclaration du MIB à
propos du bilan du procès de Versailles)
Rassemblement le vendredi 12 octobre 2001 sur la dalle du Val Fourré
à Mantes-la-Jolie (Mantes 2), à partir de 16h30
[1] J’y suis, j’y reste ! Les luttes de l’immigration
en France depuis les années soixante, éditions Reflex,
2001
[2] Un des leaders du mouvement de grève des loyers des
résidents des foyers Sonacotra (1975-1980). Voir Vacarme
n°16, pp. 4-14.
publié dans Vacarme 17 automne 2001
Vacarme 17
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